Tout avait commencé par une notification émanant du Louvre. Il y était question d'un peintre français passé par l'Italie, avec une effigie de femme au premier plan, ce qui m'a immédiatement fait penser à deux figures féminines ornant le plafond de la Chapelle Sixtine. Et puis voilà que le Louvre supprime son tweet.
Enfer et damnation !, ai-je pensé. Le problème est que je ne me souvenais plus du tout du nom du peintre. Et alors ?, me dit une petite voix. Tu ne sais plus te servir d'un moteur de recherche ?
Et comment donc, que je sais me servir d'un moteur de recherche !
Petit retour en arrière. Je me trouve dans le CDI (autrefois on disait "bibliothèque") d'un assez important collège-lycée de la banlieue parisienne (2500 élèves), lorsque arrive une classe conduite par la prof d'arts plastiques. Au même moment, la dame du CDI placarde de grandes affiches estampillées "Louvre" ; sur l'une d'elle figure un portrait de femme noire.
Les élèves et la prof se rassemblent autour de l'affiche en se demandant de qui pouvait bien être le tableau, la mention ne figurant nulle part sur l'affiche.
Cela dit, quand on connaît un peu le Louvre, on se doute bien que les personnages "exotiques" figurant en sujet principal, voire unique, d'un tableau de l'ère dite "classique", sont plutôt rares. Voilà qui m'a incité à m'installer derrière un des ordinateurs et de lancer un moteur de recherche, puis taper trois mots-clés.
Grand étonnement des élèves, voire visages ébahis : "Mais comment avez-vous fait ?".
Comment ? Mais c'est tout simple ! Voyez les trois mots-clés que j'ai tapés : Louvre - femme - noire.
La prof d'arts plastiques m'a lancé quelque chose comme un regard pas empreint d'une très grande bienveillance...
Cette fois-ci, étrange coïncidence, il était de nouveau question d'une image émanant du Louvre, et l'affaire me semblait bien plus compliquée.
Bien évidemment, il y avait ces similitudes avec les sibylles de Michel-Ange. Mais deux détails au moins avaient attiré mon attention : aux pieds du sujet féminin principal, un petit personnage masculin ailé faisant penser à Eros, mais surtout, à l'arrière du sujet principal, une masse noire qui devait être une aile. Je précise que je n'avais observé cette image que de manière fugace.
Qui dit personnages ailés dit "anges", ai-je d'abord pensé. Donc, Bible ?
"Ange ? Bible ?, quel rapport ?", me dit de nouveau la petite voix de tout à l'heure. Il existe des personnages ailés ailleurs que dans la Bible, non ? Et la Victoire de Samothrace alors ?
Ben, c'est vrai qu'elle est ailée, la Victoire de Samothrace !, qu'on peut voir au Louvre, au milieu d'un escalier monumental !
Donc, notre personnage féminin ailé n'était pas nécessairement une émanation biblique. Il n'empêche que je suis resté sur la ligne de départ : la référence au Michel-Ange de la Chapelle Sixtine. Et au bout d'une nuit de cogitation, dès mon réveil, je me suis rué sur un ordinateur et j'ai tapé de nouveau trois mots-clés et pas un mot de plus !
Et là, il a fallu jouer de la molette, je veux parler de celle de ma souris d'ordinateur, bien plus efficace et plus rapide que ces stupides pavés tactiles qu'on vous colle sur tous les ordinateurs portables. Et cela a quand même pris cinq bonnes minutes, jusqu'à ce que je tombe sur ça !
L'image recherchée était bien là. La flèche rouge, à droite, donne une idée de l'espace parcouru par le curseur.
Trois mots-clés donc : Louvre - peinture - religieuse. Comme il fallait s'y attendre, le moteur de recherche a opéré une sélection assez large, puisqu'on peut apercevoir sous l'image recherchée le fameux portrait de Mme Récamier par Jean-Louis David, dont on ne peut pas dire qu'il soit d'inspiration religieuse.
Nous avions, donc, retrouvé le fameux tableau du Louvre, œuvre de Simon Vouet (1590-1649). Je précise que cette recherche a été en partie affichée sur mon compte Twitter, sur lequel j'ai posté quelques éléments comme ce qui suit.
Il y avait bien un ange (de sexe féminin) au centre du tableau. Mais, surtout, la similitude avec les sibylles de Michel-Ange était criante : le travail sur les drapés, la texture des tissus, les couleurs vives, les reflets, le clair-obscur. Or, à partir du moment où j'avais jeté mon dévolu sur la référence à la Chapelle-Sixtine, l'inspiration religieuse me semblait incontournable, d'où les deux mots-clés accompagnant "Louvre".
Le tableau de Simon Vouet s'intitule "La Richesse". Alors, forcément, je suis allé inspecter la page correspondante sur le site du Louvre.
Et voilà qu'en consultant ce descriptif estampillé "Louvre", je saute quasiment au plafond !
Mais comme vous êtes perspicace(s), vous avez compris pourquoi j'avais sauté au plafond !?
La suite (et fin) prochainement ici même, peut-être !