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dimanche 2 février 2020

Sémantique de la désinformation #25


Épisode §25. Où il est question de la sémillante Marlène S.

Cette fois (encore), ça va être très court (Ça c'est vite dit !).

Entendu, l'autre jour, à la télévision (française) : 
Le président de la République a été élu sur ce projet de réforme des retraites. Marlène Schiappa (secrétaire d'État à l'égalité des sexes ou quelque chose comme ça) dixit (BFMTV, le 20 janvier 2020).
Sur la même chaîne d'informations, autre jour, autre son de cloche :
Le recul de l'âge de la retraite n'était pas dans le programme d'Emmanuel Macron. Ségolène Royal dixit (BFMTV, 26 janvier 2020).
Alors, il y a forcément une des deux qui dit vrai, et l'autre qui ment.

Et comme vous êtes des familiers de ce blog, vous savez forcément laquelle des deux ment.

La preuve en images (ces deux archives ont déjà été affichées ailleurs sur ce blog) :


Vous savez quoi ?

Le problème, ce n'est même pas qu'une responsable politique, en l'occurrence Marlène Schiappa, mente avec aplomb devant des journalistes, face caméra, mais que ces mêmes "journalistes" fassent semblant de ne pas savoir, à ce moment-même, qu'elle ment, et s'abstiennent de lui dire, preuve à l'appui : "Madame Schiappa, vous mentez !".

Mais bon. Heureusement que nous avons désormais l'Internet.

Et après, il s'étonneront (journalistes et autres journaleux et journaleuses) de voir leur corporation perdre tout crédit auprès du grand public !

mercredi 15 janvier 2020

Petit courrier destiné à un grand journaliste économique

14 janvier 2020

J'écoute la matinale de France Inter. Si, si, j'écoute souvent la matinale de cette radio publique (après avoir visionné les rediffusions des journaux du soir des télévisions de l'Outre-mer, relayées par France Ô). Je vous ai déjà avoué une certaine appétence pour les "papiers" de Sophia Aram, le lundi. Et c'est là que je retirerais volontiers l'épithète quelque peu ironique dont j'affublais naguère cette radio, que j'ai longtemps qualifiée de... "gouvernementale". Mais j'avais quelque raison de traiter ainsi cette radio publique, quand on se souvient des chroniques plus que convenues de ce pseudo-expert qu'était Bernard Guetta (imparfait de rigueur !), lequel Guetta s'est recyclé comme... député européen au sein du parti du monarque élu en mai 2017. Et il y en a qui ont dû faire semblant de paraître surpris !

Des années durant lesquelles Guetta nous a fait du Michel Droit ! Vous voyez bien qu'il m'arrive d'avoir du flair !

Mais j'évoquais tantôt mon intention de retirer cette épithète infamante de "gouvernementale", précisément après avoir entendu Sophia Aram se fendre d'une lettre ouverte à l'attention du ci-devant ministre de l'Intérieur.

Entre nous, j'imagine que feu Michel Droit a dû se retourner dans sa tombe en constatant que la subversion avait envahi ce fleuron de la flagornerie que fut longtemps France Inter, notamment au "bon vieux temps" où un certain Général squattait l'Élysée.

Le nom de Michel Droit ne vous dit rien ? Allez donc faire une petite recherche dans les archives de l'INA (Institut National de l'Audiovisuel), section radio, et vous tomberez inévitablement sur telle interview de Charles de Gaulle par cet illustre cireur de pompes qu'était M. D.

Mais que vient faire Sophia Aram dans l'histoire ? Ben, c'est tout simple. J'imagine une telle chronique sur France Inter, disons dans les années d'activité de Michel Droit, avec Alain Peyrefitte ministre de ci, Michel Debré ministre de ça, voire premier ministre, Pierre Messmer autre ministre de ça, Jacqueline Baudrier présidente de la radio publique, etc.

Elle en a de la chance, Sophia Aram ! Et si vous voulez vous plier en deux de rire, comme je l'ai fait l'autre lundi, en écoutant Sophia Aram, ben, vous n'avez qu'à aller visiter le podcast de la fameuse radio publique !

