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vendredi 9 décembre 2016

Ségolène Royal ou la fascinante trajectoire d'une femelle Alpha - Episode 2

Dans la rubrique : "Ne dites surtout pas à ma mère que je suis journaliste, elle me croit bonimenteur/euse à la Foire du Trône !"...

- Dis Papa, c'est quoi un(e) journaliste ?

- Un(e) journaliste ? C'est quelqu'un qui raconte des conneries dans le journal, ou à la radio, ou encore à la télévision.


Propos de "journalistes"

Anne-Claire Coudray/TF1 - Interview Canal Plus, 08.12.2016
… On s’adresse à 7 millions, presque à 8 millions de personnes en fin de journal, le dimanche…

Patrick Cohen, France Inter, 18.11.2016 (8h46)
Vous êtes six millions à écouter la matinale de France Inter…, la matinale la plus écoutée de France…

Yves Calvi, RTL, 18.11.2016 (8h)
Vous êtes plus de 300.000 à avoir rejoint la matinale de RTL…

Six millions de quidams qui écoutent quotidiennement la matinale de France Inter, quelque trois cents mille qui ont rejoint celle de RTL, et encore sept à huit millions qui sont branchés sur TF1...

Et, bien évidemment, tout ça est archi-faux !

- Madame, le monsieur dit que P. Cohen, Y. Calvi, A.-C. Coudray, ces immenses journalistes, disent des mensonges à l'antenne !

- Demande donc au monsieur ce qui lui permet d'affirmer de telles choses à l'égard de journalistes apparemment dignes de confiance : on a quand même affaire à la première matinale de France, à la première radio de France et à la première chaîne de télévision d'Europe !

Le monsieur répond que les messages triomphaux de ces "journalistes" relèvent plus du boniment de foire (agricole) que de l'information et, pour en faire la démonstration, il va s'appuyer sur une autre série de messages triomphaux :





Étude menée auprès de 5000..., 159161 consommateurs...

Ainsi, donc, quand les supermarchés Lidl rendent compte du choix des consommateurs en matière de classement des chaînes de magasins, il prennent soin de préciser de quoi il retourne, à savoir deux sondages (Chaînes de magasins et Enseignes alimentaires), lesquels, comme le prévoit la réglementation, sont impérativement accompagnés de la fiche technique correspondante, faisant apparaître, notamment, l'effectif du panel consulté.

Mais il faut croire que les grands "journalistes" de France Inter, RTL et TF1 évoqués plus haut - et il n'y a pas qu'eux - ignorent tout de la réglementation s'appliquant aux sondages, laquelle interdit toute extrapolation (ce qui va sans dire : vous pouvez difficilement affirmer, dans la même phrase, que le sondage a été réalisé auprès d'un panel de 'x' centaines de personnes, d'une part, et qu'il vous crédite de 'y' millions d’aficionados, d'autre part !).

Autant dire que les déclarations triomphatrices de nos "journaleux" relèvent de la manipulation la plus grossière ; tout le monde le sait, et pourtant, tout le monde fait semblant de l'ignorer, le plus incroyable étant que l'ensemble du "paysage audiovisuel français" vive accroché à cette escroquerie !

D'où une lancinante interrogation de ma part : mais qu'est-ce qu'on leur apprend, donc, dans les écoles de journalisme ?

Ce qu'on leur apprend dans les écoles de journalisme ?

Va savoir ! 

Prenez un autre grand représentant de cette corporation d'affabulateurs : Thomas Legrand, entendu tantôt sur la radio gouvernementale (précision utile pour mes visiteurs ne vivant pas en France) France Inter.

France Inter, 9 décembre 2016 – Thomas Legrand. Chronique : Fillon et la Syrie

Patrick Cohen :  Thomas L. la position de François %Fillon sur la Syrie commence à poser des problèmes dans son propre camp.

