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samedi 31 mai 2025

Israël, ce faussaire. Paroles d'un Juif libre

Ce qui suit est un papier émanant d'un personnage se définissant lui-même comme juif et traitant de la question palestinienne. Article daté du 2 juin 2009. Sans rajouts ni commentaires.


Parole d’un Juif libre

“Le faux est condamné à disparaître…”

Il est vraiment triste de vivre dans ce monde avec toujours une partie du genre humain qui n’a pas froid aux yeux pour trouver de quoi justifier l’injustifiable et défendre l’indéfendable, avec la plus sereine arrogance et la plus insolente impudence. Et c’est très heureux que subsiste cependant, chez la partie du genre humain victime de toute injustice, cette infaillible force endogène dite à très juste titre résistance. Il s’agit de la juste résistance à l’infamie et à l’injustice ; la résistance que tous les bourreaux racistes se sont toujours plus à appeler terrorisme. Une telle force traverse les générations des peuples opprimés, d’une manière croissante, pour finir par débouter l’ignominie et assoir la justice et la dignité. Citons en guise d’exemples ces quelques cas dans la récente histoire humaine :

• L’Algérie française a fini par disparaître même après cent trente ans d’existence.

• L’apartheid en Afrique du Sud, a fini par être banni et Mandela, l’ex-terroriste pour les Blancs du pays et pour leurs suppôts ailleurs, a fini par devenir l’un des illustres symboles de la liberté dans le monde.

• La Rhodésie de Yann Smith a connu le même sort.

• Le régime soviétique était si faux qu’il a dû, entre autres, ériger un mur pour se défendre de son implosion de l’intérieur, plutôt que de toute menace de l’extérieur comme c’est la cas aujourd’hui de la colonie sioniste en Palestine. Et malgré toute la puissance de ce régime totalitaire communiste, sa vie n’a pas pu dépasser les sept décades.

Le juste et normal est assez fort par sa seule force intrinsèque pour survivre aux plus dures épreuves. Le faux dépourvue d’une telle force doit se doter de toute la puissance militaire et économique et de solides soutiens politiques extérieurs pour survivre et vaincre pour un moment le juste qui ne cesse de le narguer avec les moyens du bord. Le faux ne peut subsister que sur le bout du canon par le feu et le sang. Il ne peut donc survivre que par la pratique du terrorisme dont il accuse ses victimes. Mais tôt ou tard il finit toujours par s’user, faiblir, puis céder et enfin disparaître au profit du juste.

La colonie “Israël” disparaîtra sûrement un jour au profit d’une Palestine démocratique et laïque pour tous.

Moralité : tout comme la colonie dite “l’Algérie française”, la colonie dite “Israël”, parce que contre nature là où les colons sionistes se sont acharnés à l’implanter pour supplanter les Palestiniens du seul fait qu’ils ne sont pas juifs, finira tôt ou tard par disparaître. Plus le temps passe plus le rejet est si puissant de génération en génération chez tous les peuples de la région. Le fait que la tête admet à contre cœur un organe greffé, son rejet est inéluctable quand le reste du corps le trouve contre nature en son sein. Cela pour dire que la reconnaissance de cet “Etat” contre nature dans la région, par les régimes limitrophes, ne signifiera jamais acceptation par les peuples. Or l’unique reconnaissance qui fait de tout pays un Etat normal dans sa région est la reconnaissance des peuples. C’est ainsi que malgré toute la puissance militaire, médiatique et diplomatique de la colonie dite “Israël” et celle de l’ensemble des puissances qui la soutiennent, jamais les peuples du Moyen Orient ni ceux de l’ensemble du monde musulman, ne normaliseront avec une si flagrante injustice. Et c’est pour cette raison que la colonie sioniste est l’unique au monde à s’emprisonner dans un mur pour se protéger d’un milieu à jamais, sinon de plus en plus hostile. La peur pour sa sécurité et celle de disparaître lui colleront à jamais à la peau. Il s’agit de la très juste malédiction qui prend tout tyran à la gorge pour l’étouffer et lui mener la vie dure jusqu’à ce qu’il cède ou disparaisse.

Dans le monde ce sont toujours les Etats qui ont des armées. Avec la dissolution ou la disparition ou l’écrasante défaite de l’armée, l’Etat subsiste. Ce fut par exemple, le cas le siècle dernier de l’Allemagne et du Japon. Mais l’armée dite Tsahal est plutôt la seule armée au monde qui a fait de sa colonie un Etat. Et celui-ci est donc condamné à disparaître aussitôt cette armée totalement défaite ou grandement affaiblie ou liquéfiée pour une raison ou une autre. Et dès que cette armée ne fait plus peur à ses voisins, commence alors le compte à rebours de la fin de son Etat.

Le faux et contre nature ne voit le jour et ne subsiste que par le terrorisme.

La colonie dite “Israël” est bâtie sur la terre des Palestiniens par les pires des organisations terrorismes qu’a connues toute l’histoire de l’humanité. Tsahal, toujours bien entretenu et bien engraissé par l’Occident, est l’enfant de l’Irgun, de la Haganah et du Groupe Stern, parmi bien d’autres, aussi pires sinon plus, et qui sont tous de très triste mémoire pour les Palestiniens et le monde musulman. Il s’agit d’un terrorisme tapissé jusqu’à nos jours de feu, de sang, de destruction sur destruction et d’un insolent et impudent mépris pour la vie humaine.

Toute paix juste fera fondre la colonie sioniste comme un morceau de glace dans l’eau.

À la faveur de toute paix juste éventuelle, avec comme corollaires des frontières “normales”, la colonie sioniste dite “Israël” fondra lentement mais sûrement, comme un morceau de glace dans un verre d’eau. En des termes plus clairs, la démographie des Arabes y connaîtra un boom unique au monde, sous l’effet d’abord d’une fécondité élevée chez les Palestiniennes, et sous l’effet ensuite et à moyen terme, de plusieurs types de migrations, à savoir :

1.    l’incontournable, longue, lente mais très sûre immigration palestinienne du retour au pays. Un tel retour se fera même par la corruption des gardes frontières qui n’auront plus rien à perdre.

2.    l’émigration inverse et rapide des juifs ashkénases surtout, vers les pays d’origine ou vers d’autres pays d’accueil dans le monde. Ces juifs d’origine occidentale supportent mal toute vie dans un milieu de plus en plus oriental dans la colonie.

3.    l’immigration économique massive et toute naturelle des Arabes et non Arabes désœuvrés chez eux, vers une colonie à économie plus développée par un dopage occidental.

Les colons sionistes ne le savent que trop bien. Et pour la préservation à tout prix d’un État juif contre nature dans la région, ils ont une farouche aversion de toute paix de toute sorte. Pour la sauvegarde et la subsistance de cette folie, ils doivent se résigner à subir, en dehors de tous les humains sur cette planète, la malédiction de survivre en permanence en état de guerre avec les peuples de la région. Pour leur folie, ils sont les seuls au monde à supporter la malédiction de vivre tout le temps dans un immense bain de haine tout au tour. Et pour comble de malédiction, il s’agit d’une haine qu’ils ne cessent de cultiver par eux-mêmes et avec le meilleur des soins. Ils passent au monde pour les meilleurs à savoir se faire haïr non seulement par les Arabes et les musulmans mais au aussi le reste des peuples de la terre.