Mais mon intention première ne visait pas Sophia Aram, mais un autre intervenant sur la fameuse matinale de France Inter, j'ai nommé le sémillant journaliste économique Dominique Seux, que j'ai entendu ironiser, lui aussi, sur le prétendu naufrage que Marine Le Pen aurait connu lors d'un fameux débat d'entre les deux tours de la présidentielle de 2017.

Le fait est que je ne suis pas un fan du Rassemblement National ni de Marine Le Pen, ce qui ne m'interdit nullement d'observer ce mouvement et sa présidente avec un maximum d'objectivité.

Et je maintiens ici que, sur un plan strictement factuel, le programme présidentiel de Marine Le Pen était, et de loin, le document le mieux ficelé car réalisé par des professionnels, là où à peu près tous les autres documents, notamment celui du futur président, semblaient avoir été concoctés par des collégiens en stage de traitement de textes durant la semaine de la presse ! (voyez les archives du blog)

Et puis, il y avait le contenu, l'adhésion franche de Marine Le Pen au referendum d'initiative populaire ayant totalement éclipsé le blablabli-blablabla de tous les autres programmes et ayant, à elle seule, expliqué sa présence au second tour de la présidentielle ; c'est mon avis et je le partage !

Arrive ce fameux débat, dont on nous dit un peu partout que Le Pen l'aurait raté, sans jamais fournir le moindre commencement d'argumentation. Elle l'a raté ? Peut-être, mais à quel moment, et en disant quoi ? On ne sait pas !

Ce fameux débat, je l'ai analysé ici même, notamment cette première demi-heure où il fut abondamment question d'Alstom et de General Electric. Et là, ô surprise, les mêmes (journalistes) qui se gaussent sur un prétendu ratage de Marine Le Pen affichent une discrétion de Sioux à propos des licenciements annoncés dernièrement à Belfort, de même qu'ils rasent les murs à l'idée de l'évocation de telle ou telle commission d'enquête parlementaire suscitée par de sérieux doutes sur la régularité de la vente d'Alstom-Énergie à l'américain General Electric. Certains parlent même d'un scandale dans lequel serait mêlé un des participants à ce fameux débat d'entre les deux tours.

Voilà, donc, que ce "grand" journaliste économique qu'est Dominique Seux y va de son réquisitoire sans preuve ni argumentation sur le prétendu naufrage en direct de Marine Le Pen, et cela ne pouvait que m'inciter à lui adresser les trois messages qui suivent (à lire dans l'ordre chronologique inverse). 
Du coup, je suis allé jeter un oeil sur le "papier" que j'ai consacré à ce débat ici même.

7800 mots, 44000 signes et espaces, soit plus de vingt pages standard de 2000 signes.

Et comme je l'annonçais à notre "grand" journaliste économique, hormis le titre, quelque peu excessif, je ne trouve strictement rien à redire à ce papier.

Ce fameux débat de 2017 a vu s'opposer une Marine Le Pen étonnante de naturel, à qui on est allé jusqu'à reprocher la pile de dossiers étalés devant elle. Ceux-là n'ont jamais assisté à une audience juridictionnelle, avec avocats et greffiers croûlant sous les piles de dossiers de toutes les couleurs. Du coup, ils ont oublié que Marine Le Pen était avocate de formation !

 

Ce soir-là, Le Pen s'est retrouvée devant un comédien qui avait été scrupuleusement "coaché" par des experts en communication ; ça se voyait comme le nez au milieu de la figure.

Mais l'essentiel est ailleurs : depuis deux ans et demi, la France populaire est dans la rue ; on a vu les retraités battre le pavé six ou sept fois, eux qui ne manifestent presque jamais. Et on a eu les Gilets Jaunes, les personnels de santé, jusqu'à des professeurs de médecine menaçant de démissionner, avocats, danseurs de l'Opéra de Paris, enseignants, cheminots..., sans oublier les Outre-mer, terres de résistance et de jacqueries.