Thomas Legrand : Oui. François Fillon, ces derniers mois, ne voyait pas, ne voulait pas voir ce qu’il se passait à Alep : les Russes et les troupes de Bachar Al Assad, loin de combattre DAECH pilonnent les rebelles, de préférence les plus modérés, pour tuer toute possibilité de troisième voie entre islamisme et le régime ; ils bombardent aussi, en les ciblant, civils et hôpitaux. Durant des mois, François Fillon n’a pas voulu voir cette réalité simple : son angle de vue sur ce conflit était celui d’une communauté qui lui est chère, on peut le comprendre, celui des chrétiens d’Orient, communauté dont, en Syrie, la plupart des membres vivent dans des régions tenues par le régime, sous la protection du dictateur…

Ce qui précède est ma propre transcription de l'archive (audio) de la chronique délivrée, le 9 décembre 2016, par T. Legrand, au micro de la radio gouvernementale France Inter. Je n'en ai conservé que la première partie, où il est, notamment, affirmé que les Russes et les troupes de Bachar Al Assad, loin de combattre DAESH pilonnent le rebelles, de préférence les plus modérés... 

Et moi de penser : "Ah bon !", et d'aller chercher, pas très loin, dans ma mémoire, je pense à certain attentat, revendiqué par le dénommé DAESH, contre un avion russe décollant d'un aéroport égyptien, de même que l'on a vu le chef Valery Gergiev diriger un orchestre symphonique au beau milieu des ruines de Palmyre, fraîchement libérées des mercenaires dudit DAESH.  

Ainsi, donc, à en croire Thomas Legrand, sur la radio gouvernementale France Inter, les Russes n'ont jamais été  intéressés par Daesh, voire se sont appliqués à l'épargner, pour ne taper que sur des "rebelles modérés", ce qui a dû inciter ledit Daesh à se dire : "Sans blague ! Puisque les Russes ne veulent pas nous attaquer, nous allons tout faire pour les y inciter !". De sacrés masochistes, ces militants de Daesh !

Quant à Palmyre, je suppose que ce pauvre Thomas Legrand aimerait nous inciter à croire que ce site archéologique a été libéré de Daesh par une opération du Saint-Esprit et non par l'armée régulière syrienne, puissamment secondée par les Russes !

Question : Thomas Legrand et les autres nous prendraient-ils pour des cons ?

Les autres ? Quels autres ?

Je pense, notamment, à la petite clique qui nous a offert, tout récemment, une formidable 'manip' autour du passage récent de Ségolène Royal à Cuba.

Bien évidemment, mon premier réflexe a été de mettre la main sur les déclarations exhaustives de Royal devant les journalistes. Peine perdue : nada, nichts, nothing, nulle part le moindre verbatim intégral des déclarations de la ministre, laquelle a dû s'exprimer durant deux bonnes minutes et des poussières, réduites par les organes de presse à des segments de moins d'une minute, voire moins de trente secondes !

Voyez les captures d'écran qui suivent :





Sur TF1/LCI, le sujet de 2min.37sec. ne renferme qu'une trentaine de secondes des déclarations de Ségolène Royal, entièrement saucissonnées, donc, à l'oral comme à l'écrit, par la totalité des sites des organes de presse.











Des prisonniers politiques ? Il y en aurait plusieurs dizaines. Ah bon ? Pas centaines, pas milliers, plusieurs dizaines... C'est tout ? Et la liste ? La liste ?! Quelle liste ?

Voilà qui est passionnant, n'est-il pas ?

En résumé, un formidable numéro de désinformation collective, et c'est précisément cela qui m'a incité à adresser à Ségolène Royal le courrier affiché au chapitre précédent. 

Et comme, au collège, notamment en classe de Troisième, j'avais la réputation d'être un excellent élève, je me suis dit que certains "journalistes" avaient urgemment besoin d'un petit cours d'explication de texte, une chose dont ils ont dû cruellement manquer à l'école de journalisme !

Mais comme j'aime m'appliquer dans tout ce que je fais, cela va prendre un peu de temps.

Wait and see...






mercredi 7 décembre 2016

Ségolène Royal ou la fascinante trajectoire d'une femelle Alpha - Episode 1


Episode 1 : Petit courrier


En découvrant le ban et l'arrière-ban du Landerneau politico-médiatique s'exciter, une fois de plus, sur des déclarations de Ségolène Royal en marge des funérailles de Fidel Castro, je n'ai pas pu m'empêcher de penser que, décidément, cette femme avait le don de subjuguer la volaille qui fait l'opinion, pour reprendre la jolie formule de Souchon.

