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mercredi 12 mars 2025

Appel urgent à l’UNESCO pour l’exclusion d’Israël et appel à boycotter Israël aux mondes de la culture et de l’université

Ce texte édité par l'organisation CAPJPO-EuroPalestine et extrait de mes archives date de l'année 2009. Il y était déjà question de dizaines de destructions de site culturels et éducatifs par l'occupant israélien. Et tant pis pour ceux et celles qui feignent de ne découvrir l'horreur de la situation des Palestiniens que depuis le 7 octobre 2023. Par parenthèse, je me suis contenté d'un copier-coller, ce qui explique la présence de notes de bas de page et de liens hypertexte pas forcément opérationnels.


Pourquoi le boycott d’Israël ?


La chercheuse israélienne Rahela Mizrahi, spécialiste de la Culture, appelle au boycott d’Israël et à son exclusion en tant que membre de l’UNESCO. Un texte de réference (traduit de l’anglais par Carole Sandrel).

Appel urgent à l’UNESCO pour l’exclusion d’Israël et appel à boycotter Israël aux mondes de la culture et de l’université.

L’UNESCO, agence spécialisée des Nations Unies, a pour objectif affirmé de « contribuer à la paix et à la sécurité en resserrant la collaboration entre nations par l’éducation, la science, et la culture », dans le but de faire avancer le respect universel de la justice, de la Loi, des droits de l’Homme et des libertés fondamentales », ainsi que le proclame la charte des Nations Unies.

L’UNESCO, Organisation des Nations Unies pour l’Education, la Science et la Culture, est politiquement responsable devant la communauté internationale. Quand des écoles sur lesquelles flotte le drapeau des Nations Unies sont prises pour cibles, quand des enfants sont pris pour cibles, quand toute une population est systématiquement privée de nourriture, d’eau, d’installations sanitaires et d’électricité, l’UNRWA, l’UNICEF, et l’UNESCO ne doivent pas se contenter de protester ; elles ont obligation de se montrer dignes de leur responsabilité et prendre de vraies décisions.

Ci-dessous voici un appel à l’UNESCO pour qu’elle assume son rôle de gardienne de la justice par la préservation de la culture et le respect :

a) en destituant Israël de l’UNESCO

b) en se joignant au boycott d’Israël par le monde de la culture et de l’université [i] [1]

Cet appel intervient au moment où Israël transforme la Bande de Gaza en camp de concentration, le plus vaste du monde. Les conditions de vie ne cessent d’empirer insupportablement pour le million et demi de Palestiniens qui y vivent. L’approvisionnement en nourriture, médicaments et carburant, est entravé, voire complètement arrêté. La malnutrition des enfants s’amplifie. L’approvisionnement en eau et le tout-à-l’égout ont cessé de fonctionner. Les gens meurent par manque de soins. Les tunnels vers l’Egypte, creusés manuellement, ne fournissent qu’un peu de répit.

La moitié des habitants de Gaza sont des réfugiés de l’un des crimes les plus importants du XXè siècle. En 1947-48, les organisations terroristes paramilitaires qui allaient devenir plus tard les Forces Israéliennes de Défense (IDF), ont entrepris un nettoyage ethnique parfaitement planifié de la Palestine [ii] [2], alors sous Mandat Britannique ; ces organisations ont rasé plus de 500 villages et treize villes, déporté près de 800 000 Palestiniens autochtones, et commis systématiquement des dizaines de massacres similaires jusqu’aux derniers massacres de Gaza de 2008-2009. Ce nettoyage ethnique explique que Gaza soit l’une des régions les plus peuplées du monde. Israël, les Etats-Unis et la quasi totalité du monde occidental aimeraient rayer complètement de la mémoire ce crime de 1948 en supprimant la Palestine et le peuple palestinien. La résistance actuelle à Gaza c’est la révolte d’un peuple qui refuse de se laisser liquider.

Les crimes de 1948 ne sont pas un chapitre fini dans les livres d’histoire, mais une réalité sans fin qui se déroule depuis au moins 60 ans, et se poursuit de nos jours avec : le vol permanent et l’expropriation de ce qui reste de la terre et de l’eau palestiniennes, la démolition de dizaines de milliers de maisons, la transformation de la bande de Gaza et des villes palestiniennes de Cisjordanie en camps de concentration entourés de murs en ciment, hauts de huit mètres, et de barrières électrifiées, à l’intérieur desquels règnent le chômage, la pauvreté, la faim et le désespoir, sans parler des emprisonnements en masse subis par trois générations de Palestiniens (actuellement plus de 12000 (prisonniers). Corollaire de cette décimation constante du peuple palestinien autochtone, Israël, avec le soutien des Etats-Unis et de l’Europe, a importé en Palestine un million d’immigrants, européens pour la plupart, au cours des années 90. Le vol des terres et la colonisation ont été entrepris derrière un fallacieux discours de paix, porté par de fallacieux mouvements de paix israéliens et des ONG financées par les Etats-Unis et l’Europe, utilisant les accords d’Oslo comme outils pour achever de gommer la Palestine de la carte.

Appel à l’UNESCO pour exclure Israël de ses membres.

En novembre 1974, répondant à un appel d’universitaires de diverses nationalités, l’UNESCO mettait fin à son aide à Israël et l’excluait des activités de l’UNESCO et de ses groupes régionaux. Ce faisant, l’UNESCO reconnaissait que le comportement d’Israël, ses destructions systématiques et violentes, comme sa vandalisation de la civilisation et de la culture des autochtones palestiniens, étaient tout à fait à l’opposé de ce qu’est la mission de l’UNESCO. Néanmoins, bien qu’il n’y ait pas eu de changement dans la politique israélienne, Israël a été réintégré dans sa pleine qualité de membre en 1977.

Commencée en 1947, avant, durant et après le nettoyage ethnique, et continuée dans les années 50, la destruction de plus de 500 villages et de 13 villes a anéanti tout un environnement culturel palestinien : pillage d’objets artisanaux, de livres, de manuscrits anciens et évidemment destruction d’ouvrages architecturaux, dont des mosquées, et anéantissement de cimetières. L’occupation de 1967 a permis à Israël de conduire d’autres séries massives de destructions culturelles à travers le nettoyage ethnique de 170 autres villages et villes dans le Golan Syrien [iii] [3], ainsi que de 19 villages dans les nouveaux territoires palestiniens occupés. Certains de ces villages ont été transformés en parcs naturels après avoir été massivement reboisés, méthode pratiquée systématiquement pour effacer toute trace des villages palestiniens. En 1965 encore, Israël a démoli tout un quartier de la vieille ville de Jérusalem, le quartier « Mughrabi » [IV] [4] et Israël a rompu honteusement la loi internationale en pratiquant, en nombre des excavations archéologiques dans les territoires qui venaient d’être occupés.

Israël a continué ses agressions destructrices contre la culture palestinienne et arabe par le pillage des bibliothèques palestiniennes et des archives de films à Beyrouth lors de son invasion du Liban, en vandalisant le centre culturel d’Al-Sakakini à Ramallah au cours de l’invasion de 2002, en entreprenant des excavations archéologiques illégales tout en saccageant les fouilles musulmanes et arabes, et récemment en excavant sous la mosquée Al Aqsa, quitte à mettre en danger ses fondations.

Au cours des récents massacres de Gaza, Israël a démoli la plus importante université de la Bande, de même que des écoles des Nations Unies où des civils s’étaient réfugiés. Israël a bombardé et détruit complètement 64 écoles et 41 mosquées en l’espace de quelques jours [v] [5]. Le bombardement des mosquées a suivi le schéma déjà mis en place au moment du nettoyage ethnique de 1948, au cours duquel des centaines de mosquées avaient été détruites. C’est le résultat direct de l’idéologie sioniste qui s’en prend à la culture arabe et musulmane, y compris les civilisations et cultures arabo-juives, au nom de « la laïcité et du progrès » pour justifier l’extermination de la civilisation de l‘Autre.

L’UNESCO en tant qu’organisme engagé dans « le développement de la collaboration internationale… par l’éducation, la science et la culture, et pour faire avancer le respect universel de la justice, des droits de l’homme, et des libertés fondamentales » doit prendre des mesures immédiates et protester contre la violence systématique d’Israël et ses agressions contre la culture palestinienne, c’est-à-dire exclure Israël de ses membres.