Et comme j'adore me citer, voici en quels termes je concluais le long papier que j'avais accordé à ce fameux débat :
Alors, il se peut fort bien qu'Emmanuel Macron soit élu tantôt président de la République française, mais je suis prêt à parier qu'il va, alors, se retrouver dans le même état d'esprit qu'un certain Rosberg au soir de sa victoire en championnat du monde de F1.
 Quant à Monsieur Dominique Seux, on l'invite instamment à s'intéresser d'un peu plus près au sort des personnels menacés de licenciement à Belfort, ainsi qu'à la vente controversée d'Alstom  Energie à General Electric, au lieu de donner dans le blablabli-blablabla un peu facile de la volaille "moutonnière" censée faire l'opinion ? 

On résume ?

Qu'il s'agisse de Dominique Seux ou de n'importe quelle "grande" figure de la presse, je défie quiconque de nous fournir une analyse méthodique et argumentée du prétendu naufrage de Marine Le Pen au cours de ce fameux débat de 2017. Vous avez vu comment je travaille, je veux dire comment un quidam sachant analyser un texte travaille ? On fait faire ça à des élèves de Première ou de Terminale, le jour du BAC.

Et quand bien même Le Pen aurait été "nulle en économie", De Gaulle et Mitterrand étaient des férus d'économie ? Et faut-il être ancien banquier d'affaires ou ancien conseiller référendaire à la Cour des Comptes, ou inspecteur des finances pour se porter candidat pour l'Elysée ? 

Pour mémoire, on nous bassine régulièrement avec la présence des économistes parmi les dédicataires du Prix Nobel, aux côtés de la Chimie, de la Médecine... Le problème est que l'économie est tout sauf une science, ce terme devant être réservé à l'étude des lois naturelles, lesquelles sont intangibles sur des milliards d'années (*), tout le contraire des digressions de l'économie, cette dernière relèvant plutôt du contrat social. C'est dire si elle repose sur des principes hautement fluctuants, dans le temps et dans l'espace.

Citation
(M. Le Pen) Et puis, somme toute, les Français ont aussi pu voir le vrai Macron, dans ce second tour : la bienveillance a fait place à la médisance ; la stratégie marketing a été reprise en main par la machine du PS et puis le sourire étudié se transforme en rictus au fur et à mesure des meetings ; l’enfant chéri du système et des élites, en réalité a tombé le masque, monsieur Macron, voilà. C’est bien, je trouve que c’est utile...
Mais Le Pen ménage ses effets, réservant l'attaque la plus virulente pour la fin, et la troisième personne du singulier fait place à l'apostrophe, au "vous". Du grand art ! (cf. lien n° 1 ci-dessous)

Fin de citation

Par parenthèse, vous aurez observé que tous nos "grands" journalistes sont tombés à bras raccourcis sur Le Pen, mais aucun(e) n'a osé affirmer que l'adversaire de Le Pen, ce soir-là, ait dominé l'affrontement ! En somme, Le Pen a perdu la bataille, mais on ne sait pas contre qui ; en tout cas, on se garde bien d'encenser son adversaire ! L'art de dire, sans dire, tout en disant... Voyez ma série sur la sémantique de la désinformation.

Dernier petit rappel : au second tour de la présidentielle, Le Pen a vu son score presque doubler entre les deux tours, ce qui traduit tout le contraire d'un effondrement ; comme quoi...; et, par ailleurs, aux dernières élections en date (Européennes, 2019), le Rassemblement National a réalisé quelques scores édifiants ici ou là, je pense à ce carton plein dans la totalité des circonscriptions de la... Réunion, le RN s'étant classé premier parti de France aux européennes, et ce, malgré le prétendu ratage intervenu deux ans plus tôt. Autant dire qu'en termes de "ratage", je connais bien des partis politiques, en ce moment-même, qui aimeraient se planter aussi bien ou aussi mal que le parti lepéniste ! (source)

Entre nous, le rappel incessant à ce débat, que Le Pen aurait raté en 2017, ne ressemblerait-il pas de plus en plus à un disque rayé, quand on voit dans quel état de delirium tremens la France se trouve en ce moment, sans que Le Pen y soit pour quoi que ce soit ?

