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dimanche 13 mars 2022

Une passionnante conversation entre une jeune Ukrainienne et Sir Roger Waters

En visitant le compte Twitter de Roger Waters, je suis tombé sur un courrier à lui adressé par une jeune Ukrainienne. Je l'ai trouvé suffisamment passionnant pour le traduire en français, pour les besoins des non-anglophones. Du coup, il va pouvoir être lu dans le monde entier dans d'autres langues que l'anglais, et ce, grâce au traducteur intégré visible ci-dessus. Je me suis tout de même permis d'ajouter mon grain de sel au courrier de cette jeune fille, sous la forme d'annotations en fin de texte.

(Source)

Je m'appelle A.M. et je vis en Ukraine. Aujourd'hui, mon pays résiste à cette invasion russe et une véritable guerre a été déclenchée par le président russe et menée par son armée. Je suis une grand fan de Pink Floyd et de Roger Waters et il était important pour moi d'entendre l'opinion de Roger sur toute la situation actuelle, laquelle pourrait paraître moins urgente dès lors que cette guerre ne pourrait être considérée que comme "notre seul problème", mais malheureusement elle devient rapidement une catastrophe pour l'Europe et le monde entier.

La guerre a commencé il y a onze jours (1), et chaque jour nous entendons les sirènes qui avertissent des bombes lancées par les occupants russes. L'agression de la Russie détruit MON pays, tue des centaines d'adultes et d'enfants innocents dans MON pays et je ne peux pas expliquer combien d'Ukrainiens sont obligés de quitter leurs maisons et de fuir cette folie. Les villes de l'est de l'Ukraine sont détruites par l'armée russe (2). Des centaines de milliers de personnes évacuent et deviennent des réfugiés et leur nombre augmente chaque minute. Je souffre, comme beaucoup d'autres Ukrainiens, car cela fait très mal de voir comment MON pays devient une cible militaire pour la Russie et son dirigeant fou, lequel est convaincu qu'il y a des "néo-nazis", qui doivent être éliminés. C'est absolument faux, parce que je vis ici, et je peux dire à 200% qu'il n'y a pas de telles personnes chez nous. (3)

Je demande à Roger de s’exprimer publiquement sur cette guerre, car je n'arrive toujours pas à comprendre comment une personne qui a écrit un nombre important de textes anti-guerre n'a pas encore parlé de cette tragédie. En outre, je comprends parfaitement que le point de vue de Roger puisse être différent du mien, mais je lui demande juste de livrer sa propre opinion sur cette guerre. C'est mieux que de se taire, car dans cette situation, le silence est l'un des pires ennemis - il est impossible de construire un mur dans cette situation et de rester isolé face à ce problème.

Je suis sûre à 95% que cette lettre ne sera pas remise directement à Roger, et ce serait un miracle si j'avais une réponse.

Cependant, un homme qui parle des risques de catastrophe nucléaire et de l'absurdité de la guerre ne peut pas rester silencieux dans cette situation. Faites connaître votre position au monde entier !

Salutations cordiales depuis l’Ukraine.

A.M.

 