Appel à l’UNESCO pour qu’elle se joigne au boycott culturel et universitaire d’Israël.

Le boycott, c’est le simple minimum de ce qu’un être humain honnête peut faire pour s’opposer aux crimes contre l’humanité permanents qu’Israël commet systématiquement avec le soutien indéfectible des Etats-Unis, de l’Europe et de la quasi totalité du monde occidental qui s’appuient sur Israël pour continuer l’oppression du peuple arabe, tandis qu’ils pillent ses ressources naturelles avec l’aide des élites arabes néocolonialistes régnantes. Le boycott culturel et universitaire d’Israël est d’une importance capitale. L’université israélienne est l’un des socles les plus importants du mode de pensée sioniste, lequel (ce mode de pensée) est juif Askénaze, blanc, eurocentriste, et colonialiste. Toutes les universités israéliennes ont leur département de recherche orientaliste du Proche-Orient, qui sert d’outil de contrôle colonial. Les autres départements ignorent complètement les cultures non occidentales, arabes et islamiques, langue, pensée, littérature, musique, histoire et philosophie, vrai miroir de l’attitude d’Israël à l’égard des Arabes et des Musulmans, en qui il voit des peuples dénués de civilisation et de culture. Ce travail intellectuel fait par l’université israélienne est un instrument pour déshumaniser les Palestiniens dans le discours public israélien, condition nécessaire à la continuation du génocide.

Le boycott universitaire s’attaque au fait que des départements universitaires développent des armes qu’utilise Israël pour perpétrer ses crimes. L’université de Tel Aviv, par exemple a un département qui se consacre aux "Etudes sur la sécurité" où sont développées des armes pour une extermination « intelligente » (assistée par ordinateur). L’Université israélienne consacre des ressources considérables pour faciliter le contrôle militaire et politique de la Palestine et du Proche Orient. Le silence de l’Université israélienne face au bombardement de l’unique université de Gaza est une raison de plus pour appliquer le boycott universitaire.

La culture israélienne est dominée par la pensée et le comportement des sionistes blancs ashkénazes eurocentristes et colonialistes. Des auteurs sionistes comme Amos Oz, A.B. Yehushoa et David Grossman, supposés à tort appartenir à un soi-disant « mouvement de la paix » font la promotion des messages colonialistes et racistes dans leurs textes et plus encore entre les lignes de leurs textes. Ils ont soutenu haut et fort la récente invasion du Liban et ont écrit des messages de soutien au massacre de Gaza. En plus des citoyens, des femmes et des personnes âgées, Israël a assassiné l’un des plus importants auteurs palestiniens, Ghassan Khanafani.

La musique populaire israélienne est profondément enracinée dans l’armée israélienne : la plupart des musiciens populaires importants en Israël ont commencé leur carrière dans un orchestre militaire célébrant le militarisme et le chauvinisme. Les beaux-arts israéliens et la danse sont volés à l’héritage palestinien mais sont présentés dans le monde entier comme « l’héritage ancien d’Israël » en ligne avec l’appropriation des plats palestiniens (par exemple les falafels) et des vêtements (par exemple la kufya) afin de présenter leur colonialisme européen comme étant la continuation d’un ancien droit de propriété juif sur la terre, et d’effacer l’existence du peuple palestinien, auquel appartient cet héritage.

Actuellement, les agents culturels israéliens sont enrôlés dans la normalisation des crimes continuels et de l’apartheid, qu’ils représentent comme un conflit à l’intérieur d’un discours de paix creux, sans histoire, faisant disparaître, et normalisant le crime de 1947-48 : l’élimination de la Palestine par un état juif d’apartheid appelé « Israël ». Les travailleurs culturels israéliens sont hautement appréciés partout dans le monde comme des chercheurs de paix, alors qu’ils devraient être refoulés comme les participants actifs qu’ils sont de l’oppression sioniste du peuple autochtone de Palestine.

Jusqu’à aujourd’hui, le nettoyage ethnique de la Palestine de 1947-48 n’est pas reconnu comme crime contre l’humanité. L’Occident apporte son aide à l’enterrement de ce crime. Aujourd’hui après des décennies de déni, la vérité historique sur le nettoyage ethnique de 1948 est finalement reconnue. Pourtant cette reconnaissance est vide d’éléments reconnus juridiquement qui feraient valoir les responsabilités ou les revendications de leurs droits par les victimes. Aujourd’hui on peut écrire sur la Nakba (le nettoyage ethnique de 1948) dans les universités israéliennes, gagner diplôme, honneur, être crédité d’être un chercheur courageux et exemplaire en reprenant des faits que les Arabes et les Palestiniens ont couché par écrit depuis des années, bien que personne n’ait voulu les entendre. 

Cela contribue à dépeindre Israël comme un état progressiste, alors qu’il est l’un des régimes les plus violents, les plus racistes, les plus oppressifs, et les moins démocratiques du monde. A l’exception de quelques rares voix comme celle d’Ilan Pappe, l’université israélienne fait silence lorsqu’il est question de réclamer la fin des souffrances des victimes et la compensation due au peuple palestinien pour les crimes que le sionisme et Israël ont perpétrés. Les universitaires israéliens s’approprient la voix palestinienne - comme l’a fait par exemple Gannit Ankori qui écrit sur l’art palestinien - pour leur renommée universitaire personnelle et comme moyen de blanchir leurs positions sionistes. Ils doivent êtres boycottés pareillement.

Le sionisme EST un racisme. Le sionisme est une idéologie juive, ashkénaze, blanche, colonialiste et eurocentriste qui cherche à repeindre la Palestine aux couleurs juive et occidentale, et par conséquent non musulmane et non arabe. Chaque israélien est soumis à cet endoctrinement idéologique depuis le moment de sa naissance : chez lui, à l’école, à l’université, dans les media hébreux, souvent très explicitement, mais la plupart du temps à travers des allusions, par une présentation, des sous entendus – à travers l’éducation et la culture.

Le nom officiel donné à l’agression permanente et au massacre de Gaza est « Oferet Yetzuka » (Opération « Plomb durci »). Ce nom est repris d’une phrase répétée deux fois dans une chanson sioniste de Hanouka (N d T : Fête des Lumières, équivalent de Noël pour les enfants), pour que les enfants israéliens célèbrent dès maintenant le génocide chaque fois qu’ils célèbreront Hanuka. Le fait que les juifs israéliens ne lisent et n’entendent que l’hébreu, bien qu’ils soient situés au centre du monde arabe facilite cet endoctrinement. Leur accès limité à l’anglais ne sert à rien puisque la plupart de la presse anglaise a versé dans les conceptions sionistes et toutes ces histoires.

Le sionisme rejette le droit des Palestiniens à leur terre, leur droit à vivre dans leur pays natal et même leurs droits civiques les plus basiques ou même leurs Droits Humains. Le sionisme signifie que des Juifs sur la terre palestinienne sont toujours au-dessus des considérations humaines et morales, et il s’appuie souvent sur le racisme fondamental eurocentriste qui considère la culture des Arabes et des Musulmans comme inférieure et qui favorise leur déshumanisation. Le sionisme est le terreau idéologique qui permet de transformer Gaza et les villes palestiniennes en camps de concentration et permet le soutien public important apporté au dernier massacre génocidaire de Gaza. La seule rupture dans le public israélien se fit entre ceux qui essayaient de couvrir ce massacre avec leurs larmes de crocodile humanitaire et leurs « justifications » éthiques (sionistes de gauche) et ceux qui furent honnêtes dans leur soif de sang (sionistes de droite). La colonisation sioniste est un projet raciste qui est mortel, tant pour les Palestiniens que pour les Israéliens. Le sionisme doit être regardé en face et défait politiquement autant que culturellement. Le boycott culturel est essentiel au bien-être de quiconque vit dans la région.

Le premier pas à faire pour un boycott culturel complet du sionisme, c’est de mettre en cause le ralliement de l’Europe et de l’Occident aux justifications et aux mystifications sionistes.