Du coup, je me suis fendu d'un courrier à l'attention de la ministre socialiste, dont je livre, ci-dessous, l'essentiel.

À suivre...


Madame,

En fait, ceci ne s’adresse nullement à la ministre mais à la militante, tout simplement, pour l’ensemble de ‘son’ œuvre…
J’ai bien failli vous écrire une première fois, du temps de la « bravitude », néologisme dont j’espère que vous l’avez déposé officiellement ! Quoi qu’il en soit, les manuels de linguistique et de lexicographie (j’ai passé pas mal d’années en Fac à étudier ces deux disciplines aujourd’hui tombées en désuétude ou presque !) retiendront que c’est à vous que l’on doit l’invention de cette jolie trouvaille langagière qui a fait grincer des dents à tant d’aigris et de cuistres.
Et puis les choses se sont gâtées, avec notamment cette déclaration sur le site « Désirs d’Avenir » venant en soutien de la campagne criminelle de l’appareil maffieux baptisé « Otan », en Libye, ce qui m’a fait penser à l’époque que vous veniez là de vous tirer un boulet de canon dans le pied.
Mais il y a eu également cette calamiteuse campagne pour les législatives de 2012, qui m’a incité à pondre un papier dans lequel il était question d’une « gémellité hystérique »…, toutes choses lisibles sur mon blog.
Autant dire que je fais partie de vos détracteurs les plus féroces des dernières années. Je n’en suis, donc, que plus à l’aise pour saluer votre brève intervention devant des journalistes, l’autre jour à Cuba ; une intervention dont je suis à peu près certain qu’elle aurait ravi un certain Aimé Césaire, et pas que lui…
Là encore, le ban et l’arrière-ban de la politicaillerie, de la cuistrerie et du microcosme politico-médiatique parisien y est allé de ses petits commentaires à la « mords-moi-le-nœud » ; je pense notamment à un pauvre homme, ancien ministre de la Culture, qui ne doit pas bien connaître l’histoire de Cuba, cette petite île transformée en bordel géant par la « grande démocratie » états-unienne associée à la mafia. De brillantes études universitaires, une agrégation de droit public et, au final, un niveau d’inculture assez phénoménal…  Pitoyable Jack Lang ! Quelqu’un a dit, un jour, que la vieillesse était un naufrage…
En tout cas, sachez que sur les sept milliards d’habitants de la planète, nous sommes au moins cinq milliards, anciennes et présentes victimes des prédateurs que vous dénoncez, sur l’ensemble du (double) continent américain, mais aussi en Afrique, en Asie et en Océanie, cinq milliards et plus de gens à penser que Fidel Castro était effectivement un géant de l’histoire récente du monde. Par parenthèse, des tentatives d’assassinat par centaines, et même sa propre sœur qui se fait acheter par la CIA ; en fait, à entendre tous ces cuistres, le principal tort de Castro serait de ne pas avoir eu l’obligeance de se laisser ‘gentiment’ assassiner à la manière d’un Allende ou d’un Lumumba !
Pour tout vous dire, ce courrier n’est qu’un hors-d’œuvre ; la suite, vous la découvrirez incessamment sur mon blog.
En vous souhaitant bonne réception, je vous prie d’agréer l’expression de mes salutations distinguées.


Lectures :  01  -  02

dimanche 18 janvier 2015

France. Le syndrome de Ferguson §4


De la frontière ténue entre démocraties et dictatures.


Episode 4 : cette Déclaration Universelle des Droits de l'Homme allègrement violée par les plus grandes démocraties (*)



Je tombe, l'autre jour, sur le blog "allainjules", sur une fort intéressante contribution sur la question de l'apologie de terrorisme, contribution d'autant plus intéressante que l'auteur est docteur en droit. J'y retrouve exactement les questions que je me posais moi-même et c'est cela qui m'incite à la reproduire ici, in extenso.

Le vendredi 9 janvier 2015, à 18h47, près d’une heure trente après que les frères Kouachi, soupçonnés de l’attentat du mercredi précédent à Charlie Hebdo, sont tombés dans une scène digne de Butch Cassidy et le Kid, Othman Dahouk, 16 ans, fait figurer sur son compte Facebook l’image « Je suis Kouachi ».