Réponse de Roger Waters

Chère Alina, j'ai lu ta lettre, je ressens ta douleur, je suis dégoûté par l'invasion de l'Ukraine par Poutine ; c'est une faute criminelle à mon avis, l'acte d'un gangster ; il doit y avoir un cessez-le-feu immédiat. Je regrette que les gouvernements occidentaux alimentent le brasier qui va détruire votre beau pays en déversant des armes en Ukraine, au lieu d'engager les ressorts diplomatiques nécessaires à l’arrêt des massacres. Sois assurée que si tous nos dirigeants ne baissent pas d’un ton et ne s'engagent pas dans des négociations diplomatiques, il ne restera pas grand-chose de l'Ukraine à la fin des combats. Une insurrection de longue haleine en Ukraine serait une aubaine pour les faucons gangsters de Washington ; c'est ce dont ils rêvent : "jouer le jeu" comme ils le font, avec le sentiment courageux d’être "hors d’atteinte". J'espère désespérément que votre président n'est pas un gangster lui aussi, qu'il fera ce qui est le mieux pour son peuple et qu'il exigera des Américains qu'ils viennent à la table des négociations. Mais, malheureusement, de nombreux dirigeants du monde ne sont que des gangsters et mon dégoût pour les gangsters de la politique n'a pas commencé la semaine dernière avec Poutine. J'ai été dégoûté par les gangsters Bush et Blair lorsqu'ils ont envahi l'Irak en 2003, j'ai été et je suis toujours dégoûté par l'invasion de la Palestine par le gouvernement de gangsters d'Israël en 1967 et par l'instauration subséquente sur  cette terre d’un apartheid qui dure maintenant depuis plus de cinquante ans. J'ai été dégoûté par les gangsters Obama et Clinton, qui ont ordonné les bombardements illégaux de l'OTAN en Libye et en Serbie. Je suis dégoûté par la destruction massive de la Syrie, initiée, comme on le sait depuis, en 2011 par une ingérence extérieure visant à un changement de régime. J'ai été dégoûté par l'invasion du Liban en 1982, lorsque le gangster Shimon Peres, de connivence avec les milices phalangistes chrétiennes, a permis l’assassinat de réfugiés palestiniens dans les camps de Sabra et Chatila, dans le sud du pays.

Je compatis avec toi, Alina, ainsi qu'avec tes parents, tes oncles, tes tantes, tes frères, tes sœurs et tes cousins. J'ai perdu aussi bien mon père, Eric Fletcher Waters que mon grand-père, George Henry Waters dans des guerres contre les Allemands.

Crois-moi quand je te dis que je crois en la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme signée à Paris en 1948. Je me suis battu de toutes mes forces pour promouvoir et soutenir les droits de l'Homme pour tous mes frères et sœurs dans le monde entier, aussi loin que je me souvienne, et je te soutiens, toi et les tiens, de tout mon cœur.

En parlant de gangsters, je dois te contredire sur un point de ta lettre : ta conviction "à 200 %" qu'il n'y a pas de néonazis dans ton pays est presque à coup sûr  erronée. Tant le bataillon Azov de votre armée, que la Milice nationale et le C14, sont des groupes néo-nazis autoproclamés bien connus. Ce sont aussi des gangsters.

Par ailleurs, je n'ai pas été silencieux sur l'Ukraine ; j'ai écrit un article qui a été distribué la semaine dernière par Globetrotter, je vais l'annexer à ce billet.

Quoi d'autre, Alina ? Eh bien, nous, le peuple, chacun d'entre nous dans tous les pays du monde, y compris en Ukraine et en Russie, pouvons combattre les gangsters ; nous pouvons leur dire que nous ne participerons pas à leurs guerres obscènes et mortelles pour s'approprier le pouvoir et les richesses aux dépens des autres humains ; nous pouvons leur dire que nos familles, en fait toutes les familles du monde entier, comptent plus pour nous que tout le pouvoir et l'argent du monde.

Là où je vis, aux États-Unis, nous pouvons nous joindre à Black Lives Matter, Code Pink, BDS, Les Vétérans (de guerre) pour la Paix ou une myriade d'autres organisations anti-guerre, légalistes, pro-liberté et pro-droits de l'Homme.

Je ferai tout mon possible pour aider à mettre fin à cette horrible guerre dans ton pays, toutes choses ne consistant pas (bêtement) à agiter un drapeau pour encourager un massacre. Car c’est cela que veulent les gangsters. Ils veulent que nous ayons des drapeaux. C'est comme ça qu'ils nous divisent et nous contrôlent, en encourageant l'agitation de banderoles pour créer un écran de fumée d'inimitié dans le but de nous aveugler sur notre capacité innée d'empathie les uns envers les autres, pendant qu'eux-mêmes seraient occupés à piller et violer notre fragile planète. Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour contribuer à ramener la paix pour toi, ta famille et ton beau pays. La longue guerre/insurrection lancinante qu'encouragent Hillary Clinton, Condoleeza Rice et le reste des gangsters de Washington n'est pas dans votre intérêt ni dans celui de l'Ukraine. Je te souhaite le meilleur Alina.

Merci pour ta lettre et si tu décides d'envoyer une réponse à mon courrier, je la publierai. Promis.