Le comité Nobel avait récompensé du prix Nobel de la Paix Itzak Rabin, l’un des dix architectes du nettoyage ethnique de la Palestine en 1948, et du second nettoyage ethnique de 1967. Il fut directement responsable de plusieurs grands massacres, dont l’un a fait plus de 150 victimes parmi des civils qui s’étaient réfugiés dans la mosquée de Dahamsh à al-Lid. Un autre prix Nobel de la paix est allé à Shimon Peres, responsable d’avoir importé les armes nucléaires au Proche Orient. Même parmi les critiques d’Israël, l’accent est souvent mis sur ceux des Israéliens qui déplorent les atrocités commises par leur Etat mais refusent de prendre leur distance avec le racisme du sionisme qui sous-tend ces atrocités. Le plus étonnant c’est que le prix Nobel de la paix alternatif ait été donné à Uri Avnery. Avnery a lui aussi participé en 1948 au nettoyage ethnique, tout comme à la persécution des réfugiés palestiniens juste après. Il reste sioniste à ce jour et accepte de légitimer les crimes de 1948. Le soutien idéologique occidental au sionisme est en partie une affaire d’intérêts matériels, en partie un échange pour la contribution du sionisme à la réflexion sur l’eurocentrisme, et en partie l’effet de la mobilisation sioniste triomphante avec l’utilisation abusive et cynique de l’holocauste nazi et de la culpabilité historique de l’antisémitisme.

Conclusion

Les gouvernements et les institutions occidentaux soutiennent largement l’isolement de la résistance palestinienne. Ils ne veulent pas s’intéresser à ces Palestiniens qui refusent de laisser la Palestine se faire enterrer et qui n’acceptent pas les conditions de vie inhumaines que leur impose Israël. Bien qu’à la dernière agression contre Gaza un Front Unifié Palestiniens, qui comprenait toutes les factions militaires, y compris la Brigade des Martyrs d’al Aqsa du Fatah, ait résisté, le Hamas s’est vu identifié à la résistance palestinienne. Ce qui fait que la résistance palestinienne apparaît plus étrangère et plus dangereuse, utilisant et renforçant à la fois l’islamophobie occidentale. 

Le Hamas a gagné les élections démocratiques palestiniennes et le résultat c’est qu’Israêl, soutenu par les Etats Unis et l’Europe, a emprisonné ses parlementaires. Le Hamas est universellement reconnu pour son honnêteté et son absence de corruption. Pourtant les pays occidentaux insistent pour n’avoir affaire qu’avec le séculier Fatah, adoptant la distinction colonialiste et racialiste entre laïcité et progrès qui a servi d’excuse au sionisme pour détruire la culture arabe. La destruction de 41 mosquées à Gaza en l’espace de quelques jours n’a rien d’une coïncidence, ce n’est que la continuation de la démolition systématique de centaines de mosquées lors du nettoyage ethnique de la Palestine, et la continuation du saccage des lieux saints musulmans.

Le Hamas jouit de la légitimité tant démocratique que culturelle en tant que mouvement de résistance au sionisme enraciné dans les cultures arabes et musulmane. Il ne peut être exclu : les tentatives pour l’exclure sont les manifestations de l’eurocentrisme occidental, du colonialisme et du racisme. Une institution Internationale comme l’UNESCO a des obligations morales et politiques qui l’obligent à s’opposer à cette politique illégale de destruction.

Le monde doit briser le silence sur le crime d’Israël en 1948. Il doit employer le mot d’apartheid pour décrire la structure politique, économique et sociale d’Israël, ainsi que l’a récemment qualifiée le président de l’Assemblée Générale des Nations Unies, le père Miguel d’Escoto Brockman. Et le monde doit soutenir l’appel de la société civile pour appliquer à Israël les mêmes stratégies qui furent efficaces dans la fin de l’Apartheid en Afrique du Sud : Boycott, Désinvestissement et Sanctions.

En tant qu’institution internationale dans ses propres droits, le maintien de l’UNESCO dans ses fonctions propres exige qu’elle rejette Israël de ses membres. En tandem avec cette action, soutenir le boycott universitaire et culturel d’Israël serait l’expression fondamentale de l’adhésion de l’UNESCO à ses objectifs déclarés « pour la paix et la sécurité et pour resserrer la collaboration internationale par l’éducation, la science et la culture, et faire avancer le respect universel de la justice, les droits de l’homme et les libertés fondamentales » proclamés dans la charte des Nations Unies.

Pour avoir un impact pratique, le boycott doit être suffisamment important pour avoir un impact sur la vie quotidienne des Israéliens, et sur les travailleurs culturels les plus respectés aux monde. En l’absence d’un tel boycott solidement mis en place, l’hypocrite Beattle’s Paul Mc Cartney a visité Israël récemment, comme l’a fait la chanteuse africaine Cesaria Evora, comme si l’Afrique ne subissait pas la même oppression coloniale. Mercedes Sosa, qui chante la dépossession des peuples indigènes d’Amérique Latine, est venue en Israël pour le plaisir de gens qui commettent le génocide du peuple palestinien. Il y a beaucoup d’artistes comme eux. Et dans le même temps, les musiciens, artistes et galeristes israéliens sont favorablement accueillis dans le monde parce que les institutions internationales ont oublié de s’interroger sur leur présence au sein de la communauté internationale.

Le monde a besoin d’une culture du Boycott, une culture qui refuse de tourner des yeux aveugles sur un génocide au nom de l’art, une culture qui prenne une position morale à l’égard du sionisme et de ses crimes, et change le discours public et officiel. Le soutien de l’UNESCO au boycott culturel doit soutenir cette position et tout faire pour empêcher l’expression culturelle de jouer un rôle dans le renforcement de la violence systématique.

Rahela Mizrahi

Publié le 6-04-2009 

 

(Traduit par Carole SANDREL pour CAPJPO-EuroPalestine)

[i] [6] Pour se joindre au boycott culturel http://www.pacbi.org 

[ii] [7] Pour en savoir plus sur le nettoyage ethnique sioniste de la Palestine en 1948 cf le livre « Le nettoyage ethnique de la Palestine » de l’historien Ilan Pappe http://www.ilanpappe.com [3] http://nakba-online.tripod.com/DestroyedList.htm [IV] 

[8] Le quartier de Mughrabi a été transformé en parc Kotel [v] 

[9] Le « Waq » de Gaza (l’autorité religieuse musulmane) a déclaré 41 destructions de mosquées et 51 mosquées partiellement détruites. Liste partielle des mosquées détruites par Israêl à Gaza (depuis le 12/1/2009) en plus de l’université islamique « Omar Aqal » mosquée du camp de réfugiés de Gebalyia », « Omar Abu Baker A-Sadik mosquée de Beit-Hanun, Al-Naser mosquée de Beit-Lahiya, vieille de 600 ans, mosquée Al-Shafa à l’ouest de Gaza, et démolition du centre médical Al-Shafa, de la mosquée « Omar ibn Al-Khatab » dans le camp de réfugiés de Bureij, de la mosquée « Al-Khulafa Al-Rashidin dans le camp de réfugiés de Jebaliya, de la mosquée « Al-Abrar » du village Beni-Sahila, de la mosquée « Az Al-din Al-Kassam » à Khan Yunes, de la mosquée « Abu Hanifa Al-Nu’aman au sud de Gaza,qui fait partie d’un complexe comprenant deux écoles des centres de presse et centres médicaux, mosquée Ibrahima Al-Mukadama à Beit Lahiya, bombardée au cours d’une prière du soir, mosquée Altakwa au nord de Gaza, mosquée Al-Nur Al-Mahmadi, la plus grande mosquée de la Bande de Gaza.


mercredi 5 mars 2025

Pour en finir avec la censure (ridicule) qu'on croyait disparue sur Twitter. Une réponse à Plantu

Pour en finir avec la censure sur le réseau Twitter-X, je vais désormais m'appliquer à afficher mes textes les plus importants sur ce blog. Ce qui suit a été censuré, pas bloqué (ça, les censeurs automatiques baptisés algorithmes ne sont pas calibrés pour le faire), juste limité dans sa visibilité. Qu'importe ! L'Internet 2.0 est plus fort que tout !

