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mardi 19 mars 2019

Memento : retour sur une infâmie internationale portant un nom : Bush


Vous connaissez la nouvelle ? Il paraît que George Bush, le prédécesseur de Barack Obama, est mort.

- Mais monsieur, va-t-on me rétorquer, vous vous trompez ! C'est le père, George Bush, qui est mort ; le fils, George W. Bush, est bel et bien vivant !

Vivant, enfin, si l'on peut dire. Il semble que celui qui était le président des États-Unis, en ce début de mars 2003, a disparu des tablettes, après s'être converti à la... peinture. Bien évidemment, après deux mandats, il ne saurait être question pour lui de se porter candidat pour la Maison Blanche. Le fait est que ses dernières apparitions publiques ont eu lieu lors de deux obsèques : celles de sa mère, d'abord, celles de son père, ensuite. À part ça, la famille Bush comptait encore un rejeton impliqué dans la politique : Jeb, gouverneur de Floride, lequel a été balayé avec d'autres lors des dernières primaires républicaines qui virent Donald Trump l'emporter au final.

Exit, donc, la famille Bush. Vous parlez d'une déconfiture !

Mais j'en entends qui se demandent pour quelle raison je me mets, tout d'un coup, à évoquer cette calamiteuse famille de politiciens américains.

La raison ? Un peu de mémoire et de hasard.

Mars 2003, ça vous rappelle quelque chose ? Oui ? Non ? 

Pour ma part, j'avoue que ça m'avait un peu échappé - je veux parler de la date exacte -, et puis, tout récemment, autant dire ce matin, je fais un peu le ménage chez moi, au milieu d'une montagne d'imprimés en tous genres, lorsque je suis tombé sur ce qui suit : une coupure de presse collectée au temps où je lisais (achetais) encore le journal, je veux dire certains journaux...

Un des auteurs concernés par les articles qui suivent s'appelle Bruno Tertrais et passait, il n'y a pas si longtemps que ça, pour un de ces experts en relations internationales et stratégiques que le monde entier "nous" envie. Mais il y a aussi l'essayiste Guy Sorman, qui n'hésite pas à "vendre la mèche" (la guerre va se faire pour le bénéfice d'Israël), sans oublier un éditorial à l'eau tiède de Yves Thréard, bien dans la droite ligne du quotidien de la famille Dassault.

On appréciera, en passant, ce constat que l'on doit à un... Commissaire aux Droits de l'Homme du Conseil de l'Europe, qui nous livre cette expertise : L'histoire de l'Europe démontre à l'envi combien la confrontation armée fut nécessaire pour la survie des nations libres. Ça ne s'invente pas, n'est-ce pas ? Il est vrai que notre homme se rattrape un peu plus loin, n'étant pas dupe des bienfaits supposés des guerres néo-coloniales ou des néo-guerres coloniales, c'est selon. En attendant, il démontre que l'ONU ne sert (plus) à rien.

Ceux et celles qui ne connaissent pas la France doivent savoir que Le Figaro est un quotidien appartenant à une famille française de marchands d'armes.

Depuis la catastrophe qui allait s'abattre sur l'Irak, la famille Bush a sombré dans l'anonymat, et avec elle pas mal de "beau monde". Je pense, entre autres personnages, à ce brillantissime général Powell agitant devant les caméras sa fiole de substance chimique attribuée au régime de "l'infâme Saddam Hussein". Quant à nos grands experts en géo-politique et autres relations stratégiques, si Bruno Tertrais et Guy Sorman sont devenus bien moins visibles qu'autrefois, pas mal d'autres de leurs congénères continuent de pondre leurs expertises bâclées et mal ficelées, à l'instar de ce qui s'est produit à propos de la Syrie et, quelques années plus tôt, de la Libye.

Comme preuve(s) que les experts n'apprennent rien de l'histoire. Normal : les experts ne se trompent jamais !

Dans notre série : le hasard fait bien les choses, voici, donc, un petit retour en arrière grâce à une archive bien jaunie du Figaro, édition du mardi 18 mars 2003.

Nota bene : les traits de soulignement sont de mon fait et datent du jour de l'achat du journal. Par ailleurs, pour agrandir une image, on clique (à gauche) dessus.







Bruno Tertrais dixit : "Si l'on veut mettre un terme définitif à la menace potentielle que les programmes de Saddam représentent pour les Etats-Unis... la seule option possible est d'en finir avec le régime irakien.". Ce genre de logorrhée ne vous rappelle rien ? Voyez la Libye, la Syrie, la Corée du Nord...

Par parenthèse, est-ce que quelqu'un sait où est passé ce grand expert et futurologue de Bruno Tertrais ? Parce que, dans la rubrique "Tout ça pour ça ?", il semble que M. Tertrais ait plein de choses à nous dire, non ?

Non mais, sérieusement, vous n'êtes pas subjugués par ce chef d'oeuvre de raisonnement, que l'on doit toujours à Bruno Tertrais ? 
Si, par extraordinaire, Saddam Hussein avait effectivement renoncé à tous ces programmes, il aurait été facile d'en apporter la preuve en coopérant de manière active avec les inspecteurs...
Vous avez compris ? Apporter la preuve que les armes - qu'on n'a pas trouvées - n'existent pas... Ça mérite le Prix Nobel, non ?!  


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dimanche 10 juin 2018

Affaire Skripal-Nowitchok : retour sur une laborieuse tentative de mystification


Je tombe, l'autre jour, sur un article allemand dont peu de monde a parlé, et qui, pourtant, aurait dû provoquer une avalanche de commentaires ! 