 

Observations

(1) La guerre qui secoue l'Ukraine en ce moment n'a pas débuté "il y a onze jours", tel que déclaré par cette jeune fille. Enfin, quand même ! Et là, je dois battre ma propre coulpe, n'ayant quasiment été jamais "aware" (conscient) de ce qui se passait dans le Donbass depuis la prétendue "révolution" du Maïdan, pilotée de bout en bout par les États-Unis et leur Deep-State [État profond, une mafia composée de vrais oligarques, ceux-là, détenteurs du vrai pouvoir, qu'ils se contentent de déléguer pour la façade aux occupants de la Maison Blanche, et parfaitement identifiés par le mouvement Occupy Wall Street]. Il a fallu, en ce qui me concerne, que Vladimir Poutine lance l'opération spéciale que l'on sait, pour que, dans la foulée, je découvre le travail effectué par les reporters de RT ainsi que par la Française Anne-Laure Bonnel (voyez mes articles précédents sur ce blog).

Et c'est là qu'on mesure l'exceptionnelle nocivité de ceux que Waters appelle des "gangsters", des gens sans foi ni loi. De fait, les atrocités dans le Donbass, commises par Porochenko, la marionnette installée aux affaires par le Deep State, et ses sbires, ne vont prendre ce tournant que parce que le nouveau pouvoir ukrainien et les milices qui l'assistent ont été adoubés par de puissants parrains... à l'Ouest ! Et comment ne pas citer, ici, cette figure de femme absolument fatale qu'est Victoria Nuland ?

(2) Euh, là je ne suis pas sûr d'avoir tout compris. Par "Est de l'Ukraine" elle veut dire "Donbass" ou considère-t-elle que le Donbass ne fait pas/plus partie de l'Ukraine ? Il me semble, au vu des innombrables destructions, que celles intervenues dans le Donbass - soit bel et bien "à l'Est de l'Ukraine", sauf à entériner la décision des autorités des deux entités séparatistes - seraient difficiles à attribuer à l'armée russe !

(3) Roger Waters y a répondu succinctement : il y a bien des Néo-Nazis en Ukraine, notamment dans les arcanes du pouvoir. Et la meilleure façon de l'illustrer est de s'appuyer sur des archives fiables. Suivez les liens plus bas...

Plus généralement,  Roger Waters pense ce qu'il veut de Vladimir Poutine. Pour ma part, j'estime que le président russe a fait preuve d'une exceptionnelle patience, de même qu'il ne manque pas d'intuition, sans parler de l'efficacité de ses services secrets, dès lors que l'on découvre maintenant que, malgré toutes les promesses faites à Gorbachev et à Eltsine, les Occidentaux regroupés au sein de l'OTAN ont montré qu'ils n'avaient aucune parole, puisqu'il se confirme désormais que l'OTAN avait déjà un pied dans l'Ukraine. C'est dire si l'entrée officielle du pays au sein du gang criminel international était imminente !

Le plus incroyable est que le Deep State qui pilote toute cette mafia internationale ait été prévenu par Poutine via le retour de la Crimée à la Russie. Mais, apparemment, l'avertissement n'a pas suffi !

Tout aussi ahurissant est de voir que, malgré la bonne volonté mise par Russes et Chinois dans le dossier iranien, qui les a vus s'asseoir aux côtés des occidentaux face au régime des mollahs, les Américains et leurs laquais n'en ont pas moins persévéré dans les coups fourrés anti-russes et anti-chinois, comme le montre leur obsession à vouloir encercler militairement la Russie, tout en maintenant leur comportement de pyromanes du côté de Taïwan. 

Imaginez, une seconde, la rétorsion qui pourrait venir tant de la Chine que de la Russie dans les négociations sur le nucléaire iranien, ces deux pays décidant de quitter le navire. Le Deep State américain et ses laquais se retrouveraient Gros-jean comme devant ! C'est vraiment à se demander QUI dirige réellement ces pays ! Je sais : la question ne devrait plus se poser maintenant !

