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mercredi 4 septembre 2019

France Ô ou une certaine idée de la (re)colonisation #9


Épisode §9. Encore une histoire (presque) sans paroles...

Cette fois, ça va être très court...

Dans notre série d'articles concernant cette formidable chaîne de télévision, la seule - du paysage audiovisuel français directement accessible sur la TNT (Télévision Numérique Terrestre) - à être parfaitement calibrée pour la mondialisation, c'est-à-dire dont la majorité des émissions peuvent être diffusées n'importe où dans le monde - notamment dans au moins trois continents : Afrique, Amériques, Asie/Océanie -, moyennant la simple adaptation du son (doublage) selon le pays concerné - chaîne qu'une petite clique de guignols stupides et phénoménalement incultes souhaite rayer de la carte -, pour rester dans la rubrique "Que serait la France sans ses sportif/ve/s issues des colonies ?", voici une image faisant logiquement suite à l'épisode précédent, et que je vous présente sans le moindre commentaire.



Citation : 
Les recherches conduites par le CNRS en outre-mer concernent des disciplines aussi diverses que l’écologie, les sciences de la vie, les sciences de la Terre, la physique, la chimie ou les sciences humaines et sociales. Ces recherches sont transversales et interdisciplinaires, fondamentales mais aussi appliquées. Elles mobilisent une communauté importante de chercheurs, enseignants-chercheurs, ingénieurs et techniciens. (...) Les territoires d’outre-mer sont, de par leur localisation, des lieux privilégiés pour les études sur l’environnement, notamment en ce qui concerne les modifications induites par les changements climatiques. (...) Cette exposition témoigne des travaux menés par les chercheurs des laboratoires du CNRS en outre-mer : Guyane française, Polynésie française, Antilles françaises, Nouvelle-Calédonie, îles antarctiques et subantarctiques françaises, îles Éparses, la Réunion. (Source)

Liens : 01 - 02 - 03 - 04 - 05 - 06 - 07 - 08 - 09 - 10 - 11


P.S. J'écoute souvent (toujours !) de la musique en travaillant sur mon ordinateur. Et là, ça a été (pour la 2584ème fois !) les Quatre Derniers Chants (Vier Letzte Lieder) de J. von Eichendorff et quelques comparses, mis en musique par Richard Strauß (pron. 'straouss'), et chantés par... à votre avis, qui d'autre que Jessye Norman ? Je vous laisse apprécier "Im Abendrot", 'featuring' Gewandhaus Orchester Leipzig + Kurt Masur. (By the way, Norman et Masur sont à la limite du décrochage, comme on dirait en aéronautique ; il faut dire qu'elle était/est une des rares à pouvoir se permettre de telles séquences d'apnée... À comparer avec la "grande" Elisabeth Scharzkopf (10' contre 8'25 ; cf. R. Fleming : 9'25, L. Popp/G. Solti, une catastrophe, surtout le chef : 6'01 !!!), que j'adore par ailleurs, chez Mozart notamment, ou dans le rôle de 'Die Marschallin', (cf. la production mâââgique de Walter Legge, avec quelques jeunes gens, dont une certaine Christa Ludwig et un certain Herbert von Karajan)...  moins ici, ces Quatre Chants exigeant que la cantatrice ait vraiment du coffre !). (Lien) (Lien) (Lien) (Lien/cf. le titre et le dernier paragraphe sont (surtout le titre !!!) à hurler de rire, enfin...)


Ça c'est un "lapsus calami" qui aurait plu à Siegmund Freud ! Où le "Chevalier à la rose" est devenu "Piano à la rose". Hilarant, non ? Mais j'imagine que M. Rockwell n'a pas saisi le texte lui-même et ne s'est relu qu'en diagonale ! Quant à sa (probable) secrétaire, loin de moi l'envie de l'incriminer : tous les dactylographes un peu rapides (j'en fais partie) ont une méchante propension à trop faire confiance à leurs doigts et ne se relisent qu'en diagonale ; et je suis le premier à être conscient de la chose. Cela dit, quand on s'appelle le NYT, on se doit d'avoir des 'relecteurs' performants. Mais d'un autre côté, il y a certainement une explication technique : l'article d'origine a été numérisé, et les logiciels de reconnaissance des caractères se trompent parfois, comme expliqué ci-dessous :

"Occasionally the digitization process introduces transcription errors or other problems. Please send reports of such problems to archive_feedback@nytimes.com.