Le terrorisme colonialiste s’use toujours au profit d’une résistance de plus en plus forte.

En dehors de toute paix juste que les colons sinistres craignent pour la survie de leur Etat juif, leur colonie dite “Israël” ne subsiste et ne subsistera toujours que par le terrorisme surarmé. Sauf que les tendances en matière de courage et de peur chez les sionistes d’une part et chez les Palestiniens et les Libanais d’autre part évoluent sans cesse et de génération en génération, selon des tendances inverses. Comme partout dans l’histoire, les peuples victimes de l’agression sont au fil du temps de plus en plus courageux pour la défense de leur dignité humaine, au point de braver la mort sans la moindre hésitation. Cependant leurs agresseurs connaissent au fil du même temps la tendance inverse.

Nous en voulons pour preuve les tous premiers Palestiniens de 1948, qui ne se doutaient de rien, et qui fuyaient à la moindre détonation ou rumeur de massacre, laissant tout derrière eux. Ont en bien profité pour les supplanter, les tous premiers pionniers sionistes, qui étaient eux plutôt bien aguerris par les affres des guerres en Europe. Aujourd’hui, il y a longtemps que la même politique sioniste terroriste ne tient plus. Les Palestiniens tout comme les Libanais d’aujourd’hui, non seulement ne fuient plus et sont toujours de plus en plus nombreux, mais affrontent tous les risques et tous les dangers réels et préfèrent de loin la mort dans la dignité que la vie sous l’humiliation de l’occupation. Et l’on voit ainsi que leurs enfants qui ont vécu sous les balles et les bombes des sionistes n’ont plus peur de rien. Nous les avons vus, faire face à la mort dès le très jeune âge avec un courage qui n’a pas d’égal au monde. Ils y font face, poitrine nue et avec n’importe quoi, des pierres des coquetels Molotov, ou même à main nue. Ils s’exposent ainsi aux armes de guerre les plus sophistiquées au monde, sachant bien que leur ennemi qu’ils narguent ainsi, n’hésite pas à les tirer comme des lapins dans un stand de tir.

De l’autre côté tout le monde peut voir aujourd’hui comment les nouvelles générations des sionistes font dans leurs frocs et courent se cacher dans les abris, rien qu’au siffle d’une Katioucha tirée par les combattants du Hizboullah. Et il y en a qui meurent d’une syncope à la moindre déflagration. Les demandeurs de visas pour l’émigration inverse, se comptent par centaines de milliers. Cela rappelle le flux migratoire des pieds noirs d’Algérie vers la France, il y a quelques décades. L’on compte parmi ces sionistes fuyards de nombreux jeunes appelés au service militaire, et à l’instigation de leurs propres familles.

Hizbollah, Hamas et le Djihad islamique sont très forts de leur sentiment de se trouver chez eux sur leur propre terre. Et celui qui doit quitter la région se sont les sionistes qui sont venus d’ailleurs et qui doivent y retourner même quand ils sont nés en Palestine. Si ton père occupe illicitement ma maison, ce n’est parce que tu y es né que tu as le droit de m’en déposséder. Et tant que l’injustice perdure, affaiblir ou corrompre un mouvement de résistance, ne conduit qu’à la naissance d’autres mouvements plus forts et plus intègres pour défendre les droits de leur peuples. C’est ainsi que le Fatah aussitôt assujetti, il s’est vu supplanté par le Hamas et le Djihad.

Et aujourd’hui au Liban et face aux très courageux et fiers combattants du Hizbollah qui sont chez eux, l’élite Goulani qui vient d’ailleurs, connaît les pires déboires de toute son histoire. Aller confronter Hizbollah est pour les jeunes sionistes un aller simple à la mort sans retour. Et ils n’en sont que plus sûrs à cause des mères qui tremblent derrière eux. De l’autre côté se sont plutôt les mères qui appellent leurs propres enfants à mourir pour la défense de leur dignité tant bafouillée par les sionistes. Pour la cause les Palestiniennes et les femmes chiites au Liban, connaissent le taux de fécondité qui soit de très loin le plus élevé au monde. Face à cette situation, où la très puissante armée sioniste ne fait plus peur aux peuples de la région, et faute de mieux, l’on fait appel aux réservistes, vétérans d’autrefois, mais minés d’arthrose à force de l’âge. Les sionistes en sont réduits à demander des forces internationales pour sécuriser leurs frontières.

Après cinquante huit années d’une très pénible existence, l’entité sioniste, parce qu’injuste, est la seule au monde qui parle toujours de vie ou de mort à chaque crise. Shimon Pérez qui a vécu tout ce temps après ses compères, est là pour le constater une fois de plus et l’attester avec la plus grande amertume dans l’âme du sioniste pur et dur, trop longtemps aveuglé par sa débile arrogance. Il a gâché toute une vie pour rien, pour un rêve qui s’avère, comme il se doit, un simple mirage. Il s’entêtait à ne pas savoir que le faux contre le juste n’a nulle chance de l’emporter, même avec les bombes de multiples Démona et même après plus d’un siècle. Il ne voulait pas croire aux leçons de l’histoire. Il a pourtant assez vécu pour l’apprendre à ses dépends. L’entité sioniste, parce que basée sur le faux, devait se savoir condamnée tôt ou tard à disparaître. Tout autour et partout dans le monde, il n’y a nul autre Etat que l’entité sioniste, qui ne se sait sûr de sa solide pérennité et n’a nul inquiétude sur son existence.

Les sionistes n’en sont avec le temps que plus conscients, et pourtant ils s’obstinent à faire face. Et dire que les Arabes et les musulmans sont des barbares ; des apaches qui ne méritent pas de vivre ; et constituent une vermine propre à exterminer au profit des très gentils juifs, bons démocrates et civilisés nés, non seulement ne changera rien à la donne, mais contribuera à renforcer le sentiment d’injustice chez les générations futures, accroît leur haine contre ce régime intrus chez eux et raffermit son rejet et la résistance.

Israël est le principal facteur d’instabilité dans la région et de menace de la paix dans le monde.

Entre temps le monde doit en baver. Sans l’Etat d’Israël, il n’y a absolument nulle raison qu’il y ait une quelconque confrontation entre le monde musulman et l’Occident, comme il n’y en a aucune entre ce monde et le reste des peuples de cette planète non impliqués par Israël dans son soutien. Le monde musulman tel qu’il est, est toujours en paix avec toute l’Afrique, toute l’Asie, et toute l’Amérique Latine qui ne sont pas sollicités par Israël pour le soutenir contre le peuple palestinien. Il n’y a que l’Occident qui se trouve mené par les sionistes comme un taureau et par le bout du nez, pour foncer contre le monde musulman qui n’accepte pas et n’admettra jamais l’injustice infligée aux Palestiniens. Sans Israël, c’est sûr que la plus grande partie des conflits qui ont fait couler et font toujours couler du sang à profusion dans le monde musulman n’aurait pas existé. Et c’est sûr aussi que ce monde et le monde occidental aurait vécu en paix.