Pour mémoire, en 2014, il y avait déjà des atrocités commises dans le Donbass, mais là, zéro préoccupation "humanitaire" de la part de la pourriture internationale à laquelle on donne du "Mister/Mrs President/Prime Minister", zéro intervention de l'ONU, de la Cour Pénale Internationale, de la Croix Rouge, du Pape... Sinon, à votre avis, si ce ne sont pas les séparatistes du Donbass qui ont tiré sur leurs propres concitoyens et détruit leurs propres habitations et infrastructures (2014), alors qui ? (Source)


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lundi 20 septembre 2021

Fin de partie à Daraa Al Balad (Syrie). Un article de Vanessa Beeley

S'il fallait une preuve supplémentaire de la déconfiture desdits médias mainstream, nous l'avons une nouvelle fois ici, avec un passionnant article rédigé par une "insider" (quelqu'un qui vit la chose de l'intérieur en étant sur le terrain). Depuis l'agression de la mafia baptisée OTAN en Libye, nous sommes quelques-un à savoir que, pour l'essentiel, le soi-disant soulèvement populaire de 2011 contre Bachar El-Assad était parti de Libye, avec des mercenaires stipendiés et armés par la coalition de gangsters qui avait eu raison du régime de Mouamar El-Kadhafi. Fort heureusement, une presse alternative ne cesse de se développer, s'appuyant sur ce formidable outil qu'est l'Internet, ce qui nous vaut de découvrir de formidables analyses comme celle de Vanessa Beeley, que j'ai pris soin de traduire en français, in extenso. (Source)   

 

Le soi-disant "berceau de la révolution" contre Assad a été libéré - la campagne de l'Occident pour renverser le leader syrien est pratiquement terminée.

Après trois années d'un cessez-le-feu fragile ponctué par une campagne d'assassinats de "fidèles" du gouvernement syrien par des groupes supplétifs armés, composés de fondamentalistes, le drapeau syrien a de nouveau été hissé à Daraa Al Balad.

Les médias occidentaux se sont toujours appliqués à présenter l'émergence de groupes armés extrémistes à Daraa, au sud de Damas, comme ayant été le "berceau de la révolution" visant à renverser le gouvernement syrien. La réalité est que Daraa fut une mèche allumée par des mercenaires libyens purs et durs importés dans la ville avant 2011.

À partir de Daraa, les flammes "révolutionnaires" attisées par la coalition dirigée par les États-Unis, le Royaume-Uni et Israël, dont le siège se trouve en Jordanie et qui est financée par l'argent couvert de sang fourni par les États du Golfe, allaient embraser la Syrie pendant dix longues années. À Daraa, les gangs extrémistes des Frères musulmans, soutenus par la CIA et le MI6, ont pris la tête de ce soulèvement orchestré depuis l'étranger, soulèvement dont le pouvoir avait été démultiplié par les armes et les factions terroristes libyennes, tout en bénéficiant d'une présentation laudative de la part du complexe médiatique colonial dirigé par la BBC, CNN et Al Jazeera.

Une tentative d'absorber des militaires extrémistes dans les brigades armées contrôlées par la Russie s'est avérée contre-productive.

En 2018, une trêve précaire fut négociée par les équipes de réconciliation russes, avec pour conséquence que les groupes armés illégaux restés à Daraa Al Balad, plaque tournante de la violente insurrection parrainée par les États-Unis, ont été persuadés de déposer les armes lourdes mais autorisés à conserver leurs armes légères dans le cadre de l'accord de paix. La Russie a effectivement tenté de mettre au pas ces groupes armés brutaux en les absorbant dans des divisions armées fondées et contrôlées par elle. Selon des médias proches de ces milices, un ancien dirigeant de l'Armée syrienne libre, Ahmed Al-Awda, s'est vu confier le commandement de la 8e brigade, "une subdivision du cinquième corps fondé par la Russie".

Il semble néanmoins que ce fut probablement une erreur de calcul de la part de la Russie, qui souhaitait mettre fin rapidement aux combats sur le front sud. Ces groupes armés, qui avaient commis de multiples crimes de guerre et atrocités contre les civils syriens et les forces armées antiterroristes, n'avaient pas l'intention de renoncer à leur campagne de représailles contre toute personne qu'ils considéraient comme loyale au gouvernement et à l'État syriens. Et on a vu ces mêmes bandes extrémistes, autrefois associées aux factions terroristes d'Al-Qaïda et d'ISIS (Daech) dans le Sud du pays, déclencher plus d'une offensive traîtresse.

