Mise à jour du 20.04.2022
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Avertissement : c'est toujours avec amusement que je découvre que j'ai été bloqué sur Twitter par l'un ou l'autre cuistre. C'est qu'il y a encore des gens qui ne savent vraiment pas se servir d'un ordinateur ! Il se trouve que je ne navigue pas sur Twitter avec un téléphone portable ! Par conséquent, chers guignols, ça ne sert absolument à rien de me bloquer !
Un de ces guignols incapables de croiser le fer - intellectuellement parlant - sur lesdits réseaux sociaux, qu'ils prennent pour un cirque ou des gogos analphabètes sont censés venir les acclamer, se présente comme "expert en islamisme". Pauvre Mohamed Sifaoui !
Sinon, moi, quand je m'adresse à Marine Le Pen, ce n'est pas à coups d'anathèmes imbéciles du genre : "Elle est d'extrême-droite !". Moi, j'argumente. Tout le monde ne peut pas en dire autant !
Fin de l'avertissement
Voile
Pièce d'étoffe qui recouvre, protège ou masque.
Au figuré : Tout ce qui cache, dissimule, altère la réalité. Un voile sombre commençait à descendre sur les destinées de la France (STENDHAL, Napoléon, t. 1, 1842, p. 259).
Quiconque a un bagage, fût-il moyen, en matière littéraire, comprend que le terme masculin voile se conçoit parfaitement dès lors que l'on a recours au verbe qui lui est attaché : voiler, et à son antonyme : dévoiler. Voilà le genre de choses que l'on enseigne à des élèves dès la fin du primaire.
Mais bon, nous sommes en France, pays qui voit débarquer au collège, bon an mal an, autour de 150.000 illettrés. Une usine à produire des illettrés et des analphabètes, dans tous les cas, des citoyens incultes. Voilà le bilan de deux siècles d'instruction publique obligatoire héritée de Jules Ferry !
Et, bien évidemment, cette faible instruction rejaillit sur à peu près tout le monde. Voyez un peu nos médias. Ça commence souvent comme ça...
Et c'est là que tout bon quidam féru de lexigographie s'en va consulter son dictionnaire et découvre que le français ne manque pas de termes désignant le bout de tissu recouvrant la tête de certaines femmes : foulard, mouchoir de tête (Afrique noire), bandana, turban, bandoulière, cache-col, cache-nez, fichu, madras, mantille, écharpe, châle, carré...
Seulement voilà, un petit ramassis de cuistres a décidé que tout cela se ramenait à une seule chose qu'ils appellent LE VOILE.
Et pourquoi donc s'excitent-ils et elles à ce point autour de ce vocable ? C'est pourtant simple : les cuistres avancent toujours masqués, ce qui leur fait opter généralement pour des euphémismes, ces termes qui vous permettent de mentir, sans donner l'impression de mentir, tout en mentant.
Car, sur ce point, "voile" est bien plus commode que foulard, carré et autre bandana : le substantif voile permet, en effet, de glisser vers le verbe : voiler, et tout naturellement, vers le participe passé : voilée.
Ainsi, donc, la dame officiant dans le bureau de vote était (forcément !) voilée.
- Euh, dites donc, c'était une religieuse ?
- Ben non patate, elle était juste voilée ?
- Mais voilée comment ?
- Mais puisque je vous dis qu'elle était voilée !
Mentir, sans donner l'impression de mentir, tout en mentant.
Parce que, derrière l'euphémisme, il y a l'ellipse, le mot escamoté : l'islam ! La religion musulmane de la dame étant sous-entendue.
- La dame a-t-elle affiché une quelconque appartenance religieuse ?
- Bien sûr que non !
- Ben alors, il est où, le problème ?
Le problème est que les cuistres ont décidé, urbi et orbi, que sa simple apparence suffisait à lui attribuer une religion, et toujours la même : l'Islam.
Nous voilà, donc, appelés à vivre sous le dictat de cuistres s'autoproclamant experts en signes d'appartenance à une religion - et une seule : la religion musulmane.
Vous avez compris ? Quand les cuistres disent "voile", cela sous-entend "islamique".
On appelle cela un glissement sémantique, et c'est le propre même de ceux qui avancent masqués : mentir, sans donner l'impression de mentir, tout en mentant.
On a entendu récemment des cuistres deviser sur la question de la kippa, cet accessoire vestimentaire dont la relation au judaïsme ne saurait être contestée. Et l'on a entendu des cuistres nous expliquer que la kippa ne saurait être mise sur le même plan que le voile, ce dernier étant, sans la moindre contestation possible, lié à la soumission que de méchants islamistes imposeraient aux femmes, quand bien même ces dernières seraient majeures et détentrices de diplômes universitaires.