Je me suis, donc, empressé de signaler la coquille au service des archives du grand quotidien newyorkais. 



samedi 17 août 2019

France Ô ou une certaine idée de la (re)colonisation #7


Épisode §7. Portrait(s)-robot(s)

Pour comprendre certaines situations, il est parfois nécessaire de renoncer aux mots pour s'en tenir aux faits tels qu'ils peuvent nous être fournis par de simples images.

Et en ce qui concerne les relations qu'entretient la France avec certaines de ses colonies, rebaptisées "Départements" ou "Territoires d'Outre-mer", il y a une image très parlante, celle du (!) représentant du pouvoir central au sein de la... colonie.

Voici, donc, le résultat d'une petite recherche visant à dresser le trombinoscope des préfets de la République en poste actuellement dans l'ensemble de l'Outre-mer français.

Pour mémoire (le gros de mes visiteurs ne vivant pas en France), hormis Saint-Pierre et Miquelon, l'Outre-mer est la partie du territoire français affichant la plus grande proportion de sujets non caucasiens ; en clair, une majorité de descendants d'Africains, d'Amérindiens, de Canaques, de Maoris, de Chinois, Malais, Hindous, etc.







Mais j'en entends qui m'interrogent : "Oui, bon, ce sont des préfets de la République ; il est où le problème ?".

Il est vrai qu'à première vue, je veux dire aux yeux de certains, il n'y a pas de problème, n'est-ce pas ? On a là un personnel chevronné, rompu au jeu des chaises musicales entre les différents Outre-mer. À part ça, d'aucuns pensent qu'il n'y a absolument aucun problème, eux qui n'ont pas dû souvent visiter les territoires concernés ni ne connaissent le moindre ressortissant de ces "contrées sauvages et reculées" ! 

Mais j'en entends d'autres qui s'interrogent : "Mais mon bon monsieur, quel rapport avec France Ô ?"

Quel rapport ? Une certaine idée de la (re)colonisation, chez des gens affichant, par ailleurs, une phénoménale inculture !

Tiens, by the way, soit dit en passant, à propos de la chaîne France Ô, dont certains souhaitent la disparition, avez-vous entendu parler d'une consultation préalable, disons, au sein des populations concernées ?

Citation :
Nombreux sont (...) les ethnologues, les sociologues et les anthropologues qui entendent mettre leurs capacités d’expertise et, plus largement parfois, leur discipline respective au service de l’empire. Quant aux dirigeants de la Troisième République, qui affrontent des problèmes nouveaux et difficiles à résoudre en raison de l’expansion rapide des territoires d’outre-mer, de l’importance et de la diversité des populations désormais passées sous le joug de la métropole, ils sollicitent souvent les personnalités connues de ces différentes sciences. Les ambitions et les désirs de reconnaissance des uns, les nécessités pressantes des autres, et l’adhésion de presque tous au grand dessein impérial de la métropole ont ainsi favorisé l’avènement de rapports inédits entre ces sciences et l’État.

L’écrasante majorité des acteurs de la politique coloniale de la France, qu’ils soient conseillers du pouvoir, professionnels du droit, législateurs ou ministres, considère donc que des dispositions particulières doivent être élaborées et appliquées dans les territoires de l’empire pour tenir compte de l’infériorité des « indigènes », de leurs singularités et des contrées dans lesquelles ils vivent, sans oublier les intérêts supérieurs du pays et les impératifs de l’ordre public colonial. Cet ordre public dont la défense impitoyable, face à des populations que l’on dit barbares ou sauvages, est une tâche majeure devant laquelle les "scrupules juridiques et les considérations sentimentales doivent s’effacer."
Ils s’effaceront effectivement. (Source)



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lundi 17 juin 2019

France Ô ou une certaine idée de la (re)colonisation #5


Épisode §5. Ou quand le mépris envers l'autre se mue en mépris (par contagion) de soi-même



