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mercredi 12 juin 2019

Sémantique de la désinformation #9


Épisode §9.  Surtout ne pas oublier de citer Durkheim !

Vu sur un site "web" 
 



Citation (non retouchée, hormis les numéros)
Je (1) ne crois pas me tromper en disant que nous étions nombreux à être inquiets (2) ces dernières semaines du résultat attendu des élections européennes, et plus encore le jour de l’élection. L’irrésistible ascension du Rassemblement national (RN) (3), la maladresse stratégique de l’équipe de Macron, et les séquelles du moment «gilets jaunes» annonçaient une nette victoire du RN Dimanche 26 mai après-midi (4), des rumeurs sur les sondages (5) sortie des urnes promettaient un creusement supplémentaire de l’écart entre le RN et La République en marche (LREM). Dans cette ambiance glauque, la remontée spectaculaire et inattendue du taux de participation, de 42,4% en 2014 à 51,3% en 2019, ne pouvait que profiter au RN qui allait récupérer les votes des «gilets jaunes» (6). Le dernier écart mesuré en fin de campagne étant de 2% à 2,5% (7), la majorité allait vers une défaite piteuse, voire une crise de régime, si l’écart atteignait ou dépassait 4% (8). Des estimations en ce sens ont paru assez crédibles pour fausser les réactions des commentateurs à l’annonce des premières estimations (9).
À 20 heures, l’écart n’est que de 1,5% – il se réduira au cours de la soirée jusqu’à 0,9%, soit le résultat définitif, avec le même nombre de sièges pour les deux listes, vingt-trois. Il n’empêche, les plateaux télé annoncent alors une «nette victoire du RN» (10). Les militants présents aux QG endossent immédiatement l’interprétation des journalistes : joie débordante au RN, silence circonspect à la LREM. La même analyse va se maintenir un peu partout, y compris dans le quotidien de référence, qui organise un direct le mardi 28 mai «Posez vos questions sur la victoire du Rassemblement national» [retitré depuis, ndlr]. C’est exactement une «représentation collective» au sens que Durkheim (11) donnait à ce concept mais, dans le cas, une représentation fausse.

Vous voulez que je vous dise ? J'ai trouvé ce papier tellement nul que je me suis vite dit : "Non mais, tu ne vas pas perdre ton temps avec cette daube !?".

Entre nous, qu'est-ce que c'est mal foutu ! Et ça paraît sur Slate, dirigé par un ancien du Monde ! Sont-ils fauchés à ce point pour faire écrire n'importe quoi par n'importe qui ? Remarquez, ils ne sont pas les seuls dans ce cas ! Voyez du côté de Causeur, dont je parcours la daube assez régulièrement, surtout quand elle prétend dénoncer l'"islamisation" de la France.

J'ai pris soin de poser quelques numéros/balises ici ou là, histoire de mettre en exergue certains passages "intéressants", au cas où l'envie me viendrait de commenter cette chose. Le plus drôle, c'est quand même la référence à Émile Durkheim, que nos auteurs (si, si, ils se sont mis à plusieurs pour pondre cette chose !) ont dû récupérer dans un dictionnaire de citations, à moins que l'on ne se soit contenté de citer le titre d'un ouvrage (article).

Par parenthèse, et contrairement aux auteurs sus-mentionnés, je n'ai ressenti aucune inquiétude concernant les résultats attendus l'autre soir, dès lors que je m'applique à observer le Landerneau politico-médiatique français avec la plus grande objectivité, et je commence à en avoir un peu plus qu'assez de cette pitoyable logorrhée (diarrhée verbale serait peut-être plus exact) visant à "barrer la route au Front National" hier, "au Rassemblement National" aujourd'hui, ce mouvement n'étant frappé d'aucun interdit relativement à ses droits civiques ! 

Cela dit, entre nous, et histoire de rigoler un peu, n'est-ce pas la même Marine Le Pen que d'aucuns voyaient en perdition au soir d'un débat électoral face à Emmanuel Macron, il y a un peu plus de deux ans ? Et n'est-ce pas le Front National à qui les mêmes, ou à peu près, prédisaient pis que pendre à la suite de la défection de ce "poids lourd" que fut Florian Philippot ?

