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mercredi 20 février 2019

Gilets jaunes, colère noire et volée de bois vert #12.2


Épisode §12.2. Remembering Rabbi Farhi...

Le prix de haute tartuferie me paraît revenir sans conteste à ceux qui, dans la presse et dans la Chambre, déclament contre le péril clérical et la dictature militaire, tout en donnant libre carrière à ces puissances contre le méprisable sémite avec qui l'aryanisme aristocratique n'a rien à faire (Clémenceau, Iniquité, 1899, p. 261).

Citations :
"Les injures antisémites dont il a fait l’objet sont la négation absolue de ce que nous sommes." Emmanuel Macron a vivement réagi, samedi 16 février, après les insultes dont le philosophe Alain Finkielkraut a été victime, à Paris, lors du le 14e samedi de mobilisation des "gilets jaunes".  
Les images ont été tournées par Yahoo Actualités, boulevard du Montparnasse, dans le 14e arrondissement de la capitale. "Sale sioniste de merde !", "dégage", ont hurlé des manifestants. "Nique ta mère", lance un autre, tandis que des personnes crient "Palestine". Dans le brouhaha, on entend d'autres insultes proférées qui ressemblent à "sale juif". 

"Espèce de raciste, t'es un haineux, tu vas mourir, tu vas aller en enfer, espèce de sioniste", a crié un manifestant. "Il est venu exprès pour nous provoquer", a affirmé un autre. Le philosophe n'a pas répliqué et s'est éloigné. Dans une interview au Figaro samedi matin, il s'est montré critique vis-à-vis du mouvement, estimant que "les différents leaders de cette révolte protéiforme (...) sont devenus les stars du petit écran. Cette promotion leur est montée à la tête et l'arrogance a changé de camp."  
"Méthodes fascistes d’intimidation"
"Une honte absolue. Des méthodes fascistes d’intimidation", a réagi la Licra sur Twitter. Le philosophe a également reçu, sur le même réseau social, le soutien de ses confrères. "Total soutien à Alain Finkielkraut, et surtout : totale admiration pour le calme qu'il a su garder face à cette pisse mentale", a écrit Raphaël Enthoven. 
De son côté, Bernard-Henri Lévy a condamné des "nazillons". "Puisse cette scène hallucinante pulvériser les derniers restes de l’impunité médiatique dont jouissaient les gilets jaunes", a-t-il ajouté. 
"Déferlement de haine à l'état pur"
"La haine à l’état brut dans les rues de Paris", a écrit le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux. Et de conclure : "Ceux qui insultent ont le visage découvert. J’espère qu’ils seront identifiés, poursuivis et lourdement condamnés." 
"Un déferlement de haine à l’état pur que seule l’intervention de la police a interrompu, a écrit le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner. Assister à une telle scène à Paris, en 2019, est tout simplement INTOLÉRABLE." 
"Fils d’émigrés polonais devenu académicien français, Alain Finkielkraut n’est pas seulement un homme de lettres éminent mais le symbole de ce que la République permet à chacun", a également écrit Emmanuel Macron sur Twitter. 
Auprès du Journal du Dimanche, Alain Finkielkraut dit avoir "ressenti une haine absolue". Mais le philosophe raconte avoir été rassuré par la présence de policiers : "J'aurais eu peur s'il n'y avait pas eu les forces de l'ordre, heureusement qu'ils étaient là." L'académicien souligne que tous les manifestants n'étaient pas agressifs. Il précise que l'un d'eux a salué son travail et qu'un autre lui a proposé de revêtir un gilet jaune et de rejoindre le cortège. 
Dans un autre entretien, cette fois au Parisien, il a expliqué qu'il n'allait pas porter plainte : "ça pourrait en valoir la peine mais ce ne sera sans doute pas la dernière fois que cela m’arrive. Il ne faut pas trop en faire non plus, j’ai l’impression que beaucoup de gens ont été plus traumatisés que moi et que les images leur ont fait plus peur qu’à moi."