Citation :
Le chaman Uutaaq ne s’est pas trompé : je vais jouer un rôle capital pour eux le 18 juin 1951. Sur son ordre, je vais à la rencontre du général américain commandant la base de Thulé pour lui dire : « Go home ! » Visiblement, les Inuits ont été trahis par Copenhague, qui a autorisé l’implantation d’une base aérienne odieuse au cœur du Groenland. Elle leur fait perdre leur indépendance sacrée sans les consulter. C’est à ce moment-là que j’ai compris le colonialisme des grandes démocraties. Je me suis isolé, et cela a été un des grands moments de ma vie. Il y a là un mystère. Moi-même, je suis là, venu un an plus tôt que ce qui était prévu par le CNRS… J’ai donc une mission. Je rentre à Paris, convaincu que je dois faire un livre pour dénoncer ce qui se passe. Ce sera Les Derniers Rois de Thulé, et c’est pour cela que j’ai créé la collection Terre Humaine, comme un cri de ces peuples autochtones dont, tous les quinze jours, l’un d’entre eux disparaît dans l’indifférence générale. (Jean Malaurie)
Je suis récemment tombé sur un article en ligne évoquant le destin plus que fâcheux de ces "citoyens français" que sont les Indiens Wayanas de Guyane, une communauté souvent mentionnée dans les reportages de France Ô. C'est ainsi que j'ai appris, il y a un bon bout de temps maintenant, et grâce à France Ô, qu'un fort taux de suicides frappait cette petite communauté - notamment les sujets les plus jeunes - littéralement menacée d'extinction, suicides que l'on retrouve à peu près dans les mêmes termes un peu partout chez les Aborigènes du Groenland, d'Australie, du Nord du Canada et d'ailleurs.

Il se trouve simplement que le fameux "choc des cultures" est un de ces dadas chers aux ethnologues, ce qui donne, dans la presse anglo-saxonne, des présentations comme celle-ci : 
Aboriginal suicide rates. Suicide was unknown to Aboriginal people prior to invasion. Appalling living conditions and past traumas have led to a suicide rate that by far exceeds that of non-Aboriginal people.
Les taux de suicides chez les aborigènes. Le suicide était inconnu chez les aborigènes avant l'invasion (européenne, cela va sans dire, non ?! n.d.t.). Des conditions de vie épouvantables et les traumatismes du passé ont conduit à un taux de suicide qui dépasse de loin celui des non-autochtones. 
Soit dit en passant, et comme j'ai mauvais esprit, je suppose que ce sont les reportages sans complaisance de France Ô sur les conditions de (sur)vie de certains citoyens français de seconde zone qui ont rendu cette chaîne si indésirable aux yeux de certains ?

Aux dernières nouvelles, un célèbre Amérindien se trouvait récemment en France, où on lui aurait promis je ne sais trop quoi !?!?! Et pourquoi pas la ratification par la France de la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones, adoptée par l'Assemblée générale de l'ONU en septembre 2007 à la majorité de 143 voix contre 4 (États-Unis, Canada, Australie et Nouvelle-Zélande) ?

Par parenthèse, les Kanaks de Nouvelle-Calédonie font-ils partie de ces peuples autochtones reconnus par les Nations Unies ?

Mais je m'égare ! On était parti pour parler des Wayanas de Guyane. L'article évoqué plus haut était suivi d'un forum de discussion, dont j'extrais ce qui suit :


"La colonisation a fait son oeuvre destructrice.", laquelle a commencé par la négation de toute humanité aux sauvages (cf. La controverse de Valladolid). Par ailleurs, les téléspectateurs habituels de France Ô ont pu constater que si, en "métropole", les cérémonies commémoratives de l'abolition de l'esclavage ont été concentrées sur une seule journée (le 10 mai), dans les Outre-mer, elles se sont étalées sur un bon mois. 

Citation :
Tant qu'on n'aura pas été décolonisé, les cérémonies ne serviront à rien ! (Un habitant de Cayenne sur Guyane La 1ère, Lundi 10.06.2019).
Soit dit entre nous, on parie combien que l'un des buts inavoués de ceux qui souhaitent voir France Ô disparaître du paysage audiovisuel national français est de briser ce miroir qui leur renvoie une image si exécrable d'eux-mêmes ?  

By the way, au fait, la réplique fameuse : "Couvrez ce sein que je ne saurais voir !" est bien extraite du Tartuffe de Molière, n'est-il pas ?