J'observe encore que, deux ou trois jours avant ces élections européennes, le Parlement Européen se fendait d'un communiqué qui semblait tomber à point nommé...

Source  -  Source

Sinon, le "papier" de Slate a fait l'objet d'une présentation sur un autre site, ce qui a donné lieu à une foule d'interventions dans un forum de discussion, et vous allez finir par connaître mon appétence pour ce genre de "salon où l'on cause"... 

637 réactions au matin du 12.06.2019

Extraits :


By the way, soit dit en passant, prenez la balise (1) : pourquoi diable est-il écrit "Je", alors même qu'ils sont plusieurs à signer le texte ?!?!?!

Maintenant, la question qui doit tarauder tout le monde est de savoir si je vais me résoudre à commenter le reste de la daube affichée plus haut. Pour ça, wait and see!


Lectures 01 - 02 - 03

vendredi 31 mars 2017

France. Présidentielle 2017. Revue de presse (1)

Je crois vous avoir avoué être en train d'accumuler des archives pour l'élaboration d'un futur travail universitaire !

En voici une - écrite -, que je reproduis in extenso, y compris les fautes d'orthographe et les bourdes syntaxiques, car elles font aussi partie du futur travail d'analyse.

Ce qui m'amuse, ici, c'est la fascination de nos "grands" experts en politique, ceux et celles que j'appelle des "politocrates". Le problème, avec ces pseudo-experts, c'est qu'ils font mine d'analyser des choses, alors qu'ils n'analysent rien du tout, se contentant de paraphraser des sondages.

Soit dit en passant, s'agissant de rapport de force, quelqu'un peut-il me rappeler quels sont les effectifs actuels des "mélenchoniens" et des socialistes à l'Assemblée Nationale ?



Archive (Source)