Il faut croire que certains de nos contemporains ont la mémoire courte, pour avoir oublié, par exemple, l'incroyable affabulation que l'on doit à un... rabbin, prétendument agressé par un quidam lui ayant crié "Allahu akbar" !
Trois mois après le coup de couteau qui a blessé le rabbin Gabriel Fahri dans sa synagogue du XIe arrondissement de Paris, "la version de l'automutilation" est désormais "une hypothèse prise au sérieux" par les enquêteurs, a affirmé France-2 mardi soir.  
Le rabbin a assuré qu'il avait été poignardé le 3 janvier par un homme casqué dans les locaux de sa synagogue, après avoir reçu auparavant des menaces de mort. Quelques jours plus tard, sa voiture avait été incendiée.
La rumeur devient hypothèse
Mais selon la chaîne, les enquêteurs "s'éloignent progressivement de la première lecture des faits -tentative d'assassinat et menaces de mort réitérées". "Dans les couloirs du palais de justice de Paris, la version de l'automutilation n'est plus une rumeur mais une hypothèse prise au sérieux." 
Selon les informations citées dans un reportage diffusé dans le journal de 20 heures, le couteau utilisé pour blesser le rabbin, "provient de la cuisine de la synagogue", et une contre-expertise médicale qualifie le coup de couteau d"'hésitant", ce qui irait à l'encontre de la thèse de l'agression.
Un "acte odieux"
Après la publication en janvier d'articles mettant en doute la réalité de son agression, le rabbin avait déjà démenti des "rumeurs" qui ne reposent "sur aucun élément probant".  
L'agression du rabbin avait soulevé une vive émotion dans la classe politique. Le président Jacques Chirac avait dénoncé un "acte odieux" tandis que nombre d'hommes politiques, dont quatre anciens Premiers ministres et le ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy, étaient venus lui manifester leur soutien lors d'une cérémonie de prières. 
Le parquet de Paris avait ouvert une information judiciaire contre X pour "tentative d'assassinat, menaces de mort et dégradations de biens" pour élucider cette affaire. (source

On lira à ce propos une édifiante compilation d'affabulations en tous genres survenues en France ces dernières années (2016). Observons, par parenthèse, qu'aucun "Arabe", ni même "gentile" (cf. Dieudonné en Martinique)  n'a jamais prétendu, à tort, avoir été agressé par un individu de confession juive ! (source)

Quant aux événements survenus lors de l'épisode XIV des Gilets Jaunes, laissons faire les enquêteurs...

Et si je peux me permettre une observation, disons que la main qui a apposé les mentions "Juden" (pluriel de "Jude", ce qui, en soit, n'est pas une insulte, à ceci près que la judéité des personnes visées n'est inscrite nulle part sur la devanture du magasin, du moins, pas à ma connaissance !) et "Guten Tag" (en respectant la majuscule sur le substantif 'Tag', de même que l'accusatif, ainsi qu'il sied à la syntaxe quand on dit "Bonjour !" en allemand) sur la vitrine de telle épicerie, appartenait à quelqu'un de familiarisé avec l'allemand... ou le yiddish



Du coup, compte tenu des paragraphes précédents, j'imagine que les enquêteurs n'éliminent pas du tout la piste de l'"insider" ! Mais, wait and see!

Et à part ça ?

À part ça, deux images fortes sont à retenir de cette 14ème déambulation urbaine des Gilets Jaunes, 'rapport à' quelques énergumènes excités, voire dangereux : l'agression contre Ingrid Levavasseur et l'assaut délibéré mené contre un fourgon de police.

⧫ Qu'Ingrid Levavasseur ait commis l'une ou l'autre erreur d'appréciation en se précipitant, un peu inconsidérément, dans la création d'une liste pour les élections européennes, je l'ai écrit ici, sans toutefois chercher à l'accabler, tant je me mettais un peu à sa place. Du reste, elle a eu l'intelligence d'admettre son erreur, et je n'en attendais pas moins de la part d'une des personnes détentrices d'un ciboulot au sein des G.J.


Mais que, précisément, une escouade de gros bras, dont le cerveau semble localisé dans leurs seuls biscotos, s'en prennent à cette (une !) femme, au nom de je ne sais quelles valeurs bidons, voilà qui serait de nature à me faire rééditer mes imprécations du début du mouvement, après le saccage de l'Arc de Triomphe !

Et c'est ici que j'aurais aimé voir les animateurs de ce mouvement manifester un peu plus de solidarité avec l'un(e) des leurs. En tout cas, moi, j'aurais pris publiquement position contre les malabars au faible Q.I. que l'on aperçoit plus haut, et dont la véhémence ne peut que nuire à un mouvement originellement pacifique et visiblement populaire. Mais peut-être ces gros bras ne sont-ils là que pour contribuer à faire discréditer le mouvement, allez  savoir ?! 