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mercredi 29 mai 2019

France Ô ou une certaine idée de la (re)colonisation #4


Épisode §4. Inculture quand tu nous tiens/2


Vous savez quoi ? S'agissant des projets fumeux de quelques "grands esprits" en ce qui concerne le maintien, ou plutôt la disparition éventuelle de la chaîne France Ô du paysage audiovisuel français, on se dit qu'il y en a qui osent vraiment tout. Mais bon ! En tout cas, pour imaginer, ne serait-ce qu'une seconde, que les Outre-mer puissent disparaître de la télévision gratuite affichée sur la TNT (Télévision Numérique Terrestre), il faut être d'une phénoménale inculture, et je pèse mes mots - vous connaissez l'adage ? Les paroles s'envolent, les écrits restent. -. Et c'est précisément pour en faire la démonstration que j'ai entamé la présente série. 

Et comme j'imagine que d'aucuns vont me demander ce que je mets dans le concept de "culture", je répondrai simplement que cela n'a rien à voir avec quelque diplôme de l'enseignement dit supérieur - voyez Picasso : il sortait de quelle université ou grande école ? - , ni avec la capacité de citer tel ou tel penseur ou philosophe (dans le genre : comme disait Brecht, Heidegger, Jankelevitch...) toutes les trois ou quatre phrases, performance à la portée de tout bon perroquet. En fait, la culture - radical qu'on retrouve dans agriculture, apiculture... - se présente comme la somme d'un certain nombre d'enrichissements basés sur une réelle appétence pour autrui, dans la mesure où cet "autrui" peut nous être fondamentalement lointain, donc différent (voyez Picasso et sa collection de masques africains... dès les années 1910...!).

N'étant originaire ni de la Polynésie, ni de la Mélanésie, ni même des Outre-mer (français), il se trouve simplement que j'en suis à ma troisième visite (Vendredi 24 mai 2019) à l'exposition dédiée à l'Océanie dans ce formidable lieu de culture qu'est le musée parisien du Quai Branly. Et il y a de fortes chances que j'y retourne tantôt pour une quatrième visite. Mais vous ne devinerez jamais qui j'ai croisé(e) tout dernièrement à moins de deux mètres, dans les salles du musée !

Et quand je parle de "culture", s'agissant du Musée du Quai Branly, je n'oublie pas que, des siècles durant, les sociétés extra-européennes qui y sont encensées ont été vouées au plus profond mépris de la part de puissants courants de pensée (politiques, religieux, idéologiques) considérant que ces peuples - on disait alors "peuplades" - n'avaient strictement rien inventé, dès lors qu'ils constituaient le degré zéro de la civilisation et ne demandaient, donc, qu'à être éduqués - dans tous les cas, sous la contrainte - dans le cadre d'un enseignement directement inspiré des Évangiles et des bonnes mœurs occidentales. 

Et il faut croire que cette idéologie méprisante et condescendante, qu'on croyait révolue, traîne encore dans plus d'une cervelle !

By the way, soit dit en passant, si je vous cite ces noms : Bronislaw Malinowski, Raymond Firth, James Frazer, A. R. Radcliffe-Brown, E. E. Evans-Pritchard, Marcel Mauss, Maurice Leenhardt, Jean Guiard, vous me répondez ? Et si j'ajoute à ces noms ceux de Paul-Emile Victor et Jean Malaurie ? 

Vous me répondrez plus tard...

Retour sur l'épisode précédent. Je suis certain que quelques férus de muséographie ou de muséologie auront reconnu quelques pièces emblématiques présentées au Musée du Quai Branly (jusqu'au 7 juillet 2019).

Citation (extraite d'un texte de présentation disponible sur le site du Musée du Quai Branly).
Voici trente-cinq ans qu’aucune exposition à travers le monde n’avait abordé les cultures océaniennes dans leur ensemble. Océanie rend hommage, deux cent cinquante ans après le premier voyage de James Cook dans le Pacifique, aux créations artistiques du continent aux 25 000 îles. 

Rassemblant 170 pièces provenant de collections publiques et privées, parmi lesquelles plusieurs chefs-d’œuvre inconnus du grand public, l’exposition brosse, de l’Antiquité à la période contemporaine, l’histoire d’un art gardien de traditions et d’identités bousculées à maintes reprises par le commerce, la colonisation ou l’évangélisation forcée.