Rendez-vous compte : Theresa May, ci-devant premier ministre du Royaume-Uni, s'est permise d'accuser la Russie de l'empoisonnement d'un ex-agent-double et de sa fille, au motif que le produit suspecté, dénommé "Novitchok", ne pouvait avoir été produit que par la Russie, théorie difficilement défendable sur la base de la stricte analyse scientifique, ainsi que je l'ai, moi-même, relaté ici.

Et ne voilà-t-il pas que des média allemands nous révèlent ce que nous étions quelques-uns à soupçonner, à savoir que le Novitchok était bel et bien connu des Occidentaux, et pour cause ! Lisez donc l'article de la SüddeutscheZeitung, que je vous traduis ci-dessous. (Source)



Les armes chimiques de Moscou

Des mensonges, du poison et des transfuges

Dans les années de détente qui ont suivi la chute du mur de Berlin, le BND (Bundes-Nachrichten-Dienst) a mis la main sur l'arme (chimique) baptisée Novichok, et cette découverte s’est avérée utile dans l'enquête en cours sur l'affaire Skripal.




Par Georg Mascolo et Holger Stark

En juillet 1990, alors que le mur de Berlin était tombé  (cf. novembre 1989, note du traducteur), que la réunification était imminente, prenait fin, pour les Allemands, l'un des chapitres les plus terribles de la guerre froide. Près de Clausen, dans le Palatinat, et sous la surveillance de forces spéciales lourdement armées, des soldats américains ont entrepris de récupérer 120 000 obus d'artillerie dans des conteneurs hermétiques. 437 tonnes de deux des armes chimiques parmi les plus dangereuses : le Sarin et le VX, ont été acheminées par le rail à Nordenham et chargées sur des navires américains.

"L'opération Lindwurm" était supposée libérer définitivement l'Allemagne de l'Ouest de ces armes de destruction massive. Le chancelier fédéral d'alors, Helmut Kohl, avait littéralement extorqué au gouvernement américain un retrait anticipé, alors que ce dernier n'était prévu que pour 1992.

Le BND s’est procuré le gaz innervant « Novitchok » dans les années 90.

C’est à cette époque qu’au cours d’une opération secrète, le service de renseignements allemand est parvenu à accéder à la dangereuse arme chimique, et ce grâce à un transfuge venu de Russie.

À peine quelques années plus tard (après ce qui avait été censé être le départ via les troupes américaines de tout le stock d’armes chimiques déposé en Allemagne, cf. le premier paragraphe, ndt), le gouvernement de Kohl se retrouvait, donc, de nouveau confronté à une décision concernant des armes chimiques. Cette fois,  il ne devait pas y avoir d'images spectaculaires à la télévision ; le secret a été plutôt bien gardé. À la Chancellerie, il s’agissait avant tout de traiter de questions d’ordre politique et de droit international. La question était de savoir si l'Allemagne pouvait permettre qu'un nouvel agent de guerre très dangereux soit introduit dans le pays : le fameux "Nowitschok", mot signifiant « nouveau venu » en russe.

Cette fois-ci, il ne s'agissait pas de tonnes, mais de milligrammes, pas d'une opération militaire, mais d'une opération de renseignement. Avec la disparition de l'Union Soviétique, on a vu grossir le nombre de ceux qui voulaient gagner de l'argent en livrant des informations sensibles voire désireux tout bonnement de changer de camp. Le Service de renseignement fédéral (BND) avait, depuis peu, trouvé une source de renseignements en la personne d’un  scientifique russe, et l’individu en question  proposait désormais de fournir (aux Allemands) un échantillon d'une nouvelle neurotoxine, à la condition que lui et sa famille soient autorisés à venir à l'Ouest. Il aurait agi pour des motifs purement éthiques.

Une nouvelle arme de guerre ? Aujourd'hui, le monde entier connaît le Nowitschok, lequel appartient principalement à un type d'armes chimiques dites binaires. Elles  peuvent être assemblées rapidement via l'utilisation de deux substances relativement inoffensives. C’est une variante de ce Nowitschok, dite A-234, qu’on a utilisée sous une forme très pure en mars de cette même année (2018) lors d'une attaque contre l’(ex-)agent double russe Sergeji Skripal et sa fille. En remontant plus en amont, au début des années 1990, des soupçons existaient bien, faisant craindre que l'Union Soviétique ait développé une nouvelle arme chimique encore plus toxique que n'importe quelle autre substance existante. Il y avait des spéculations, mais aucune confirmation.

À la fin de la guerre froide, Mikhaïl Gorbatchev a déclaré renoncer aux armes chimiques.

Tout au long de la guerre froide, la course aux armements chimiques s’est avérée tout aussi féroce que pour les armes nucléaires, les superpuissances tentant constamment de se surpasser : qu’est-ce qui pouvait tuer vite, tout en étant disponible en très faible concentration, qui peut pénétrer à travers un équipement de protection et un masque à gaz ? Déjà, en mai 1971, la direction du Kremlin avait donné l'ordre d’entamer des recherches sur une nouvelle catégorie d'armes chimiques dites de quatrième génération. En Union Soviétique, le nom de code du projet était "Foliant", un institut basé dans un district industriel de l'est de Moscou est censé avoir été le centre névralgique des recherches. Dans l'appareil militaire soviétique, la substance n’était connu que sous son acronyme : "GosNIIOKhT". Le courrier provenait d'une adresse factice : Boîte Postale M-5123.