⧫ Quant à l'attaque de ce fourgon de police à Lyon, comment ne pas féliciter ce gradé, à qui l'on doit des images incroyables, et grâce à qui l'équipage a évité une réelle catastrophe : on imagine ce qui aurait pu arriver si, d'aventure, la jeune stagiaire, perdant ses moyens, avait embouti un véhicule en stationnement, livrant les occupants du fourgon à l'ivresse de ces barbares qui se croient dans un jeu vidéo !




Source
Par parenthèse, je n'arrive pas à comprendre que la hiérarchie policière ait pu faire preuve d'autant de légèreté en lançant un véhicule isolé au milieu d'une foule d'excités !

Re-parenthèse : j'espère vivement - mais je n'en suis pas si sûr - que, parmi les hautes autorités de ce pays, obnubilées par l'anti-machin-truc-tisme, il s'est trouvé quelqu'un pour prendre des nouvelles des deux fonctionnaires de police, dont j'espère également qu'ils ont bénéficié (vont bénéficier) de l'assistance psychologique requise, en ces temps de disette budgétaire !

By the way, soit dit en passant, je pense que, si j'étais un Gilet Jaune, je me rendrais incessamment, dans le cadre d'une délégation tout à fait pacifique, soit dans trois jours, au prochain Salon de l'Agriculture, histoire de nouer des contacts avec ces Gilets Jaunes dans l'âme que sont les agriculteurs, et aussi histoire de savoir pourquoi ce grand lobby syndical qu'est la FNSEA n'a rien fait, en plus de quarante ans (cf. le premier choc pétrolier) pour promouvoir les agro-carburants en France - principale puissance agricole de l'Union européenne, quand on pense que la Guyane se trouve juste à côté du Brésil, référence mondiale en la matière ! - notamment les agro-diesels, ce qui aurait permis à la France d'être moins dépendante du pétrole et de réduire sensiblement le prix du fioul végétal tant dans les cuves de chauffage que dans les réservoirs des automobilistes, une problématique que j'ai déjà soulevée dans les premiers articles de la présente série !


Lectures :  01  -  02  -  03  -  04


P.S. Mercredi 20 février 2019, ai-je la berlue ou France Info-Intox a-t-il révélé au public le nom (Benjamin W.) du "principal suspect" dans l'affaire des insultes publiques contre le pseudo-philosophe Finkielkraut, le tout assorti de sa profession (détenteur d'un magasin de téléphones portables) à Mulhouse ? Dans la série "Bonjour la présomption de culpabilité" !!!!!! Ah, les cons ! (source)

jeudi 10 janvier 2019

Gilets jaunes, colère noire et volée de bois vert #7


Épisode §7 : Biscotos versus Ciboulot, la suite...


Je dois vous faire une confidence : il y a quelques semaines, j'ai écrit à un "Gilet jaune", qui se reconnaîtra, pour lui confier notamment ceci :
Ce que je pense du mouvement des GJ en général ? Pas grand-chose pour le moment. Et comme je suis plus âgé que vous, je vous invite à rechercher sur le net des infos sur Gérard Nicoud et le Cidunati : des gros bras, pas mal de manifs et de casse, et puis plus rien. 
Tout le monde semble avoir oublié une chose : la France est le seul pays bonapartiste de l’Union européenne. Le « bonapartisme », ça vous dit quelque chose ? 
Je pense que vous êtes partis pour échouer, sauf si… En clair, le problème est de savoir dans quelle mesure votre mouvance hétéroclite sera en mesure de faire la part de l’accessoire (la conjoncture = +/- x centimes sur le prix du litre de carburant) et de l’essentiel (la structure = une culture de la jacquerie, qui fait que la France ne ressemble à aucun de ses voisins). 

Ça sert d'avoir un peu de culture générale. Pour mémoire, à la suite d'un certain Pierre Poujade, le petit commerçant qu'était Gérard Nicoud avait connu une certaine notoriété en prenant la tête d'un mouvement contestataire assez violent, censé défendre les petits commerçants et artisans contre l'étranglement par les impôts, la dérive insurrectionnelle du Cidunati ayant mené son chef jusque derrière les barreaux.

L'expérience nous montre que lors des soulèvements populaires, les gros bras - les biscotos - ont presque toujours tendance à l'emporter sur les détenteurs d'un ciboulot, dès lors que l'intelligence et le raisonnement ne sont pas très télégéniques ; or, sans passage à la télé, notamment sur les chaînes d'information en boucle, on n'existe pas !

