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mercredi 28 août 2019

France Ô ou une certaine idée de la (re)colonisation #8


Épisode §8. Et tout ça, ça fait d'excellents Français...

D'excellents français, pourtant méprisés !

Le saviez-vous ? La France totalise autour de 67 millions d'habitants, dont près de 2,8 millions vivent dans les (ex) colonies, entendez les soi-disant Départements ou Territoires d'Outre-mer.

Pour ma part, je persiste à penser que d'aucuns, en France même, regrettent le temps des colonies, où les choses étaient on ne peut plus limpides, n'est-ce pas ?

Est-ce qu'on demande leur avis à des colonisés ? ont dû penser les faibles esprits qui envisagent, le plus sérieusement du monde, de priver le paysage audiovisuel français de la chaîne assurant la présence des Outre-mer au niveau national.

Les départements d'Outre-mer ne sont pas des colonies peut-être ? Voyons ce que disent les statistiques :

Citation :
Alors que, selon l'Insee, le produit intérieur brut (PIB) par habitant s'élève à 30 140 euros en moyenne en métropole, il n'atteint que 19 111 euros en Martinique, 17 221 euros en Guadeloupe, 16 244 euros à la Réunion et 12 965 en Guyane. Côté chômage, ce n'est pas mieux: au deuxième trimestre 2008 (dernières données disponibles) les quatre DOM affichaient des taux supérieurs à 20%, quand il s'élevait, à l'époque, à 7,2% en métropole, avec le triste record de l'Union européenne pour la Réunion (24,2%), et des statistiques apocalyptiques chez les jeunes (55,7% en Guadeloupe !). Les autres collectivités d'outre-mer (Saint-Pierre-et-Miquelon, Nouvelle-Calédonie, etc.) font mieux, mais restent au-dessus de la moyenne nationale. (Source)
2,8 millions d'Ultramarins sur 67 millions de Français, ça nous fait autour de 4,2 %, statistique à rapprocher d'une autre statistique, celle de la place des Ultramarins, par exemple dans les performances sportives de la France à l'international. Serait-il excessif d'affirmer que plus de la moitié des médailles olympiques françaises ont été décrochées par des Ultramarins (au sens large, en y incorporant les ressortissants des anciennes colonies d'Afrique) ?

Pour dire les choses brutalement, que serait la France au niveau sportif (international) sans les Outre-mer ?

Citation 
En vingt ans, 50% des médailles françaises (en escrime) ont été décrochées par des ultramarins. Tous sont des héritiers de Laura Flessel, l'actuel ministre des Sports. Son charisme sa fougue a marqué les esprits. Sa victoire au jeu d’Atlanta en 1996 a ouvert une nouvelle ère et suscité de nombreuses vocations aux Antilles-Guyane. (Source)
J'ai choisi d'illustrer ce propos à ma manière. Il s'agit de captures d'écran émanant, toutes ou presque, d'émissions récemment diffusées sur... France Ô, la chaîne qu'une petite clique de guignols stupides et phénoménalement incultes rêve de rayer du paysage audiovisuel français et, par parenthèse, la chaîne de télévision qui a révélé au grand public les Jackson Richardson, Christine Arron, Muriel Hurtis, Bernard Lama et autre Teddy Riner : la liste est longue !
Beaucoup de ces jeunes ultramarins doivent s'exiler pour poursuivre, qui des études, qui la pratique de haut niveau d'un sport. J'observe que la référence sportive qu'est l'INSEP est à Vincennes, près de Paris, alors que cet institut d'excellence devrait avoir des annexes précisément là où surgit l'excellence : Antilles, Guyane, Réunion... Mais bon, en France, on aime bien pratiquer la déportation légale (voyez ce dinosaure des temps coloniaux que fut Michel Debré et son Bumidom ainsi que sa campagne de repeuplement de la Creuse !).

Et quand on connaît les conditions matérielles dans lesquelles tant d'Ultramarins doivent se débattre au quotidien, là-bas et ici (en France), on n'en est que plus admiratif. Je pense, notamment, à une interview récente de Wendy Renard par Serge Bilé (Martinique La 1ère et France Ô), au cours de laquelle la footballeuse rappelait les innombrables fois où elle avait dû faire du stop entre Le Lorrain et Le Prêcheur, pour les besoins de sa pratique sportive. Dans des milieux plus huppés (ex. le tennis), les enfants se font déposer en voiture au club par leurs parents (Wendy Renard n'avait plus son père). Voyez les résultats du tennis français !

Ce qui suit va prendre la forme d'un quiz. Les images datent de l'hiver 2018 à l'été 2019. Elles sont, donc, récentes à très récentes. Bien évidemment, les téléspectateurs ultramarins ou aficionados de France Ô, voire tout simplement les férus de sport n'auront aucun mal à mettre des noms sur ces images. 

Quant aux autres, ils auront droit à des circonstances atténuantes, hormis la petite clique de guignols évoquée plus haut.

Mais qui sont-ils/elles ?

 

 




 

 


 

 
 
  

Alors, vous avez trouvé ?

Si vous vous y connaissez en sport, vous aurez remarqué les visages de trois grands anciens et de deux personnalités en activité (chaude !). Sinon, tous les autres sont de jeunes athlètes ultramarins en devenir et probablement visionnés  pour la première fois sur les "ondes nationales" grâce à France Ô, cette chaîne que des guignols... voudraient faire disparaître !