La corporation des journalistes serait bien inspirée de sortir de la litanie moutonnière dans laquelle elle se complaît depuis trop longtemps, avec cette propension à ânonner les mêmes "éléments de langage", ainsi que le confirment moult sondages récurrents en matière (de perte) de crédibilité de la presse. (source) 


(*) Prenez, au hasard,  le génial paradoxe de Blaise Pascal : "Les liquides (fluides) pèsent selon leur hauteur.". Ça fait des milliards d'années que ça dure, et ça va durer encore quelques milliards d'années  ; rien de tel en économie ! 



Liens : 01 - 02 - 03 - 04 - 05 - 06 - 07 - 08 - 09 


mardi 7 janvier 2020

Réflexion sur une forme d'amnésie collective

Memento ("je me souviens")

Documentaliste de formation (entre autres métiers pratiqués) dans une vie antérieure, mais surtout collectionneur compulsif de toutes sortes de documents, et ce, depuis ma plus tendre enfance, je vous avoue avoir du mal à jeter du papier. Donc, je stocke livres, disques, DVD, journaux, magazines, ordinateurs, instruments de musique..., au point de devoir doubler la surface de mon logement tous les dix ans à peu près, pour cause d'encombrement !

Avril 2017, un marché de la banlieue parisienne, des distributeurs de tracts. On est en pleine campagne pour l'élection présidentielle. Rentré chez moi, je scanne le tract et l'archive sur un disque dur amovible. Vous trouverez mon analyse de cette campagne électorale dans les archives de ce blog. Lisez notamment ce que je dis de ce fameux débat d'entre les deux tours, où il fut abondamment question de... General Electric, vous savez ?, ceux qui sont en train de licencier à Belfort !

En ces temps de blablabli-blablabla généralisé, où à peu près tout le monde semble frappé d'amnésie (ce à quoi je ne crois pas une seconde, ne connaissant que trop bien la propension au cynisme des politiciens et autres politicards), il m'a semblé utile de ressusciter cette archive pas si vieille que ça.

Pour le reste, no comment.


 



Lectures : 01 - 02 - 03 - 04


samedi 30 mars 2019

Gilets jaunes, colère noire et volée de bois vert #18


Épisode §18. Mini revue de presse

Dans la rubrique : "Sans commentaires", je tombe, l'autre jour, sur une citation, ce qui va donner lieu à la citation d'une citation. Vous allez comprendre en cliquant sur le lien.

La citation en question est celle d'un article d'Anicet Le Pors, ancien ministre (communiste) sous François Mitterrand, et qui nous livre cette analyse de ce qu'il attend d'un président nommé E. M. (Nous sommes à quelques jours du second tour de la présidentielle de 2017).

À méditer...

Point de vue d'Anicet Le Pors, ancien ministre de la fonction publique, 4 mai 2017. 

"Emmanuel Macron : cet homme est dangereux" 
"Emmanuel Macron sera élu le 7 mai 2017 Président de la République. C’est le produit politique fabriqué par les efforts combinés de l’oligarchie financière, du MEDEF, des gouvernements Hollande, de la technostructure administrative, des opportunistes de tous bords, des stars de l’intelligentsia toujours avides de notoriété, de la totalité des médias ; bref, de tous ceux ayant joué un rôle dans la situation désastreuse actuelle et favorisé ou instrumentalisé la montée du Front national. Et cela dans le contexte d’une décomposition sociale profonde, d’une communauté des citoyennes et des citoyens désorientés, en perte de repères.
Son émergence est récente et il n’a cessé de cultiver l’ambiguïté pour se positionner électoralement au centre. Toutefois, on peut déceler à partir de plusieurs déclarations disparates une certaine cohérence idéologique, assez différente de celle qu’il veut accréditer ou qu’on lui prête. Cinq lignes de force peuvent être dégagées. 