Le temps a passé ; à l'instar de Pierre Poujade et de sa clique d'enragés, Gérard Nicoud et son Cidunati sont passés à la trappe ; il n'empêche que, dans les régimes bonapartistes, une insurrection chasse l'autre, ce que je sous-entendais dans le courrier à ce "gilet jaune".

Tout le monde pourra constater, en effet, qu'à elle seule, la France cumule plus de jacqueries que l'ensemble des (27) autres pays de l'Union européenne, ce qui n'est quand même pas banal ! Le fait est que la France est, par ailleurs, le seul pays disposant d'un régime de type bonapartiste calqué sur le mode sudaméricain, ce que je rappelais tantôt, en évoquant l'admiration de De Gaulle pour Juán Perón.

Tiens, soit dit en passant, citez-moi quelques pays traversés actuellement par des... ou ayant connu de sérieux soulèvements populaires d'envergure... Vous ne voyez pas ? Je vous aide : Venezuela (Maduro),  Turquie (Erdogan), Nicaragua (j'ai oublié le nom de l'autre moustachu), RDC (Kabila), Soudan (El Béchir)... Rien que de belles démocraties, n'est-ce pas ?

La France des jacqueries ? Je pense aux 'x' saccages intervenus au grand marché de Rungis du fait des marins-pêcheurs, à l'incendie du Parlement de Bretagne à Rennes par des pêcheurs bretons, aux innombrables déversements de déchets et d'immondices en tous genres devant des préfectures ou des centres des impôts, au saccage du ministère de l'Ecologie (Dominique Voynet) par des chasseurs, sans oublier Mai 68, les innombrables grèves à la SNCF ou Air France, la Corse, la Nouvelle Calédonie, Elie Domota en Guadeloupe, il n'y a pas si longtemps, des révoltes en Guyane et à la Réunion.

On résume ? En l'espace d'un demi-siècle, le seul régime bonapartiste de l'Union européenne cumule plus de révoltes populaires et de jacqueries que tous les autres pays de l'Union réunis ! Ça c'est une donnée factuelle qu'aucun historien ne saurait contredire.

Fin de la confidence. 

À vrai dire, j'étais parti pour évoquer tout autre chose : les biscotos versus ciboulot. Et voilà que l'autre samedi, en rentrant d'une visite à la Fondation Vuitton pour y contempler l'oeuvre de Schiele et de Basquiat (c'est bientôt fini !), j'alllume ma télé pour tomber sur cette séquence hallucinante captée sur une passerelle parisienne. 


La séquence passe en boucle et je dois dire que mon écoeurement est tel que je n'arrive pas à visionner les images jusqu'au bout.

Le moins qu'on puisse dire, c'est que ce type - qui a dû être boxeur dans une vie antérieure, et à qui on a dû - du moins l'espéré-je ! - ressasser, je ne sais trop combien de fois, qu'on ne frappe pas un homme à terre - a connu son quart d'heure de gloire, pour reprendre la formule d'Andy Warhol, et ce, sur les médias du monde entier. Voyez la Une de la Bildzeitung...


Il paraît que, depuis, l'homme a fait amende honorable, jurant ses grands dieux qu'il n'était pas méchant, qu'il n'aurait pas dû le faire, et patati et patata, dans le registre : "je cogne d'abord, je réfléchis ensuite.".

Toujours est-il que, compte tenu de ma faible culture générale et de ma petite connaissance des faits sociaux, j'entends maintenir le pronostic adressé à ce "gilet jaune", à savoir que ce mouvement hétéroclite est bien parti pour se planter...

Sauf si...

Sauf si l'impossible se produisait, à savoir que les ciboulots reprennent la main et le dessus sur les biscotos ; je sais, la formule est imagée et audacieuse, mais elle dit bien ce qu'elle veut dire.

Question : par parenthèse, les gilets jaunes, c'est combien de divisions, je veux dire, combien de ciboulots, c'est-à-dire de gens capables de penser et d'argumenter ? 

Parce qu'il y a urgence, quand on voit dans quel état de sidération ce mouvement a mis le Landerneau politico-médiatique.