Sur ce vaste territoire éclaté où chaque archipel, îlot, terre a su conserver ses particularités, les artistes partagent néanmoins des questionnements, des problématiques, des réflexions universelles.
Des pirogues soigneusement sculptées aux ornements en jade, des figures rituelles aux vidéos et installations contemporaines, Océanie raconte comment tradition et mémoire ancestrale coexistent avec le regard visionnaire, parfois critique, que portent les artistes sur leur société et le reste du monde.
Les premiers géographes les ont baptisées "Mers du Sud", ce qui correspond en gros à ces contrées des océans Atlantique,  Pacifique et Indien plus proches du Pôle Sud que de l'Équateur. Et au sein de ce grand ensemble se retrouve notamment l'Océanie et ses milliers d'îles. Et comme les explorateurs étaient européens, ils y ont accolé des toponymes inspirés de l'Europe : Nouvelle-Calédonie, Nouvelle-Zélande, Nouvelles-Hébrides, Géorgie du Sud, Îles Cook, Christmas, Marshall, Norfolk, etc.

On peut dire que le peuplement de la zone océanienne des Mers du Sud se compose de deux grands groupes : les Mélanésiens (Papous, Kanaks, Aborigènes australiens, de Vanuatu, de Fidji, etc.) et les Maoris (Polynésie, Hawaï, Île de Pâques, etc.). Les premiers sont noirs de peau, les seconds ont le teint bien plus clair. L'étui pénien des hommes et l'os dans le nez sont des spécialités mélanésiennes. Les colliers de fleurs sont une spécialité maori ; les jupes végétales se retrouvent un peu partout et dépendent des plantes disponibles dans la nature (cf. écorces d'arbres martelées). Tout ce petit monde taille le bois, les Maoris étant les seuls à se couvrir la peau de tatouages rituels (Nouvelle-Zélande) et à tailler la pierre (cf. les célébrissimes Mohaïs de Rapa Nui).

Ça tombe bien : au rez-de-chaussée du Quai Branly, non loin de la bibliothèque, vous avez sur la gauche un immense pilier sculpté, typiquement mélanésien, qui fait bien ses dix mètres de haut, et sur la droite, un mohaï un peu plus petit que ceux qui ont fait la célébrité de l'Île de Pâques.



Retour sur cette formidable expo du Quai Branly. Trois visites, ça nous fait en gros trois demi-journées entières, soit bien plus de douze heures. Et je dois dire que chacun des objets reproduits ci-dessous m'a occupé près d'une heure au total, le but étant de réaliser des photos à peu près correctes compte tenu de la (faible) luminosité.

Le problème avec ce genre d'exposition c'est l'impossibilité de tourner autour de la plupart des objets, en raison de leur taille, de la configuration des lieux (étroitesse des salles) ou des inévitables vitrines voire de l'interdiction de l'un ou l'autre accessoire photographique, ce qui est toujours frustrant. 

D'abord, vous avez cette pirogue à balancier chère aux Maoris, probablement les plus grands marins de l'antiquité, capables de coloniser le plus grand océan du monde en se guidant uniquement à l'aide des astres, des vagues et des oiseaux.


Juste à côté de la pirogue, vous avez cette sublime petite tête noire (Îles Salomon), coincée dans une méchante vitrine vous renvoyant pleins de reflets qui vous obligent à vous contorsionner dans tous les sens. Originellement placée à la proue d'une pirogue, la figurine représente un personnage (pêcheur) tenant un oiseau dans ses mains, les oiseaux étant connus des marins pour leur aptitude à dénicher les bancs de poissons.


Autre sublime petite tête, elle aussi enfermée dans une vitrine. Sur le moment, on pense à ces têtes réduites d'Amérique du Sud (Jivaros). Mais il s'agit bien d'une tête sculptée. Là encore, il faut se contorsionner pour éviter les reflets dans la vitrine.


Et que dire de ce magnifique petit bout de femme ?



Autre chose ? Essayez donc de deviner l'origine des objets qui suivent.