Source

 

1,2 millions de vues au moment où je reposte ce tweet abject de Plantu sur RimaHassan. Je ferai infiniment moins de vues que lui. Qu'importe. Dans 10, 20 ans, les gens consulteront nos tweets et s'interrogeront sur la santé mentale relative de Plantu et de mézigue.

Mon pauvre Plantu, je suis psy (entre autres formations). Ton problème c'est une profonde névrose (à ne pas confondre avec la psychose, dont les causes sont exogènes). La névrose est endogène ; elle enfle en vous comme la lave d'un volcan. Les mauvais dessins de Plantu se suivent et se ressemblent, signe d'un dérangement interne qui le taraude, un peu comme chez ces drogués tentant désespérément de virer leur addiction, sans y parvenir. 

Contre quoi se bat notre caricaturiste ? Contre sa propre névrose qui veut lui faire oublier qu'il a réalisé ce dessin. 

Il faut dire que le dessin affiché ci-dessus ne faisait que reprendre une réalité que les Palestiniens ne connaissaient que trop bien ! 




En psychanalyse (je hais les adeptes de Freud !) on parle de scotomisation : "(du grec σκότος / scotos : ombre, obscurité) désigne en psychologie l'une des formes du déni : un mécanisme de défense par lequel le sujet névrosé nie l'existence de faits qui ont été vécus, mais qui lui sont intolérables". (Wikipedia). Correction : ce terme relève plus de la psychanalyse que de la psychologie.

Ce qui me sépare des psychanalystes, c'est leur propension (relevant de la paresse intellectuelle) à voir de l'inconscient partout. Car, pour eux, les ressorts de la scotomisation sont inconscients, ce qui est faux ! Le cynique scotomise en parfaite connaissance de cause ! Le cynique vous ment en vous regardant droit dans les yeux. Il sait que vous savez qu'il ment ; il n'en continue pas moins de vous mentir, en vous regardant droit dans les yeux. Et nous en avons une éclatante démonstration avec Plantu, qui sait ce que Rima Hassan a vécu. 

Pourquoi croyez-vous que les sionistes et leurs soutiens plastronnent dans les médias, que la soldatesque israélienne en Palestine se fasse des selfies devant des maisons détruites, des cadavres ? C'est une façon de faire du bruit pour en dissimuler un autre, et c'est tout sauf inconscient. De fait, les hordes de colons nazifiés soutenus par leur armée brûlent des maisons, ravagent des vergers, massacrent des dizaines de Palestiniens chaque semaine en Cis-Jordanie pendant que nos cyniques font tout pour se boucher les oreilles devant de telles horreurs, pire, balancent des leurres ici ou là, histoire de camoufler les horreurs évoquées plus haut, ce qui consiste régulièrement à se fabriquer des mantras autour de "mots/noms-clés" répétés à l'infini, comme Hamas, Rima Hassan ! Nous en avons eu la démonstration avec Pierre Perret.

Avant de lancer à Rima Hassan "Ton combat ne rime à rien", Perret s'est-il seulement donné la peine d'apprendre l'histoire de la Palestine sous occupation sioniste et les résolutions onusiennes visant Israël ? A-t-il seulement cherché à en savoir plus sur le sort du peuple palestinien ? Compte tenu de son âge, plutôt avancé, oserait-il dire que le combat des résistants français contre l'occupation nazie ne rimait à rien ? Plus généralement, cette apostrophe : "TON combat" s'adresse-t-elle à la seule personne de Hassan ou, à travers elle, à tout le peuple palestinien, dont notre grand chanteur considérerait que ses droits ne valent RIEN ?

Nous en sommes là avec nos névrosés, parfaitement conscients (n'en déplaise aux adorateurs de Freud) du naufrage moral dans lequel ils se sont enfermés, et qu'ils essaient désespérément de conjurer, non pas en expiant leurs fautes, comme le feraient de bons chrétiens (Plantu, Perret et plein d'autres ont dû être baptisés chez les cathos voire chez les protestants !), en se rappelant la doctrine chrétienne du "Tu aimerais ton prochain comme toi-même". Que nenni !

L'amour du prochain ! Cette belle blague ! Mais il y a plus grave : ce "tu aimeras ton prochain comme toi-même" ne cache-t-il pas autre chose, à savoir que, par un effet de miroir, l'injonction se transforme en "Tu haïras ton prochain comme tu te hais toi-même !".

Je vous parlais de névrose, une pathologie qui ne doit rien à l'inconscient. Réfléchissons : ces gens, même pas juifs, ni israéliens, qui croient se bâtir une respectabilité en vomissant sur Rima Hassan et sur des résistants palestiniens, forcément terroristes (aussi terroristes qu'en leur temps les combattants du Vercors ou les membres du groupe Manouchian), ces braves catholiques du type de Pierre Perret ou de Plantu, ne voit-on pas à quel point leur déconfiture morale est grande face à l'effondrement cataclysmique de cette "sainte" Église apostolique qui, depuis 2000 ans, représentait l'alpha et l'oméga de la civilisation : cette Église, si vénérée par tous, voilà qu'on la découvre repaire d'ignobles violeurs de femmes et d'enfants. Exit l'Abbé Pierre, longtemps personnalité préférée des Français. Voilà que les scandales se suivent et se ressemblent. Vous parlez d'une catastrophe ! 

Du coup, d'aucuns se disent : "Vite, trouvons-nous des échappatoires, histoire de détourner l'attention ! Allons tomber à bras raccourcis sur Rima Hassan et ces méchants terroristes palestiniens qui refusent de se laisser voler leurs terres par des envahisseurs sans foi ni loi !". Essayons, donc, de comprendre ces pauvres cathos (mais il y a aussi des protestants, notamment aux USA) dont les repères moraux sont brouillés, voire anéantis. Et n'oubliez pas que l'opinion mondiale se mobilise et prend fait et cause pour la Palestine, grâce à l'Internet 2.0 et aux smartphones. Désormais, tout se voit, même les pires horreurs. 

Mais j'en entends qui se demandent : les Pierre Perret, les Plantu, pourquoi ne se contentent-ils pas de se taire ? Alors, ceux-là n'ont pas bien lu le début de ma démonstration. La névrose, c'est comme un bruit de fond, que ceux qui en souffrent tentent de camoufler en produisant encore plus de bruit. L'énergie du désespoir. Imaginez l'effort produit par le pauvre Pierre Perret, silencieux depuis des lustres, pour pondre ce mauvais poème dédié à Rima Hassan, sans que le même Perret n'ait jamais rien écrit sur le supplice subi par les Palestiniens depuis un bon siècle. Et imaginez le pauvre Plantu, préférant commettre une nième caricature condamnée à finir très vite dans les oubliettes, alors qu'il pourrait profiter de son grand âge pour tenter de se hisser (il n'est pas trop tard, mais j'ai quand même comme un doute) à la hauteur de ces deux génies que furent Gustave Doré et Honoré Daumier. Pauvre Plantu !

 

(*) Mea culpa, mea culpa, mea maxima culpa ! se plaisent à ânonner les ouailles dans des églises de plus en plus vides.

 

Pierre Perret en manque d'inspiration : source

 


 

 

 

 

vendredi 28 février 2025

De Genocide Joe à Israël First de Trump : quelle est la prochaine étape pour la Palestine ?

Ce qui suit est ma traduction en français d'un papier paru dans l'excellent site Mintpress, du 8 janvier 2025, soit quelques jours avant l'intronisation de Donald Trump comme successeur de Genocide Joe à la Maison Blanche. Avec quelques semaines de recul, je connais quelques admirateurs béats de Trump qui commencent déjà à déchanter, au vu des digressions verbales du susnommé, que l'on a entendu tantôt traiter Zelensky de dictateur, pour faire mine de ne plus se souvenir de son propos quelques jours plus tard.

Relcture en cours


De Genocide Joe à Israel First de Trump : Quelle est la prochaine étape pour la Palestine ?"

Alors que le président Biden donne son feu vert à l'envoi de 8 milliards de dollars d'armes supplémentaires à Israël dans les derniers jours de son mandat et que le secrétaire d'État Blinken donne une interview au New York Times dans laquelle il nie qu'un génocide soit en cours à Gaza, de nombreux militants pro-palestiniens comptent anxieusement les jours jusqu'à ce que "Joe le génocidaire" et son équipe quittent la Maison-Blanche. Mais à quoi les militants devront-ils faire face sous la présidence Trump ?