Tiens, prenez ce personnage politique, inventeur de ladite "France Insoumise", et qui se découvre, un jour, à un âge déjà avancé, des velléités saint-justiniennes ou saint-justiciennes. Il se trouve que peu après nous avoir offert les images de cette horde sur la passerelle Sédard-Senghor, la télévision nous a présenté quelques tweets émanant de personnalités politiques, dont j'extrais celui qui vient :


Et là, on reste sans voix !

Et dire que ce guignol voulait devenir président de la République !

Ah, j'oubliais : comme cela arrive souvent avec les cuistres, notre homme semble avoir mesuré quelque peu l'énormité du contenu de son tweet de l'autre samedi, mais au lieu de battre sa coulpe publiquement, comme la décence aurait dû le lui ordonner, voilà qu'il louvoie et rame piteusement, en prétendant désormais vouloir "éviter les violences" !


Les visiteurs habituels de ce blog savent à quel point cet individu m'inspire du mépris, depuis ce jour (printemps 2011) où il a pris fait et cause pour l'agression coloniale de l'Otan en Libye (vous pouvez consulter mes propres archives).

Citation :
En 2011, Jean-Luc Mélenchon prenait position en faveur de l’intervention militaire en Libye. Dans une interview publiée par Libération, il affirmait sans rougir que si le Front de Gauche était au pouvoir, il aurait adopté la même démarche que Sarkozy : « Si le Front de gauche gouvernait le pays […] serions-nous intervenus directement ? Non. Nous serions allés demander à l’ONU un mandat. Exactement ce qui vient de se faire. Je peux appuyer une démarche quand l’intérêt de mon pays coïncide avec celui de la révolution. » (source)
Une agression néo-coloniale stipendiée par les pétro-monarchies et autres régimes ultra-réactionnaires de la péninsule arabique, et il osait appeler ça une "révolution" ! (1)

Pauvre type un jour, pauvre type toujours !

Mais je n'oublie pas les "Gilets jaunes". Franchement, je pense qu'ils auraient dû mieux mesurer le changement intervenu dans le Landerneau politico-médiatique du fait de l'émergence du sigle R.I.C. Et il me semble que les meneurs du mouvement (si meneurs il y a !) ont singulièrement manqué de jugeotte en persistant à confondre l'essentiel et l'accessoire, dit autrement, la structure et la conjoncture.

L'avenir proche va nous dire si j'ai (eu) raison...


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(1) À propos de cette immonde et infâme intervention militaire, comment ne pas évoquer cette autre personnalité politique qui s'est tiré quelques boulets de canon dans le pied, le jour où elle a approuvé - mais quelle mouche l'avait donc piquée ! - le principe d'un soutien du parti socialiste à la guerre de Sarkozy et de l'autre philosophe de supermarché, se coupant tout net de l'essentiel de ses supporters dans ce qui ressemblait fort à un suicide politique. Et merci à Désirs-d'Avenirs-Paris5 de ne pas avoir supprimé ce texte, contrairement au site principal, où l'on joue volontiers des ciseaux, à la manière des sbires de Staline ! Pauvre Ségolène Royal, victime du baiser de Judas !


Petit supplément illustré

Une très belle expo chez Vuitton. J'avoue avoir été impressionné par la maturité d'Egon Schiele que je n'imaginais pas aussi prolifique (mort à 28 ans, comme Basquiat). L'expo est prolongée pour Basquiat, les oeuvres de Schiele ayant été jugées un peu trop fragiles. Du coup, je vais y retourner dare-dare ! Ce qui suit est (presque) du seul Basquiat.










À suivre...

mercredi 22 janvier 2014

Dieudonné et les ennemis de la liberté de créer : retour sur un précédent


Intro

Pour mémoire, les ennuis actuels de Dieudonné face à un certain lobby obscurantiste et totalitaire, car capable de nous ramener au temps de l'Ancien Régime et de la persécution des artistes, datent de l'année 2003. Seulement voilà : une année auparavant, les élèves et enseignants d'un lycée des Yvelines se voient empêchés de monter un spectacle par... le même lobby obscurantiste qui harcèle Dieudonné aujourd'hui. Le tout sous couvert de lutte contre l'"antisé...tisme". Retenez bien cette phrase : "L'incitation à la haine raciale est interdite en France.", s'agissant d'une pièce écrite par un contemporain de... Shakespeare !