Le monde sans Israël aurait été plus paisible plus stable et plus fraternel.

Sans Israël, c’est sûr qu’il n’y aurait ni OLP ni Fatah ni Hamas ni Djihad ni même Al-Qaida. Et c’est sûr qu’il n’y aurait non plus nul mouvement radical de n’importe quelle obédience au sein du monde musulman. Dire aujourd’hui que les USA et l’Occident se servent d’Israël pour défendre leurs intérêts dans la région, ne résiste pas à l’analyse. Car sans Israël, l’Occident se serait beaucoup mieux servi chez les Arabes et les musulmans, dans le calme, sans nulle animosité contre lui de la part des peuples et sans le moindre risque pour ses intérêts.

C’est plutôt le lobbie sioniste qui se sert de sa très puissante influence en Occident pour l’obliger par l’arnaque à défendre à tout prix Israël et entrer ainsi en conflit avec les peuples du monde musulman, au détriment de la sécurité de ses intérêts. Pensons à l’AIPAC aux USA. Ce monstre diabolique veille dans ce grand pays à une politique étrangère très hostile aux Arabes et au monde musulman. Et la réaction ne se fait pas attendre; le drapeau américain est le seul parmi ceux de tous les pays du monde à être vu souvent brûlé sur la place publique avec le drapeau d’Israël. Ce n’est pas par animosité contre le peuple américain qui est toujours manipulé chez lui par les médias pro-sioniste. C’est plutôt contre son élite politique qui se trouve menée par le nez par l’AIPAC pour foncer contre le monde musulman qui refuse et refusera toujours d’admettre l’injustice infligée au peuple palestinien, voilà près de six décades.

Et puis Israël restera tant qu’il existe, le puissant frein à la démocratie dans le monde musulman. Via l’influence de l’Occident, les sionistes y veillent au soutien et au maintien des régimes dictatoriaux, dévolus toujours par l’arnaque, au sionisme, contre la volonté de leurs peuples. Et toute pratique démocratique y est cent pout cent de nature, comme en Palestine, à dégager une majorité politique écrasante hostile à Israël. La propagande censée promouvoir la démocratie par l’Occident dans le monde musulman, n’est donc qu’un message de menace à l’adresse des despotes pour qu’ils restent fidèles à Israël et mieux étouffer chez eux les voix hostiles. C’est si vrai que si demain l’Iran et la Syrie s’avisent à admettre la reconnaissance d’Israël, ils seront pour les USA et tout l’Occident, tels qu’ils sont à l’instant, de très gentils régimes on ne peut plus démocratiques aux plus grand mépris de leurs peuples qui pensent le contraire.

Il convient d’ajouter que, sans Israël, tous les musulmans n’auraient nul grief contre nous les juifs, et nous n’aurions en juste retour nulle raison d’avoir des griefs contre eux. C’est parmi eux que nous avons toujours vécu en paix. Et c’est avec eux que nous avons légué à l’humanité la fameuse civilisation andalouse, et c’est grâce à eux que nous avons pu transmettre à l’Europe de quoi la faire sortir des ténèbres du Moyen âge. Israël, en revanche, depuis sa création, n’a semé que destruction sur destruction et coloré toute son histoire de sang. Et il s’en vante ; quelle honte !!! 

C’est cette arrogance qui a nourri l’extrémisme islamiste dont pâtissent en premier lieu et au premier rang les musulmans eux-mêmes. Et puis, non seulement Israël a réalisé la triste performance de posséder de quoi détruire plusieurs fois le monde musulman, mais ne cesse de menacer la paix mondiale en attisant l’extrémisme en son sein et par là même la haine injustifiée du reste du monde contre cette grande communauté. Je m’attends à tout des défenseurs du faux et du contre nature. Je m’attends, entre autres, à ce qu’on m’accuse de ne pas être un juif de pur sang ; c’est très logique dans les cordes des racistes. Ils peuvent même aller jusqu’à m’accuser d’avoir le sang juif pollué par du sang arabe. Cela ne change rien à la nette distinction entre le juste et le faux. Tôt ou tard l’histoire tranchera sans nul doute.

Moi, David, je ne suis que l’un des nombreux juifs libres dans le monde. Nous tenons à ce que le monde entier sache que ces juifs et moi parmi eux nous nous considérons comme de simples hommes parmi tous les hommes de toutes les confessions et de toutes les cultures. Nous sommes en même temps très fiers de notre judaïté. Sauf que l’existence même d’Israël, qui se veut un “Etat juif”, nous fait honte. Et nous tenons à faire entendre notre voix malgré toutes les pressions pour l’étouffer.

Les sionistes peuvent vociférer tant qu’ils peuvent ; en Palestine leurs vociférations se font à coup de canons qui fauchent chaque jour des vies innocentes tirées comme des lapins et par paquets parce que coupables de refuser l’injustice.

 

Source : David Ouziel

 

dimanche 4 octobre 2020

Referendum en Nouvelle-Calédonie : Bismark en a rêvé...

 
Comme un air de Grand Remplacement !

La fachosphère adore les formules ronflantes, une de ses marottes étant ce soi-disant "grand remplacement" qui menacerait une France vouée aux invasions migratoires. Problème : la même fachosphère est d'une discrétion de Sioux face à une purification ethnique parfaitement avérée, celle mise en place par le colonisateur français en Nouvelle-Calédonie. Amnésie quand tu nous tiens !

Petit retour en arrière :
1853
L’amiral Febvrier-Despointes hisse le drapeau français à Balade, sur la côte est de Grande Terre, et prend possession de la Nouvelle-Calédonie sur ordre de Napoléon III, qui cherche un territoire où établir une colonie pénitentiaire.

1864
L’Etat français établit le bagne où 21 630 personnes seront envoyées jusqu’en 1897. Dont 4 250 révolutionnaires de la Commune de Paris, dont Louise Michel.

1874
L’exploitation du nickel, minerai découvert dix ans plus tôt par l’ingénieur Jules Garnier, débute près de Nouméa.

1878
Le chef Ataï mène la première rébellion kanak contre la colonisation. 1 200 Kanak et 200 Européens sont tués. Ataï est décapité et sa tête envoyée à la Société d’anthropologie de Paris pour étude.

Ainsi commence le récit de l'immonde colonisation de la terre des Kanak par la France, laquelle France va voir les républiques assumer, voire revendiquer, sans sourciller, l'héritage sanglant de l'Ancien Régime.