 
 
 
 
Eloyse Lesueur-Aymonin
 


 
 

Bien évidemment, vous avez reconnu trois anciennes gloires du sport ultramarin, mais suis-je vraiment obligé de vous donner leurs noms ? Parce que si vous n'avez pas reconnu Lucie Decosse (judo), Jean-Charles Trouabal (sprint) et Jackson Richardson (handball), c'est que vous êtes vraiment nul(le)s !

 

Last but not least, c'est nouveau, ça vient de sortir : au moment même où je saisissais ces lignes, Clarisse Agbegnenou battait une Japonaise, et où ça ? Au Japon, dans le cadre des championnats du monde de Judo, et ce, pour la... (?) fois !


Par parenthèse, les Agbegnenou ne sont pas des Ultramarins au sens strict, ce patronyme appartenant à une "peuplade" (comme on disait du temps des colonies) localisée en Afrique de l'Ouest, je dirais (à vue d'oreille) entre Togo et Bénin.

La morale de l'histoire ?

On voit comment certains esprits... entendent manifester aux Outre-mer leur "reconnaissance" devant la masse de médailles que ces petits territoires ont rapportées à la France, comme preuve du faible - misérable ! -  niveau sportif et moral de certaines personnes.

Par parenthèse, un jour d'octobre 1968, deux athlètes noirs sont entrés dans l'histoire à leur manière - soit peu de jours avant ou après Bob Beamon -, en levant un poing ganté de noir dans le ciel de Mexico. Un geste qui est entré dans l'Histoire, au point qu'aujourd'hui, d'aucuns, nés longtemps après, s'en souviennent ! 

Source

Pour ma part, j'estime qu'avec leur "histoire sans paroles", Smith et Carlos ont fait bien plus fort que toutes les péroraisons de Martin Luther King !

Alors, imaginez, un jour, un certain Teddy Riner levant un poing ganté de noir sur un podium olympique, en signe de protestation... !

Il y en a qui doivent penser la chose impossible, à l'instar du "Rien" dans le journal intime de Louis XVI !



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samedi 17 août 2019

France Ô ou une certaine idée de la (re)colonisation #7


Épisode §7. Portrait(s)-robot(s)

Pour comprendre certaines situations, il est parfois nécessaire de renoncer aux mots pour s'en tenir aux faits tels qu'ils peuvent nous être fournis par de simples images.

Et en ce qui concerne les relations qu'entretient la France avec certaines de ses colonies, rebaptisées "Départements" ou "Territoires d'Outre-mer", il y a une image très parlante, celle du (!) représentant du pouvoir central au sein de la... colonie.

Voici, donc, le résultat d'une petite recherche visant à dresser le trombinoscope des préfets de la République en poste actuellement dans l'ensemble de l'Outre-mer français.

Pour mémoire (le gros de mes visiteurs ne vivant pas en France), hormis Saint-Pierre et Miquelon, l'Outre-mer est la partie du territoire français affichant la plus grande proportion de sujets non caucasiens ; en clair, une majorité de descendants d'Africains, d'Amérindiens, de Canaques, de Maoris, de Chinois, Malais, Hindous, etc.







Mais j'en entends qui m'interrogent : "Oui, bon, ce sont des préfets de la République ; il est où le problème ?".

Il est vrai qu'à première vue, je veux dire aux yeux de certains, il n'y a pas de problème, n'est-ce pas ? On a là un personnel chevronné, rompu au jeu des chaises musicales entre les différents Outre-mer. À part ça, d'aucuns pensent qu'il n'y a absolument aucun problème, eux qui n'ont pas dû souvent visiter les territoires concernés ni ne connaissent le moindre ressortissant de ces "contrées sauvages et reculées" ! 

Mais j'en entends d'autres qui s'interrogent : "Mais mon bon monsieur, quel rapport avec France Ô ?"

Quel rapport ? Une certaine idée de la (re)colonisation, chez des gens affichant, par ailleurs, une phénoménale inculture !

Tiens, by the way, soit dit en passant, à propos de la chaîne France Ô, dont certains souhaitent la disparition, avez-vous entendu parler d'une consultation préalable, disons, au sein des populations concernées ?

Citation :
Nombreux sont (...) les ethnologues, les sociologues et les anthropologues qui entendent mettre leurs capacités d’expertise et, plus largement parfois, leur discipline respective au service de l’empire. Quant aux dirigeants de la Troisième République, qui affrontent des problèmes nouveaux et difficiles à résoudre en raison de l’expansion rapide des territoires d’outre-mer, de l’importance et de la diversité des populations désormais passées sous le joug de la métropole, ils sollicitent souvent les personnalités connues de ces différentes sciences. Les ambitions et les désirs de reconnaissance des uns, les nécessités pressantes des autres, et l’adhésion de presque tous au grand dessein impérial de la métropole ont ainsi favorisé l’avènement de rapports inédits entre ces sciences et l’État.

L’écrasante majorité des acteurs de la politique coloniale de la France, qu’ils soient conseillers du pouvoir, professionnels du droit, législateurs ou ministres, considère donc que des dispositions particulières doivent être élaborées et appliquées dans les territoires de l’empire pour tenir compte de l’infériorité des « indigènes », de leurs singularités et des contrées dans lesquelles ils vivent, sans oublier les intérêts supérieurs du pays et les impératifs de l’ordre public colonial. Cet ordre public dont la défense impitoyable, face à des populations que l’on dit barbares ou sauvages, est une tâche majeure devant laquelle les "scrupules juridiques et les considérations sentimentales doivent s’effacer."
Ils s’effaceront effectivement. (Source)



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