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mercredi 19 février 2020

France Ô ou une certaine idée de la (re)colonisation #10


Épisode §10. En me remémorant les "Lieder ohne Worte" de Felix Mendelssohn (1)

Magnifique recueil pour le piano, soit dit entre parenthèses, que ces 'Chansons sans paroles', dont je possède toutes les partitions. Il reste maintenant à les exécuter (oh, le vilain mot !) proprement, et ça, c'est pas gagné, mais j'ai une bonne excuse, étant à 100 % autodidacte (solfège et piano). Le premier titre n'est pas trop difficile : un enchaînement d'arpèges, façon Robert Schumann. Mais comme chez Bach, les choses se compliquent très vite.

Ce qui va suivre est une série d'images capturées à partir de l'écran de mon téléviseur, ou plus exactement à partir de fichiers récupérés sur le téléviseur via la prise USB.

Il faut que je vous dise que la première chose que je fais, tous les matins, après être allé au petit coin, c'est de me peser (2), d'allumer la télé (avant c'était la radio, maintenant, c'est la télé), pour regarder la compilation des journaux de la veille diffusés sur les différentes 1ères (Polynésie la 1ère, Wallis la 1ère, Miquelon la 1ère, Réunion la 1ère, Martinique la 1ère, etc.).

Selon l'heure à laquelle on se réveille, on tombe sur le Pacifique (Polynésie, etc.), ou/puis Saint-Pierre-et-Miquelon, suivi de Mayotte, Réunion, Guyane, Martinique et Guadeloupe pour fermer la boucle.

Ça vous fait pas loin de trois heures d'infos couvrant la zone géographique que vous imaginez, soit un sacré paquet de fuseaux horaires.

Et c'est précisément là tout l'intérêt de France Ô : nous permettre d'avoir, sur une plage horaire assez ramassée, des sessions d'informations séparées (normalement) de pas mal d'heures.

Illustration : au moment où je saisis ces lignes, soit 12h15, heure de la "métropole", il est 8h15 à Saint-Pierre-et-Miquelon, 15h15 à la Réunion, 23h15 à Wallis-et-Futuna.

C'est dire l'utilité d'avoir ce genre de compilation ; et les images qui suivent vont nous révéler un autre intérêt de France Ô : ce n'est pas une chaîne franco-française, puisque c'est généralement grâce à France Ô que j'obtiens, tous les jours, les nouvelles les plus fraîches des pays de l'Océan Indien, de la Caraïbe et du continent sud-américain, par exemple. Le fait est que, la chaîne de télévision (hors CNN, BBC World News, RT and Co, etc.) qui m'informe le mieux, tous les matins, sur le plan international, ce n'est pas France 24 mais bien France Ô. Mais pour ça, il faut se lever tôt.

La preuve en images : il s'agira essentiellement, ici, de la seule Martinique la 1ère ainsi que d'un petit bout de Guyane la 1ère. Rubrique : No comment, façon "Bilder (images) ohne Worte".





















De toute évidence, il y a encore quelques nigauds (en France) qui n'ont pas compris que France Ô n'était pas une chaîne franco-française mais qu'elle s'insérait parfaitement dans son/ses environnement(s) naturel(s) qu'est/que sont le Pacifique, l'Amérique du Nord, du centre et du Sud, ainsi que l'Océan Indien et l'Afrique. Excusez du peu ! Ce qui fait de cette chaîne la seule et unique chaîne de la télévision (généraliste) française parfaitement calibrée pour la mondialisation. (3)

Au fond, qu'est-ce qui manque à cette chaîne ? Le plurilinguisme ! Par exemple, en ce qui concerne la Caraïbe et le continent sud-américain, il me semble que France Ô, pour mieux s'insérer encore dans cet environnement bigarré, devrait laisser tomber le préfixe 'France' parfaitement obsolète par les temps qui courent, et ensuite, diffuser dans au moins cinq langues européennes : français, anglais, espagnol, néerlandais, portugais, de manière à toucher une population de près de 600 millions de téléspectateurs, si l'on y inclut le Mexique, le Sud des États-Unis et la péninsule du Yucatán ! (4) Et si, aux langues coloniales, vous ajoutez les langues indigènes, qui se comptent par dizaines, alors vous avez (auriez)  là un vecteur de communication audiovisuelle et de diffusion culturelle majeur, voire unique en son genre. Mais allez expliquer ça à quelques nigauds incultes et sans vision géopolitique ! (5)

Vous savez quoi ? Ce pays (la France) est en train de (re)devenir un tout petit pays...