Le problème, et il y a plus qu'un problème, c'est qu'à entendre les cuistres, dont certains rêvent de légiférer sur la question du port du "voile" dans l'espace public, il va bien falloir démontrer aux braves gens qu'un même objet ne recouvre pas la même signification, selon la personne qui le porte.
Vous avez compris qu'il était hors de question de prétendre que Marguerite Yourcenar fût jamais "voilée", pas plus que Simone de Beauvoir, la Reine d'Angleterre, Ségolène Royal en visite au Sénégal, ou Audrey Hepburn ?
En clair, le terme "voile" renverrait bien plus à l'idée qu'on se fait d'une personne qu'à l'objet que la personne porterait sur la tête.
Voilées, la reine d'Angleterre, Marguerite Yourcenar, Simone de Beauvoir, Ségolène Royal, Audrey Hepburn ?
- Bien sûr que non, patate ! Marguerite Yourcenar et les autres ne sauraient être "voilées". Ce qu'elles ont sur la tête c'est juste un foulard. Rien à voir avec les autres !
- Les autres ? Par exemple celles qu'on aperçoit ci-dessous. Vous voyez bien qu'elles sont voilées, à l'instar de la dame du bureau de vote !
Antilles
Niqab, tchador, burqa
Une connotation géographique et souvent ethnique fait que le niqab, par exemple, est absent du Sénégal, de la Mauritanie, des Comores, du Mali, du Cameroun, voire du Nigeria. Du reste, il est assez facile d'identifier des musulmanes mauritaniennes et sénégalaises : bien que voisines et parfois de la même ethnie, elles ne s'habillent et ne se coiffent pas du tout de la même manière.
Il est tout aussi facile de reconnaître des musulmanes de l'Océan Indien, à l'instar des femmes des Comores ou de Zanzibar : leur foulard est toujours bariolé et elles ne le nouent pas sous le menton.
Quant à ce qu'on appelle hidjab, il en existe des centaines d'occurrences liées à la texture du tissu, aux couleurs, à la façon de le nouer, etc.
Tout le monde sait, ou devrait savoir, que hidjab, niqab et abaja sont arabes, la burqa afghane, le tchador iranien. Leur look ne doit rien à la religion elle-même mais plutôt à une tradition vestimentaire. Par ailleurs, tout le monde doit avoir remarqué que les peuples du désert, loin de se découvrir le corps à cause de la chaleur, le recouvrent en revanche abondamment pour se protéger du sable, ce qui fait que les hommes ont aussi leurs foulards, turbans, etc. Voyez les Touaregs.
Et dire qu'il suffirait à certains quidams pas très cultivés de visiter quelque musée ! Ils y constateraient, par exemple, que la peinture flamande regorge de personnages féminins coiffés, à l'instar de ces deux personnages de Vermeer...
Madeleine, Marie-Guillemine Benoist, Louvre | |
Ci-dessus, de Georges de la Tour : Le tricheur à l'as de trèfle et Les diseuses de bonne aventure
Prendre le voile : devenir religieuse, quitter la vie séculière pour faire vœu de chasteté et de pauvreté au service de Dieu en entrant dans un carmel.
Et celui de la religieuse est parfaitement connoté et ne laisse aucune ambigüité sur sa fonction. Par ailleurs, il s'agit avant tout d'un uniforme que les membres d'une même congrégation sont censés afficher en permanence comme signe de leur appartenance à un ordre monastique.
Rien à voir avec ces foulards, qui ne nous disent rien sur une quelconque appartenance religieuse de celles qui les portent, et qui ne sauraient interpeler que quelques hystériques ou voyant(e)s extra-lucides capables de lire dans le marc de café !
Quant à cette ineptie absolue, selon laquelle le port d'un bout de tissu sur la tête serait la marque de la soumission de la femme à une nébuleuse islamiste, rétrograde et phallocrate, la jeune femme ci-dessous est une militante d'extrême gauche affiliée au Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA), et je doute fort que quiconque de masculin puisse prétendre lui donner des ordres auxquels elle ne serait pas disposée à se soumettre.
Rendez-vous compte : les cuistres sont allés jusqu'à prétendre que cette fille fût voilée ! |
Mais
regardez un peu celle qui suit, et que l'on a aperçue plus haut :
l'illustre Maryam Radjavi, bête noire du régime des Mollahs
iraniens et présidente des fameux Moudjahidines du Peuple. Et
donnez-moi le nom de l'homme qui la tient sous sa coupe, s'il existe
!
Par parenthèse, est-ce que quelqu'un a une idée de la religion de ces femmes si savamment dénudées ?