Donald Trump a affiché son programme pro-israélien au cours de son premier mandat en déplaçant l'ambassade des États-Unis à Jérusalem, en soutenant les colonies de Cisjordanie, en reconnaissant le plateau du Golan comme faisant partie d'Israël, en se retirant de l'accord sur le nucléaire iranien et en promulguant les accords d'Abraham pour normaliser les relations entre Israël et les États arabes, tout en ne tenant pas compte du sort des Palestiniens. Récemment, M. Trump a déclaré que les États-Unis devraient laisser Israël "finir le travail", averti qu'il y aurait "un enfer à payer" si les otages n'étaient pas libérés avant son entrée en fonction et a menacé de réduire l'Iran en miettes.

Cette fois-ci, M. Trump a signalé ses intentions par les personnes qu'il a choisies pour occuper des postes clés. Mike Huckabee, son choix pour le poste d'ambassadeur des États-Unis en Israël, est un fanatique religieux qui ne pense pas que les colonies israéliennes soient illégales et qui déclare : "La Cisjordanie n'existe pas. Il s'agit de la Judée et de la Samarie [le nom biblique du territoire, remis au goût du jour par la propagande israélienne]". Il insiste même sur le fait qu'il n'existe pas de Palestinien. Elise Stefanik, choisie par Trump pour devenir ambassadrice des États-Unis à l'ONU, a utilisé sa position au Congrès pour étouffer la liberté d'expression sur les campus universitaires et préconise d'expulser les manifestants pro-palestiniens qui ont des visas d'étudiants.

Qu'en est-il du Congrès ? Alors que le 118ème Congrès était majoritairement pro-israélien, le nouveau Congrès, dont le Sénat et la Chambre des représentants sont contrôlés par les républicains, sera encore plus agressivement partial. Ses membres veulent adopter une série de projets de loi horribles qui renforceront les liens entre les États-Unis et le gouvernement israélien, puniront les acteurs internationaux qui osent demander des comptes à Israël et réprimeront le mouvement national en faveur des droits des Palestiniens. Cette législation comprend un projet de loi qui assimile la critique d'Israël à de l'antisémitisme, un projet de loi qui donne au département du Trésor le pouvoir d'enquêter sur des groupes à but non lucratif pour des liens avec le "terrorisme" et de les fermer, un projet de loi qui sanctionne la Cour pénale internationale pour avoir émis un mandat d'arrêt contre Benjamin Netanyahu, un projet de loi qui rend permanente l'interdiction américaine de financer l'agence humanitaire UNRWA, et un projet de loi qui annule les accords commerciaux avec l'Union européenne.

Et, bien entendu, nous ne pouvons pas ignorer les défis posés par trois forces puissantes : l'AIPAC, les sionistes chrétiens et les entreprises militaires. Le plus connu des trois est le groupe de pression AIPAC, qui a utilisé sa puissance financière lors des dernières élections pour éliminer deux des membres du Congrès les plus favorables aux Palestiniens, Cori Bush et Jamaal Bowman, laissant d'autres membres terrifiés à l'idée de devenir des cibles de l'AIPAC. Moins connus mais extrêmement influents, les dizaines de millions de sionistes chrétiens sont animés par la croyance radicale qu'Israël est la clé du retour de Jésus sur Terre après une bataille finale sanglante d'Armageddon, au cours de laquelle seuls ceux qui acceptent Jésus comme leur sauveur survivront. Les sionistes chrétiens, déjà nombreux au Congrès, à la Maison Blanche et même dans l'armée, seront enhardis par Trump.

Le troisième groupe de pression puissant est celui des entrepreneurs militaires, qui compte plus de lobbyistes que de membres du Congrès. Grâce aux 18 milliards de dollars alloués par le Congrès à Israël en 2024, les actions du secteur de l'armement ont grimpé en flèche au cours de l'année écoulée, surpassant de manière spectaculaire les principaux indices boursiers.

Mais il existe aussi des forces contraires. Le public américain est de plus en plus favorable aux Palestiniens. Un sondage d'opinion réalisé en novembre a montré que, malgré le parti pris pro-israélien de notre gouvernement et des médias, la plupart des Américains (63 %) souhaitent un cessez-le-feu et 55 % pensent que les États-Unis ne devraient pas fournir une aide financière et militaire illimitée au gouvernement israélien.

C'est particulièrement vrai chez les jeunes et les démocrates. Avec l'arrivée d'un républicain à la Maison Blanche, davantage de démocrates en position de pouvoir devraient être prêts à s'opposer aux actions d'Israël dès lors que celui dont ils auront à contester les positions ne sera pas le président de leur propre parti. Et il n'y a pas que les démocrates. De nombreux partisans de Trump s'opposent à l'implication des États-Unis dans des guerres à l'étranger, et Trump lui-même, lors de sa campagne, a affirmé à plusieurs reprises qu'il voulait apporter la paix au Moyen-Orient.

Dans le monde entier, de plus en plus de pays ne se contentent pas de voter en faveur d'un cessez-le-feu à l'ONU, mais prennent des mesures concrètes pour demander des comptes à Israël. La longue liste des pays et des parties qui ont soumis ou annoncé leur intention de se joindre à la procédure sud-africaine devant la Cour Internationale de Justice comprend la Belgique, la Bolivie, le Brésil, le Chili, la Colombie, l'Irlande, la Jordanie, la Libye, les Maldives, le Mexique, la Namibie, le Nicaragua, la Palestine, l'Espagne, la Turquie et la Ligue des États arabes. Les pays qui ont interdit, limité ou annoncé leur intention d'imposer un embargo sur les armes à Israël sont l'Italie, l'Espagne, le Royaume-Uni, le Canada, la Belgique, les Pays-Bas, la Turquie, la Russie et la Chine.

Au cours de l'année à venir, le mouvement de solidarité avec la Palestine doit trouver et élargir les fissures dans la machine de guerre pro-israélienne. Il doit renforcer la colonne vertébrale des démocrates qui vivent dans la crainte de l'AIPAC et tendre la main aux républicains qui s'opposent au financement des conflits étrangers. Les mêmes arguments que ceux avancés par de nombreux républicains pour défrayer l'Ukraine doivent être appliqués à Israël. Les militants doivent étendre les campagnes contre les entreprises qui soutiennent le génocide israélien, ainsi que les efforts déployés au niveau des États, des villes, des syndicats, des universités, des organisations confessionnelles et des secteurs pour condamner les actions d'Israël et promouvoir le désinvestissement. La récente résolution de l'American Historical Association condamnant le "scholasticide" en est un bon exemple.

Alors que les militants se préparent à un torrent de politiques de Trump qui créeront encore plus de chaos mondial et national, y compris des attaques accrues contre les organisations et les individus pro-Palestine, le mouvement américain doit être aussi résolu que les Palestiniens eux-mêmes, qui ont démontré que peu importe ce qu'Israël fait pour les détruire ; ils restent déterminés à résister. L'année 2025, avec Donald Trump à la Maison Blanche, ne sera pas une période de désespoir ou de repli dans la peur, mais une période d'action.


Medea Benjamin, 8 janvier 2025


Source : Mintpress



dimanche 26 novembre 2023

Harvard Faculty Response to "Combating Antisemitism"

Ce qui suit est une lettre ouverte adressée par un collège de professeurs de l'Université de Harvard (USA) à la suite de ce qui ressemble fort à une chasse aux sorcières entamée par des donateurs, d'anciens alumni et divers personnels de l'université, afin de museler toute parole critiquant la politique israélienne en Palestine occupée.

Je me suis permis d'affubler certains passages de numéros me permettant d'y ajouter un commentaire personnel.

Relecture en cours.

 

Réponse de la faculté de Harvard à la « lutte contre l'antisémitisme »

Chère Présidente Gay :

En tant que professeurs de Harvard, nous avons été étonnés par la pression exercée par des donateurs, d'anciens élèves et même certains sur ce campus pour faire taire les professeurs, les étudiants et le personnel critiques à l’égard des actions de l’État d’Israël. Il est important de prendre en compte le ton et le format condescendants d’une grande partie des critiques que vous avez reçues, ainsi que le racisme pur et simple contenu dans certaines d’entre elles.