Mais pouvait-on vraiment affirmer qu’il y eût en Russie (URSS !) des recherches en matière d’armes chimiques ? Le chef du parti communiste, Mikhaïl Gorbatchev, avait  promis, en 1987, que son pays se passerait de ces armes. La déclaration fut suivie d'une véritable opération de relations publiques, où l’on vit Gorbatchev convier des diplomates étrangers et des journalistes à visiter l'usine ultra-secrète d'armements chimiques de Shichany, dans le cadre d’une « journée portes ouvertes ». Les visiteurs furent guidés par le lieutenant-général Anatoliy Kunzevich, adjoint du commandant  des unités d'armes chimiques, et l’on put même examiner des modèles de grenades à main remplies de gaz. On était en pleine Glasnost. Mais à la suite des informations fournies par ce fameux informateur russe au BND, des questions urgentes se sont posées (au camp occidental) : Gorbatchev avait-il dit la vérité ? Ou alors, son successeur par intérim, le président Boris Eltsine, aura-t-il été trompé par ses propres militaires ? Et surtout, fallait-il craindre que d'autres – Syrie, Corée du Nord, voire des terroristes - se servent désormais des vastes arsenaux de la défunte Union Soviétique.

Ce fut une période de grandes perturbations et d'opérations risquées. Les agences de renseignement occidentales ont voulu profiter de la faiblesse de leur ancien adversaire pour recruter des informateurs et dérober des secrets. Le BND était aux premières loges. Les Allemands étaient très intéressés par les armes chimiques, mais fallait-il pour autant en faire entrer en Allemagne ? Des juristes, au sein du ministère de la Défense ainsi que de la Chancellerie, ont été mis sur l’affaire, l'Allemagne ayant signé, en  1954, les accords dits de Paris. L'une des considérations pour la fin de l'occupation alliée, à l'époque, était la renonciation aux armes de destruction massive. L'Allemagne est le pays inventeur du premier gaz toxique et a été le premier à en  user durant la Première Guerre mondiale. Et plus tard, ce pays a juré ne plus jamais rien avoir à faire avec ce truc du diable. Kohl avait promis que cela s'appliquerait également au pays après la réunification. Et voilà qu’on parle d’importer du Nowitschok en Allemagne ? Etait-on disposer à s’exposer au soupçon de vouloir se livrer à une reproduction clandestine de la substance en question ?

À la fin, on est parvenu à quelque chose relevant du  compromis. Le scientifique russe est arrivé en Allemagne, via l'Ukraine et l'Autriche, parvenant directement au siège du BND à Pullach, près de Munich. L'échantillon ne devait apparemment être acheminé que plus tard, dans les bagages de l’épouse du transfuge, soigneusement emballé pour que le poison ne puisse pas s'échapper. La Bundeswehr possédait un centre de recherche à Munster, en Basse-Saxe, sur un site où les Allemands avaient déjà testé des armes chimiques. Il s’agissait là d’un bien lourd héritage. C'est l'une des raisons pour lesquelles la chancellerie a décidé d’opter pour un pays neutre doté d'une expertise chimique pour analyser le contenu de l’échantillon. Le choix tomba sur la Suède. Certains des initiés de l'époque veulent se souvenir que la substance est parvenue en Suède via l'Allemagne. D'autres nient catégoriquement cela. Il est certain que le scientifique russe a été autorisé à venir à l'Ouest, où il vit avec sa famille depuis 1988, en tout cas, de temps à autre en Allemagne. La Bundeswehr l’a pris en charge pendant un certain temps.

La formule que les Suédois ont extraite de l’échantillon révéla au grand jour l'un des plus grands secrets de la défunte Union soviétique. Et au sein du gouvernement fédéral allemand fut discutée la question de savoir quoi faire de cette information. Un accord avait été adopté pour interdire toutes les armes chimiques dans le monde, que les Etats-Unis et l'Union Soviétique avaient signé peu avant la chute du Mur de Berlin, promettant de révéler largement leurs arsenaux. Mais Moscou (l’Union Soviétique !, ndt) avait gardé secrète une arme chimique telle que le Novichok. Tout comme le général soviétique Kunzewitsch avait menti lors de l’opération portes ouvertes. Plus tard, il sera soupçonné d'aider le régime syrien à bâtir son arsenal d'armes chimiques.

Les Allemands avaient maintenant des preuves solides que la Russie (L’Union Soviétique !) n’avait pas respecté pas les accords. Pendant ce temps, la suspicion était également devenue publique : le lanceur d’alertes Wil Mirsajanow, une sorte de chef du contre-espionnage au sein du sulfureux Institut de Moscou, a écrit dans plusieurs articles sur l'existence d'une nouvelle classe d'agents (chimiques) binaires. Il a été libéré, après avoir été temporairement détenu pour trahison, puis finalement acquitté. En 1995, Mirsajanov fut autorisé à émigrer aux États-Unis et y a même fait éditer un livre en 2008. Helmut Kohl prit la décision d’informer les plus proches alliés de l'OTAN de l’existence du Nowitschok et, par la suite, les Allemands mirent  en place, conjointement avec les États-Unis, la Grande-Bretagne, la France, le Canada et les Pays-Bas, un groupe de travail secret, censé organiser l’échange d’informations sur le Nowitschok.

Dans certains États-membres de l'OTAN, des quantités minuscules du poison ont été  secrètement produites pour mettre à jour les vêtements de protection ainsi qu’un traitement médical adéquat. Néanmoins, on s’est gardé de produire un acte d'accusation publique contre la Russie. Kohl voyait en Boris Yeltsin « un ami » : "nous ne voulions pas de grosses turbulences", se souvient un initié. On s’est contenté d’envoyer un émissaire à Moscou pour y délivrer un message simple : « nous sommes au courant pour le Nowitschok ; nous savons ce que vous faites. » Les Russes, quant à eux, du moins à en croire les sources américaines, n'auraient pas nié l’existence du produit. Mais ils se seraient contentés d’opérer des recherches sur les poisons, sans chercher à lancer de production des substances.