Tiré des archives du Parisien (24.12.2002) :   
Sous la pression de certaines associations juives qui la jugent antisémite, la pièce « lJuif de Malte » ne sera pas montée en janvier par la section britannique du lycée international de Saint-Germain-en-Laye.  
Après un tour de table réunissant des membres de la communauté juive libérale, un rabbin, des professeurs britanniqueet français et des parents d'élèves, le proviseur vient d'annuler les trois représentations prévues de cette oeuvre écrite en 1590 par le dramaturge anglais Christopher Marlowe. « Cettpièce représente le juif sous sa pire caricature, sale, voleur et assassin, dénoncNicole Cohn, présidente de la communauté juive libérale Paris-Yvelineet à l'origine de la polémique. J'ai reçu des plaintes de plusieurs familles, toute la communauté juive d'Ile-de-Francétait derrièrnous, c'est une injure à la mémoire et à nos conditions de vie si difficiles. Comment peut-on oser faire brûler un juif sur scène aujourd'hui ? »  
Le proviseur du lycée, qui affirmait grâcà cette pièce lutter contre l'antisémitisme, se refuse aujourd'hui à tout commentaire. Quant au rectorat, il justifie cette décision par un « choix pédagogique ». La pièce était au programmofficiel de l'université de Cambridge avec laquelle travaille la section britannique. Le ched'établissement avait proposé aux membres de la communauté juive d'encadrer les représentations par une mise en garde et un débat. Certains parents y ont opposé un refus net. « Les élèven'auraient pas écouté cette argumentation. Nous ne refusons pas l'étude de ce texten classmais sa représentation. L'incitation à la haine raciale est un délit en France. Le plus tristc'est que leenseignants semblent avoir cédé à nos arguments sans avoir eu unelle prisde conscience du caractère offensant de cette pièce », poursuit Nicole Cohn.  
(...) Cette argumentation est rejee par d'autres parents d'élèvejuifs, qui ne se reconnaissent pas dans ces organisations très militantes. « Je regrette qucette pièce soit arrêtée, c'est dommage et un précédent dangereux, soutient JérômJaffré, pèrd'un élève juif qui devait jouer dans la pièce. Certes un antisémite pouvait faire une misen scène antisémite mais les professeurs avaient toute ma confiance. Les risques étaient limités, la pièce devant être  interprétée en anglais du XVIIsiècle. Dans cette histoire, nous avons affaire à des petits groupes de pression très militants et la direction a préféré reculer. »  
Pour ce parent d'élève, cette représentation aurait pu être l'occasion d'un débat sur l'antisémitisme. « La discussion est malheureusement impossible. Lors de la réunion, ces représentants sont venus avec des affiches du spectacle à l'époque des nazis et des photos dcharniers des camps de concentration. Tout ce que retiendront les élèves de cette histoire, c'est qu'il suffit d'un petit groupe de pression exerçant des menaces pour qu'un projet pédagogiqus'arrête. C'est mauvais pour la liberté académique. » 
Si la pièce restait programmée, la mobilisation était déjà organisée. Deux associations d'anciens déportés étaient prêtes à venir manifester avec les communautés juives d'Ile-de-France, la Ligue internationale de lutte contre le racismet l'antisémitisme (Licra) et le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif).

Extraits du Juif de Malte de Christopher Marlowe



        
Nota bene : face à la question (stupide) : "comment peut-on brûler un Juif sur scène aujourd'hui ?", j'avoue qu'on reste un moment coi, sans voix, à l'idée du nombre de livres qu'il faudrait passer à l'autodafé pour complaire à certains terroristes de l'esprit. Et puis, on se ressaisit et on leur rappelle les croisades, les guerres de religion, la guillotine de la Révolution française, la Traite des Noirs, l'extermination des Amérindiens..., toutes choses que leurs auteurs trouvaient tout à fait normales à l'époque. Est-ce parce que nous avons répudié ces antiques pratiques que nous devons nous infliger je ne sais quelle cure d'amnésie en face d'un certain héritage culturel, dont les pièces de théâtre rendent abondamment compte ? Par ailleurs, quiconque a lu Le Juif de Malte se rend compte immédiatement de la phénoménale mauvaise foi dont les hystériques interrogés par ce journal sont capables. Car enfin, Barabas n'est pas un enfant de chœur (!) ; c'est même un tueur, et en série, capable d'exterminer par le poison toute la population d'un couvent de nonnes, couvent au sein duquel s'était réfugiée sa propre fille ! Voici, donc, ce qu'on aurait pu conseiller à tous les hystériques décrits plus haut : "avant de voir de l'antisé...tisme partout, lisez donc la pièce de Marlowe avant d'éructer bêtement, bande d'imbéciles !".


