Translate

Affichage des articles dont le libellé est unrwa. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est unrwa. Afficher tous les articles

vendredi 28 février 2025

De Genocide Joe à Israël First de Trump : quelle est la prochaine étape pour la Palestine ?

Ce qui suit est ma traduction en français d'un papier paru dans l'excellent site Mintpress, du 8 janvier 2025, soit quelques jours avant l'intronisation de Donald Trump comme successeur de Genocide Joe à la Maison Blanche. Avec quelques semaines de recul, je connais quelques admirateurs béats de Trump qui commencent déjà à déchanter, au vu des digressions verbales du susnommé, que l'on a entendu tantôt traiter Zelensky de dictateur, pour faire mine de ne plus se souvenir de son propos quelques jours plus tard.

Relcture en cours


De Genocide Joe à Israel First de Trump : Quelle est la prochaine étape pour la Palestine ?"

Alors que le président Biden donne son feu vert à l'envoi de 8 milliards de dollars d'armes supplémentaires à Israël dans les derniers jours de son mandat et que le secrétaire d'État Blinken donne une interview au New York Times dans laquelle il nie qu'un génocide soit en cours à Gaza, de nombreux militants pro-palestiniens comptent anxieusement les jours jusqu'à ce que "Joe le génocidaire" et son équipe quittent la Maison-Blanche. Mais à quoi les militants devront-ils faire face sous la présidence Trump ?

Donald Trump a affiché son programme pro-israélien au cours de son premier mandat en déplaçant l'ambassade des États-Unis à Jérusalem, en soutenant les colonies de Cisjordanie, en reconnaissant le plateau du Golan comme faisant partie d'Israël, en se retirant de l'accord sur le nucléaire iranien et en promulguant les accords d'Abraham pour normaliser les relations entre Israël et les États arabes, tout en ne tenant pas compte du sort des Palestiniens. Récemment, M. Trump a déclaré que les États-Unis devraient laisser Israël "finir le travail", averti qu'il y aurait "un enfer à payer" si les otages n'étaient pas libérés avant son entrée en fonction et a menacé de réduire l'Iran en miettes.

Cette fois-ci, M. Trump a signalé ses intentions par les personnes qu'il a choisies pour occuper des postes clés. Mike Huckabee, son choix pour le poste d'ambassadeur des États-Unis en Israël, est un fanatique religieux qui ne pense pas que les colonies israéliennes soient illégales et qui déclare : "La Cisjordanie n'existe pas. Il s'agit de la Judée et de la Samarie [le nom biblique du territoire, remis au goût du jour par la propagande israélienne]". Il insiste même sur le fait qu'il n'existe pas de Palestinien. Elise Stefanik, choisie par Trump pour devenir ambassadrice des États-Unis à l'ONU, a utilisé sa position au Congrès pour étouffer la liberté d'expression sur les campus universitaires et préconise d'expulser les manifestants pro-palestiniens qui ont des visas d'étudiants.

Qu'en est-il du Congrès ? Alors que le 118ème Congrès était majoritairement pro-israélien, le nouveau Congrès, dont le Sénat et la Chambre des représentants sont contrôlés par les républicains, sera encore plus agressivement partial. Ses membres veulent adopter une série de projets de loi horribles qui renforceront les liens entre les États-Unis et le gouvernement israélien, puniront les acteurs internationaux qui osent demander des comptes à Israël et réprimeront le mouvement national en faveur des droits des Palestiniens. Cette législation comprend un projet de loi qui assimile la critique d'Israël à de l'antisémitisme, un projet de loi qui donne au département du Trésor le pouvoir d'enquêter sur des groupes à but non lucratif pour des liens avec le "terrorisme" et de les fermer, un projet de loi qui sanctionne la Cour pénale internationale pour avoir émis un mandat d'arrêt contre Benjamin Netanyahu, un projet de loi qui rend permanente l'interdiction américaine de financer l'agence humanitaire UNRWA, et un projet de loi qui annule les accords commerciaux avec l'Union européenne.