C'est cette longue histoire qui a permis aux Britanniques, après l'attaque contre Skripal, d'identifier rapidement l’agent toxique que lui et sa fille auraient ingéré. Salisbury n'est pas loin du centre de recherche britannique "Porton Down" – dont les  experts savaient ce que le BND et d'autres avaient appris sur le Nowitschok.

Au plus fort de l'affaire Skripal, lors de l'expulsion massive de diplomates russes des Etats-Unis et d'Europe, l'ambassadeur de Russie à Londres a produit ce démenti : "Nous n'avons pas produit ni stocké de Nowitschok". La Russie tentait d’adapter la vérité à sa propre sauce. Mais la vérité veut aussi que le Nowitschok ne soit plus un secret (pour quiconque !? ndt). C'est pourquoi la hasardeuse théorie britannique, selon laquelle le poison ne peut provenir que de la Russie, est audacieuse.

Après la tentative d'assassinat sur Skripal, certains des rares fonctionnaires qui se souviennent encore de l'opération allemande autour du Nowitschok ont ​​contacté leurs supérieurs, notamment au ministère de la Défense. Entre-temps, les dossiers les plus secrets ont été extraits des archives, et le gouvernement fédéral d'aujourd'hui a voulu savoir ce qu’il s’était passé autrefois. Parce que la confrontation entre la Russie et l'Occident sur le Nowitschok est partie pour durer. Pendant ce temps, le gouvernement britannique prétend que la Russie a "produit de petites quantités de Nowitschok" au cours de la dernière décennie, et que des spécialistes ont été formés pour utiliser de tels agents – sur des poignées de porte, par exemple. Skripal et sa fille auraient été empoisonnés par le biais d’une poignée de porte de leur logement.

Les manipulations autour du Nowitschok, à en croire les Britanniques, se poursuivent jusqu’à aujourd'hui.


Fin du texte



Commentaires :

Dois-je vous avouer que la traduction de ce papier fut bien pénible, à l'instar de celle d'un autre papier tiré d'un site "juif libéral" (cf. The Forward) que j'avais abondamment critiqué ?

Le fait est que j'ai été fort étonné que la référence journalistique qu'est censée être la Süddeutsche Zeitung puisse se livrer à de telles manipulations. On me dira qu'en France, on a bien Le Monde !!!!

Manipulations, dites-vous ?

Oui, je le dis, et je l'affirme.

Commençons par le style : visiblement, nos deux rédacteurs n'ont plus qu'une vague idée de la concordance des temps ! Ce qui fait qu'ils ont décidé de s'asseoir sur tout ce qui tient à la perspective : on a là des événements qui se déroulent avant, durant et après la chute du Mur de Berlin,et pourtant, sur la quasi-totalité du texte, nos rédacteurs ont opté pour le présent de l'indicatif, ce qui a rendu la traduction extrêmement pénible.

Et puis, il y a ce sous-titre :

             BND beschaffte Nervengift "Nowitschok" in den 90er Jahren

"Beschaffte", c'est le prétérit de "beschaffen", comme devrait le savoir n'importe quel collégien pratiquant l'allemand en LV6 !

Ce qui fait qu'on devrait traduire par "le BND s'est procuré, ou se procura", et pas par "se procure", d'autant plus évident que cela s'est produit dans les années 90.

Et pourtant, on a droit, tout au long du texte, à des formules comme celles-ci, se rapportant à la même époque que ci-dessus :
Damals aber, in den frühen 90er Jahren, ist es erst einmal ein Verdacht... Es gibt Behauptungen, aber keine Belege... Die Supermächte versuchen ständig, sich zu übertrumpfen... Bereits im Mai 1971 hatte die Kreml-Führung den Auftrag erteilt... In der Sowjetunion heißt der Code-Name für das Projekt "Foliant"...
Où l'on mélange allègrement le présent de l'indicatif (en rouge) avec le prétérit (imparfait/passé simple : en bleu).

Pour ma part, j'ai opté pour le passé s'agissant des faits se produisant lors de la chute du mur de Berlin et peu après, et pour le présent de l'indicatif pour ce qui s'est produit de nos jours, soit autour de l'affaire Skripal.

Mais il y a plus : les auteurs de l'article n'ont visiblement pas su identifier ce qui relevait de l'Union Soviétique et ce qui relevait de la Russie !

Lisez, par exemple, ceci :
Aber kann es wirklich sein, dass Russland für den Chemie-Krieg forscht? KP-Chef Michail Gorbatschow hat 1987 versprochen...
1987, on est encore sous l'Union Soviétique, et pourtant l'article n'hésite pas à se demander si la Russie en est encore à faire des recherches sur les armes chimiques, etc.

Pour mémoire, voici la liste des pays membres de la fameuse Union des Républiques Socialistes Soviétiques : Arménie, Azerbaïdjan, Biélorussie, Estonie, Géorgie, Kazakhstan, Kirghizistan, Lettonie,  Lituanie, Moldavie, Ouzbékistan, Russie, Tadjikistan, Turkménistan,  Ukraine.

Il en ressort que la référence à la seule Russie, s'agissant de l'héritage de l'URSS, est tout bonnement malveillante, voire imbécile ! 