J'ai vu de mes propres yeux l'horrible bilan des sanctions occidentales sur les populations syrienne et libanaise

Depuis la mi-2019, même l'Observatoire syrien des "droits de l'homme", financé par l'UE, a fait état de plus de 1136 attaques et assassinats qui ont coûté la vie à 774 Syriens, dont 12 femmes et 22 enfants, tous victimes de tirs d'armes à feu, de détonations d'engins explosifs improvisés, ainsi que d'attaques suicides en voitures et en motos. Les gangs se sont également battus entre eux, assassinant des chefs et des membres de gangs rivaux. En juillet 2021, des civils, dont un enfant, ont été tués et blessés lorsque ces gangs armés ont bombardé l'hôpital national de Daraa, après avoir manifestement reconstitué leur arsenal d'armes lourdes.

La présence des forces spéciales britanniques dans la région indique que les groupes armés continuaient d'être formés par les Britanniques à l'utilisation d'engins explosifs improvisés dans le cadre d'opérations antigouvernementales. En mars 2020, des hélicoptères Chinook de la RAF, basés à Chypre, ont été mobilisés pour secourir un soldat SAS blessé par l'explosion d'un engin explosif improvisé "au cœur de la zone de guerre" située dans le sud de la Syrie.

J'ai rencontré Adham Alkarad, commandant de la division du génie et des missiles des FSA (1), en septembre 2018, après une visite agitée à Daraa, alors que l'encre de l'accord négocié par la Russie n'était pas encore sèche. Alkarad m'avait prise en aparté en tant que journaliste britannique, supposant que j'étais sympathique à la cause, et m'avait donc informé qu'ils ne capituleraient jamais et que, même avec des armes légères, ils poursuivraient leur violente croisade soutenue par la coalition américaine pour renverser le gouvernement syrien et anéantir les "loyalistes" s'opposant à la présence du groupe armé à Daraa.

Alkarad m'avait dit à l'époque que les manifestations allaient se poursuivre et qu'il contacterait directement la BBC et CNN pour obtenir leur couverture et leur soutien. Alkarad était le concepteur de la fusée Omar, pesant 500 kg, qui a causé d'horribles dégâts aux infrastructures civiles et aux cibles militaires pendant le règne de la terreur à Daraa. Alkarad a lui-même été assassiné par des inconnus en octobre 2020.

La BBC a admis que ses journalistes n'avaient pas respecté leurs propres normes de précision lorsqu'ils ont insinué que l'informateur de l'attaque de Douma était motivé par l'argent.

Damas a perdu patience avec l'extrémisme armé et repris le contrôle de Daraa Al Balad.

Après des mois de négociations, de siège et d'affrontements militaires entre Damas et les groupes armés de Daraa, un cessez-le-feu définitif a été conclu le 31 août (2021), la Russie jouant un rôle moins important dans le règlement. Une semaine avant la conclusion de cet accord, le roi Abdallah II de Jordanie avait rencontré le président Poutine à Moscou pour accorder la priorité à la résolution des problèmes de sécurité à Daraa.

Le 9 septembre (2021), le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, a commenté l'accord négocié pour résoudre les tensions dans la province de Daraa. Il est intéressant que cette explication ait été donnée lors d'une conférence de presse conjointe avec le ministre israélien des Affaires étrangères, Yair Lapid. L'accord russe initial de 2018 avec les groupes armés avait offert à Israël des garanties que l'Iran et le Hezbollah seraient maintenus à une distance sûre des frontières israéliennes avec la Syrie.

Lavrov a effectivement annoncé que la province serait rendue aux forces légitimes de l'Armée arabe syrienne et que les militants extrémistes devraient à nouveau rendre leurs armes lourdes. Des négociations sont en cours sur la destination de retrait des groupes armés, leur maintien à Daraa étant "improbable".