Mauvaise idée. Le mardi 13, il est entendu par un officier de police judiciaire. À ce dernier, qui l’invite à parler et qui lui dit qu’il est dans un pays libre où il peut s’exprimer, il répond : « Je mets un truc sur Facebook, et je suis en garde à vue. Vous trouvez que je suis libre ? »

Le lendemain il est conduit, menotté et sous escorte, devant un juge des enfants, dans la perspective de sa mise en examen du chef d’apologie de terrorisme.

Il garde le silence. Son avocat prend la parole. Il en appelle à la raison, il rappelle au magistrat que dans le contexte de démence collective qui saisit une bonne partie de la population en France, démence dont sont saisies les plus hautes autorités de l’État, il est de son devoir, à lui, magistrat, dernier rempart des libertés, de rester serein et de prononcer ce qui naturellement s’impose devant pareil cas : une ordonnance de non-lieu.

Comment peut-on, dans le contexte malsain d’une idéologie hostile à l’islam, alors que gouvernement et médias nourrissent une psychose collective, « inculper » (comme jadis l’on disait) un gamin de 16 ans pour une pancarte « Je suis Kouachi » ? Alors que dans le même temps on prétend défendre la liberté d’expression, et en particulier le droit de moquer, de railler et de tourner en ridicule ? N’encourage-t-on pas, au contraire, à dire « Je suis Kouachi » ? N’a-t-on pas le droit de tourner en ridicule ce mouvement de foule et son slogan « Je suis Charlie » ?

Il semblerait que non.

Othman Dahouk, 16 ans, a été mis en examen pour apologie de terrorisme. Il encourt cinq ans d’emprisonnement pour une pancarte sur son Facebook (sept ans, même, si l’on tient compte de la circonstance aggravante). Et le magistrat l’a astreint à se soumettre, lui, à une obligation de soins psychologiques !

Sur quoi il convient de faire d’abord remarquer que si la loi doit être claire et précise de manière à ce que l’on puisse prévoir si ce que l’on s’apprête à faire est ou non punissable, cette loi qui incrimine « l’apologie de terrorisme » ne l’est guère, tout simplement parce qu’un élément de cette formule ne l’est pas.

« Apologie »

Le mot apologie, selon le dictionnaire Bloch et Warturg, est emprunté au latin ecclésiastique apologia et provient du grec apologia, qui signifie « défense », dérivé du mot apologos, qui au sens propre signifie « récit », « narration ». Il est vrai que toute défense, en droit pénal, commence par raconter ce qui s’est passé. Le Robert parle de « discours écrit visant à défendre, à justifier », c’est un plaidoyer.

Même si on pressent qu’il y a quelque abus à voir dans trois mots l’expression d’un plaidoyer (la plaidoirie la plus brève qu’il m’ait été donné de tenir jusqu’à présent en comportait quatre), le sens du terme est suffisamment précis pour répondre au principe de légalité.

« Terrorisme »

Il en va autrement avec le mot « terrorisme ». Notons d’abord que la même réalité peut recevoir des termes synonymes : partisan, résistant, guérillero, franc-tireur, rebelle, insurgé, membre d’un corps franc, milicien ou… terroriste. Tout dépend de l’endroit et du moment d’où l’on perçoit le phénomène. Le « terrorisme » n’est pas une infraction en soi, mais englobe de nombreuses choses qui peuvent être des infractions, lorsqu’elles ne sont pas légitimées par le pouvoir en place, ou même n’en être pas (comme de simplement parler, écrire, dessiner faire un geste, etc.).

Par exemple, on va prochainement (mai 2015) faire entrer au Panthéon, pour les donner en exemple à la Nation, Germaine Tillion, Geneviève de Gaulle-Anthonioz, Pierre Brossolette et Jean Zay, quatre « résistants » qui par leurs actes et mêmes leurs pensées étaient perçus comme des terroristes par les autorités et par la population de 1942 à 1944.