Liens :     01  -  02  -  03

Lire évidemment...
POLICE DES SPECTACLES

On excommuniait autrefois les rois de France, et, depuis Philippe Ier jusqu’à Louis VIII, tous l’ont été solennellement, de même que tous les empereurs depuis Henri IV jusqu’à Louis de Bavière inclusivement. Les rois d’Angleterre ont eu aussi une part très-honnête à ces présents de la cour de Rome. C’était la folie du temps, et cette folie coûta la vie à cinq ou six cent mille hommes. Actuellement on se contente d’excommunier les représentants des monarques : ce n’est pas les ambassadeurs que je veux dire, mais les comédiens, qui sont rois et empereurs trois ou quatre fois par semaine, et qui gouvernent l’univers pour gagner leur vie.
Je ne connais guère que leur profession et celle des sorciers à qui on fasse aujourd’hui cet honneur. Mais comme il n’y a plus de sorciers depuis environ soixante à quatre-vingts ans, que la bonne philosophie a été connue des hommes, il ne reste plus pour victimes qu’Alexandre, César, Athalie, Polyeucte, Andromaque, Brutus, Zaïre et Arlequin.
La grande raison qu’on en apporte, c’est que ces messieurs et ces dames représentent des passions. Mais si la peinture du cœur humain mérite une si horrible flétrissure, on devrait donc user d’une plus grande rigueur avec les peintres et les statuaires. Il y a beaucoup de tableaux licencieux qu’on vend publiquement, au lieu qu’on ne représente pas un seul poëme dramatique qui ne soit dans la plus exacte bienséance. La Vénus du Titien et celle du Corrége sont toutes nues, et sont dangereuses en tout temps pour notre jeunesse modeste ; mais les comédiens ne récitent les vers admirables de Cinna que pendant environ deux heures, et avec l’approbation du magistrat, sous l’autorité royale. Pourquoi donc ces personnages vivants sur le théâtre sont-ils plus condamnés que ces comédiens muets sur la toile ? Ut pictura poesis erit. Qu’auraient dit les Sophocle et les Euripide, s’ils avaient pu prévoir qu’un peuple qui n’a cessé d’être barbare qu’en les imitant imprimerait un jour cette tache au théâtre, qui reçut de leur temps une si haute gloire ?
Ésopus et Roscius n’étaient pas des sénateurs romains, il est vrai ; mais le flamen ne les déclarait point infâmes, et on ne se doutait pas que l’art de Térence fût un art semblable à celui de Locuste. Le grand pape, le grand prince Léon X, à qui on doit la renaissance de la bonne tragédie et de la bonne comédie en Europe, et qui fit représenter tant de pièces de théâtre dans son palais avec tant de magnificence, ne devinait pas qu’un jour, dans une partie de la Gaule, des descendants des Celtes et des Goths se croiraient en droit de flétrir ce qu’il honorait. Si le cardinal de Richelieu eût vécu, lui qui a fait bâtir la salle du Palais-Royal, lui à qui la France doit le théâtre, il n’eût pas souffert plus longtemps que l’on osât couvrir d’ignominie ceux qu’il employait à réciter ses propres ouvrages.
Ce sont les hérétiques, il le faut avouer, qui ont commencé à se déchaîner contre le plus beau de tous les arts. Léon X ressuscitait la scène tragique ; il n’en fallait pas davantage aux prétendus réformateurs pour crier à l’œuvre de Satan. Aussi la ville de Genève et plusieurs illustres bourgades de Suisse ont été cent cinquante ans sans souffrir chez elles un violon. Les jansénistes, qui dansent aujourd’hui sur le tombeau de saint Paris, à la grande édification du prochain, défendirent le siècle passé, à une princesse de Conti qu’ils gouvernaient, de faire apprendre à danser à son fils, attendu que la danse est trop profane. Cependant il fallait avoir bonne grâce, et savoir le menuet ; on ne voulait point de violon, et le directeur eut beaucoup de peine à souffrir, par accommodement, qu’on montrât à danser au prince de Conti avec des castagnettes. Quelques catholiques un peu visigoths de deçà les monts craignirent donc les reproches des réformateurs, et crièrent aussi haut qu’eux ; ainsi peu à peu s’établit dans notre France la mode de diffamer César et Pompée, et de refuser certaines cérémonies à certaines personnes gagées par le roi, et travaillant sous les yeux du magistrat. On ne s’avisa point de réclamer contre cet abus : car qui aurait voulu se brouiller avec des hommes puissants, et des hommes du temps présent, pour Phèdre et pour les héros des siècles passés ?
On se contenta donc de trouver cette rigueur absurde, et d’admirer toujours à bon compte les chefs-d’œuvre de notre scène.
Rome, de qui nous avons appris notre catéchisme, n’en use point comme nous : elle a su toujours tempérer les lois selon les temps et selon les besoins ; elle a su distinguer les bateleurs effrontés, qu’on censurait autrefois avec raison, d’avec les pièces de théâtre du Trissin et de plusieurs évêques et cardinaux qui ont aidé à ressusciter la tragédie. Aujourd’hui même on représente à Rome publiquement des comédies dans des maisons religieuses. Les dames y vont sans scandale ; on ne croit point que des dialogues récités sur des planches soient une infamie diabolique. On a vu jusqu’à la pièce de George Dandin exécutée à Rome par des religieuses, en présence d’une foule d’ecclésiastiques et de dames. Les sages Romains se gardent bien surtout d’excommunier ces messieurs qui chantent le dessus dans les opéras italiens : car en vérité c’est bien assez d’être châtré dans ce monde, sans être encore damné dans l’autre.
Dans le bon temps de Louis XIV il y avait toujours aux spectacles qu’il donnait un banc qu’on nommait le banc des évêques. J’ai été témoin que dans la minorité de Louis XV, le cardinal de Fleury, alors évêque de Fréjus, fut très pressé de faire revivre cette coutume. D’autres temps, d’autres mœurs ; nous sommes apparemment bien plus sages que dans les temps où l’Europe entière venait admirer nos fêtes, où Richelieu fit revivre la scène en France, où Léon X fit renaître en Italie le siècle d’Auguste. Mais un temps viendra où nos neveux, en voyant l’impertinent ouvrage du P. Le Brun contre l’art des Sophocles, et les œuvres de nos grands hommes, imprimés dans le même temps, s’écrieront : Est-il possible que les Français aient pu ainsi se contredire, et que la plus absurde barbarie ait levé si orgueilleusement la tête contre les plus belles productions de l’esprit humain ?
Saint-Thomas d'Aquin, dont les mœurs valaient bien celles de Calvin et du P. Quesnel ; saint Thomas, qui n’avait jamais vu de bonne comédie, et qui ne connaissait que de malheureux histrions, devine pourtant que le théâtre peut être utile. Il eut assez de bon sens et assez de justice pour sentir le mérite de cet art, tout informe qu’il était ; il le permit, il l’approuva. Saint Charles Borromée examinait lui-même les pièces qu’on jouait à Milan ; il les munissait de son approbation et de son seing.
Qui seront après cela les visigoths qui voudront traiter d’empoisonneurs Rodrigue et Chimène ? Plût au ciel que ces barbares, ennemis du plus beau des arts, eussent la piété de Polyeucte, la clémence d’Auguste, la vertu de Burrhus, et qu’ils finissent comme le mari d’Alzire !