De la prise de possession par la France de la Nouvelle-Calédonie en 1853 jusqu’à 1858, les attributions de terres aux colons étaient limitées. Mais à partir de 1858, l’administration française entame une politique de colonisation offensive, spoliant les autochtones. De 1862 à 1877, l’emprise foncière européenne passe de 27.000 à 150.000 ha. En assimilant les jachères à des terres vacantes qu’elle accapare l’administration déstabilise l’économie vivrière. Le bétail des colons dévaste les cultures autochtones. Les Canaques sont repoussés dans les hautes vallées de la chaîne sur des terrains pauvres, et sont décimés par les maladies importées par les colons (il y avait 32.000 Canaques en 1860, et 24.000 en 1878). (voir source plus bas)

Question : comment s'y prend-on pour organiser un referendum dit "d'auto-détermination" qui ne dise rien du groupe concerné par le préfixe "auto" ? 

Réponse : ben, on fait comme Staline avec Trotsky, on joue de la gomme !

Présentation :

La Nouvelle-Calédonie est un archipel de l’Océanie situé dans l’océan Pacifique, à 1 500 km à l’est de l’Australie et à 2 000 km au nord de la Nouvelle-Zélande, au nord du tropique du Capricorne. Distante de la France métropolitaine de près de 17 000 kilomètres, cette collectivité (ancien territoire d’outre-mer) située en Mélanésie relève de la souveraineté française depuis 1853. Son territoire maritime couvre une gigantesque étendue de 1 386 588 km2 et représente donc un espace stratégique pour la France. Sa population est estimée à environ 271 940 habitants au 1er janvier 2020. (...) Le statut futur de la Nouvelle-Calédonie est lié à un référendum d’autodétermination qui s’est tenu le 4 novembre 2018. L’accord de Nouméa (5 mai 1998) précisait que : « La consultation portera sur le transfert à la Nouvelle-Calédonie des compétences régaliennes, l’accès à un statut international de pleine responsabilité et l’organisation de la citoyenneté en nationalité ». Ainsi, s’offre à la Nouvelle-Calédonie un ensemble de choix sur son futur statut (État associé à la France, indépendance, large autonomie au sein de la République française, etc.). Ce référendum a finalement maintenu la Nouvelle-Calédonie au sein de la France. Deux autres référendums d’indépendance pourront cependant être tenus dans les prochaines années. (source)

Ne cherchez aucune référence au peuple autochtone de Nouvelle-Calédonie, il n'existe pas !

Il se trouve que ce que Bismark n'a pas fait en Alsace-Lorraine, annexée au IIème Reich après la défaite des troupes de Napoléon III en 1870, la France l'a fait sur ce territoire arraisonné par les troupes du même Napoléon III en 1853 : la Nouvelle-Calédonie, la soi-disant République française ayant fait ce qu'aucun démocrate allemand n'aurait osé faire dans une Pologne ou sur des terres sudètes autrefois annexées par Hitler ! Lequel Hitler proclamait que tout territoire occupé par des allemands avait vocation à être annexé au Reich.

Hitler en a rêvé ? C'est ça aussi, la France, ce pays volontiers donneur de leçons, qui n'hésite pas à endosser, sans la moindre vergogne, les pires crimes de l'Ancien Régime. “Je veux du Blanc... en Nouvelle-Calédonie !”, clamait Pierre Messmer, l'âme damnée de De Gaulle (voir la sale guerre de la France au Cameroun), puis de Pompidou (2).

De fait, ce que Bismark n'a pas réalisé en Alsace-Lorraine, la France l'a fait en terre kanak, rendant les indigènes de ce pays minoritaires sur leur propre sol, pour ensuite organiser un semblant de referendum. Et comme preuve que tout cela ne sent pas très bon, ne voilà-t-il pas que la spoliation organisée va se dérouler en deux temps, sous la forme de deux referendums (2018, 2020). Mais pourquoi voter à un si faible intervalle, vous demandez-vous ?

C'est que le malaise est profond. Normalement, “auto-détermination” - 'auto' se traduisant par 'self' en anglais - concerne des peuples à qui la Charte des Nations Unies reconnaît le droit de se prendre en charge eux-mêmes. Et cet “auto” se retrouve dans “autochtone”. La formule consacrée dit “droit des peuples à disposer d'eux-mêmes”.

- Et ce serait quoi, le “peuple”, en l'occurrence ?

- Ben, on ne sait pas ! 

- Comment ça, on ne sait pas ?

C'est qu'à en croire le fameux referendum, la terre des Kanaks ne comporterait aucun peuple autochtone ; en tout cas, le fait n'est mentionné nulle part !

- Mais qui s'auto-détermine alors ? 

- Ben, les Calédoniens !

Vous avez compris ? À l'instar d'un Staline, faisant retoucher par ses sbires des photos officielles pour en faire disparaître tel ou tel personnage tombé en disgrâce, la République française n'hésite pas, à son tour, à retoucher l'histoire d'un pays, la Nouvelle-Calédonie, pour en faire disparaitre les indigènes : les Kanaks, seul peuple autochtone du territoire, les autres n'étant que des colons installés là par la puissance occupante et sans l'accord des autochtones.

Un double viol, donc, pour commencer : d'abord on s'empare du territoire, puis on y installe qui on veut, afin de rendre les autochtones minoritaires sur leur propre sol, voire un triple viol, si l'on y ajoute l'activisme séculaire des missionnaires, mandatés pour éradiquer patiemment, méthodiquement et systématiquement les coutumes et traditions locales.



Pauvres Kanaks, dont la culture ancestrale n'existe plus que sous la forme de lambeaux accrochés ici ou là dans quelque musée ethnographique, les femmes ayant abandonné leurs tenues traditionnelles pour la fameuse “robe-mission”, cette horreur imposée par les missionnaires dans le but de cacher ces corps que l'on ne saurait voir, hommes et femmes se réunissant désormais, tous les dimanches, dans l'inévitable église, afin d'y adorer un dieu venu d'ailleurs (pour mémoire, l'auteur de ce texte est fils de missionnaire ; il connaît la chanson, ou le cantique !).

Que ceux et celles que ça intéresse aillent faire un tour dans un musée ethnographique, par exemple le musée parisien du Quai Branly, pour y constater la quasi disparition de toute culture kanak néo-calédonienne, exception faite de territoires mélanésiens comme le Sépik, la Papouasie-Nlle-Guinée, les Îles Salomon...

Les élites kanak ? Des pasteurs, des catéchistes, des prêtres catholiques, d'anciens séminaristes et des bonnes soeurs. Ici, comme un peu partout, le colonisateur pense surtout à former des gens d'église et des commis d'administration, pas des médecins, scientifiques, ingénieurs, enseignants, magistrats ; ceux-là, on les fait venir à grand frais de métropole. Regardez simplement qui est préfet, procureur de la République, président de tribunal, proviseur de lycée ou principal de collège dans l'ensemble de ces colonies françaises baptisées départements et territoires d'Outre-mer !

Et en face d'une oligarchie importée de métropole, on a quelques faire-valoir : cette petite bourgeoisie locale gentillette et proprette, petite clique d'Oncle Tom dociles et soumis, prêts à avaler toutes les couleuvres, et dont l'obséquiosité explique que, de temps à autre, une jeunesse excédée par ce conformisme rue dans les brancards en déboulonnant quelques statues ici ou là.