Par parenthèse, l'allemand n'est pas ma langue maternelle, pas plus que le français ou l'anglais, d'ailleurs. Je suis, par conséquent, d'autant plus estomaqué de voir des gens dont le métier est de manier la langue, leur langue (!), prendre autant de libertés avec les règles de syntaxe et de sémantique les plus élémentaires. C'est à se demander ce qu'on peut bien apprendre dans les écoles de journalisme !?!?

Mais il y plus grave que la forme : il y a le fond.

Prenons le résumé (on dit encore 'chapeau') introduisant l'article (traduction) : 
Dans les années de détente qui ont suivi la chute du mur de Berlin, le BND (Bundesnachrichtendienst) a mis la main sur l'arme (chimique) baptisée Novichok, et cette découverte s’est avérée utile dans l'enquête en cours sur l'affaire Skripal.
Problème : on a là un véritable scoop journalistique (allez donc comprendre pourquoi la presse internationale ne l'a pas relevé ????): le Novitchok était connu des Occidentaux, et ce, peu après la chute du mur de Berlin ! Et voyez comment nos deux journalistes allemands tentent d'emballer leur affaire : "la découverte se serait avérée utile dans l'enquête sur l'affaire Skripal...", alors même qu'il s'agit de toute autre chose : Mme May a menti, et avec elle, l'ensemble des dirigeants occidentaux, qui ont tenté de manipuler l'opinion publique internationale en désignant la seule Russie à propos d'une substance née sous l'ère Soviétique, et par ailleurs, connue des Occidentaux grâce à un transfuge !

Mais le comble, c'est de voir l'article se conclure sur les allégations britanniques, dont nous savons désormais qu'elles ne sont qu'un tissu d'inepties :
Pendant ce temps, le gouvernement britannique prétend que la Russie a "produit de petites quantités de Nowitschok" au cours de la dernière décennie, et que des spécialistes ont été formés pour utiliser de tels agents – sur des poignées de porte, par exemple. Skripal et sa fille auraient été empoisonnés par le biais d’une poignée de porte de leur logement.
Les manipulations autour du Nowitschok, à en croire les Britanniques, se poursuivent jusqu’à aujourd'hui.
En clair, ils tiennent un scoop, qu'ils s'appliquent eux-mêmes à édulcorer, par pure lâcheté ou incompétence !

Et comment ne pas se rouler par terre de rire en découvrant cette "analyse" de nos deux "experts" allemands :
Wahr ist aber auch: Nowitschok ist schon lange kein Geheimnis mehr. Deshalb ist die von den Briten bemühte These, dass das Gift nur aus Russland kommen könne, gewagt.
Mais la vérité veut aussi que le Nowitschok ne soit plus un secret (pour quiconque ou pour personne !?). C'est pourquoi la hasardeuse théorie britannique, selon laquelle le poison ne peut provenir que de la Russie, est audacieuse.
Audacieuse !? Ils osent parler d'audace !? Tout en qualifiant la théorie de hasardeuse, pour ne pas dire "poussive" (bemüht = mit Mühe : avec peine, voire tirée par les cheveux)... Vous avez compris que nos deux compères étaient passés maîtres dans l'art de la contorsion, s'offrant le luxe de dire une chose et son contraire dans la même phrase ou presque ! Le fait est que la thèse ressassée par Mme May n'est pas audacieuse, mais tout bonnement affligeante et relève de l'escroquerie la plus pure, dès lors que le Novitchok (et ils le reconnaissent eux-mêmes dans la phrase d'avant !!!) était connu de tous ou presque !

On résume ? Ainsi que j'ai pu l'affirmer dans un 'post' précédent sur ce blog, si les Britanniques ont pu identifier le Novitchok si vite, c'est tout bonnement parce qu'ils en avaient des échantillons. Et s'ils en avaient des échantillons, c'est qu'ils pouvaient le produire...

Maintenant, nous savons...

Deux ou trois choses qu'on apprend en première année de Fac (de Sciences), voire au lycée ! 



samedi 14 avril 2018

Josef Goebbels et les nains de jardins


Petite mise au point datée du 15.04.2018, soit au lendemain de la rédaction du présent article.

Je zappe négligemment sur diverses chaînes (sur la TNT) de la télévision française, en cette fin d'après-midi de dimanche, où l'on trouve toujours profusion d'émissions "politiques", vous savez ? ces "talks shows" blablateurs, dont les invités sont systématiquement des politiciens, jamais des hommes et femmes de sciences, jamais des artistes, écrivains, créateurs divers, à croire que le journaliste déteste les gens plus intelligents que lui (ou elle) !

Toujours est-il que je tombe, sur la chaîne publique dite France 5, sur une émission baptisée C Politique, et dont l'animateur principal (l'homme en pull rouge-orangé, visible ci-dessous) est un journaliste reconnu, l'invité du jour étant le médecin et co-fondateur de "Médecins Sans Frontières"Rony Braumann.

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Et c'est là que notre grand journaliste déclare à son invité ceci (18h53) : "En 2013, après les premières attaques connues au gaz sarin de Bachar el-Assad contre son peuple...".

Vous avez compris ? En 2013, en Syrie, l'attaque au gaz sarin, c'était Bachar el-Assad...

Et c'est là que je me dis : "Nom d'un chien ! Et ce type se dit  journaliste ?!?!?!"

Il faut dire qu'il n'est pas le seul, cinq ans après, à continuer d'agiter cette baliverne. 

Fin de l'avertissement  


Vous savez quoi ?

Le cynique vous ment en vous regardant droit dans les yeux ; il sait que vous savez qu'il ment ; il n'en continue pas moins de vous mentir, en vous regardant droit dans les yeux !
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Un lanceur d'obus de mortier utilisé par les rebelles dans la Ghouta orientale. La zone (récemment) libérée était utilisée par les "mercenaires pilotés par l'OTAN" (note du traducteur) comme zone de tirs et de bombardements tous azimuts en direction de Damas. 