1. Un fervent de l’élitisme, hostile au monde du travail 
Les analyses socio-démographiques publiées à l’issue du premier tour ont montré que Emmanuel Macron a été essentiellement soutenu par les personnes qui s’en sortent le mieux dans la crise, les plus riches, les plus diplômés, les partisans le l’Union européenne, laissant de côté la France qui souffre, accentuant ainsi les inégalités. Dans le même temps, il ne dissimule pas sa volonté de réduire le partenariat au sein de l’UNEDIC, plus généralement de préférer le soi-disant dialogue social à la concertation contradictoire. Il est un farouche partisan de la flexisécurité, cause de précarité et de pauvreté de masse. Il opérera une reprise en main étatique des crédits de la formation professionnelle. Il conteste la vocation des syndicats à s’exprimer au niveau national pour les cantonner autant que possible au niveau de l’entreprise dans l’esprit de la loi El Khomri qu’il veut prolonger par une réforme du code de travail adopté par ordonnances, c’est-à-dire sans l’aval du Parlement. L’avantage que l’on peut reconnaître à ce candidat c’est qu’il éclaire les contradictions de classe qui sont à l’œuvre. 

2. La mise au pas des collectivités territoriales 
Après Nicolas Sarkozy, Emmanuel Macron cherche le moyen de contourner le principe de libre administration des collectivités territoriales posé par l’article 72 de la constitution. Un système de conventions avec les régions pourrait y pourvoir qui conditionnerait le montant des dotations de l’État à la docilité des collectivités. L’État serait également appelé à compenser la suppression de la taxe d’habitation pour 80 % des ménages ce qui rendrait ce financement discrétionnaire. Le processus de métropolisation serait poursuivi et développé aboutissant à la suppression d’un quart des départements. Les collectivités territoriales seraient ainsi mises sous pression avec la diminution de 2 milliards d’eurios par an des dépenses de fonctionnement, la réduction de 75 000 emplois de fonctionnaires territoriaux, un retour strict imposé aux 35 heures hebdomadaires. La maîtrise de cette nouvelle politique coercitive serait assurée par une conférence annuelle des territoires. La remise en cause statutaire de la fonction publique territoriale reste la cible privilégiée. 

3. L’abaissement du Parlement 
Il s’agit d’abord d’une réduction drastique des effectifs sensée dégager une économie annuelle de 130 millions, de l’ordre d’un tiers pour aboutir à 385 députés et 282 sénateurs. Le Parlement réduirait considérablement son activité législative qui, hors période budgétaire, serait limitée à trois mois. IL y aurait donc moins de lois nouvelles, ce qui laisserait davantage de champ à la réglementation par décrets. L’activité du Parlement serait aussi réorientée vers des missions de contrôle et d’évaluation. La haute administration aurait de ce fait une compétence d’expertise plus étendue et un pouvoir hiérarchique renforcé sous l’autorité de l’exécutif. Emmanuel Macron a prévu de légiférer rapidement par voie d’ordonnances dès le début de son quinquennat et il conservera le mécanisme de l’article 49-3. Il est clair que la démarche tourne le dos au régime parlementaire. 

4. Un gouvernement aux ordres 
Le Gouvernement serait lui aussi resserré à 15 ministres, et fortement instrumentalisé par le Président de la République qui continuerait à présider les réunions du Conseil des ministres. Celles-ci seraient plus fréquentes pour assurer une discipline sans faille des ministres. Contrairement aux dispositions actuelles de la constitution, ce n’est toujours pas le Gouvernement qui définirait et conduirait la politique de la nation mais le chef de l’État. Les ministres seraient évalués chaque année. Pour autant, leurs pouvoirs et surtout leurs cabinets exerceraient une autorité renforcée sur les administrations placées sous leur tutelle. Le candidat Macron jugeant le statut général des fonctionnaires « inapproprié », outre une réduction des effectifs prévue de 120 000 emplois, accentuera la dénaturation du statut par une extension du spoil system, le recrutement accru de contractuels de droit privé sur la base de contrats négociés de gré à gré. Il s’agirait donc d’une mise en cause des principes d’égalité, d’indépendance et de responsabilité et d’une réaffirmation sévère du pouvoir hiérarchique, de l’obligation de réserve, du devoir d’obéissance. 