Il reste une solution à Benoit Hamon, pour être un héros de la gauche; il suffirait qu’il constate de lui-même la vanité de sa candidature, et s’en aille, triomphant de sacrifice, embrasser Jean-Luc Mélenchon en son prochain meeting, lui apportant sa foi et le socialisme dans ce qu’il garde de dignité. Se désister donc, en faire une dynamique, aider Mélenchon à aller au bout de leur aventure, aussi loin que possible, et relever un mot sali par le pouvoir et ceux qui l’ont exercé. Il n’en prend pas le chemin. Hier, Hamon communiait à Lille dans sa dignité blessée, se consolant de l’indifférence populaire en faisant fustiger les traitres. Hamon ne parlait pas de la gauche, malgré les apparences, mais parlait de lui, ou de la boutique, le parti socialiste, et se faisait du bien. Être Saint-Sébastien criblé de flèches peut sembler douloureux? C’est une réassurance narcissique.
La transhumance vallsienne confirme ce que Hamon pensait depuis si longtemps, et son amie Martine Aubry, hôtesse d’un soir, avec lui: que Valls ne méritait pas d’être du Parti socialiste. Ils le savaient. Ils l’avaient dit. Ils avaient raison. Raison d’avoir voulu l’exclure, c’était en 2009, raison de l’avoir contesté, inlassablement, dans son exercice du pouvoir. Valls leur offrait la confirmation de leur inimitié, et une clarification. Enfin, le PS s’épurait des agents de la trahison. Enfin entre nous, les vrais, les purs. Enfin seuls? 
Le temps des illusions
Mais cette solitude n’intéresse personne qu’eux-même. Benoit Hamon s’illusionne s’il pense qu’elle changera son destin. Hier encore, il a proposé aux gauches, à Mélenchon, au PC, de se ranger derrière lui, puisque Valls avait trahi, puisque la droite socialiste fuyait; il n’y avait plus de raison, plus de prétexte, pour ne pas le soutenir! Mélenchon l’a envoyé paître. Il a raison, le bougre! Car enfin, s’il doit y avoir retrait d’un candidat en trop, pour la vraie gauche fasse bonne figure, pourquoi lui? Pourquoi Hamon resterait-il en lice au nom des refus communs? Parce qu’il est socialiste? Parce que sa candidature, dit Hamon, est «centrale», et donc capable, pour peu qu’on l’épaulât, d’aller au bout du chemin? Allons donc.
Hamon est étonnant. Il rompt avec la ploutocratie de son camp, mais en conserve l’insupportable orgueil. Ce qu’on lui a fait en son parti, il le reproduit. Les Valls et consors considèrent que la ligne de gauche est illégitime à représenter le socialisme, et préfèrent trahir que la cautionner? Mais Hamon considère que seul son Parti socialiste est apte à emmener les gauches, parce qu’il serait central, comprenez modéré, moins outrageusement à gauche! Hamon est à Mélenchon ce que lui est Valls -jusqu’à l’inélégance du procédé. Déchirer les engagements de la primaire, ou considérer que seul son courant mérite la lumière électorale participe d’une même conception -orgueilleuse, autocentrée, ignorante de la dignité des autres- de la politique.
Accordons à Hamon qu’il est encore immune de la griserie des campagnes, qu’il ne se prend pas pour l’homme providentiel? Etre le premier, le seul capable, celui qui mérite le sacrifice des autres? Admettons. Seul l’esprit de Parti, alors, l’anime. La supériorité intrinsèque du Parti socialiste, a fortiori épuré de fait, ce parti qu’il veut régénérer de ressourcement et d’utopie, dont il est la dernière carte à ce jour; ce PS dont il est l’enfant, qu’il n’a jamais quitté, contrairement à Mélenchon, autrefois l’un d’entre eux, peut-être le meilleur. Ce PS qui pense représenter «toutes les gauches», ainsi, depuis les années Mitterrand, depuis qu’en 1965 et en 1974, un vétéran du centre gauche, devenu socialiste lamartinien, affrontait le scrutin présidentiel au nom de tous…
Evidemment, un socialiste.
Evidemment? 
La sympathie, la justice, l’honnêteté face à la réalité
Il faut grandir enfin! L’époque est révolue de la superbe rose. L’idée que spontanément, le leadership devrait revenir à un homme de Solférino est une idiotie datée; ce ne fut, d’ailleurs, pas si simple. Quand le PC, en 1969, dépêchait devant le peuple un rond kominternien autrefois apprenti pâtissier, Jacques Duclos, il taillait des croupières au socialiste Defferre, scotché à 5% contre 21,27% au communiste,  dans une dialectique roulant joliment les R: Duclos était des Hautes-Pyrénées. Nous y sommes à nouveau. Le socialisme ne peut pas prétendre dominer si tranquillement la gauche piquante. Hamon ne fait pas le poids, en épaisseur, en dimension, en équation, face à Mélenchon. Il est de trop dans cette histoire. Il ne peut y contribuer qu’en s’oubliant. C’est ainsi. On ne parle pas ici de sondages, on se moque des sondages. On ne dit pas que c’est juste. Ça ne l’est pas sans doute, pour Hamon notamment, qui voudrait relever une idée et un parti, qui réintroduit aussi bien une tradition sociale que le parfum des utopies, sérieuses, et fait pour cela penser, parfois, à la raideur de Rocard jeune, ce techno rouge qui se présentait en 1969, outrageusement marxo-sympathique… Il fit, alors, moins de 4%.
La sympathie, la justice, l’honnêteté, ne sont rien face à la réalité. Le PS n’y est plus, et son candidat ne peut rien obtenir, sinon le pardon, et l’acceptation de son retrait. C’est ainsi. C’est vrai. Mélenchon est inflexible et le PS est démonétisé. C’est la politique du PS français qui a fait obstacle aux générosités chrétiennes de Madame Merkel; c’est le PS qui a rendu les armes idéologiques au Medef; c’est le PS qui… Ny revenons pas. Hamon s’y opposait? Sans aucun doute. C’est même pour cela qu’il a gagné la primaire, pour chasser du jeu les années Valls-Hollande… Mais de là à le choisir, lui, le socialiste, comme unique acteur de la gauche…. Un socialiste, enfin! De la même manière qu’il exigeait de Valls un soutient incongru à sa tentative, Hamon doit assumer ce qui fut fait en son nom, au nom de son parti; comprendre en tous cas que l’embellie de la primaire n’efface pas l’héritage collectif. Guy Mollet avait envoyé toute la SFIO faire la guerre en Algérie, et toute la SFIO le paya, longtemps, les réfractaires inclus; les plus purs partirent alors fonder un autre socialisme, pur celui-là: Hamon a préféré la reconquête intérieure. Bien sûr. Mais il doit admettre que son succès ne change rien, et qu’il a été, lui aussi, pollué de pouvoir et de hollandisme, cet art d’étouffer la dialectique. Il en est. Il n’est pas parti. Le PS reste ce lieu étrange, où fermentèrent la haine et la posture, les oublis, les tristesses, et cela interdit, au fond, qu’Hamon ose espérer. Il ressemble à ce chaudron du malheur, quand il voudrait parler d’avenir. Sa campagne vire, dans l’adversité, à un étalage d’aigreurs et d’attaques, contre Fillon, Macron, cet homme d’argent, Mélenchon, Valls désormais… Hamon en perd ce qui faisait son prix: pouvoir, peut-être, incarner une vie nouvelle. N’aura-t-il été que l’instrument de la vengeance populaire contre Valls et les siens? On arrive parfois au mauvais moment…
Se souvenir de la SFIO
Hamon, en s’accrochant, n’est qu’un homme de l’appareil; il maintient sa candidature pour préserver les positions, la marque, l’existence d’un parti atteint physiquement, sous Hollande, autant que moralement, dans la perte de ses fiefs. Il est là pour la famille. C’est licite. Mais c’est maladroit et, pour la Présidentielle, cela ne suffit pas. S’il renonçait, Hamon épargnerait au socialisme la honte d’une défaite; il pourrait plus vite se consacrer à la reconstruction du mot et du parti, travailler pour demain, tandis que Mélenchon jouirait de la lumière; il s’abriterait derrière le vieux guerrier pour retravailler la matière politique; il s’investirait dans les législatives, cette catastrophe annoncée. Il servirait mieux sa cause qu’en se proclamant le rassembleur d’une gauche qui n’en a que faire. Il y a bien longtemps, vers 1962, les socialistes de la SFIO qui n’était qu’une formation vermoulue, dénigrée, épuisée d’avoir trop trahi, acceptèrent la disgrâce et entreprirent de discuter et d’agir avec le PC, ce frère ennemi communiste ancré dans ses certitudes, son lien avec l’URSS et sa dénonciation du capitalisme prospère des années soixante. Le PC était fort et la SFIO minuscule. Il fallait le faire. Cela n’avait rien de naturel ni d’évident.