Les nains de jardins sont des cyniques...

Et en cela, ils essaient de prendre exemple sur leur maître incontesté : Josef Goebbels. Je dis bien Goebbels, le ministre de la propagande d'Adolf Hitler. Pour tout vous dire, après avoir soigneusement lu l'un et l'autre [cf. Hitler passait pour un adepte du monologue, les plus fameux étant intervenus dans son Quartier Général, édités sous le titre allemand : 'Monologe im Führer Hauptquartier 1941-1944', sans oublier ses "propos de table"/'Tischgespräche im Führer Hauptquartier'. Quant à Josef Goebbels, il est l'auteur d'un 'journal' (l'équivalent de l'anglais 'diary') qui court de 1923 à 1945.], je dois dire que des deux, celui qui m'intrigue le plus, ce n'est pas Hitler, mais Goebbels. Du reste, son choix comme maître de la propagande du Reich atteste de la fascination qu'il exerçait sur Hitler.

Cela dit, Goebbels n'a pas inventé la propagande, ni l'usage systématique du cynisme à des fins politiques. Mais je parie que vous n'avez aucune idée de celui auprès de qui Goebbels s'est abreuvé en matière de cynisme !

Alors, permettez que le fils de pasteur que je suis vous fasse une suggestion ; ça tient en une phrase : "Dieu endurcit le coeur de Pharaon." (1)

Vous avez trouvé ? Non ! Alors tant pis pour vous !

Mais revenons à notre sujet de départ : Goebbels et les nains de jardins. Ces derniers pensent, à l'instar de leur maître national-socialiste, qu'un mensonge finit toujours par devenir une vérité à la condition d'être asséné suffisamment longtemps.

Peut-être ; mais ça, c'était du temps de Goebbels, c'est-à-dire longtemps avant l'invention de l'Internet, cette formidable banque de données qui va finir par avoir la peau de la presse (écrite et audiovisuelle) des siècles passés.

Si l'Internet et Youtube avaient existé entre 1933 et 1945, il n'y aurait jamais eu de Josef Goebbels ; en tout cas, tout son activisme aurait été voué à l'échec !

Et cela vaut pour ses petits épigones d'aujourd'hui... Tiens, by the way, jetez donc un oeil à cette archive audiovisuelle que les médias "mainstream" croient pouvoir dissimuler à leur auditoire alors même qu'elle est en train de faire le tour du monde (source).

À votre avis, comment réagiront les centaines de millions à milliards de gens connectés à l'Internet, qui découvriront le témoignage de première main de ces deux hommes présents dans l'hôpital de la Ghouta lors de la pseudo-attaque à l'arme chimique dont on nous rebat les oreilles depuis quelques jours ?

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"Il y a eu des émanations de fumée, suite à un bombardement qui a touché l'hôpital ; certaines personnes montraient des signes d'asphyxie, lorsqu'un homme, que je ne connaissais pas, a balancé que "c'était une attaque au gaz !", et là, les gens, paniqués, se sont mis à se verser de l'eau sur la tête...".  

Entre nous, que penseront les lecteurs de la presse 'meanstream' en constatant, qu'une fois de plus, la 'grande' presse a tenté de leur dissimuler la vérité, se contentant de ne plus être qu'une vulgaire courroie de transmission au service des balivernes émises par quelques dirigeants bien peu doués pour la propagande ?

Figurez-vous que je suis tombé, tout récemment, sur un article en ligne qui m'avait échappé en son temps, ce qui n'est pas très grave, étant donnée la phénoménale mémoire électronique qu'est l'Internet, qui fait que, tôt ou tard, on met la main sur une pépite.

Cette pépite prend la forme, donc, d'un papier (source) résumant un autre papier bien plus long. Pour des raisons pratiques, j'ai choisi de traduire de l'anglais le plus court des deux articles, ainsi qu'il suit. Il y est question de l'attaque au gaz sarin de la Ghouta (2013), intervenue peu avant une inspection ad hoc, par des experts mandatés par l'ONU. Et c'est là que, ayant apparemment perdu tout sens des réalités, Bachar el-Assad aurait décidé de "gazer des milliers de ses propres concitoyens", ainsi que nous l'a seriné la presse "meanstream". Bien évidemment, François Hollande et son âme damnée, Jean-Yves le Drian, ministre de la guerre, étaient sur le point de "punir Bachar El-Assad" lorsque, patatras !, Barack Obama leur a retiré le tapis sous les pieds.

Comment tout cela a-t-il été possible ? Lisez la suite...

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Texte original traduit en français


Voici comment les services de renseignement américains ont averti Obama des doutes qu'ils ressentaient à propos d'une éventuelle responsabilité d'Assad dans l'attaque au gaz en 2013

30/08/2016

Par Alexander Mercouris

La suggestion faite par (le quotidien allemand) Die Welt, selon lequel les agences de renseignement occidentales avaient des doutes, en 2013, quant aux allégations faisant peser sur le gouvernement syrien la responsabilité de l'attaque au gaz sarin intervenue sur la banlieue de Damas, avait été révélée auparavant par le président américain Obama lui-même.

Le journal allemand Die Welt a récemment fait sensation en laissant entendre que l'attaque chimique au gaz sarin sur la Ghouta, près de Damas, en août 2013, n'a peut-être pas été menée par l'armée syrienne comme les gouvernements et les médias occidentaux l’ont prétendu, mais au contraire par les rebelles syriens.