Et pendant que la petite clique de notables roupille, la lave enfle dans les flancs du volcan. Les territoires d'Outre-mer sont certainement les régions de France ayant connu le plus de soubresauts violents depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Cela a commencé avec l'Algérie, Madagascar, l'Indochine, tous les territoires qui allaient basculer vers l'indépendance au tournant des années 1960.

Mais il y eut aussi du grabuge en Guadeloupe, en Nouvelle-Calédonie, à la Réunion..., tous ces territoires que la République française entend, mordicus, maintenir dans son giron. Vanuatu, Fidji, Trinidad et Tobaggo, les Bahamas, Saint-Kitts-et-Neville, Jamaïque, Dominique, Surinam, Guyana, Île Maurice et plein d'autres ont eu accès à l'indépendance, et, pendant ce temps, Martinique, Polynésie, Guadeloupe, Guyane, Réunion, Wallis et Futuna... doivent encore se farcir des préfets métropolitains, dont aucun ne ressemble à un autochtone, comme signe de la dérive quasi-psychopathique que vit la France en matière coloniale : une forme d'addiction, et aucun remède en vue ! Ne parlons même pas d'un vaccin !

Pour s'en convaincre, il suffit d'observer la classe politique française : de l'extrême-droite à la gauche - exception faite d'une certaine extrême-gauche -,  pas un mot sur la violation séculaire des droits des Kanaks et sur la pantalonnade référendaire organisée pour camoufler ce crime ignoble qui perdure. Il faut dire qu'en la matière, ladite “Gauche” a pris toute sa part à l’esbroufe (3). Les plus anciens doivent se souvenir d'Edgar Pisani, puis de Michel Rocard, de Lionel Jospin, ainsi que de Manuel Valls, les trois derniers agissant en qualité de Premier Ministre.

Le fait est qu'un referendum au sein duquel le corps électoral voit les autochtones du pays noyés parmi des colons rendus majoritaires est contraire au droit des peuples garanti par les traités internationaux, que la France les ait ratifiés ou non.

De fait, ce soi-disant referendum est une imposture qu'il incombera aux instances compétentes de l'ONU d'anéantir en organisant rapidement une consultation basée sur la Déclaration des Nations Unies sur les Droits des Peuples Autochtones.

Il reste que si les actuels animateurs, encore intègres, des communautés kanak ne se mobilisent pas, notamment à l'échelle internationale (voyez la puissance du tsunami Black Lives Matter), personne ne le fera à leur place.

 

Épilogue. Je discutais récemment avec quelqu'un à propos de la fameuse parabole de Malcolm X sur le "house negro" et le "field negro", la personne m'expliquant qu'il s'agissait là d'un mythe (poncif ?) plus ou moins éculé. J'ai alors argumenté en affirmant que ce n'était d'abord que l'avis de Malcolm, mais, surtout, que j'estimais qu'il y avait bien plus de deux types de cet acabit "esclave domestique" (= grimé comme son maître au point de quasiment lui ressembler et affligé des mêmes tics comportementaux ou de langage) ou "esclave des champs" (= brut de décoffrage voire un peu primitif et arriéré par rapport à son congénère précédent), dans la mesure où l'on pouvait y adjoindre au moins une catégorie supplémentaire, celle du "harki", du "collabo", en clair, du "traître à sa propre cause". Nous en avons plein d'exemples à travers l'histoire des colonisations.

S'agissant de la Nouvelle-Calédonie, nous avons un formidable récit de trahison, qui nous est rapporté par Louise Michel, déportée sur le Caillou à la suite de la Commune de Paris.

Il faut absolument lire et faire lire Louise Michel dans les écoles, collèges et lycées de France, de Navarre, et d'ailleurs.

 

Citation

Dans un passage fameux de ses Mémoires, Louise Michel a raconté la mort d’Ataï :

« Ataï lui-même fut frappé par un traître. Que partout les traîtres soient maudits ! Suivant la loi canaque, un chef ne peut être frappé que par un chef ou par procuration. Nondo, chef vendu aux blancs, donna sa procuration à Segou, en lui remettant les armes qui devaient frapper Ataï. Entre les cases nègres et Amboa, Ataï, avec quelques-uns des siens, regagnait son campement, quand, se détachant des colonnes des blancs, Segou indiqua le grand chef, reconnaissable à la blancheur de neige de ses cheveux. Sa fronde roulée autour de sa tête, tenant de la main droite un sabre de gendarmerie, de la gauche un tomahawk, ayant autour de lui ses trois fils et le barde Andja, qui se servait d’une sagaie comme d’une lance, Ataï fit face à la colonne des blancs. Il aperçut Segou. Ah ! dit-il, te voilà ! Le traître chancela un instant sous le regard du vieux chef ; mais, voulant en finir, il lui lance une sagaie qui lui traverse le bras droit. Ataï, alors, lève le tomahawk qu’il tenait du bras gauche ; ses fils tombent, l’un mort, les autres blessés ; Andja s’élance, criant : tango ! tango ! (maudit ! maudit !) et tombe frappé à mort. Alors, à coups de hache, comme on abat un arbre, Segou frappe Ataï ; il porte la main à sa tête à demi détachée et ce n’est qu’après plusieurs coups encore qu’Ataï est mort. Le cri de mort fut alors poussé par les Canaques, allant comme un écho par les montagnes. » (source)

   

Lectures

(1) ONU

(2) Messmer : "Je veux du blanc !"

(3) Parti Socialiste : question de "neutralité"

(4) Malcolm X, une parabole

(5) Silence on tue ! De Gaulle, Foccart et Messmer au Cameroun 

(6) Pierre Messmer, un portrait

     

mardi 11 février 2020

Sémantique de la désinformation #26


Épisode §26. Et ils le baptisèrent "grand remplacement"

À l'attention de ceux et celles de mes visiteurs qui ne connaissent pas la France : le "grand remplacement" est une théorie fumeuse, inventée par je ne sais quel crétin, qui n'a jamais mis les pieds dans une quelconque université pour y apprendre ou la sociologie, ou la démographie, ou les statistiques, mais bon..., et qui, par ailleurs, n'a jamais entendu parler de la Nouvelle Calédonie, cette terre canaque sur laquelle un referendum, disons, même pas d'autodétermination (1), a eu lieu en 2018. Pourquoi "même pas d'autodétermination" ? Pour la simple raison que la France nie les droits des autochtones calédoniens, le peuple canaque, seul peuple susceptible de jouir d'une "auto"-détermination, s'étant vu noyé sur son propre sol par des arrivées massives de colons, le tout dans le cadre d'une politique délibérée d'expropriation des autochtones, rendus minoritaires sur leur propre sol.

Vous comprendrez, par conséquent, que les inventeurs de la théorie du Grand Remplacement, qui sont tout sauf des intellectuels rigoureux, se gardent bien d'évoquer le sort des Canaques dans leurs diatribes.