5. Un exécutif opaque et autoritaire 
Emmanuel Macron ne remet pas en cause les institutions de la V° République, notamment l’élection du Président de la République au suffrage universel, ni l’usage plébiscitaire du référendum, ni de façon significative le mode de scrutin. Les conditions d’une VI° République ne sont pas réunies : pas de large consensus de récusation des institutions actuelles, pas de consensus sur les caractéristiques d’une nouvelle constitution, pas d’évènement fondateur comparable à ceux qui ont présidé à l’avènement des Républiques antérieures et de l’actuelle. Si l’ambiguïté sur ce que pourrait être la fonction présidentielle du nouveau président demeure grande, on peut déduire de ses quelques déclarations sur le sujet et de ses postures que son exercice de la fonction présidentielle, qui a pu être qualifiée de "jupitérienne", serait à la fois opaque et autoritaire, autocratique. La "dérive bonapartiste" qui a caractérisé le quinquennat de Nicolas Sarkozy risque d’être ici renforcée avec plus de méthode et, sans doute une traduction institutionnelle qui se durcira face aux conflits sociaux que la politique présidentielle ne manquera pas de provoquer. Jusqu’à quelles limites et à quelle échéance ? C’est la principale incertitude sur le danger encouru. 
S’il est clair qu’on ne saurait voter pour la politique de filiation autoritaire, xénophobe et nationaliste de Marine Le Pen, le danger de la politique portée par Emmanuel Macron constitue une autre redoutable menace pour le progrès social et la démocratie. 

Dimanche 7 mai 2017 je voterai Blanc."




vendredi 10 novembre 2017

2017 : de Trump à Macron, retour sur une année électorale


C'est qu'il s'en est passé, des choses, depuis l'automne 2016, qui vit le "populiste" Donald Trump triompher d'Hillary Clinton !

Depuis lors, j'avoue n'avoir pas eu le temps de consacrer la moindre ligne à cette élection, et à cela, il y a plein de raisons, sur lesquelles je reviendrai tantôt.

Observons, en passant, que l'intelligentsia mondiale s'est bel et bien plantée, qui voyait Clinton l'emporter par K.O. !

Clinton, vous savez ? La politicienne diagnostiquée d'une pneumonie un matin, qui rentre chez elle en titubant, soutenue par des comparses, et qui, dans la même après-midi, apparaît sur les boulevards newyorkais en affichant une mine réjouie, prenant même le temps d'embrasser une fillette.

Et déjà, à l'époque, j'avais écrit, ici même, que soit c'est la bonne Clinton que l'on a vue sur le boulevard, et alors elle est bien irresponsable d'aller risquer de refiler ses bactéries à cette pauvre gamine, ou alors c'est un sosie - chose démontrée, photos à l'appui, par des internautes -, et dans ce cas, comment les Américains pourraient-ils confier leur destin à une affabulatrice de cet acabit ?

Donald Trump ? Il a tout d'un grossier personnage, mais si je dois lui trouver une qualité, et une seule, c'est de nous avoir débarrassés de cette pouffiasse d'Hillary C. En tout cas, Trump avait, lui au moins, et contrairement à son adversaire, l'avantage de n'avoir aucune goutte de sang africain (libyen) sur les mains !

Et la France, allez-vous me dire ?

Pour ma part, j'en étais resté à l'analyse du "plafond de verre" auquel semblait devoir se heurter irrémédiablement Marine Le Pen.

Avec le recul, je ne suis pas du tout mécontent de mes analyses d'alors ; et comme j'ai l'esprit méthodique, je compte bien procéder à un "débriefing" personnel de la série d'articles que j'ai consacrée à la présidente du Front National.

By the way, il paraît que Florian Philippot a quitté le FN ? Non mais, sans blague !!!!!

Les lecteurs assidus de ce blog savent que la seule question qui vaille est celle-ci : "mais que diable Philippot est-il allé faire au FN ?". Je suis certain que Jean-Marie Le Pen a sa petite idée sur la réponse ; moi aussi, et, pourquoi ne pas le dire ?, il n'est pas impossible que nous soyons sur la même longueur d'ondes !

Ce que je ne m'explique pas, c'est comment Marine Le Pen a pu être aussi aveugle devant les manigances de ce faux jeton de Florian P., que l'on devrait retrouver, bientôt, à sa vraie place, à savoir à l'UMP, enfin, je veux dire chez Laurent Wauquiez ! 

Et Macron dans tout ça, allez-vous me demander...

Macron ? J'ai pris tout mon temps pour l'observer attentivement. Le fait est qu'il est le seul des candidats à la présidentielle auquel j'aie personnellement écrit, soit quelques jours avant sa défection du gouvernement de Hollande-Caseneuve.