On en est, aujourd’hui, au même point, politiquement. Le PS sort de Hollande sans unité, ni âme, ni doctrine, ni musique. Il peut glaner quelques forces en renonçant à la puissance, un moment. Ces socialistes qui plient ou plieront le genou devant Macron sont des militants logiques. Les plus farouches des socialistes devraient suivre cet exemple, et se soumettre à leur tour, à d’autres, à un autre. Aller au prochain meeting de Mélenchon, monter à la tribune, l’embrasser, lui offrir sa foi et le socialisme dans sa dignité restante, et reconstruire, ayant accepté son sort. Reconstruire, après avoir renoncé.


jeudi 3 mars 2011

Procès Zemmour : clap de fin ?



Clap de fin ? Il faut croire !

Bien évidemment, je compatis à la douleur et probablement au sentiment d’humiliation que doivent ressentir les admirateurs et soutiens de ce cher Eric Zemmour, ulcérés d’avoir dû constater que leur battage médiatique n’avait pas ému les juges de la 17ème Chambre correctionnelle du Tribunal de Grande Instance de Paris. Je pense notamment aux Chevènement, Tillinac, Bilger, Naulleau, Ménard et à toutes ces sommités du microcosme politico-médiatique qui ont cru, un peu vite, qu’un simple froncement de sourcils de leur part suffirait à émouvoir des magistrats professionnels.