Et le Président Sarkozy n’avait-il pas ordonné que l’on lise à la jeunesse des écoles la lettre « d’adieu à ma petite maman », de Guy Môquet ? Et dans un autre registre, n’a-t-on pas fait de Che Guevarra une icône marketing ?

Le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, n’a-t-il pas dit que le Front Al-Nosra faisait « du bon boulot » ? Il s’agit pourtant d’une organisation terroriste, qui opère en Syrie et qui s’y livre à des horreurs autrement plus graves que ce qui est arrivé à Paris le 7 janvier 2015. Le tribunal administratif de Paris a même reconnu que de tels propos relevaient de la politique internationale de la France.

Le phénomène est donc extrêmement difficile à appréhender. Combattant glorieux pour les uns, criminel odieux pour les autres, le terroriste n’est vraisemblablement ni l’un ni l’autre. Seulement il se trouve que le cadre juridique ne comprend que deux catégories, et qu’il faut bien l’y faire rentrer.

Sans faire de la sociologie juridique d’avant-garde à l’américaine, il est évident que la décision du juge va dépendre du pouvoir en place. Selon que vous êtes appréhendé sous un régime libéral et libertaire du genre de n’importe quel État occidental, ou que vous êtes arrêté pour les mêmes faits sous un califat dans le style État islamique, votre sort ne sera pas le même. Pour les uns vous êtes un criminel impardonnable ou un fou, tandis que pour les autres vous êtes le saint et le héros qui a exécuté la fatwa.

Tout dépend aussi de l’endroit où vous opérez. Sur sol syrien ou irakien vous pouvez décapiter, violer, torturer à loisir (à condition toutefois de ne pas toucher aux journalistes occidentaux). En France en revanche, c’est « tolérance zéro » : le voile pour les femmes, la barbe pour les hommes, suffisent à vous rendre suspects.

Et même sous un régime libéral et libertaire, tout va dépendre, à quelques jours, parfois à quelques heures près, des degrés de pression politique, de propagande et de mobilisation de l’opinion publique. En période de calme relatif il ne vous arrivera rien. Mais gare si vous n’avez pas senti le vent tourner, même si le vent tourne après, bien après que vous ayez dit ce que vous avez dit.

Par conséquent, il est extrêmement dangereux de faire figurer dans la loi pénale ce terme obscur et vague de « terrorisme ». C’est laisser à l’arbitraire du magistrat le choix de condamner ou de relaxer, sans que l’on puisse prévoir à l’avance sa réaction. Cela crée une atmosphère extrêmement malsaine. L’emploi du mot, en réalité, est le signal de la guerre civile. Il n’a pas à figurer dans la loi.

Damien Viguier
Avocat – Docteur en Droit

Fin de citation (source)


J'ai bien failli accepter l'analyse de ce brillant juriste dans son intégralité, mais après réflexion, je dois bien y apporter quelques commentaires, à commencer par le regret que notre juriste n'évoque jamais l'autre versant de la problématique qu'il pose : à partir de quand la société doit-elle vous considérer comme étant un terroriste ?

Ma réponse : à partir du moment où un tribunal vous a expressément condamné pour ce faire et que la décision est devenue définitive. Et c'est bien ce que je reprocherais volontiers à notre juriste de ne pas avoir précisé. À ce jour, dans l'affaire Charlie Hebdo (et cela vaut également pour l'Hyper Casher), personne n'a encore été condamné pour terrorisme, pas même pour crime...

Et si personne n'a encore été condamné..., où est le problème ?

Résumons

Othman Dahouk, 16 ans, a été mis en examen pour apologie de terrorisme. Il encourt cinq ans d’emprisonnement pour une pancarte sur son Facebook (sept ans, même, si l’on tient compte de la circonstance aggravante). Et le magistrat l’a astreint à se soumettre, lui, à une obligation de soins psychologiques !

Ce garçon a écrit "Je suis Kouachi" sur sa page Facebook. C'est bien cela qui lui vaut de se retrouver devant un juge ?

Je pense aussi que le terme fluctuant de "terrorisme" n'a rien à faire dans un code pénal. Mais il y a plus grave, et notre juriste n'insiste pas suffisamment dessus. Cela tient en une question : 

Question : avez-vous entendu un seul représentant de la magistrature française déclarer que les frères Kouachi et Amédy Coulibaly étaient des terroristes ?