Et, bien entendu, nous ne pouvons pas ignorer les défis posés par trois forces puissantes : l'AIPAC, les sionistes chrétiens et les entreprises militaires. Le plus connu des trois est le groupe de pression AIPAC, qui a utilisé sa puissance financière lors des dernières élections pour éliminer deux des membres du Congrès les plus favorables aux Palestiniens, Cori Bush et Jamaal Bowman, laissant d'autres membres terrifiés à l'idée de devenir des cibles de l'AIPAC. Moins connus mais extrêmement influents, les dizaines de millions de sionistes chrétiens sont animés par la croyance radicale qu'Israël est la clé du retour de Jésus sur Terre après une bataille finale sanglante d'Armageddon, au cours de laquelle seuls ceux qui acceptent Jésus comme leur sauveur survivront. Les sionistes chrétiens, déjà nombreux au Congrès, à la Maison Blanche et même dans l'armée, seront enhardis par Trump.

Le troisième groupe de pression puissant est celui des entrepreneurs militaires, qui compte plus de lobbyistes que de membres du Congrès. Grâce aux 18 milliards de dollars alloués par le Congrès à Israël en 2024, les actions du secteur de l'armement ont grimpé en flèche au cours de l'année écoulée, surpassant de manière spectaculaire les principaux indices boursiers.

Mais il existe aussi des forces contraires. Le public américain est de plus en plus favorable aux Palestiniens. Un sondage d'opinion réalisé en novembre a montré que, malgré le parti pris pro-israélien de notre gouvernement et des médias, la plupart des Américains (63 %) souhaitent un cessez-le-feu et 55 % pensent que les États-Unis ne devraient pas fournir une aide financière et militaire illimitée au gouvernement israélien.

C'est particulièrement vrai chez les jeunes et les démocrates. Avec l'arrivée d'un républicain à la Maison Blanche, davantage de démocrates en position de pouvoir devraient être prêts à s'opposer aux actions d'Israël dès lors que celui dont ils auront à contester les positions ne sera pas le président de leur propre parti. Et il n'y a pas que les démocrates. De nombreux partisans de Trump s'opposent à l'implication des États-Unis dans des guerres à l'étranger, et Trump lui-même, lors de sa campagne, a affirmé à plusieurs reprises qu'il voulait apporter la paix au Moyen-Orient.

Dans le monde entier, de plus en plus de pays ne se contentent pas de voter en faveur d'un cessez-le-feu à l'ONU, mais prennent des mesures concrètes pour demander des comptes à Israël. La longue liste des pays et des parties qui ont soumis ou annoncé leur intention de se joindre à la procédure sud-africaine devant la Cour Internationale de Justice comprend la Belgique, la Bolivie, le Brésil, le Chili, la Colombie, l'Irlande, la Jordanie, la Libye, les Maldives, le Mexique, la Namibie, le Nicaragua, la Palestine, l'Espagne, la Turquie et la Ligue des États arabes. Les pays qui ont interdit, limité ou annoncé leur intention d'imposer un embargo sur les armes à Israël sont l'Italie, l'Espagne, le Royaume-Uni, le Canada, la Belgique, les Pays-Bas, la Turquie, la Russie et la Chine.

Au cours de l'année à venir, le mouvement de solidarité avec la Palestine doit trouver et élargir les fissures dans la machine de guerre pro-israélienne. Il doit renforcer la colonne vertébrale des démocrates qui vivent dans la crainte de l'AIPAC et tendre la main aux républicains qui s'opposent au financement des conflits étrangers. Les mêmes arguments que ceux avancés par de nombreux républicains pour défrayer l'Ukraine doivent être appliqués à Israël. Les militants doivent étendre les campagnes contre les entreprises qui soutiennent le génocide israélien, ainsi que les efforts déployés au niveau des États, des villes, des syndicats, des universités, des organisations confessionnelles et des secteurs pour condamner les actions d'Israël et promouvoir le désinvestissement. La récente résolution de l'American Historical Association condamnant le "scholasticide" en est un bon exemple.

Alors que les militants se préparent à un torrent de politiques de Trump qui créeront encore plus de chaos mondial et national, y compris des attaques accrues contre les organisations et les individus pro-Palestine, le mouvement américain doit être aussi résolu que les Palestiniens eux-mêmes, qui ont démontré que peu importe ce qu'Israël fait pour les détruire ; ils restent déterminés à résister. L'année 2025, avec Donald Trump à la Maison Blanche, ne sera pas une période de désespoir ou de repli dans la peur, mais une période d'action.


Medea Benjamin, 8 janvier 2025


Source : Mintpress