Le paragraphe pertinent de l’article de Die Welt, ainsi que traduit par The Moon of Alabama , dit notamment ceci :

"Lorsque, le 21 août 2013, le gaz neurotoxique Sarin a été utilisé dans la Ghouta, une banlieue de Damas, [Obama] a dû prendre une décision. Il a ordonné de préparer une attaque par des missiles de croisière lancés en mer. Mais les services secrets britanniques étaient en possession d'un échantillon du sarin utilisé. Une analyse a montré qu'il ne s'agissait pas du sarin du régime syrien, mais provenant du stock d'Al-Nusra. Obama a abandonné son plan. "

En l'occurrence, nous savons depuis des mois que les agences de renseignement occidentales à l'époque émettaient des doutes sur le fait que le gouvernement syrien fût effectivement responsable de l'attaque au gaz sarin sur la Ghouta.   Par ailleurs, nous savons que ce sont les doutes émis par les agences de renseignement américaines qui ont poussé Obama à annuler son attaque planifiée contre la Syrie, préparée à la suite de l'attaque au gaz sarin.

Comment le savons nous ?   Parce que pas moins qu'Obama lui-même nous l’a confié.

En mars dernier, le magazine américain The Atlantic, aussi rigide et orthodoxe que Die Welt, publiait un article de grande ampleur basé sur une série d'interviews de son journaliste Jeffrey Goldberg avec Obama.  Lors de ces entrevues évidemment évasives, Obama a rappelé ce qui était censé être son héritage en politique étrangère, du moins ce qu’il souhaitait que ce fut.

La question de l'attaque avortée contre la Syrie, en août 2013, a été longuement discutée lors de ces entretiens et constitue,   à certains égards, le sujet principal de tout l'article. Au milieu des explications compliquées d'Obama sur sa décision d'annuler son attaque planifiée sur la Syrie, enfoui au fond de l'article, nous trouvons ce paragraphe assez remarquable, qui, dans toute la vaste littérature sur l'attaque de la Ghouta au gaz sarin, est passé presque complètement inaperçu.

« Obama a également été perturbé par une visite surprise, au début de la semaine, de James Clapper, son directeur du renseignement national, qui a interrompu le résumé quotidien du Président , le rapport concernant diverses menaces qu’ Obama recevait chaque matin des analystes de Clapper, lequel Clapper lui a précisé que les renseignements sur l'utilisation par la Syrie de gaz sarin, bien que robustes, n'était pas un « slam dunk » (vérité d’Evangile ; en langage footballistique, on parlerait d’un « pénalty » ou d’un « but tout fait ».).   Il a choisi le terme avec soin. Clapper, le chef d'une communauté du renseignement traumatisée par ses échecs à la veille de la guerre en Irak, se gardait de promettre trop de choses, contrairement à ce que fit l'ancien directeur de la CIA, George Tenet, qui garantissait à George W. Bush un « slam dunk » en Irak. »

En d'autres termes, il n'est pas nécessaire de spéculer sur le fait que l'attaque américaine prévue sur la Syrie a été annulée en raison des doutes, au sein de la communauté du renseignement occidental, sur la responsabilité du gouvernement syrien dans l'attaque au gaz sarin.  Le président des États-Unis nous en a dit autant et a confirmé que ces doutes existaient et qu'ils constituaient une partie importante de la raison de sa décision de ne pas attaquer la Syrie dans les jours qui ont suivi l'attaque au sarin. 

En fait, les doutes étaient si grands qu'ils ont incité James Clapper, le directeur des renseignements nationaux américains, à faire rien de moins que venir (de grand matin) à la Maison Blanche pour interrompre le briefing quotidien du président et pour le prévenir personnellement.

C’est ici que j’aimerais exprimer mon opinion personnelle à savoir que c'est l'intervention de James Clapper qui, plus que toute autre chose, a décidé Obama de ne pas lancer son attaque planifiée contre la Syrie.

Le fait que les Etats-Unis se soient apprêtés à attaquer la Syrie avait déclenché une tempête politique, le gouvernement russe ayant clairement exprimé sa forte opposition, le parlement britannique votant contre l'attaque, de même qu’une large opposition à l'attaque s’est manifestée aux Etats-Unis mêmes, avec quasiment un vote à la Chambre des représentants contre une attaque en Syrie.
Dans cette atmosphère de tension, Clapper était clairement déterminé à ne pas se laisser blâmer, lui et les agences de renseignement américaines, s'il y avait une autre débâcle à l’irakienne. Il a donc agi immédiatement et de manière décisive pour faire clairement comprendre à Obama ses doutes sur la responsabilité du gouvernement syrien, de même qu’au sein de la communauté du renseignement, en prenant l'initiative extraordinaire d'intervenir sur le briefing quotidien du renseignement d'Obama pour lui en parler.

Quant à Obama, avec son propre directeur des renseignements nationaux, l'avertissant avec tant de force qu'il y avait des doutes sur les informations reçues (de Syrie), il ne pouvait tout simplement pas assumer les énormes risques politiques (et juridiques) liés au lancement d’ une attaque. Avec une opinion publique remontée contre l'attaque, et les Républicains au Congrès sur le chemin de la guerre, l'action de Clapper l'a laissé dans une position beaucoup trop personnellement exposée dans l’hypothèse d'une débâcle, au point d’éventuellement peser sur sa survie politique.

Ce qui a compliqué les choses, c'est qu'Obama, au lieu de dire simplement et de manière non biaisée qu'il n'avait pas lancé d'attaque à cause des doutes existants sur une responsabilité du gouvernement syrien, a prétendu qu'il prenait sa décision pour toutes sortes de raisons philosophiques compliquées, sur lesquelles il revient en long et en large dans l'article de The Atlantic.

