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mercredi 15 mai 2019

Sémantique de la désinformation #5


Épisode §5. Comme un vent de panique dans le Landerneau...

Vous connaissez la nouvelle ?

Non ? Alors jetez un œil sur les images qui suivent. 
 




Vous avez compris ? 

Si vous ne vivez pas en France, je vous explique. En ce moment-même, le Landerneau politico-médiatique français bruisse de mille rumeurs concernant la position relative des listes en présence pour la future élection pour le parlement européen (26 mai 2019).

Et, comme de bien entendu - on est en France, championne du monde du sondage ! -, toute la pensée politique est régie par l'industrie sondagière, ce qui fait que - je l'ai déjà exprimé ici moult fois - les soi-disant politologues, que j'appelle des politocrates, se contentent de se borner à paraphraser lesdits sondages.

Il se trouve que, selon nos industriels du sondage, Rassemblement National et "Liste LREM" seraient au coude à coude.  

Vous vous demandez certainement pourquoi je mets des guillemets à "Liste LREM" ? Réfléchissez un peu !

Soit dit entre parenthèses, que se serait-il passé, selon vous, si François Bayrou s'était présenté à la présidentielle de 2017, sachant que le plus faible score qu'il ait réalisé au premier tour (2012) tourne autour de 6 % ? 

Le fait est qu'au lieu de se suicider politiquement en 2017, en apportant son soutien à Emmanuel Macron, Bayrou aurait fort bien pu se présenter de nouveau, avec pour résultat...

24 points pour Macron, moins les 6 points au moins qu'aurait logiquement obtenus Bayrou, ce qui nous fait autour de 18 %

Or, avec 18 % au premier tour de la présidentielle, il n'y a pas d'élection d'Emmanuel Macron au second tour !

J'ai l'impression que tout le monde a oublié que, sans Bayrou, il n'y a pas de Macron président !

Et comme nos politocrates n'ont pas de mémoire, ils persistent dans leur amnésie, ce qui fait que tout le monde nous bassine avec ce pseudo affrontement entre LREM et RN. Et c'est ici que je vais, une fois encore, oser un pronostic.

Vous savez quoi ? Au soir du 26 mai 2019, sauf catastrophe nucléaire, le Rassemblement National, incarné par Jordan Bardella, devrait sortir en tête de l'élection européenne.

Ce n'est pas un souhait personnel - mon opinion personnelle n'ayant aucun intérêt - ; simplement un constat objectif, basé sur le fait que le Rassemblement National est un mouvement autonome, alors même que ce qu'on appelle abusivement "liste LREM" est une coalition autour d'au moins trois organisations différentes !

De fait, la fameuse "liste LREM" est bâtie autour de quelques mouvements clairement identifiés : le parti aux initiales d'Emmanuel Macron, le Modem présidé par Bayrou, ainsi que deux ou trois officines (ex. Agir) animées par des anciens du parti UMP reconverti en Républicains, sans oublier les transfuges socialistes (Castaner, Ferrand...).

Tout le travail de désinformation conduit actuellement par les médias et les politocrates consiste à faire passer LREM pour un parti, alors qu'il ne s'agit que d'une coalition.

On résume ?

Quels que soient les résultats de l'élection européenne à venir, face à la coalition LREM-Modem-Agir..., si j'en crois les sondages, le résultat du Rassemblement National en fera le parti arrivé en tête, - à l'instar de ce qui s'est produit lors des précédentes élections européennes - sauf effondrement ou autre catastrophe pour le parti de Marine Le Pen.

Et, pour parvenir à cette conclusion, nul n'est besoin d'être passé par Sciences Po !

jeudi 2 mai 2019

Gilets jaunes, colère noire et volée de bois vert #22


Épisode §22. Pourquoi le RIC est inéluctable !

On prête à François Mitterrand cet oracle : "Après moi, il n'y aura plus que des comptables !".

À votre avis, que sous-entendait Mitterrand sous le vocable "comptable" ?

On pense à "technocrate", sans vision politique, mais avec du bagout, dans le genre de celui ou celle qui vous aligne des chiffres et des statistiques, histoire d'épater son auditoire. Le problème est que les chiffres, à eux seuls, ça ne fait pas une politique, sinon comment expliquer le crash de Lionel Jospin au premier tour de la présidentielle de 2002, alors même que, cinq années durant, le premier ministre socialiste avait aligné les bonnes statistiques et tous les voyants dans le vert, sans oublier les bons sondages ?

Et puis arrive le premier tour de la présidentielle, qui voit le comptable Jospin échouer à la troisième place, derrière Jean-Marie Le Pen.

Je suis à peu près certain qu'à ce jour, Jospin ne s'en est toujours pas remis de cette débâcle, sans pouvoir se l'expliquer vraiment autrement que par la ficelle un peu grosse du "c'est la faute d'Untel !", ce Untel étant pluriel : J.P. Chevènement, Christiane Taubira pour le Parti Radical de Gauche, l'écologiste Noël Mamère, le communiste Robert Hue... 