Il s'agit d'un coup dur pour Israël, dont les violations continues de l'espace aérien libanais et l'agression illégale contre la Syrie n'ont pratiquement pas fait l'objet de représailles armées et ont été à peine rapportées par les médias occidentaux. Cela pourrait changer avec le retour de Damas aux commandes dans le sud du pays et le changement de pouvoir qui ouvrira presque certainement la porte à une présence militaire iranienne et du Hezbollah plus proche des frontières entre Israël et la Syrie, afin de dissuader les offensives israéliennes.

Certes, lorsque je suis entrée dans Daraa Al Balad le 12 septembre dernier, nous avons vu des drapeaux russes et syriens flotter côte à côte, mais sur le site lui-même, c'est le drapeau syrien qui occupait la première place. D'après les conversations que j'ai eues avec des civils, il était clair que la "paix" était encore brute et volatile. Des soldats syriens de la 15e division m'ont parlé des perspectives de résolution durable et se sont montrés optimistes. Une flambée entre des membres de groupes armés et des soldats syriens a été désamorcée de manière courtoise pendant notre séjour. Les enfants à qui j'ai parlé m'ont dit qu'ils étaient heureux de pouvoir enfin retourner à l'école. Il est trop tôt pour prédire l'issue de cet accord, mais il est clair qu'il n'y aura pas de compromis sur le retour de Daraa et de sa campagne environnante sous le contrôle de Damas et de l'armée syrienne tant que la paix n'aura pas été entièrement rétablie et que les relations entre l'État et les citoyens ne seront pas normalisées.

Que signifie ce changement de pouvoir pour Damas et la coalition américaine, y compris pour Israël ?

Il est important d'examiner les événements de Daraa dans le contexte des alliances et concessions géopolitiques émergentes, afin de saisir la signification de ce qui vient de se passer dans le sud de la Syrie.

Le 13 septembre dernier, le Premier ministre israélien, Naftali Bennet, s'est rendu en Égypte pour la première fois en dix ans, apparemment pour discuter des relations entre Israël et la Palestine avec le président Abdel Fatah Al-Sisi. L'Égypte s'oriente vers une normalisation de ses relations avec la Turquie, relations tendues depuis le renversement de l'homme-lige des Frères musulmans au Caire, le président Mohammed Mursi, en 2013. Le consul général égyptien à Damas a laissé entendre que la condition d'un rétablissement complet des relations bilatérales égypto-turques était le retrait de la Turquie du territoire syrien.

La concession la plus importante faite à Damas à la suite de Daraa a peut-être été faite par les États-Unis eux-mêmes. Désespérant d'éviter que le Hezbollah ne soit salué comme le champion du peuple libanais après avoir assuré l'approvisionnement en pétrole iranien via la Syrie, l'ambassadeur américain au Liban est intervenu pour lever partiellement les sanctions contre la Syrie afin de faciliter le transfert de gaz naturel et d'électricité de l'Égypte vers le Liban via des pipelines entre la Jordanie et le sud de la Syrie. Certaines parties des pipelines en Syrie ont besoin d'être réparées car elles traversent Daraa en direction de Homs, puis de Tripoli, au nord du Liban.

Cela nous informe non seulement sur la raison pour laquelle Daraa était un élément central des plans américains de vol d'énergie et de ressources en Syrie, mais cela nous montre également l'intelligence des mesures prises par Damas pour sécuriser Daraa à ce moment crucial de la partie d'échecs régionale. Les États-Unis se sont vus forcer la main par une nation qui résiste depuis dix ans à leur intervention militaire par procuration et par les alliés les plus fidèles de la Syrie au Liban.

La Jordanie tente depuis un certain temps de se libérer de ses chaînes coloniales et de normaliser ses relations commerciales avec la Syrie voisine. La percée a eu lieu en septembre 2021, lorsque la Syrie a été incluse dans une réunion quadripartite organisée par la Jordanie et comprenant le Liban et l'Égypte, afin de se concentrer sur la logistique de la fourniture de gaz et d'électricité égyptiens au Liban dépourvu d'énergie. Il s'agissait de la première visite de responsables syriens en Jordanie depuis 2011, date du début de la sale guerre menée par la CIA et le MI6 contre la Syrie.