Nous avons néanmoins été profondément consternés par votre message du 9 novembre intitulé "Combattre l’antisémitisme". L'engagement de l'Université en faveur de la liberté intellectuelle et d'un dialogue ouvert semble céder la place à tout autre chose : un modèle d'éducation dans lequel le sens de termes naguère susceptibles d'interprétation est prescrit d'en haut par un comité dont les travaux ont été, mardi (dernier), présentés à l'Université comme de simples prémisses.

Il devrait sûrement y avoir des limites à ce qui est dicible, même dans une université. Dire des choses qui sont manifestement fausses – nier l’Holocauste (1), par exemple – mérite d’être condamné. Le fait de dénigrer d’autres membres de la communauté dans un langage raciste, xénophobe, sexiste, homophobe ou transphobe (2) mérite également d’être condamné.

Il doit cependant y avoir un espace sur un campus universitaire pour débattre des actions des États, y compris de l’État d’Israël. Il ne peut pas être considéré comme ipso facto antisémite de remettre en question les actions de ce gouvernement ethno-nationaliste particulier, pas plus qu'il ne serait ipso facto raciste de remettre en question les actions du gouvernement ethno-nationaliste de Robert Mugabe au Zimbabwe. Les arguments qui caractérisent Israël comme un État "d'apartheid" ou ses récentes actions (3a) de "nettoyage ethnique" ou même de "génocide" ne peuvent pas non plus être considérés automatiquement comme antisémites, que l'on soit ou non d'accord avec ces arguments. Le programme concernant les "Politiques et Procédures de discrimination et d'intimidation"  récemment annoncé par l'Université, il est utile de le rappeler, inclut la "conviction politique" (et donc vraisemblablement son expression) comme catégorie protégée.

Il est compréhensible qu'à l'ombre de l'histoire de l'Europe, de la Palestine et d'Israël au XXe siècle, ainsi que des attentats du 7 octobre (2023) et de la catastrophe en cours à Gaza, vous vouliez rappeler aux membres de notre communauté que leurs paroles ont un sens. Et pourtant, à l’heure où une personne affiliée à l’Université se présente, en toute impunité, dans la cour et accuse les étudiants de soutenir le terrorisme, votre définition des limites de l’expression acceptable sur notre campus est dangereusement unilatérale.

De même, l’expression "du fleuve à la mer, la Palestine doit être libre" a une histoire longue et compliquée. Son interprétation mérite et fait l’objet d’une enquête et d’un débat soutenus et continus. Désigner cette expression comme impliquant nécessairement un "déportationisme" (cf. to remove : déplacer, voire déporter, s'agissant de populations, n.d.T.), voire un "éliminationnisme" – alors que plus d’un million de Palestiniens ont été forcés de quitter leurs foyers (3b) et que plus de dix mille civils, dont quatre mille enfants, ont été tués à Gaza (seulement depuis le 7 octobre 2023, n.d.T), actions qu'évoque l’historien de l’Holocauste Omer Bartov dans le New York Times et qui pourraient être assimilées à un "crime contre l’humanité" exécuté avec une "intention génocidaire" –, tout cela nous semble imprudent du point de vue de la politique universitaire et gravement inapproprié en tant qu’acte de leadership moral.

Nous vous appelons à présenter un engagement équilibré en faveur de la liberté intellectuelle à Harvard en prenant les mesures suivantes :

1.    Résister aux appels visant à suspendre et/ou disqualifier le Comité de Solidarité avec la Palestine en représailles à ses déclarations publiques et à son plaidoyer, et à résister aux appels visant à mettre de côté les procédures disciplinaires normales de l'Université, dans le seul but de sanctionner prématurément les étudiants et les employés en raison des inquiétudes soulevées concernant leur activité politique, le tout en l'absence d'allégations spécifiques d'actes répréhensibles (et ceux qui ont déjà été ainsi sanctionnés doivent être réintégrés dans l'attente d'une enquête procédurale solide) ;

2.    Demander au Groupe consultatif du président sur l'antisémitisme d'expliquer sa définition de l'antisémitisme à la communauté universitaire, comme demandé lors de la réunion du corps professoral de la FAS [Faculty of Arts and Sciences] du 7 novembre, avant de recommander toute politique touchant à la liberté de pensée et d'expression sur notre campus ;

3.    Affirmer explicitement et spécifiquement l'engagement de l'Université en faveur de la liberté de pensée, de recherche et d'expression à la lumière de la pression extraordinaire exercée sur les personnes critiquant l'État d'Israël et sur les défenseurs du peuple palestinien, et d'indiquer qu'il ne peut y avoir aucune tolérance pour une "exception palestinienne" à la liberté d’expression ;

4.    Créer un groupe consultatif sur l'islamophobie et le racisme anti-palestinien et anti-arabe (comme suggéré lors de la réunion des professeurs du FAS du 7 novembre).

 

101 signatures

 

Source


Commentaires :

1. Fils de pasteur, j'avoue en avoir plus qu'assez du mésusage fait du terme Holocauste (et ce, d'autant plus qu'avec la soi-disant Shoah, il a été largement instrumentalisé dans le but de dissimuler au public un autre terme : la Haavara !). Que ceux qui ne savent pas ce que ce mot dénaturé par Hollywood veut réellement dire jettent un oeil dans une Bible ! 

(Liens : 01 - 02 - 03 - 04)

À propos : cet article sur la Haavara est mensonger, à l'instar de plein de choses relatives à la période. Pour s'en rendre compte, il suffit de confronter les dates. Lien

2. Je suis toujours un brin circonspect lorsqu'on me parle d'une lutte contre le racisme, le sexisme, l'homophobie et/ou la transphobie. J'imagine qu'il y a à Harvard assez de bons ethnolinguistes pour savoir qu'une myriade de langues, notamment africaines, ignorent le sens de termes comme homosexualité ou trans-machin-chouette. Par ailleurs, la couleur de peau et le sexe d'une personne se voient à l’œil nu, ce qui n'est nullement le cas de ladite "orientation sexuelle". C'est pour ces raisons que je m'interdis, pour ma part, de ranger "racisme", "sexisme" et "homo/trans/phobie" sur le même plan.

3. Un million de Palestiniens forcés de quitter leurs foyers..., je doute qu'il s'agisse de "récentes actions" ! Tout bon étudiant de Harvard, et d'ailleurs, devrait quand même avoir entendu parler de la Nakba, qui est tout sauf une lubie ! 

(Liens : 01 - 02 - 03)


lundi 23 octobre 2023

What I Saw in Gaza Changed Me Forever

Ce qui suit est ma traduction d'un texte paru sur Mintpress et émanant d'une personnalité juive ayant fait sa "conversion de Paul". Il est question de Saül de Tarse, persécuteur de chrétiens qui, sur le chemin de Damas, fait une rencontre, à en croire les Évangiles. Et voilà notre homme devenu le premier des apôtres, le fameux Saint-Paul des Catholiques. Ici, nous avons quelqu'un qui a d'abord été un sioniste convaincu, et qui en est revenu, à l'instar de pas mal de ses congénères.

Relecture en cours

 

Ce que j'ai vu à Gaza m'a changé pour toujours

Ma vraie libération en tant que personne juive est liée à la libération du peuple palestinien.

par Ned Rosch, 7 Mai 2019

Retrouver les valeurs du judaïsme après une expérience sioniste est une puissante collection de 40 essais rédigés par des juifs d'origines diverses. Chacun d’eux décrit un parcours personnel allant d'une vision sioniste du monde à un activisme solidaire des Palestiniens et de ceux des Israéliens qui s’appliquent à édifier une société fondée sur la justice, l'égalité et la coexistence pacifique. Dans cet extrait de l'essai « La Palestine et mon parcours de découverte de soi », Ned Rosch décrit l'impact profond d'une visite à Gaza en 2014, peu après les bombardements intensifs de « l'opération Bord de mer » menée par Israël.