Voltaire, Dictionnaire philosophique, Article : POLICE DES SPECTACLES


Vous voulez que je vous dise ? Avouez que c'est un vrai régal que de lire Voltaire ; quelle subtilité et quelle finesse ! C'est quand même autrement plus ciselé que la prose faiblarde et redondante d'un Bernard-Henri Lévy ou d'un Alain Finkielkraut..., qui prouvent, si cela était encore nécessaire, à quel niveau de déliquescence la soi-disant "philosophie" française se trouve réduite.

 "La Vénus du Titien et celle du Corrége sont toutes nues, et sont dangereuses en tout temps pour notre jeunesse modeste ; mais les comédiens ne récitent les vers admirables de Cinna que pendant environ deux heures, et avec l’approbation du magistrat, sous l’autorité royale. Pourquoi donc ces personnages vivants sur le théâtre sont-ils plus condamnés que ces comédiens muets sur la toile ?"

Sacré Voltaire ! 

À titre d'illustration, je n'ai pas choisi un tableau du Titien, mais Les Trois grâces, thème ô combien revisité par les artistes plasticiens depuis la plus haute antiquité, en passant par Botticcelli (cf. La Primavera), Lucas Cranach, Raphaël,  Rubens, Salvador Dali, Nicki de Saint-Phalle, etc.