(1) Rien ne m'énerve autant que de voir défigurer des patronymes par des quidams incompétents. Voyez M'bappé, 'm' + 'b' (l'apostrophe ne change rien à l'affaire) = 'mb' comme dans 'ambiance' ; donc, on dit 'mbappé'. Voyez aussi tous ces journalistes sportifs idiots qui vous donnent du 'griyèsmann', s'agissant de Griezmann, un Alsacien, le 'ie' germanique se prononçant tout simplement 'ih' (voyelle longue). Quand à Mendelssohn, oubliez le 'mèndelssonne' cher aux présentateurs de France Musique ! Quiconque a fait de l'allemand en LV1, LV2, 3...6... sait que l'allemand 'sohn' ['zôhn'] veut dire 'fils', ce qui fait que 'Mendels/sohn' signifie 'fils de Mendel', et ça se prononce par conséquent : 'mÈndoeuls-zôhn'

(2) La balance à impédancemètre est un ustensile que toutes les familles devraient posséder dans leur salle de bains, et tous les médecins dans leur cabinet. La mienne me sert tous les matins, me renseignant sur la quantité relative présente dans le corps d'eau, de graisse, de muscles, ainsi que sur la densité osseuse, informations bien plus importantes que l'affichage du simple poids. Tout ça pour quoi faire, vous demandez-vous ? Offrez-vous une balance de ce type et vous comprendrez ! Le fait est que prendre ou perdre du poids, ça ne veut absolument rien dire. Selon qu'il s'agit de graisse, de muscle ou simplement d'eau, les effets physiologiques ne seront pas du tout les mêmes. Dites-le à tous ces escrocs qui vous vendent de la perte de poids à la télévision et ailleurs !  

(3) Soit le pendant télévisuel de la radio RFI : la première radio de France. En clair : contrairement à France 24, qui n'est qu'un robinet d'informations, France Ô est une chaîne généraliste qui ne s'adresse pas qu'à des férus d'information ou de culture. Dans une chaîne généraliste, on a de tout, y compris du futile. Et alors ? Prenez RFI : si cette radio ne diffusait que de l'information, sans musique, sans sport..., elle n'aurait pas l'immense succès qu'elle connaît en Afrique, par exemple. Allez simplement vous promener en Afrique, entre Alger et Antananarivo, et présentez à vos interlocuteurs des photos d'animateurs français de radio-télévision. On parie que Claudy Siar écrase tout le monde ?

(4) Et le raisonnement peut s'appliquer à d'autres territoires : prenez la Réunion, coincée entre 1,2 milliard d'Indiens, à l'est, et presque autant d'Africains, à l'ouest, soit une population de plus de deux milliards d'habitants, pour ne parler que de ces deux territoires ! Or il y a (déjà) et de l'Afrique, et de l'Inde sur ce confetti qu'est l'Île Bourbon. Reste à offrir une carte géographique à quelques nigauds incultes et sans vision géopolitique ! 

(5) Comme preuve que la géopolitique ne se réduit pas à l'envoi de corps expéditionnaires ou de porte-avions dans des zones de conflits, voyez l'influence acquise dans le monde arabe, et au-delà, par le petit Qatar via sa chaîne Al Jazeera (pas Qatar Jazeera !). Et que ceux et celles qui disposent de l'ADSL aillent jeter un oeil sur la version hispanisante de Russia Today : au bas de l'écran, on peut visualiser un menu déroulant qui vous montre que cette chaîne couvre désormais la totalité du monde hispanique - devenant ainsi probablement la première chaîne en langue espagnole dans le monde -, à l'exception d'un pays, je vous laisse deviner lequel !