Grandeur et décadence…

Mais bon, comme je sais, par expérience, que la mémoire n’est pas le fort de nos contemporains, souvent enclins à blablater au jour le jour, à la minute la minute, oubliant aujourd’hui ce qu’ils ont dit hier, et ce, malgré, ou peut-être à cause de toutes ces technologies de l’information qui ont envahi notre environnement domestique, je me suis livré à une petite revue de presse autour de cette fameuse polémique suscitée par Eric Zemmour. Ça se passe presque de commentaires. 




En soutenant Eric Zemmour, au moyen de la présente pétition, l’UNI entend d’abord défendre le principe de la liberté d’expression, de plus en plus étouffée au nom d’un conformisme intellectuel omniprésent et toujours pesant. (…) Sur le point particulier qui fait l’objet de la polémique actuelle, l’UNI constate qu’Eric Zemmour a fait état d’un fait qui, jusqu’à présent, ne semble pas avoir été sérieusement contesté. Pire, le président de SOS Racisme, Dominique Sopo a tenu des propos similaires à ceux pour lesquels il poursuit aujourd’hui Eric Zemmour en 2005. (…) Si certains veulent exprimer leur désaccord, la seule façon honnête de le faire est de réfuter ce fait au moyen d’arguments solidement établis. Au lieu de quoi on a, une fois de plus, affaire au procédé éculé, malhonnête et cher au terrorisme intellectuel qui consiste à lancer, sans l’ombre d’une justification, l’accusation de racisme, brandie comme l’arme absolue qui coupe court à tout débat.



Jean-Pierre Chevènement a apporté son soutien à Eric Zemmour, jugé pour provocation à la haine raciale, dans un courrier au tribunal où il affirme que plus de la moitié des infractions sont "imputables à des jeunes dont le patronyme est de consonance africaine ou maghrébine", apprend-t-on mercredi 12 janvier. (…) Sur la même ligne qu'Eric Zemmour, qui a déclaré au tribunal ne pas vouloir "se coucher devant le politiquement correct", le sénateur dit "craindre que le politiquement correct ne finisse par tuer le débat républicain". (…) Il regrette qu'on puisse "incriminer un journaliste d'avoir avancé un argument, certes formulé maladroitement, mais correspondant à une réalité, certes dérangeante, mais propre à susciter une prise de conscience partagée (...)"

Aux yeux de Jean-Pierre Chevènement, "la liberté d'expression n'a pas besoin d'être inutilement corsetée par des interdits judiciaires".

Cette lettre de l'ancien ministre, qui dit aussi "regretter de ne pouvoir participer à l'audience", a été évoquée mardi par les parties civiles qui souhaitaient la voir écarter des débats.



Philippe Bilger, avocat général : Zemmour n’a pas tort.

En effet, je propose à un citoyen de bonne foi de venir assister aux audiences correctionnelles et parfois criminelles à Paris et il ne pourra que constater la validité de ce « fait », la justesse de cette intuition qui, aujourd'hui, confirment un mouvement né il y a quelques années. (...) Tous les Noirs et tous les Arabes ne sont pas des trafiquants mais beaucoup de ceux-ci sont Noirs et Arabes. Je précise car rien dans ce domaine n'est inutile : qu'il y ait aussi des « trafiquants » ni Noirs ni Arabes est une évidence et ne me rend pas plus complaisant à leur égard. Il n'est point besoin d'aller chercher des consolations dans les statistiques officielles dont la finalité presque exclusive est de masquer ce qui crève les yeux et l'esprit.