 

Le grand écrivain indien Arundhati Roy a écrit que "Le problème, c’est qu’une fois que vous voyez la chose, vous ne pouvez plus l’ignorer. Et une fois que vous l’avez vue, rester silencieux, ne rien dire, devient un acte aussi politique que d’en parler. Il n’y a pas d’innocence. De toute façon, vous êtes responsable."

À de nombreuses reprises dans ma vie, je l'ai "vue" et ai senti que les fondements fortement endurcis de mon éducation sioniste finiraient par se fissurer et se transformer en poussière, mais peut-être que rien ne m’a plus profondément ébranlé et renforcé ma perspective qu'un voyage à Gaza en novembre 2014.

Pendant une courte mais remarquable période d’une semaine et demie, j'ai eu le privilège incroyable de faire partie d'une délégation sanitaire dans cette petite bande de la Palestine historique, qui se trouve être l'un des endroits les plus peuplés de la planète, car sa population est littéralement emprisonnée par les Israéliens, avec l'aide des Égyptiens. Se retrouver là, juste deux mois après la guerre meurtrière menée par Israël en 2014 contre la population de Gaza, m’a permis d’apercevoir, à travers les histoires douloureuses que j’ai entendues et la destruction accablante dont j’ai été le témoin, l’horreur grotesque de cette guerre de 51 jours. Les structures bombardées étaient partout visibles, le chagrin universel, le traumatisme intense.

Rawya, qui assurait la traduction pour un stage que j’avais organisé à Gaza avec 15 éducateurs scolaires, m'a raconté autour d'un thé chaud que : "Nous aurons peut-être peur à notre tour. Mon mari et moi avons installé nos quatre enfants âgés de neuf à quinze ans sur des chaises, et nous et nos enfants avons discuté de ce que nous ferions si une bombe nous tombait dessus et que nous soyons les seuls survivants de notre famille. J'avais le sentiment d'avoir besoin de cette conversation car la possibilité me paraissait si réelle et, en tant que mère, je devais savoir que nos enfants avaient prévu la chose." 

Elle, les éducateurs, les enfants qu'ils voient et, selon les conseillers, cela va sans dire, tout le monde à Gaza était traumatisé. Lorsque des jets israéliens ont été entendus un soir au cours de notre séjour à Gaza, la peur qui s’amplifiait était palpable.

En accédant à Gaza, nous avons vu des squelettes obsédants de maisons, des personnes vivant dans des bâtiments dévastés par les bombes, ainsi que des mosquées, des hôpitaux et des usines en ruine. Ce qui reste gravé dans ma mémoire, ce sera probablement ce que nous avons vu dans des quartiers civils fortement bombardés. Il est difficile de trouver des mots permettant même de décrire la dévastation totale du territoire.

Les Palestiniens vivaient désormais dans des baraques de fortune de carton et de couvertures, entourées de gravats. Même si j’avais vu auparavant les mêmes images sur des sites, l’impact produit par la vision de ces familles accroupies près de ce qui était tout ce qu’elles possédaient et qui, en quelques secondes, avait été totalement anéanti, m'a coupé le souffle, à l’instar du pan éclaté d’une grande dalle de béton, avec dessus les noms peints à la bombe des membres d’une famille ensevelis sous les monticules de débris, et une femme assise sur les gravats tout en regardant au loin, tandis qu’un mariage était célébré au milieu d'immeubles ravagés.

Dans un camp de réfugiés, une Palestinienne bien dynamique nommée Reem m'a dit qu'elle ne pouvait plus penser à l'avenir. "Tout ce que j'ai, expliquait-elle, est valable aujourd'hui et cela me suffit, dès lors que cela m’offre de nombreuses opportunités pour aider les gens."  

Reem ouvrait des centres dans certaines des zones les plus détruites de Gaza, des centres où les enfants jouent, lisent, chantent, apprennent le français, plantent des graines dans des gobelets en papier - pour peut-être avoir un aperçu de ce que pourrait être une enfance "normale." 

Rien n'est normal à Gaza. Une décennie de siège et trois guerres ont ravagé l’économie, emporté la vie de milliers de personnes, détruit l’environnement et anéanti les espoirs de voir les choses s’améliorer un jour, peut-être y avoir un avenir.

Yasser, un homme doux, directeur exécutif du programme de santé mentale communautaire de Gaza, a perdu 28 membres de sa famille élargie au cours de la guerre de 2014. Personne à Gaza n'a été épargné sur le fait d’avoir un proche tué ou blessé lors du brutal et implacable assaut israélien. Yasser a déclaré que sa famille parlait de 28 chaises vides.

La famille de Mohammed compte maintenant 10 personnes de moins. L'un des défunts était une jeune fille qui a été d’abord sauvée après avoir survécu pendant dix jours sous un énorme tas de béton et de barres d'armature, avant de mourir à l'hôpital deux jours plus tard. Elle s'appelait Yasmin. 

"Je ne peux pas me sortir Yasmin de la tête avoir Yasmin ni l’idée de ce que ses derniers jours ont été," dit Mohammed, les larmes coulant sur sa chemise.

Tout le monde aspire à l'ouverture des frontières pour pouvoir respirer, travailler, voyager, étudier à l'étranger ou obtenir des soins médicaux qui ne sont pas disponibles à Gaza en raison de la pénurie de tout ce qui a été causé par le siège israélien. Pourtant, la plupart affirment qu'ils reviendraient chez eux. 

" Tout comme un poisson ne peut pas survivre hors de l'eau, nous ne pouvons pas vivre longtemps loin de Gaza. Nous devons rentrer à un moment donné.", a déclaré Walaa, une jeune femme titulaire de deux diplômes de troisième cycle et qui était au chômage en pleine économie dévastée de Gaza.

Imad, un infirmier travaillant à plein temps et qui n’était plus payé depuis plus d’un an, m’a invité à rencontrer son épouse et ses huit enfants dans leur appartement extrêmement modeste mais confortable. Lorsqu'on lui a demandé comment ils survivaient sans revenus et avec tant de bouches à nourrir, Imad a expliqué que tout le monde à Gaza faisait ce qu'il pouvait pour aider les autres, car ils se trouvaient tous dans le même bateau. Il a ensuite haussé les épaules et posé pensivement la question que nous entendions si souvent : "Que pouvons-nous faire ?"  

Il est frappant de réaliser que 2 millions de Palestiniens sont emprisonnés à Gaza, soit dans une zone de seulement 25 miles de long et 5 à 8 miles de large - plus petite que la région métropolitaine de Portland.

Une merveilleuse animatrice, qui s’occupait de groupes d'enfants à Gaza, m'a invitée dans un de ces groupes pour des enfants de 5 ans ayant perdu leur maison, leur famille, leur innocence - et bien plus encore - dans des attentats à la bombe. Je me suis assis au sein du cercle parmi les enfants, alors qu'ils choisissaient des reproductions de visages heureux ou tristes pour représenter ce qu'ils ressentaient. Une fillette a déclaré qu'elle avait pris un visage triste parce que son grand-père avait été tué par une bombe. D'autres ont pris des visages tristes parce qu'ils avaient fait de mauvais rêves. L’animatrice m'a dit que sa propre fille de 10 ans l'avait implorée pendant la guerre : "Ne me laisse pas seule. Je veux qu’on meure ensemble."

Il y a donc suffisamment de stress, de chagrin, de douleur et de tristesse à vivre, mais il existe également une quantité remarquable d’amour, de générosité et de détermination. Ramadan, qui a traduit pour moi lors d’un de mes ateliers, et qui prépare un doctorat en psychologie, m’a fait observer que, de même que beaucoup de gens ne peuvent apprécier l’importance de leur santé que lorsqu'ils tombent malades, les Palestiniens ne peuvent ressentir plus intensément l'absence d'une patrie qu’après l'avoir perdue si brutalement. "D'autres ont une patrie physique, un endroit où ils vivent ou qu’ils visitent. Notre patrie vit dans nos cœurs.", m'a dit Ramadan autour d'un café, au son du clapotis des vagues sur le rivage.