RT en espagnol : la meilleure chaîne d'info hispanique, voire la meilleure tout court, que je rangerais volontiers au-dessus de sa consoeur en anglais, loin devant la version française, un peu trop "française" à mon goût. Qualité des témoins et des intervieweurs, qualité des infographies, une multitude de reportages, et ce, aux quatre coins du monde. La mondialisation audiovisuelle à son meilleur. C'est simple : sur RT, il ne manque que le sport et la musique !
  


Liens :  01 - 02  - 03 - 04 - 05 - 06 - 07 (Mensch, Walter, warum bloß so langsam!?!? Ou comment un immense pianiste comme l'illustrissime Walter Gieseking peut/pouvait assassiner un chef d’œuvre. Le premier chant est juste indigne d'un élève de première année de conservatoire !).  



samedi 17 août 2019

France Ô ou une certaine idée de la (re)colonisation #7


Épisode §7. Portrait(s)-robot(s)

Pour comprendre certaines situations, il est parfois nécessaire de renoncer aux mots pour s'en tenir aux faits tels qu'ils peuvent nous être fournis par de simples images.

Et en ce qui concerne les relations qu'entretient la France avec certaines de ses colonies, rebaptisées "Départements" ou "Territoires d'Outre-mer", il y a une image très parlante, celle du (!) représentant du pouvoir central au sein de la... colonie.

Voici, donc, le résultat d'une petite recherche visant à dresser le trombinoscope des préfets de la République en poste actuellement dans l'ensemble de l'Outre-mer français.

Pour mémoire (le gros de mes visiteurs ne vivant pas en France), hormis Saint-Pierre et Miquelon, l'Outre-mer est la partie du territoire français affichant la plus grande proportion de sujets non caucasiens ; en clair, une majorité de descendants d'Africains, d'Amérindiens, de Canaques, de Maoris, de Chinois, Malais, Hindous, etc.







Mais j'en entends qui m'interrogent : "Oui, bon, ce sont des préfets de la République ; il est où le problème ?".

Il est vrai qu'à première vue, je veux dire aux yeux de certains, il n'y a pas de problème, n'est-ce pas ? On a là un personnel chevronné, rompu au jeu des chaises musicales entre les différents Outre-mer. À part ça, d'aucuns pensent qu'il n'y a absolument aucun problème, eux qui n'ont pas dû souvent visiter les territoires concernés ni ne connaissent le moindre ressortissant de ces "contrées sauvages et reculées" ! 

Mais j'en entends d'autres qui s'interrogent : "Mais mon bon monsieur, quel rapport avec France Ô ?"

Quel rapport ? Une certaine idée de la (re)colonisation, chez des gens affichant, par ailleurs, une phénoménale inculture !

Tiens, by the way, soit dit en passant, à propos de la chaîne France Ô, dont certains souhaitent la disparition, avez-vous entendu parler d'une consultation préalable, disons, au sein des populations concernées ?

Citation :
Nombreux sont (...) les ethnologues, les sociologues et les anthropologues qui entendent mettre leurs capacités d’expertise et, plus largement parfois, leur discipline respective au service de l’empire. Quant aux dirigeants de la Troisième République, qui affrontent des problèmes nouveaux et difficiles à résoudre en raison de l’expansion rapide des territoires d’outre-mer, de l’importance et de la diversité des populations désormais passées sous le joug de la métropole, ils sollicitent souvent les personnalités connues de ces différentes sciences. Les ambitions et les désirs de reconnaissance des uns, les nécessités pressantes des autres, et l’adhésion de presque tous au grand dessein impérial de la métropole ont ainsi favorisé l’avènement de rapports inédits entre ces sciences et l’État.