Mais il ne sera pas question de canaques, ici, que j'évoque, par ailleurs, quelque part sur ce blog. Le fait est qu'en inspectant mes archives, je suis tombé sur un texte fort intéressant sur le départ vers leur pays d'origine de travailleurs nord-africains, à la suite de fermetures d'usines du côté de Sochaux (Montbéliard).

Il va s'agir de la citation d'une citation.

Montbéliard : les dégâts du départ des immigrés 

Gérard Mamet 

Extrait d’un article paru dans Les Cahiers de l’AERIP (Association d’Étude des Réalités Institutionnelles et Politiques), n° 3, octobre 1987, sous le titre « Les dégâts économiques et humains du départ des immigrés. L’exemple de la région de Montbéliard ».


La région de Montbéliard est profondément marquée par la mono-industrie. L’usine de Sochaux, qui est la plus grande concentration ouvrière de France est en train de connaître des changements très importants qui ont des graves répercussions sur toute l’économie de la région. Entre 1979 et 1987, les effectifs de la firme Peugeot de Sochaux sont passés de près de 40 000 salariés à 23 500 fin 86. Pendant cette période, le nombre de travailleurs immigrés est passé de 8 500 (avec les intérimaires) à environ 2 700 aujourd’hui. Ce sont donc eux les premières victimes de la crise que traverse actuellement l’industrie automobile.
[...]

Quand survient la baisse de production en 1979 les intérimaires sont renvoyés sur le champ. Ils ont servi de marge de manœuvre.

En juillet 1980, Peugeot lance une première opération « retour des étrangers » au pays d’origine. Ils reçoivent 10 000 F de l’État et 15 000 F de Peugeot. 1 000 travailleurs immigrés partent dans le cadre de cette opération qui se termine en mars 1981.

Mais ce n’est pas suffisant pour Peugeot et en 1984 la direction met au point un dispositif plus alléchant appelé pompeusement « convention de mise en œuvre des aides à la réinsertion des travailleurs immigrés dans leur pays d’origine ». Ce sont les « contrats ONI » qui font partie d’un ensemble plus vaste baptisé « plan social » qui comprend aussi les mises en préretraite FNE [1] et l’incitation au départ volontaire.

Le contrat ONI est présenté comme une « aide conventionnelle à la réinsertion en faveur des travailleurs étrangers ». Il donne droit à une prime qui peut paraître mirifique de 100 000 à 140 000 F suivant la situation familiale et l’ancienneté.

Voici la composition de la fameuse prime :
  • le versement par l’État d’une somme pouvant atteindre 20 000 F
  • une aide au déménagement qui varie selon les pays
  • le billet de retour par avion pour l’intéressé, le conjoint et les enfants mineurs
  • une indemnité correspondant à 66 % des droits aux ASSEDIC
  • l’indemnité de licenciement
  • une prime de 15 000 F de Peugeot.
Mais en contrepartie, le travailleur perd ses droits sociaux acquis en France et n’a plus la possibilité de revenir. Pour ceux qui sont près de la retraite, c’est un véritable marché de dupes.

L’aide au retour ne s’adressait normalement qu’à des travailleurs volontaires. L’article 6 de la convention indiquait : « L’ONI veille à la bonne information du personnel et au strict respect du volontariat des candidats ». Peut-on vraiment parler de volontariat dans une situation de chômage et de racisme larvé ? Beaucoup de travailleurs ont eu peur du lendemain, peur de se retrouver à la porte, sans rien, quelques mois plus tard. Après 15 ou 20 ans de travail à la chaîne, certains étaient las. Ils en avaient assez du bruit, du travail pénible et des vexations de certains petits chefs réceptifs aux idées du Front national.

La première convention a donc rencontré un certain succès : 1561 départs pour la seule usine de Sochaux (478 Turcs, 441 Algériens, 330 Yougoslaves, 166 Portugais, 115 Marocains, 27 Tunisiens et 4 divers). Mais la deuxième convention qui a démarré le 1er février 86 marche beaucoup moins bien. Les explications sont multiples. D’abord il reste beaucoup moins d’immigrés et ceux qui étaient le plus enclins à partir l’on déjà fait. Mais beaucoup d’immigrés hésitent aussi parce qu’ils reçoivent des mauvaises nouvelles de ceux qui sont rentrés : la réinsertion se passe mal. Alors on voit fleurir dans la région des tracts odieux avec le slogan « La valise ou le cercueil » et signés « Comité contre le racisme anti-français » ou des tracts un peu moins grossiers signés « Comité pour l’emploi des Français ». Si on n’a jamais su exactement qui était derrière ces diffusions de tracts anonymes, on a parfaitement compris à qui cela profitait.

Peugeot, de son côté, ne ménage pas sa peine pour persuader les immigrés de tous les avantages de l’« aide à la réinsertion ». […] Il n’y aura malgré tout que 180 travailleurs pour signer la deuxième convention ONI.

Des conséquences désastreuses

Avec les familles, ce sont près de 7 000 immigrés qui ont quitté la région de Montbéliard en 2 ans, soit plus de 5 % de la population. Dans une ville de la région, Bethoncourt, les 1 100 départs représentent 10 % de la population. Dans certains quartiers, les départs correspondent à 15 % du nombre d’habitants. […]

Tout le monde s’aperçoit vite de l’effet désastreux des départs dans de nombreuses activités : l’enseignement, le logement, le commerce et les services, etc.

[...]

– Dans la région de Montbéliard, le nombre de logements vides s’accroît de 979 de mars 85 à mars 86, principalement à cause des départs ONI. On arrive ainsi à 2 810 logements vacants pour les 3 organismes HLM en janvier 1987. Le journal local « Le Pays » du 20 février 87 annonce 16 millions de pertes pour l’habitat social. Les bâtiments vides sont murés, véritable spectacle de désolation. On voit même fleurir des inscriptions comme « dead city », ville morte, sur des bâtiments fantômes.

Certes le départ des immigrés n’est pas la seule cause de cette situation. […] Mais il en est une des causes majeures. Le secteur du bâtiment et des travaux publics a perdu 1 000 emplois en 5 ans.

– À la rentrée 85, l’inspection académique a donné les chiffres suivants concernant les départs d’enfants d’immigrés : maternelles : 480 ; primaire : 1300 ; collège. : 293 ; Total : 2073.

Les chiffres fournis par la préfecture font apparaître que le nombre d’enfants de moins de 16 ans est passé de 9 849 à 6 992 au cours de l’année 85. Dans la mesure où le ministère de l’Éducation se refuse à diminuer les effectifs des classes de façon significative dans les zones prioritaires, cela se traduit par de nombreuses suppressions de postes. Par exemple sur le quartier des Buis qui compte 4 000 habitants, l’inspection académique vient d’annoncer, en février 87, 9 suppressions de postes : 6 en primaire et 3 en maternelle.