Pour conclure  ce chapitre, on va se faire plaisir en citant un article assez drôlatique en la forme d'une revue de presse  (critique de manuels scolaires)  dont on se demande si on doit la prendre au premier, au second ou au... quinzième degré ! À vous d'en juger...
Pour avoir un tableau à peu près complet, il faudrait mettre tous les ouvrages bout à bout. Tantôt les cartes sont d'échelle trop réduite, sans détails, tantôt l'illustration ou les textes documentaires ou la bibliographie manquent. On sent les auteurs à bout de souffle, pressés d'en finir puisque, comble de bonheur, l'Océanie tombe toujours en fin d'année [scolaire]. C'est sans doute la seule explication d’'inadvertances ou de lacunes surprenantes (mines ignorées, démographie comprise à rebours, ethnographie ou peuplement traités par le mépris, affirmations cavalières sur l'indolence ou le caractère "arriéré" de certains "sauvages"). Faute de place, trop d’exemples seulement montreront que d'éminents universitaires n'ont pas tous profité  des leçons de Charles Robequain, pas plus que des manuels autrement précis et documents rédigés Outre-Mer, dont le plus récent est le beau travail de M. J. Leborgne. "Géographie de la Nouvelle-Calédonie et des Îles Loyauté", aussi complet que magnifiquement présenté. Le passage suivant mérite un prix d'honneur ; il est tiré d'un manuel métropolitain  à l'usage des classes de 5e : "Les chasseurs noirs de peau, barbus et tout nus (sic) qui vivent dans les grandes forêts de Nouvelle-Guinée, déclenchent (resic) la sympathie et même l’affection et l’enthousiasme des explorateurs, des ethnologues et des agences touristiques car ils en sont restés naïvement (sic) à l’Âge de pierre (dans le texte), en plein XXème siècle." (...)
C'est la vie des archipels que présente l'admirable et sobre ouvrage de Douglas Olivier, « The Pacific Islands » dans l'édition revue et corrigée de 1961. Professeur d'anthropologie à Harvard, l'auteur, en quatre parties inégales et vingt-trois chapitres, analyse successivement les rapports de l'homme et du milieu, l'arrivée des étrangers et la métamorphose de la civilisation océanienne à leur contact (civilisation du cocotier - révolution du sucre - Iles à phosphate et à mines - bases stratégiques), les profils et pertes des autochtones autant et plus que des Européens et, pour finir, Le Cataclysme et le sillage (aftermath) de la seconde guerre mondiale. Sa conclusion n'affiche pas l'optimisme — relatif — de celle de M. Price. "Si Armageddon (la bataille apocalyptique de la fin des temps), vient dans les Iles, il n'est pas raisonnable d'attendre que les insulaires se lèvent comme un seul homme pour défendre la civilisation qui leur a pris tant de choses et donné si peu en retour." (Source) 
Mais je suppose que les plus vigilants de mes visiteurs s'interrogent sur le pari que je formulai plus haut, à savoir que "vous ne devineriez jamais qui j'ai croisé(e) tout dernièrement à moins de deux mètres, dans les salles du musée !"...

La réponse en trois images. Par parenthèse, compte tenu de la pénombre régnant au sein du musée, mais aussi de la discrétion requise en de telles circonstances ainsi que des limites de l'équipement photographique (normalement, pour faire de la 3D dans de bonnes conditions, on utilise un trépied pour réduire le risque de "bougé" ; problème : dans les musées, mais aussi dans le jardin parisien du Luxembourg et dans le parc du château de Versailles voire au tournoi de tennis de Roland Garros, les trépieds/monopodes sont interdits !!!!), les photos d'intérieur sont un peu floues, mais bon, j'espère que vous avez de bons yeux ! 



















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mardi 21 mai 2019

France Ô ou une certaine idée de la (re)colonisation #3


Épisode §3. Inculture quand tu nous tiens... (1)

Les peuples concernés par les images qui suivent n'avaient pas encore eu le malheur de croiser le trio infernal composé du militaire, du commerçant et du missionnaire ! Et c'est un fils de pasteur qui vous le dit !

Bien évidemment, il se trouvera toujours l'un ou l'autre crétin stupide et phénoménalement inculte pour prétendre que la colonisation avait du bon - sauf lorsqu'elle fut appliquée, en Europe même, par un certain Adolf H. ! (1) - car apportant aux "sauvages" les bienfaits de l'évangélisation et de la société de consommation. 

J'espère qu'il se trouvera quelques forts en thèmes pour identifier au premier coup d’œil l'origine ethno-géographique des objets reproduits ci-dessous et visibles en stéréoscopie à l'aide des lunettes idoines (clic gauche sur les images pour les agrandir).





















(1) Tant il est vrai qu'obnubilés par leurs présupposés idéologiques, nos "grands historiens" omettent systématiquement de mentionner que la politique d'Adolf Hitler, au sein de l'Europe occupée par les nazis, fut rigoureusement identique à ce que pratiquaient les Européens depuis quelques siècles déjà en Afrique, Amérique, Asie, Océanie...


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