Le coup de grâce aux agendas néocolonialistes de la coalition américaine et d'Israël/Turquie en Syrie a été donné par le sommet entre le président Assad et le président Poutine le 16 septembre dernier à Moscou. Au cours d'une session à huis clos de 90 minutes, les deux dirigeants ont discuté des priorités militaires, politiques et économiques, dont le retour de la province de Daraa sous le contrôle de l'État syrien et la potentielle libération totale et définitive d'Idlib, dans le nord-ouest, de l'occupation terroriste turque, que ce soit sous forme directe ou par procuration.

Ce sommet, ainsi que la dénonciation syro-russe de l'occupation et de l'annexion illégales du territoire syrien par la Turquie et les États-Unis, ne sont pas de bon augure pour le projet de changement de régime initié par les États membres de l'OTAN, projet ayant débouché sur un échec coûteux et lamentable depuis son lancement en 2011.

Les conséquences de la résolution de Daraa seront d'une grande portée pour Israël, la Turquie et le projet de la CIA/MI6 visant à contrôler le pôle économique central syrien au Moyen-Orient. Damas, la Russie, l'Iran et le Hezbollah ont volé la vedette à leurs ennemis, malgré la pression que subit la Syrie en raison de la guerre à multiples facettes qui lui est menée depuis dix ans. Il reste à voir comment la coalition américaine tentera de se relever de cette défaite ignominieuse et d'éviter d'admettre qu'elle a été contrainte de faire un premier pas vers la normalisation des relations avec le président Assad.


(1) FSA (Free Syrian Army) : Armée syrienne libre (ASL), faction rebelle syrienne la plus proche de l'État turc depuis le début de l'implication de ce dernier dans la "guerre civile" syrienne.

 

lundi 30 août 2021

Conspiracy Watch ou la fabrique du faux ! L'exemple de l'Afghanistan

Prologue

Le saviez-vous ? 95% de la "mauvaise réputation" qui pèse sur Cuba et sur le régime castriste ont été méthodiquement planifiés et orchestrés par la CIA durant au moins un demi-siècle. La chose vous paraît incroyable ? Alors tant pis pour vous ! Il se trouve que moi, j'ai un peu de mémoire, et des archives, et je revois encore cette interview d'un transfuge cubain, réfugié, comme bien de ses congénères, en Floride, où il a été rapidement recruté par la CIA comme exécuteur des basses œuvres. Et puis, un jour, sentant sa mort prochaine, l'homme a décidé de rédiger ses mémoires. 

On parie combien qu'à Conspiracy Watch, cette officine spécialisée dans les fake news, je veux dire dans la confection de..., tout en faisant semblant de les combattre, vous ne trouverez pas la trace d'un papier censé déconstruire les innombrables campagnes de désinformation orchestrées par l'impérialisme américain dans sa lutte hystérique contre le régime de Fidel Castro ?

Toujours est-il que, grâce à cette marionnette repentie de la CIA, nous avons pu connaître le fin mot de l'histoire de ces pseudo enlèvements d'enfants par le régime cubain, parmi plein d'autres saloperies dont la CIA s'est fait une spécialité.

Je vous soumets, donc, la lecture plus qu'instructive d'un article paru dans Le Point (France), préalablement à celle de ma propre analyse sur l'implication de la CIA dans le naufrage occidental (en fait "OTANesque") en Afghanistan.  (Source)

À part ça, on parie combien que le récent tohu-bohu autour d'un "génocide" chinois dans le Xingjiang contre le peuple Ouighour - vous savez ? les camps de concentration, la stérilisation des femmes, le travail forcé et patati-et patata -, repris très bruyamment par une nuée de gogos, a été entièrement instrumentalisé par la même officine criminelle qui a dû déménager précipitamment ses bureaux et ses collabos de Kaboul (Afghanistan) il y a quelques semaines ? 

Fin du prologue

 

"La « création » d’Al-Qaïda par la CIA : déconstruction d’une fable"

Voilà ce qu'on peut lire en introduction d'un papier paru (27 août 2021) sur le site de l'Organisation Conspiracy Watch, laquelle se donnerait pour but de déconstruire moult "fake news" supposées et autres assertions cataloguées comme "théories du complot", selon la doxa en vogue dans certains milieux proches de la presse dite "mainstream".

"Une fable", rien que ça !