– C’est certainement dans le commerce et les services que les suppressions d’emplois induites sont les plus importantes. Aucune évaluation n’a été faite à notre connaissance, mais on peut dire sans risquer de se tromper qu’il s’agit de plusieurs centaines de suppressions d’emplois.

Les élèves d’un collège ont réalisé une enquête auprès des commerçants du quartier des Buis à Valentigney. Voici ce qu’ils ont entendu :
  • Supermarché RAVI : baisse de 30 % du chiffre d’affaires
  • Boulangerie : grosse baisse des ventes due au départ des Maghrébins
  • Boucherie : le départ des Portugais qui étaient des gros acheteurs a entraîné une nette baisse des ventes – Bureau de tabac, pressing, […]
  • Les moyens financiers des communes sont également touchés par la diminution de la taxe d’habitation et de la Dotation générale de fonctionnement qui sont liées au nombre d’habitants.
[…]

Nous assistons donc à un véritable engrenage de la récession économique. Les suppressions d’emplois chez Peugeot et les départs des immigrés entraînent une diminution du nombre d’habitants donc de consommateurs. Cela induit des suppressions d’emplois dans d’autres secteurs comme le commerce, le bâtiment, l’enseignement, etc. Ce qui, par contrecoup, induit une nouvelle baisse de la consommation donc de nouvelles suppressions d’emplois, etc. La firme Peugeot s’en tire et devient sans doute plus compétitive, mais cela se fait au détriment de tous les autres secteurs de l’activité économiques de la région. […]

Retour ou exode

Quand un travailleur immigré quitte son pays pour des raisons économiques, il part dans l’idée de revenir au pays et cet espoir va le suivre pendant des années avant de se réaliser ou de glisser lentement vers l’oubli. Souvent le retour subsiste au niveau des mots, du rêve, du mythe. Il vit d’abord en célibataire dans l’espoir de réaliser rapidement les économies qui lui permettront de réaliser son rêve : l’achat d’un commerce, d’une ferme, d’un véhicule de transport, etc. Mais l’argent ne se gagne pas aussi vite qu’il l’espérait. Il fait venir sa femme et ses enfants. Ces derniers sont scolarisés en France et commencent à vivre comme tous les jeunes et tous les enfants de leur âge.

La pression du racisme et les primes proposées aux candidats au départ sont venues perturber les mécanismes normaux d’intégration dans la société française. Les familles immigrées se sont trouvées déstabilisées et certaines d’entre elles se sont décidées à quitter notre pays. Le collège des Tâles à Valentigney a organisé une correspondance avec les enfants rentrés au pays de leurs parents pour savoir ce qu’ils étaient devenus. Le collège a reçu des dizaines de lettres pleines de tendresse et de nostalgie. Cet échange de courrier, s’il n’a pas le caractère d’une enquête scientifique, permet de se faire une idée sur les difficultés de réinsertion de ces enfants. Ce sont eux les véritables sacrifiés de cette politique dite d’aide au retour.

Que disent-ils dans leurs lettres ? D’abord que certains parents n’ont pas trouvé de travail. Sur 21 pères, 11 se sont installés comme commerçants, 5 ont un autre travail et 5 sont au chômage, soit près de 25 %. Cela vient contredire le discours officiel de l’ONT qui laisse croire que la réinsertion se passe bien. L’ONI devait d’ailleurs vérifier le sérieux des projets de réinsertion avant la signature des contrats. Les projets de réinsertion ne correspondent que rarement aux besoins des pays d’origine. L’Algérie ou la Turquie ont besoin d’ouvriers très qualifiés, de techniciens, d’ingénieurs, etc. et pas tellement de commerçants. Il faut donc battre en brèche un certain discours sur le retour considéré comme un outil du développement de pays du Tiers-Monde. La France n’a d’ailleurs jamais fait un effort sérieux de formation professionnelle des travailleurs immigrés. À Sochaux, ils sont ouvriers à plus de 99 % (en 1977, seulement 6 ingénieurs et cadres et 40 employés, techniciens, agents de maîtrise sur 6 500 étrangers).

La réinsertion scolaire est également très problématique. Les enfants algériens disent qu’ils ont beaucoup de mal avec l’arabe classique. Les jeunes rentrés en Turquie ne maîtrisent pas la langue turque. Certains disent qu’ils ne comprennent rien à aucune matière. Ce qui est dramatique, c’est que ces enfants qui commençaient à réussir dans l’école française se retrouvent à la case départ. Certains expliquent dans des termes bouleversants qu’ils ne pourront pas réaliser leur projet de devenir infirmière ou technicien.

Mais c’est sans doute au niveau psychologique que leur situation est la plus dramatique.

[…]

En fait, ces enfants, ces jeunes étaient intégrés dans la société française, parfois peut-être sans s’en être rendu compte.

Mais nous avons aussi des échos des adultes. Certains connaissent de grosses difficultés : chômage, absence de logement, différences de mode de vie, etc. Le syndicat CGT de Sochaux par exemple a reçu plusieurs lettres disant : « Nous avons été trompés, nous n’avons pas de travail, aidez-nous à revenir. Nous sommes prêts à rembourser les primes ». Quand François Mitterrand est venu à Montbéliard, SOS Racisme l’a d’ailleurs interpellé sur cette question. Il faudra bien que la France accepte que ceux qui ne peuvent pas se réinsérer puissent revenir. Certains sont déjà là avec des visas de tourisme.

L’attitude des amicales qui entretenaient plus ou moins le mythe du retour a changé. Pendant longtemps, l’Amicale des Algériens par exemple, disait que l’Algérie était prête à accueillir tous ses ressortissants. La crise économique : baisse du pétrole et baisse du dollar, a entraîné une modification du discours. L’AAE insiste maintenant sur le droit de rester, ce que fait aussi l’ATMF depuis plusieurs années. L’ATMF dit même : les immigrés sont intégrés dans la société française et ils resteront ici. Point de vue que nous partageons complètement.

 

En guise de conclusion

1 – La région de Montbéliard a fait l’expérience de la politique de renvoi massif des immigrés, préconisée par Le Pen puisque le quart des immigrés est parti. Les effets en sont catastrophiques pour l’économie de la région. Les commerçants des quartiers sont peut-être ceux qui font le plus les frais du départ des immigrés. Ce qui est sûr : les déséquilibres économiques se sont encore accentués.

[…]

2 – Les problèmes humains de ceux qui sont partis ont souvent été négligés. La prime, même si elle atteint les dix ou douze millions de centimes, ne résout pas magiquement les problèmes de réinsertion. Elle a finalement empêché les familles de faire un véritable choix qui tienne compte de tous, c’est-à-dire aussi des femmes et des enfants.

Article extrait du Plein droit n° 4, juillet 1988


Source 


(1) Auto..., en anglais self. S'agissant de la Nouvelle-Calédonie, à qui peut bien renvoyer ce "self"/"auto" ? On ne sait pas. En tout cas, le concept même de "peuple autochtone" semble avoir été effacé des tablettes, à la manière des sbires de Staline retouchant une photographie gênante afin d'en faire disparaître un quidam tombé en disgrâce ! France, pays des droits de l'Homme, mais pas de ceux des Canaques !