La véritable raison pour laquelle l'attaque n'a pas eu lieu, ce sont les doutes au sein de la communauté du renseignement sur la responsabilité du gouvernement syrien dans l'attaque au gaz sarin sur la Ghouta ; lesquels doutes sont cependant là, bien présents dans ce paragraphe de l'article de The Atlantic.

Il est déroutant de voir que ce paragraphe continue d'attirer si peu d'attention. Non seulement les médias alternatifs le remarquent à peine, mais les médias occidentaux l'ignorent tout simplement, continuant d'écrire comme si la responsabilité du gouvernement syrien dans l'attaque au gaz sarin en août 2013 était un fait avéré et établi.

En ce qui concerne l’observation faite par Die Welt au sujet de la faible qualité du sarin utilisé dans l'attaque de la Ghouta et le fait que cela rendait peu probable son origine gouvernementale, il s’agit, en réalité, d’une information obsolète, étudiée de façon exhaustive dans  ce site (Internet, cf. lien plus bas) remarquable mais peu connu, qui a examiné de manière exhaustive et impartiale toutes les preuves publiquement connues sur l'attaque et en a conclu que les rebelles syriens en étaient presque certainement les responsables.

Fin du texte


(1) Sur ce point, plus d'un croyant, a fortiori plus d'un théologien s'est trouvé désemparé face à ce qui n'est rien d'autre que du cynisme XXXL ! Lisez l'interrogation angoissée de ce commentateur :

"Il peut sembler injuste (!!!), venant de Dieu, d’endurcir le cœur de Pharaon pour ensuite le punir et avec lui, l’Égypte entière, avec pour motif sa seule décision, prise après l’endurcissement de son cœur. Pour quelle raison Dieu a-t-il endurci le cœur de Pharaon rien que pour pouvoir juger l’Égypte plus sévèrement en multipliant les plaies sur le pays ?" (source)


Lecture 01

Lecture 02

Lecture 03

Lecture 04

Lecture 05

Lecture 06


Dans la rubrique "Rions un peu", quelques extraits d'un forum de discussion :
  • Again, West encouraging jihadist to conduct another chemical attack - West bear full responsibility for the previous and future chemical attacks
  • Interesting timing - just before the OPCW was due to land in Syria to inspect the chemical weapon "attack". Was America trying to stop the inspection so the truth wouldn't come out?
  • Just been watching Trump and the reasons he gave for attacking Syria before the OPCW did there investigation on Clorin or Sarin Gas attacks in Syria ...Trump says he did the attack because of what he had seen in the Media and video...he acted on that .....And this is the man who claims that the American media is FAKE....and uses "Twitter" to do his job....You cannot make this up...this Idiot is a danger to us and himself ....like most Americans he is a fecking idiot
  • "The ministry claimed that the Syrian government kept a stockpile of chemical weapons precursors at the site." So why bomb the alleged 'evidence'?
  • A question I did not see, nor did I read a reply to it: If they attack stockpiles and production sites of chemical and biological weapons, would they not uncontrollably release them through the explosion of a rocket? Would not the explosion create a cloud of chemicals that could drift into populated civilian areas? The US, GB, F military will know that. So, what did they actually target?
  • Any normal person knows that waging a war without proof of any act of aggression is insane...or pure evil. I'm a Brit whose father and uncles fought, suffered and died in WW2. They must all be turning in their graves at this betrayal of all that they fought for.
  • JULY 20, 2014: "With respect to Syria, we struck a deal where we got 100% of the chemical weapons out." – John Kerry, Secretary of State for Obama, DECEMBER 6, 2016: "We’ve eliminated Syria’s declared chemical weapons program." – Barack Obama
  • How great the American missiles are, to take down two or three facilities they need to fire 100, what an accuracy level.Even houthi missiles in yemen are more effective than American miliion dollars toma garbage.
          (source)

Plus sérieusement [Stephen Lendman est un blogueur américain fort réputé, parfaitement représentatif d'un courant politique américain, pas forcément "communiste" (cf. Oliver Stone ou le mouvement 'Occupy Wall Street'), et fortement opposé à la politique impérialiste de son propre pays] :
Trump again proved himself a world-class thug, a war criminal, serial liar, and disgrace to the office he holds – responsible for naked aggression on multiple countries since taking office, Syria its epicenter. 
His address to the nation explaining his action was beginning-to-end bald-faced lies. 
Trump: “Last Saturday, (Assad) again deployed chemical weapons to slaughter innocent civilians (in) Douma…” 
A Big Lie! No incident occurred, no one ill, hospitalized, harmed or killed by CWs! The incident was fake – staged theater, not reality, to justify the unjustifiable overnight attack, maybe more to come. 
Trump: “The evil and the despicable attack left mothers and fathers, infants and children, thrashing in pain and gasping for air. These are not the actions of a man. They are crimes of a monster instead.” 
Trump finds new ways of disgracing himself, along with repeatedly showing he’s a geopolitical know-nothing, surrounded by bloodthirsty neocon extremists, raging for endless wars of aggression, wanting one sovereign independent country after another raped and destroyed, the human toll of no consequence. 
Trump: “The purpose of our actions tonight is to establish a strong deterrent against the production, spread, and use of chemical weapons.” 
The overnight attack had nothing to do with Douma, CWs, their alleged production or use – everything to do with advancing Washington’s imperial agenda based on Big Lies, the pretexts for all acts of aggression. (source)