L’écrasante majorité des acteurs de la politique coloniale de la France, qu’ils soient conseillers du pouvoir, professionnels du droit, législateurs ou ministres, considère donc que des dispositions particulières doivent être élaborées et appliquées dans les territoires de l’empire pour tenir compte de l’infériorité des « indigènes », de leurs singularités et des contrées dans lesquelles ils vivent, sans oublier les intérêts supérieurs du pays et les impératifs de l’ordre public colonial. Cet ordre public dont la défense impitoyable, face à des populations que l’on dit barbares ou sauvages, est une tâche majeure devant laquelle les "scrupules juridiques et les considérations sentimentales doivent s’effacer."
Ils s’effaceront effectivement. (Source)



Liens : 01 - 02 - 03 - 04  - 05 - 06 - 07 - 08 - 09 - 10


mercredi 29 mai 2019

France Ô ou une certaine idée de la (re)colonisation #4


Épisode §4. Inculture quand tu nous tiens/2


Vous savez quoi ? S'agissant des projets fumeux de quelques "grands esprits" en ce qui concerne le maintien, ou plutôt la disparition éventuelle de la chaîne France Ô du paysage audiovisuel français, on se dit qu'il y en a qui osent vraiment tout. Mais bon ! En tout cas, pour imaginer, ne serait-ce qu'une seconde, que les Outre-mer puissent disparaître de la télévision gratuite affichée sur la TNT (Télévision Numérique Terrestre), il faut être d'une phénoménale inculture, et je pèse mes mots - vous connaissez l'adage ? Les paroles s'envolent, les écrits restent. -. Et c'est précisément pour en faire la démonstration que j'ai entamé la présente série. 

Et comme j'imagine que d'aucuns vont me demander ce que je mets dans le concept de "culture", je répondrai simplement que cela n'a rien à voir avec quelque diplôme de l'enseignement dit supérieur - voyez Picasso : il sortait de quelle université ou grande école ? - , ni avec la capacité de citer tel ou tel penseur ou philosophe (dans le genre : comme disait Brecht, Heidegger, Jankelevitch...) toutes les trois ou quatre phrases, performance à la portée de tout bon perroquet. En fait, la culture - radical qu'on retrouve dans agriculture, apiculture... - se présente comme la somme d'un certain nombre d'enrichissements basés sur une réelle appétence pour autrui, dans la mesure où cet "autrui" peut nous être fondamentalement lointain, donc différent (voyez Picasso et sa collection de masques africains... dès les années 1910...!).

N'étant originaire ni de la Polynésie, ni de la Mélanésie, ni même des Outre-mer (français), il se trouve simplement que j'en suis à ma troisième visite (Vendredi 24 mai 2019) à l'exposition dédiée à l'Océanie dans ce formidable lieu de culture qu'est le musée parisien du Quai Branly. Et il y a de fortes chances que j'y retourne tantôt pour une quatrième visite. Mais vous ne devinerez jamais qui j'ai croisé(e) tout dernièrement à moins de deux mètres, dans les salles du musée !

Et quand je parle de "culture", s'agissant du Musée du Quai Branly, je n'oublie pas que, des siècles durant, les sociétés extra-européennes qui y sont encensées ont été vouées au plus profond mépris de la part de puissants courants de pensée (politiques, religieux, idéologiques) considérant que ces peuples - on disait alors "peuplades" - n'avaient strictement rien inventé, dès lors qu'ils constituaient le degré zéro de la civilisation et ne demandaient, donc, qu'à être éduqués - dans tous les cas, sous la contrainte - dans le cadre d'un enseignement directement inspiré des Évangiles et des bonnes mœurs occidentales. 

Et il faut croire que cette idéologie méprisante et condescendante, qu'on croyait révolue, traîne encore dans plus d'une cervelle !

By the way, soit dit en passant, si je vous cite ces noms : Bronislaw Malinowski, Raymond Firth, James Frazer, A. R. Radcliffe-Brown, E. E. Evans-Pritchard, Marcel Mauss, Maurice Leenhardt, Jean Guiard, vous me répondez ? Et si j'ajoute à ces noms ceux de Paul-Emile Victor et Jean Malaurie ? 

Vous me répondrez plus tard...

Retour sur l'épisode précédent. Je suis certain que quelques férus de muséographie ou de muséologie auront reconnu quelques pièces emblématiques présentées au Musée du Quai Branly (jusqu'au 7 juillet 2019).

Citation (extraite d'un texte de présentation disponible sur le site du Musée du Quai Branly).
Voici trente-cinq ans qu’aucune exposition à travers le monde n’avait abordé les cultures océaniennes dans leur ensemble. Océanie rend hommage, deux cent cinquante ans après le premier voyage de James Cook dans le Pacifique, aux créations artistiques du continent aux 25 000 îles. 