Lecture


jeudi 23 janvier 2020

Sémantique de la désinformation #24


Épisode n° 24. Où l'on reparle de l'"antisémitisme"

Cette fois, ça va être très bref.

Le hasard me mène tout récemment sur un forum sur lequel apparaît ce qui suit.


Ainsi, donc, le sieur Mohamed Sifaoui y est allé de son couplet sur l'"antisémitisme" (chez moi, les guillemets sont toujours de rigueur), mais pour dire quoi ?

Pour affirmer, haut et fort, que les (Arabes) Saoudiens sont des antisémites.

Et moi de penser : "décidément, con un jour, con toujours !"

Outre le fait, assez affligeant, s'agissant d'un sujet d'origine berbère, de dénier, pour lui-même, le fait d'appartenir à la famille sémitique - voyez ce que Malcolm X dit de l'autodénigrement chez les sujets sous domination coloniale - Sifaoui s'enfonce dans le ridicule en montrant à la face du monde que sa propension à la flagornerie n'a d'égale que son immense inculture académique, dès lors que pas un sujet détenant un niveau de culture universitaire moyen n'ignore la composition des peuples se réclamant du "sémitisme".

Bien évidemment, je me suis fendu d'un petit "tweet" à l'attention de ce pauvre type...



Citation :
« Parmi les esclaves afro-américains, Malcom X faisait la différence entre les “noirs domestiques” (house negroes) et les “noirs des camps” (field negroes). Les premiers vivaient sous le même toit que leur patron ; leur mentalité était plus esclavagiste que l’esclavagiste lui-même ; ils parlaient de “notre plantation”, de “notre maison” ; ils s’inquiétaient quand leur patron tombait malade ; si un incendie se déclarait, ils déployaient toute leur énergie pour l’éteindre. Les seconds étaient exploités dans des camps ; ils haïssaient leur patron ; quand leur patron tombait malade, ils priaient pour qu’il meure, si la demeure prenait feu, ils priaient encore pour que le vent souffle plus fort. Reproposant cette distinction pour les Etats-Unis des années 60, Malcom X distinguait ceux qui parlaient de “notre gouvernement” et ceux qui disaient simplement “le gouvernement”. “J’en ai même entendu un qui disait "nos astronautes, racontait-il. Mais ce noir est un noir complètement fou !” (Source)

On résume ? On pense ce qu'on veut de l'intégrisme rétrograde et totalitaire des Wahhabites saoudiens, mais de là à taxer le noyau même de la culture et de la civilisation (arabo)sémitique d'antisémitisme relève du plus pur crétinisme !
 


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mercredi 4 septembre 2019

France Ô ou une certaine idée de la (re)colonisation #9


Épisode §9. Encore une histoire (presque) sans paroles...

Cette fois, ça va être très court...

Dans notre série d'articles concernant cette formidable chaîne de télévision, la seule - du paysage audiovisuel français directement accessible sur la TNT (Télévision Numérique Terrestre) - à être parfaitement calibrée pour la mondialisation, c'est-à-dire dont la majorité des émissions peuvent être diffusées n'importe où dans le monde - notamment dans au moins trois continents : Afrique, Amériques, Asie/Océanie -, moyennant la simple adaptation du son (doublage) selon le pays concerné - chaîne qu'une petite clique de guignols stupides et phénoménalement incultes souhaite rayer de la carte -, pour rester dans la rubrique "Que serait la France sans ses sportif/ve/s issues des colonies ?", voici une image faisant logiquement suite à l'épisode précédent, et que je vous présente sans le moindre commentaire.



Citation : 
Les recherches conduites par le CNRS en outre-mer concernent des disciplines aussi diverses que l’écologie, les sciences de la vie, les sciences de la Terre, la physique, la chimie ou les sciences humaines et sociales. Ces recherches sont transversales et interdisciplinaires, fondamentales mais aussi appliquées. Elles mobilisent une communauté importante de chercheurs, enseignants-chercheurs, ingénieurs et techniciens. (...) Les territoires d’outre-mer sont, de par leur localisation, des lieux privilégiés pour les études sur l’environnement, notamment en ce qui concerne les modifications induites par les changements climatiques. (...) Cette exposition témoigne des travaux menés par les chercheurs des laboratoires du CNRS en outre-mer : Guyane française, Polynésie française, Antilles françaises, Nouvelle-Calédonie, îles antarctiques et subantarctiques françaises, îles Éparses, la Réunion. (Source)

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P.S. J'écoute souvent (toujours !) de la musique en travaillant sur mon ordinateur. Et là, ça a été (pour la 2584ème fois !) les Quatre Derniers Chants (Vier Letzte Lieder) de J. von Eichendorff et quelques comparses, mis en musique par Richard Strauß (pron. 'straouss'), et chantés par... à votre avis, qui d'autre que Jessye Norman ? Je vous laisse apprécier "Im Abendrot", 'featuring' Gewandhaus Orchester Leipzig + Kurt Masur. (By the way, Norman et Masur sont à la limite du décrochage, comme on dirait en aéronautique ; il faut dire qu'elle était/est une des rares à pouvoir se permettre de telles séquences d'apnée... À comparer avec la "grande" Elisabeth Scharzkopf (10' contre 8'25 ; cf. R. Fleming : 9'25, L. Popp/G. Solti, une catastrophe, surtout le chef : 6'01 !!!), que j'adore par ailleurs, chez Mozart notamment, ou dans le rôle de 'Die Marschallin', (cf. la production mâââgique de Walter Legge, avec quelques jeunes gens, dont une certaine Christa Ludwig et un certain Herbert von Karajan)...  moins ici, ces Quatre Chants exigeant que la cantatrice ait vraiment du coffre !). (Lien) (Lien) (Lien) (Lien/cf. le titre et le dernier paragraphe sont (surtout le titre !!!) à hurler de rire, enfin...)


Ça c'est un "lapsus calami" qui aurait plu à Siegmund Freud ! Où le "Chevalier à la rose" est devenu "Piano à la rose". Hilarant, non ? Mais j'imagine que M. Rockwell n'a pas saisi le texte lui-même et ne s'est relu qu'en diagonale ! Quant à sa (probable) secrétaire, loin de moi l'envie de l'incriminer : tous les dactylographes un peu rapides (j'en fais partie) ont une méchante propension à trop faire confiance à leurs doigts et ne se relisent qu'en diagonale ; et je suis le premier à être conscient de la chose. Cela dit, quand on s'appelle le NYT, on se doit d'avoir des 'relecteurs' performants. Mais d'un autre côté, il y a certainement une explication technique : l'article d'origine a été numérisé, et les logiciels de reconnaissance des caractères se trompent parfois, comme expliqué ci-dessous :

"Occasionally the digitization process introduces transcription errors or other problems. Please send reports of such problems to archive_feedback@nytimes.com.

Je me suis, donc, empressé de signaler la coquille au service des archives du grand quotidien newyorkais.