Imaginons, une seconde, que ces garçons - à l'instar des Merah, Kelkal... - aient été livrés vivants à la Justice. Quel serait leur statut aujourd'hui ? Mis en examen ? Placés en détention provisoire ?

Veut-on nous faire croire que "mis en examen" ou "placé en détention provisoire" signifie "coupable" ? 

Que la rumeur publique et de mauvais journalistes affirment que les frères Kouachi sont les tueurs de Charlie Hebdo et que Amédy Coulibaly est le tueur de l'Hyper Casher de la Porte de Vincennes, on mettra cela sur le compte de la méconnaissance du droit, voire tout simplement de la stupidité.

Mais un magistrat ! Qui sait, mieux que personne, ce que "présomption d'innocence" veut dire ! Qui sait, mieux que quiconque, que cette présomption est garantie par rien moins que la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme !

Dans les décisions de justice à venir, dont j'ai cru comprendre qu'il y en avait un certain nombre, notamment celles concernant Dieudonné M'bala M'bala ("je me sens Charlie Coulibaly") et le jeune Dahouk ("je suis Kouachi"), pour prononcer quelque condamnation que ce soit, les juges vont devoir préalablement coucher sur le papier l'équation :

Kouachi ou Coulibaly = terrorisme

C'est ici que je vais oser un pronostic : je ne vois pas un juge digne de ce nom (je ne parle pas ici d'un fonctionnaire, d'un journaliste ou d'un politicien ; je parle de gens dont le métier est de rendre la justice.) prononcer une condamnation post-mortem à l'égard des dénommés Kouachi et Coulibaly.

Et partant, je ne vois pas très bien comment au moins une de ces procédures - je n'évoque ici que les messages ayant éventuellement exprimé de l'empathie voire de la sympathie pour des sujets présumés innocents - ne déboucherait pas, in fine, sur un arrêt de la Cour Européenne des Droits de l'Homme, à laquelle il reviendra de déclarer caduque - ou non - l'article 11 de la fameuse Déclaration Universelle des Droits de l'Homme (de 1948).


Déclaration Universelle des Droits de l'Homme

Article 11. Toute personne accusée d'un acte délictueux est présumée innocente jusqu'à ce que sa culpabilité ait été légalement établie au cours d'un procès public où toutes les garanties nécessaires à sa défense lui auront été assurées.
Nul ne sera condamné pour des actions ou omissions qui, au moment où elles ont été commises, ne constituaient pas un acte délictueux d'après le droit national ou international. De même, il ne sera infligé aucune peine plus forte que celle qui était applicable au moment où l'acte délictueux a été commis. »

(*) Je connais l'argumentation des technocrates du "Droit" (majuscule ou minuscule ?), à savoir que la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme n'a aucun caractère contraignant et ne relève, donc, pas du "Droit positif" (celui que les juridictions sont censées appliquer. Sur la question de la présomption d'i'nnocence, il existe bien une loi dite Guigou). Cette bonne blague ! Parce que, quel est précisément l'argument sur lequel se fondent les propagandistes de la "supériorité" des démocraties sur les dictatures,  et de quoi pérorent-ils à profusion au sujet du prétendu "choc des civilisations" ? Sinon, précisément, le respect de certaines valeurs, dont les droits de l'Homme ? Par ailleurs, nos technocrates du droit oublient que, dans les sources du droit, il y a notamment la coutume, les principes généraux du droit, etc. J'attends, donc, d'entendre une autorité politique française déclarer solennellement que la France ne se sent aucunement concernée par l'article 11 précité.

Par ailleurs, la Cour Européenne des Droits de l'Homme, agissant en qualité de Super Cour de Cassation européenne, dispose de ses propres critères pour émettre des arrêts qui, eux, sont bel et bien contraignants pour les tribunaux nationaux. N'est-ce pas cela le plus important ?

mercredi 14 janvier 2015

France : le syndrome de Ferguson. The Ferguson syndrom



De la frontière ténue séparant démocraties et dictatures.

Episode 1 : l'exécution extrajudiciaire.