"Si je devais attaquer Zemmour chaque fois que je suis en désaccord avec lui, je passerais ma vie au tribunal", ironise ce jeudi Eric Naulleau, visiblement aussi à l'aise face aux juges que devant les caméras. L'enjeu judiciaire de "l'affaire Zemmour" n'a, semble-t-il, pas altéré son sens de la formule. Et le public, venu en masse assister au "spectacle", s'en réjouit. Depuis mardi, première journée d'audience du procès, la XVIIème chambre correctionnelle du tribunal de Paris a en effet pris des allures de plateau de télévision. (...) À l'instar du mordant critique littéraire, un défilé de personnalités politiques et médiatiques se succède à la barre pour soutenir Eric Zemmour (son portrait ici), accusé de diffamation et de provocation à la haine raciale par cinq associations (Sos Racisme, la Licra, le Mrap, l'UEFJ et J'accuse). Robert Ménard, Claude Goasguen, Denis Tillinac et quelques autres, figurent parmi les "people" appelés à témoigner en faveur du polémiste. Tous ont, à leur manière, souligné les limites d'un procès dont les débats n'avaient peut-être pas leur place dans un prétoire. 

La liberté d'expression menacée ?

"Cette phrase ne me heurte pas", commente ainsi Claude Goasguen, député-maire UMP du XVIème arrondissement de Paris, en réaction aux propos tenus par Eric Zemmour dans Salut les Terriens, le 6 mars 2010: "[les Français issus de l'immigration sont plus contrôlés que les autres] parce que la plupart des trafiquants sont Noirs et Arabes... c'est un fait". "Nier ça, c'est nier ce qui n'est pas niable", s'emporte l'homme politique, avant d'ajouter que c'est surtout "l'atteinte contre un journaliste qui est regrettable".

Extrait du forum de l'express.fr :

"pour avoir des chiffres fiables il suffit d assister aux audiences des tribunaux correctionnels (entree libre sauf cas de mineurs), de consulter les roles des tribunaux, de se poster devant une prison, d avoir acces a un registre des gardees a vue..etc il y a plein de facon de confirmer les propos de zemmour encore faut il avoir envie de chercher la verite....qui est aileurs que dans ces oficines politisees" (sic)

Là, j'oserai un commentaire : encore un …, comment dire ? – ne soyons pas méchant ! – un qui ne sait visiblement pas ce que le mot « statistique » veut dire ! "Assister aux audiences (combien ? toutes les audiences ? et dans combien de tribunaux ?)..., devant une prison (pourquoi 'une' et pas toutes les prisons ?)..., un registre des gardes à vue" (seulement 'un' ?), etc. Bref, un tissu d'inepties ! Ce qui est plus préoccupant, c'est qu'un tissu d'inepties  du même tonneau soit proféré par un avocat général : "je propose à un citoyen de bonne foi de venir assister aux audiences correctionnelles et parfois criminelles à Paris"...

Pourquoi juste les audiences correctionnelles ou criminelles à Paris ? Parce que hors de Paris, ce n'est pas le cas ? Monsieur Bilger est peut-être avocat général, reconnaissons que sa maîtrise de la rhétorique est bien faiblarde !



Article de Collado Jérémy

Zemmour cloué au pilori du “politiquement correct”? (affirmation gratuite sans le moindre commencement d’analyse !). 

Pas de doute, le chroniqueur du Figaro règle ses comptes. Avec SOS-Racisme, l'association qui l'a fait rompre avec la gauche. Et avec les populations immigrées d'aujourd'hui, accusées de s'affranchir des efforts d'assimilation que lui a dû subir. Plusieurs fois, il haussera les sourcils, hochant la tête en signe de désaveu face aux propos des parties civiles. Son avocat lui sourit, en signe d'approbation, avant que le journaliste reprenne la parole sous les gloussements du public. (…) Accusé par Dominique Sopo, président de SOS-Racisme, de ne voir la société qu’avec des “lunettes racialisées”, Eric Zemmour a justifié ses propos par plusieurs études scientifiques. Tout en assurant que sa formulation est due au format télévisuel, “qui empêche de revenir sur ce qu’on a dit” pour le préciser. Mais aussi à la réalité qui, selon lui, est “brutale”. Reste à savoir si ses propos seront protégés par la liberté d'expression. Et si tout cela valait assignation en justice.