Et à l'époque, je lui avais déjà confié que, dans tout ce qu'il pouvait déclarer ici ou là, je ne trouvais rien d'essentiel.

Il se trouve que, six mois plus tard, après l'avoir observé et écouté presque quotidiennement, je n'ai pas changé d'avis : décidément, ce nouveau président, qui se voudrait "jupitérien", me plonge chaque jour dans un abîme de perplexité.

Un exemple ? Pour quelqu'un qui prétendait restaurer l'aura de la parole présidentielle, en ne galvaudant pas la fonction dans des bavardages avec les journalistes, histoire de se démarquer de son prédécesseur, je trouve qu'on le voit,  Macron, décidément, beaucoup, mais surtout, qu'il parle, alors là !, un peu trop !

Tant j'ai l'impression qu'en à peine six mois, Macron a livré plus de discours qu'un Giscard ou qu'un Mitterrand, voire un De Gaulle, en l'espace de tout un septennat !

Prenez cette interview télévisée concoctée en catastrophe un dimanche soir... Il faut croire qu'il y avait urgence !

Un dimanche, dans la soirée, voilà que le président jupitérien ordonne à des journalistes de venir boire ses paroles élyséennes, le tout au risque de bousculer le sempiternel dispositif dominical d'une chaîne commerciale qui tient à ses parts de marché moyennant un film grand public censé livrer à Coca Cola et à d'autres cent vingt minutes ou à peu près de cerveau - de consommateur et de ménagère de plus ou moins cinquante ans - disponible.

Il faut vraiment croire qu'il y avait urgence !

Autre chose ?

Ce passage à  Strasbourg, devant la Cour Européenne des Droits de l'Homme, pour y tenir un discours sur la récente loi sur la sécurité...

Je vous avoue que j'en suis encore à m'interroger sur ce que le président français est allé faire à Strasbourg, alors même que l'évidence lui commandait de soumettre la loi récemment promulguée à la sagacité du Conseil Constitutionnel, ainsi que l'on enseigne la chose aux étudiants de première année de Fac de Droit, Conseil Constitutionnel dont l'avis devrait conditionner la viabilité de la loi en question.

Par parenthèse, quid de la saisine dudit Conseil par une soixantaine de parlementaires ?

Autre chose ?

Les lecteurs de ce blog, qui ne vivent pas en France et ne consultent pas les médias électroniques français, vont pouvoir se faire une petite idée de la présence médiatique du président français : ce qui suit est une petite collection de captures d'écran réalisées sur à peu près trois semaines, soit entre la mi-octobre et le début de novembre 2017.

Ça commence par un "grand" discours sur la sécurité, devant un parterre de "hautes personnalités" ; le genre d'allocution que Vladimir Poutine tient une fois par an, sauf qu'ici, on doit en être autour de la quinzième en six mois !

Et, bien évidemment, c'est le branle-bas de combat dans les médias, avec des armées de politologues et politocrates qui vont analyser le discours, avant, pendant, et après...

Ça va continuer avec un déplacement "jupitérien" en Guyane, dont le moins qu'on puisse dire est qu'il n'a pas été une réussite, puis l'on va retrouver Jupiter tenant conférence lors d'un sommet européen à Bruxelles, puis inaugurant un musée dans les Emirats Arabes Unis, avant de tenir un discours devant des militaires quelques heures plus tard...





















Depuis la dernière image, le président jupitérien s'est rendu en coup de vent en Arabie Saoudite, avant de recevoir, dès le lendemain, son homologue allemand, en compagnie duquel il s'est envolé vers un champ de bataille de la première guerre mondiale, le tout, à la veille du 11 novembre, où l'on devrait l'apercevoir sous l'Arc de Triomphe, le tout devant micros et caméras...

Six mois, sur cinq ans...!

Mais tout ce qui précède n'est qu'un hors-d'oeuvre : nous allons, bientôt, procéder à un "débriefing" circonstancié de l'année électorale qui vient de s'écouler, et de pas mal d'autres choses, et je suis persuadé que mes fidèles lecteurs en salivent d'avance !