Rassemblant 170 pièces provenant de collections publiques et privées, parmi lesquelles plusieurs chefs-d’œuvre inconnus du grand public, l’exposition brosse, de l’Antiquité à la période contemporaine, l’histoire d’un art gardien de traditions et d’identités bousculées à maintes reprises par le commerce, la colonisation ou l’évangélisation forcée.

Sur ce vaste territoire éclaté où chaque archipel, îlot, terre a su conserver ses particularités, les artistes partagent néanmoins des questionnements, des problématiques, des réflexions universelles.
Des pirogues soigneusement sculptées aux ornements en jade, des figures rituelles aux vidéos et installations contemporaines, Océanie raconte comment tradition et mémoire ancestrale coexistent avec le regard visionnaire, parfois critique, que portent les artistes sur leur société et le reste du monde.
Les premiers géographes les ont baptisées "Mers du Sud", ce qui correspond en gros à ces contrées des océans Atlantique,  Pacifique et Indien plus proches du Pôle Sud que de l'Équateur. Et au sein de ce grand ensemble se retrouve notamment l'Océanie et ses milliers d'îles. Et comme les explorateurs étaient européens, ils y ont accolé des toponymes inspirés de l'Europe : Nouvelle-Calédonie, Nouvelle-Zélande, Nouvelles-Hébrides, Géorgie du Sud, Îles Cook, Christmas, Marshall, Norfolk, etc.

On peut dire que le peuplement de la zone océanienne des Mers du Sud se compose de deux grands groupes : les Mélanésiens (Papous, Kanaks, Aborigènes australiens, de Vanuatu, de Fidji, etc.) et les Maoris (Polynésie, Hawaï, Île de Pâques, etc.). Les premiers sont noirs de peau, les seconds ont le teint bien plus clair. L'étui pénien des hommes et l'os dans le nez sont des spécialités mélanésiennes. Les colliers de fleurs sont une spécialité maori ; les jupes végétales se retrouvent un peu partout et dépendent des plantes disponibles dans la nature (cf. écorces d'arbres martelées). Tout ce petit monde taille le bois, les Maoris étant les seuls à se couvrir la peau de tatouages rituels (Nouvelle-Zélande) et à tailler la pierre (cf. les célébrissimes Mohaïs de Rapa Nui).

Ça tombe bien : au rez-de-chaussée du Quai Branly, non loin de la bibliothèque, vous avez sur la gauche un immense pilier sculpté, typiquement mélanésien, qui fait bien ses dix mètres de haut, et sur la droite, un mohaï un peu plus petit que ceux qui ont fait la célébrité de l'Île de Pâques.



Retour sur cette formidable expo du Quai Branly. Trois visites, ça nous fait en gros trois demi-journées entières, soit bien plus de douze heures. Et je dois dire que chacun des objets reproduits ci-dessous m'a occupé près d'une heure au total, le but étant de réaliser des photos à peu près correctes compte tenu de la (faible) luminosité.

Le problème avec ce genre d'exposition c'est l'impossibilité de tourner autour de la plupart des objets, en raison de leur taille, de la configuration des lieux (étroitesse des salles) ou des inévitables vitrines voire de l'interdiction de l'un ou l'autre accessoire photographique, ce qui est toujours frustrant. 

D'abord, vous avez cette pirogue à balancier chère aux Maoris, probablement les plus grands marins de l'antiquité, capables de coloniser le plus grand océan du monde en se guidant uniquement à l'aide des astres, des vagues et des oiseaux.


Juste à côté de la pirogue, vous avez cette sublime petite tête noire (Îles Salomon), coincée dans une méchante vitrine vous renvoyant pleins de reflets qui vous obligent à vous contorsionner dans tous les sens. Originellement placée à la proue d'une pirogue, la figurine représente un personnage (pêcheur) tenant un oiseau dans ses mains, les oiseaux étant connus des marins pour leur aptitude à dénicher les bancs de poissons.