Sans vouloir être méchant, j'ai trouvé cette chronique franchement plate, sans relief, bref, assez faiblarde, au point qu’on la croirait signée par un émule de Mathieu Aron (France Info).



Rue89, qu'on ne peut pas soupçonner d'être Zemmour-compatible, a cherché à savoir si des chiffres existaient pour valider ou non les propos du journaliste du Figaro. Et surprise, alors que les statistiques ethniques sont interdites en France, des chiffres sur ce sujet ultra-sensible existent bel et bien :
(...)
Lorsqu'ils sont placés en garde à vue, Noirs et Arabes se retrouvent, comme tout citoyen ayant affaire avec la police, inscrits dans le fichier « Canonge ». Ce fichier a la particularité de classer les interpellés par origine ethnique. Même si les statistiques du Canonge restent à prendre avec des pincettes, il indique qu'Arabes et Noirs sont « surreprésentés » (comprendre : plus nombreux en proportion que dans la population totale). A la lecture de ce fichier, L'Express montrait ainsi en 2006 qu'à Paris : 37% des 103 000 référencés étaient blancs, 29% étaient nord-africains, 19% étaient noirs.
(...)
Rue89 précise que ces statistiques sont biaisées: «Noirs et Arabes sont aussi davantage contrôlés et interpellés. Et souvent davantage placés en garde à vue, à une époque où le recours à cette dernière explose.»

Extrait du forum de slate.fr : citation d’un papier du monde.fr qui, lui-même, cite le Washington Post

Le quotidien américain Washington Post constate, dans un reportage paru dans son édition du mardi 29 avril, la surreprésentation des prisonniers mulsumans dans le système carcéral français, en particulier par rapport à ses voisins européens. Prenant comme exemple la maison d'arrêt de Sédequin, à Lille, et se basant sur des chiffres compilés par des responsables de la communauté musulmane, des sociologues et des chercheurs, l'article estime que "60 % à 70 %" des détenus en France sont musulmans alors qu'ils représentent "à peine 12 % de la population totale du pays". "Sur un continent où la présence des immigrés et de leurs enfants dans les systèmes carcéraux est généralement disproportionnée, les données françaises sont les plus flagrantes", note l'article.
(…)
Les chiffres avancés ne sont pas officiels, explique le Washington Post, car l'Etat français ne demande pas à ses citoyens de communiquer leur origine ou leur religion. En revanche, le quotidien affirme qu'il s'agit d'"estimations généralement acceptées" par les démographes et les sociologues.

Commentaire : on commence par nous balancer des chiffres, avant de concéder qu'ils ne sont pas officiels, bref, qu'ils manquent de consistance. Incroyable !


RMC, Émission Les Grandes Gueules, mercredi 2 mars 2011. Invité Daniel Leconte : "La condamnation de Zemmour est une connerie !" 

Le producteur et réalisateur Daniel Leconte était l'invité des Grandes Gueules à l'occasion de la sortie en salles d'un documentaire sur l'affaire Clearstream, "Le Bal des Menteurs" : il a donné son avis sur Zemmour. (...) S'il établit le même constat que le chroniqueur de France Télévisions, Daniel Leconte n'en partage pas les conclusions : "C'est une connerie ! On ne revient pas sur une décision de justice, et pourtant Dieu sait que je ne partage pas les excès de langage de Zemmour, mais ces affaires-là se règlent dans les médias et non dans les tribunaux ! Personne ne conteste ce que dit Zemmour. !" Daniel Leconte va même plus loin dans son jugement, en affirmant : "Si on ne dit pas cette vérité là, qui va la dire ? Marine Le Pen !"