Alors que je marchais dans un secteur de Gaza qui avait été fortement bombardé par les Israéliens, observant des maisons, des immeubles d'habitation et une école complètement détruits, un homme d'âge moyen est venu vers moi et m'a poliment offert un grand manuscrit recouvert de la poussière provenant des décombres d’habitations toutes proches détruites au cours d’un bombardement. Quand je lui ai demandé ce que c'était et pourquoi il voulait me le donner, il m'a fait signe de le suivre de l'autre côté de la rue jusqu'à un énorme tas de débris. Alors que nous gravissions le monticule en évitant les éclats de verre, les barres d’armature tordues et le béton, il a sorti son téléphone et m’a montré la photo d’une maison très attrayante et bien entretenue - sa maison. Il a expliqué que la famille occupait cette maison et que tout avait été détruit, à l'exception du manuscrit, sa thèse de doctorat, qui était une critique littéraire des œuvres d'Ezra Pound et de T.S. Eliot.

Ce professeur, qui avait tout perdu, insistait pour que je prenne ce qui restait d'une vie. Je ne saurai jamais pourquoi. Peut-être que c’était l’hospitalité palestinienne qui l’obligeait à donner quelque chose à cet invité, et c’était tout ce qu’il avait à offrir. Peut-être voulait-il que j’emporte ce document en lieu sûr, sachant que rien n'était en sécurité à Gaza. Peut-être ce professeur disait-il qu'en dépit de toutes les destructions que les Israéliens pouvaient déclencher à leur guise, il y avait une chose qu'ils ne pourraient jamais détruire : les idées - pas seulement à propos de Pound et Eliot, mais aussi à propos du rétablissement de la justice pour un peuple qui a souffert une brutalité et une dépossession inimaginables.

Je continue de me débattre avec beaucoup de choses, dont la moindre n’est pas le fait de trouver les mots justes pour exprimer de manière adéquate l’intensité de l’expérience de connaître, de façon modeste mais profondément significative, un certain nombre de personnes inoubliables et belles à Gaza, ainsi qu’un aperçu de la réalité incroyablement dure de leur vie. Il est difficile de comprendre comment l’occupation et le siège de Gaza, qui détruisent lentement mais très régulièrement la vie de deux millions de personnes, peuvent se matérialiser et comment le monde fait si peu pour arrêter cela. La question d’Imad : "Que pouvons-nous faire ?" Résonne dans ma tête. Une partie de ce que je peux faire est claire : un engagement plus fort, comme le dit Arundhati Roy, à prendre la parole, affirmant plus largement et plus souvent l’importance de la lutte des Palestiniens, car nous, les Américains, sommes si profondément complices de l'occupation israélienne en cours sur la terre palestinienne. La majeure partie de ce que je peux faire va sûrement émerger avec le temps, tandis que je continue à penser aux personnes que j'ai rencontrées et qui ne veulent rien d'autre que vivre. À Gaza, j'ai laissé derrière moi des amis et un morceau de mon cœur - un cœur brisé bien des années auparavant par le conflit entre ce que j'avais appris à penser de ce qu’était Israël, et ce que j'avais finalement appris, qui était la sombre réalité d'Israël.

Il y a des années de cela, j’avais sincèrement cru que j’étais plus ouvert d’esprit que ça, lorsque j’essayais de croire fermement qu’il existait deux récits légitimes et très différents, un juif et un palestinien, deux revendications fondamentalement irréconciliables du même terrain, et c'est pourquoi le conflit était si insoluble. Mais ce qui était vraiment insoluble, c’était la bataille qui faisait rage dans ma tête et encore plus vigoureusement dans mon cœur. Voyez-vous, j'étais devenu un progressiste sur tous les sujets, sauf un. J'ai défilé pour les droits civils, les droits des femmes, les droits des personnes LGBTQ, les droits de tous, y compris l’abolition de la guerre. Mais en ce qui concernait Israël et la Palestine, j'étais extraordinairement déchiré. Même à supposer que mes amis eussent pu me dire la vérité, comment aurais-je pu tourner le dos à mon propre peuple et à ma propre éducation, surtout après les milliers d'années de souffrances endurées par les Juifs ? L’histoire juive des pogroms, de l’antisémitisme et des horreurs de l’Holocauste n’est-elle pas au moins aussi convaincante, sinon plus ? Après tout, en tant que personne nommée d'après une victime de l'Holocauste, j'étais un maillon d'une longue chaîne. 

Comment pouvais-je contribuer à saper la lutte juive pour reconstruire un peuple décimé après l'Holocauste ainsi qu’après la création récente de l'État d'Israël ? Avec le temps et l’introspection, mon double univers narratif a commencé à s’effilocher, puis à se défaire complètement. 

Le coup fatal est probablement venu lorsqu'un ami palestinien m'a demandé pourquoi les juifs avaient tant de mal à intégrer l'expérience palestinienne à la compréhension juive de l'histoire. Je n’ai pas bien saisi sa question et, avec appréhension, lui ai demandé de s’expliquer. Il m'a mis au défi de ne pas voir deux récits contradictoires, mais une histoire, une histoire de ce qui s'est réellement passé. Cette question et ce défi, ainsi que l'exploration et la ré-exploration de leurs réponses, m'ont conduit dans l'un des voyages les plus profonds et les plus enrichissants de ma vie. 

C’était la confrontation d’un effort fondamental visant à réconcilier ma vision des choses autour d’Israël et de la Palestine, avec les valeurs fondamentales de mon cœur et, au bout du compte, la révélation du fait que, dans l’essence même de mon être, ma véritable libération en tant que Juif était désormais intrinsèquement liée à la libération authentique du peuple palestinien. Mon sens de la liberté et de la complétude ne sera atteint que lorsque chaque Juif - et chaque Palestinien - sera libre. Le sionisme emprisonne non seulement les corps palestiniens, mais aussi les esprits juifs.

J'ai fini par comprendre que la merveilleuse tradition juive de "La Justice, La Justice tu poursuivras !" m'obligeait à prendre position avec d'autres personnes de bonne volonté, y compris de nombreux Juifs, pour soutenir mes frères et sœurs palestiniens dans leur douleur, leur lutte et leur résistance. Pour moi, la percée a été la prise de conscience ultime que prendre la défense des Palestiniens ne voulait pas dire tourner le dos à mon peuple. 

Au contraire, en soutenant la lutte palestinienne pour la liberté, je défendais les valeurs les plus élevées du judaïsme et les revendiquais pour moi-même, d’une manière profondément nouvelle et personnellement significative. Nelson Mandela a déclaré un jour : "Nous savons trop bien que notre liberté est incomplète sans la liberté des Palestiniens."

 

Source

 

Notes

1. Fils de pasteur, je ne supporte pas de lire le mot "holocauste" sous la plume d'un "Juif" qui se respecte. Que des cohortes de guignols incultes usent de ce mot, je peux l'admettre, mais des Juifs, là je dis NON ! (Lecture)

2. Une bonne partie de mon lectorat est faite de jeunes gens que j'ai pu avoir comme élèves et j'ai pour habitude de les titiller en les incitant à rechercher systématiquement des mots-clés (ou expressions-clés) dans les textes qu'ils lisent, histoire d'en faciliter la compréhension. Mais pour ne pas surcharger le texte, je me suis contenté de mettre en exergue quelques passages en les colorant de rouge.  

3. Je rappelle que l'auteur de ce texte est un ancien sioniste, à l'instar de bien des gens ayant viré leur cuti, je pense au fameux Noam Chomsky, linguiste dont j'ai entendu parler pour la toute première fois sur les bancs de la Fac.

4. J'ai inventé sur Twitter le néologisme "Möchtegernjuden", en pensant à Jacques Brel : "Ils veulent avoir l'air, mais ils n'ont pas l'air du tout ! (...) Chez ces gens-là...". Et c'est bien parce que, fils d'un pasteur hébraïsant, ayant eu moi-même deux "fiancées" ashkénazes et ayant sévi dans ma jeunesse comme professeur à domicile, notamment les dimanches, dans des familles pratiquant le shabbat, que j'ai appris à faire la différence entre les vrais Juifs et les faux : les vrais Juifs ont une foi monothéiste et sont dans l'attente d'un Messie. Israël est tout sauf un État Juif (le bel oxymore !) et il ne suffit pas de s'appeler Blumberg, Benchetrit, Wainstein... et que sais-je encore pour se dire juif/ve !