Lu sur Internet sous le titre : L’abolition de la peine de mort reste théorique.

(...)

L’abolition de la peine de mort reste théorique. La vindicte populaire et l’exé­cution extrajudiciaire effectuée par les forces de l’ordre font encore rage.

L’État a reconnu le droit sacré à la vie en signant l’abolition de peine de mort, même s’il faut ratifier encore le second protocole, pour que la peine de mort soit opposable, a avancé Lucien R., directeur des Droits humains et des relations internationales, au sein du ministère de la Justice.  Un membre de la commission des Droits de l’Homme au sein de l’assemblée nationale, a ajouté que les parlements s’apprêtent à valider la proposition de loi de l’abrogation générale de la peine de mort. Mais, quand un membre de la société civile a indiqué hier, lors de la célébration de la journée mondiale contre la peine de mort à Anosy que, l’exécution extrajudiciaire et la vindicte populaire tendent petit à petit à remplacer la peine de mort annoncée par le Tribunal, les responsables sont restés dans l’embarras.

« Le problème est que, l’enquête ne s’ouvre qu’une fois la personne morte. Beaucoup de personnes meurent sans avoir été jugées », se plaint un membre de la société civile. Une parlementaire ne veut pas être ridicule devant ces opinions. « Qu’est ce qu’il faut faire pour que les gens aient confiance en  la Justice et aux forces de l’ordre. Nous sommes sur le point d’adopter cette loi abrogeant la peine de mort, alors que l’exécution extrajudiciaire et la vindicte populaire continuent toujours. », lance la parlementaire. (Source)


Le point de vue du juriste

L'exécution extrajudiciaire est un crime qui viole un des droits les plus fondamentaux de l'homme qui est le droit à la vie. En général, ce crime est exécuté directement par l'ordre de l'État ou bien avec son consentement implicite et quoiqu'il soit toujours condamné par la Communauté internationale. Cependant, le monde entier voit encore le déroulement de ce genre de crime devant ses yeux. Généralement les auteurs de ce crime sont les agents gouvernementaux ou des membres des groupes qui sont sous le contrôle direct ou indirect de l'État. Dans ce cas, les victimes sont parfois disparues avant d'être tuées, et dans certains cas, ce crime se produit lors d'une détention arbitraire. Ces personnes peuvent être également assassinées dans les rues ou même dans leurs propres maisons. Dans les dix dernières années du 20e siècle, le monde a été témoin d'une nouvelle génération de guerre qui est, d'une certaine manière, plus destructrice : la guerre contre le terrorisme. L'exécution extrajudiciaire réapparaît récemment dans les sujets du maintien de la sécurité internationale comme la violation des droits de l'homme pendant la lutte contre le terrorisme, et d'ailleurs, elle expose les multiples modalités d'atteinte à la vie d'un individu ou d'un groupe d'individus dans différents contextes de guerre ou de paix. Or, la protection des victimes contre l'exécution extrajudiciaire et le rôle de la justice pénale internationale sont devenus des sujets très sensibles et il faut apporter une solution à cette violation des droits de l'homme en suggérant quelques mesures juridiques pour éviter les atteintes et protéger les victimes. (Source)


L'ONU

Le Rapporteur spécial sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires est l'un des nombreux rapporteurs et représentants spéciaux des Nations Unies. Pour en savoir plus sur le travail des rapporteurs et des représentants spéciaux. (Source)


La situation en France : abolition (théorique) de la peine de mort en 1981

La peine de mort en France a été abolie en 1981, faisant ainsi de la France le seul pays à avoir procédé à des exécutions capitales tout en étant membre de la Communauté européenne, ancêtre de l'Union européenne.

Contrairement à ce que rapporte souvent la presse, ce n’est pas Christian Ranucci, mais Hamida Djandoubi qui, guillotiné le 10 septembre 1977 à la prison des Baumettes de Marseille, est la dernière personne à avoir subi la peine de mort en France. (Wikipedia)


Conclusion provisoire : comme un symbole, le dernier prisonnier exécuté en France était... maghrébin !


Prochain épisode : la présomption de culpabilité ou tout individu suspect de "terrorisme" sera criblé de balles jusqu'à ce que mort s'ensuive.