J'ai appris, à l'occasion, que Daniel Leconte était docteur en histoire, lequel déclare, sans ambages, que "personne ne conteste ce que dit Zemmour !", ce qui est factuellement faux, à en croire la procédure juridictionnelle ! De même qu'il ajoute, à propos des États-Unis, que les Noirs y sont majoritaires dans les prisons. Dommage que notre docteur en histore s'arrête à des considérations "phénotypiques", pour parler pompeusement, je veux dire à des considérations se limitant à l'apparence. Et imaginons qu'en vrai historien, je veux dire en vrai chercheur, Leconte ait été un peu plus fin dans son analyse, en se demandant quelle pouvait être la proportion, dans ces prisons américaines, d'enfants d'ouvriers, de paysans pauvres, de cadres supérieurs ou d'universitaires. Par exemple, Leconte a-t-il seulement cherché à comparer la proportion de prisonniers blancs, originaires de familles ouvrières, avec celle de prisonniers noirs, originaires de familles des classes moyenne et supérieure ?

Parce que je suis à peu près certain d'une chose - mais, contrairement au docteur en histoire qu'est Leconte, pour être péremptoire, moi, je commencerais par consulter des statistiques absolument fiables, avant d'affirmer n'importe quoi...  - : dans les prisons américaines, comme dans toutes les prisons du monde, on trouve essentiellement des pauvres, ce qui explique que les groupes sociaux les plus touchés par la pauvreté soient aussi ceux qui assurent le gros des contingents de délinquants.


Dans le même ordre d'idées, Daniel Leconte ne sait peut-être pas qu'il y a des systèmes juridictionnels recourant abondamment à la caution : vous payez une caution et vous êtes libre au moins jusqu'à l'audience. Ce qui expliquerait largement pourquoi ceux qui ne peuvent pas s'acquitter de la caution soient aussi ceux qui emplissent les prisons !

Par voie de conséquence, moi, si j'étais docteur en histoire, mais pas forcément, je poserais, par hypothèse, qu'on doit s'attendre à trouver  dans les prisons américaines plus de Blancs issus de familles pauvres que de Noirs issus de familles riches. Et, du coup, l'on constaterait que le problème ne tient pas du tout à la couleur de la peau ni à l'origine ethnique, mais bel et bien à la ségrégation sociale.

Qu'est-ce qu'il a dit déjà, Leconte ?, que la condamnation d'Eric Zemmour est une connerie ? Moi j'en vois une autre, de connerie, et bien plus grave, que des diplômés des universités s'évertuent à s'abaisser à ressasser des arguments de bas de gamme, juste dignes d'un vulgaire café du commerce !

Mais il y a certainement plus grave, c'est de voir des élus, des législateurs, ceux-là mêmes qui votent les lois et sont les auteurs des Codes (civil, pénal, etc.), s'asseoir allègrement sur les grands principes - ex. Nul n'est censé ignorer la loi ! - et sur ce qui aurait dû leur servir de déontologie, en crachant sur des textes de référence démocratiquement élaborés par les Assemblées et qui, précisément, s'imposent à tous, citoyens, administration et juges, oubliant un peu vite que ces derniers ne font qu'appliquer la loi ! 

In fine, comment résister au plaisir (!) de republier ce papier signé par Mathieu Aron sur France Info ?

"Il (Zemmour) assume la totalité de ses propos. (...) Orateur brillant, polémiste redoutable, au fil des débats, Eric Zemmour assoit son autorité sur l'audience. Ses contradicteurs font pâle figure ; ils osent à peine lui poser quelques questions. (...) Alors, de plus en plus incisif, le prévenu attaque. Il attaque le catéchisme bien pensant des antiracistes, dénonce une inquisition moyen-âgeuse. On se glorifie d'une France black- blanc-beur quand l'équipe de France remporte une coupe du monde, mais on n'aurait pas le droit de faire des statistiques ethniques. (...)  Je dis ce que je vois ; je rends compte de la réalité et aujourd'hui, c'est la réalité qu'on veut criminaliser. (...) Et puis, cruel, il rapporte une tentative de médiation de la Licra  : "son président était prêt de retirer sa plainte si je débattais avec lui à la télévision ; il voulait bien profiter de ma notoriété.""
(…)
"Curieuse audience où le prévenu se mue en accusateur et transforme son procès en redoutable tribune." 

Vous voulez que je vous dise ? Ce vibrant papier, malheureusement un peu daté, maintenant, hélas !, aurait pu valoir à Aron le prix Pulitzer !