Autre sublime petite tête, elle aussi enfermée dans une vitrine. Sur le moment, on pense à ces têtes réduites d'Amérique du Sud (Jivaros). Mais il s'agit bien d'une tête sculptée. Là encore, il faut se contorsionner pour éviter les reflets dans la vitrine.


Et que dire de ce magnifique petit bout de femme ?



Autre chose ? Essayez donc de deviner l'origine des objets qui suivent.



Pour conclure  ce chapitre, on va se faire plaisir en citant un article assez drôlatique en la forme d'une revue de presse  (critique de manuels scolaires)  dont on se demande si on doit la prendre au premier, au second ou au... quinzième degré ! À vous d'en juger...
Pour avoir un tableau à peu près complet, il faudrait mettre tous les ouvrages bout à bout. Tantôt les cartes sont d'échelle trop réduite, sans détails, tantôt l'illustration ou les textes documentaires ou la bibliographie manquent. On sent les auteurs à bout de souffle, pressés d'en finir puisque, comble de bonheur, l'Océanie tombe toujours en fin d'année [scolaire]. C'est sans doute la seule explication d’'inadvertances ou de lacunes surprenantes (mines ignorées, démographie comprise à rebours, ethnographie ou peuplement traités par le mépris, affirmations cavalières sur l'indolence ou le caractère "arriéré" de certains "sauvages"). Faute de place, trop d’exemples seulement montreront que d'éminents universitaires n'ont pas tous profité  des leçons de Charles Robequain, pas plus que des manuels autrement précis et documents rédigés Outre-Mer, dont le plus récent est le beau travail de M. J. Leborgne. "Géographie de la Nouvelle-Calédonie et des Îles Loyauté", aussi complet que magnifiquement présenté. Le passage suivant mérite un prix d'honneur ; il est tiré d'un manuel métropolitain  à l'usage des classes de 5e : "Les chasseurs noirs de peau, barbus et tout nus (sic) qui vivent dans les grandes forêts de Nouvelle-Guinée, déclenchent (resic) la sympathie et même l’affection et l’enthousiasme des explorateurs, des ethnologues et des agences touristiques car ils en sont restés naïvement (sic) à l’Âge de pierre (dans le texte), en plein XXème siècle." (...)
C'est la vie des archipels que présente l'admirable et sobre ouvrage de Douglas Olivier, « The Pacific Islands » dans l'édition revue et corrigée de 1961. Professeur d'anthropologie à Harvard, l'auteur, en quatre parties inégales et vingt-trois chapitres, analyse successivement les rapports de l'homme et du milieu, l'arrivée des étrangers et la métamorphose de la civilisation océanienne à leur contact (civilisation du cocotier - révolution du sucre - Iles à phosphate et à mines - bases stratégiques), les profils et pertes des autochtones autant et plus que des Européens et, pour finir, Le Cataclysme et le sillage (aftermath) de la seconde guerre mondiale. Sa conclusion n'affiche pas l'optimisme — relatif — de celle de M. Price. "Si Armageddon (la bataille apocalyptique de la fin des temps), vient dans les Iles, il n'est pas raisonnable d'attendre que les insulaires se lèvent comme un seul homme pour défendre la civilisation qui leur a pris tant de choses et donné si peu en retour." (Source) 
Mais je suppose que les plus vigilants de mes visiteurs s'interrogent sur le pari que je formulai plus haut, à savoir que "vous ne devineriez jamais qui j'ai croisé(e) tout dernièrement à moins de deux mètres, dans les salles du musée !"...

La réponse en trois images. Par parenthèse, compte tenu de la pénombre régnant au sein du musée, mais aussi de la discrétion requise en de telles circonstances ainsi que des limites de l'équipement photographique (normalement, pour faire de la 3D dans de bonnes conditions, on utilise un trépied pour réduire le risque de "bougé" ; problème : dans les musées, mais aussi dans le jardin parisien du Luxembourg et dans le parc du château de Versailles voire au tournoi de tennis de Roland Garros, les trépieds/monopodes sont interdits !!!!), les photos d'intérieur sont un peu floues, mais bon, j'espère que vous avez de bons yeux ! 



















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