Autant dire que c'est l'ensemble des alliés du Parti socialiste au sein de ladite "Gauche Plurielle" qui font faux bond à Jospin au premier tour de cette présidentielle. Bien évidemment, tout le monde a compris qu'en se coalisant dès le premier tour, la gauche aurait permis à Jospin de se qualifier pour le second. (Lien)

Mais qu'a-t-il bien pu se passer pour que les choses tournent à ce point au vinaigre pour Jospin ?

La prédiction de Mitterrand, pardi ! Tant il est vrai que le premier ministre de cohabitation que fut Jospin s'est contenté de jouer les comptables, grisé qu'il a été par les bons sondages mais, surtout, intoxiqué par le venin de l'autocratie et du bonapartisme, lui qui fut qualifié de "Président Bis".

Et pourtant, dit l'adage, un homme averti en vaut deux. Et c'est là que Jospin aurait dû méditer le sort de Jacques Chirac en 1988, premier ministre de cohabitation sortant, battu par celui-là même qu'il s'était évertué à humilier durant deux ans. Mais il faut croire que le personnel politique n'a pas de mémoire. 

C'est ainsi que Jospin, le 'président bis', a passé les cinq années de son mandat de premier ministre à rabaisser ses partenaires de la Gauche Plurielle, à commencer par l'écologiste Dominique Voynet. Au total, cette cohabitation aura vu les Verts passer cinq longues années à avaler les couleuvres.

Citation :
« Cela fait longtemps que je bride ma nature. J'ai enduré ce qu'il coûte d'être ministre écologiste de l'Environnement dans un gouvernement qui ne l'est pas. Au bout du compte, les Verts ont appris à participer au gouvernement. Définir un objectif lointain ne suffit pas, nous avons appris à dire comment on y va », martèle, depuis des semaines, la responsable des Verts, affichant une combativité toujours à la limite de la brutalité. Malgré quelques spectaculaires ratés _ comme cette absence totale de compassion en décembre 1999 à l'égard des victimes de la marée noire _, Dominique Voynet peut effectivement se prévaloir d'avoir fait exister les Verts, numériquement très faibles au Parlement, mais électoralement en pleine ascension. Si son bilan politique est incontestable, son bilan écologique est, lui, nettement plus mitigé. (source)
Aux abords de la présidentielle de 2002, mon attention a été attirée par deux interventions. Ce fut d'abord le pianiste antillais Mario Canonge, qui annonça dans Le Figaro qu'au premier tour, il voterait Taubira et irait à la pêche au second.

Étonnant non ?, venant d'un homme de gauche ! En fait, pas vraiment, si l'on prend en compte la deuxième intervention, venant de la part d'un enfant interrogé par la radio RTL en marge de la campagne présidentielle (cf. une série d'émissions intitulées "J'ai douze ans et je suis président"), ce qui nous a valu cette injonction :
Il faudrait peut-être arrêter (sic) qu'il n'y ait que des ministres blancs !
Ce gamin (ou cette gamine s'agissant d'une voix d'enfant) fort perspicace avait constaté que, durant toute cette cohabitation et au gré des remaniements, l'équipe Jospin n'aura intégré aucune personnalité "de couleur" ! (Lien)

Et dire que ce nigaud de Jospin en veut toujours à Christiane Taubira et aux écologistes de lui avoir savonné la planche, alors même qu'il se l'est bien savonnée tout seul !

J'entends d'ici les objections : "Mais, mon bon monsieur, qu'est-ce que tout ça a à voir avec les Gilets Jaunes ?".

Je vois qu'il y en a qui ont du mal à suivre les déambulations intellectuelles un peu trop analytiques ! Souvenez-vous du "Après moi, il n'y aura plus que des comptables !".

Il se trouve que j'ai consulté les commentaires ayant suivi la dernière prise de parole solennelle du président français ; vous savez ? Celui qui a créé un parti politique à ses initiales (E. M.) !

Les retraites par-ci, les niches fiscales par-là, augmentation de ci, diminution de ça... Je n'ai pas pu m'empêcher de penser à l'oracle François Mitterrand.

Le problème c'est qu'il y a toujours du monde dans la rue, notamment les samedis, ce qui va finir par faire jaser à travers le monde, les grands média internationaux, presse écrite, en ligne, audio-visuelle, notamment les télévisions (ABC, ARD, BBC, CBS, CNN..., NBC, NHK, ORF, RT, RTE..., ZDF) ne se privant pas d'en rajouter une couche, voire plusieurs. (source)

Pour ma part, il me semble avoir écrit ici que le problème, avec certaines personnes, était leur incapacité à faire la part de l'essentiel et de l'accessoire. Voyez les chapitres précédents. Et j'estime que la fin prochaine du régime bonapartiste français est de plus en plus désirée par un contingent de plus en plus important de la population. Je sais qu'à ce propos, les "comptables" vont m'opposer leur sempiternels sondages, dont je me contrefiche !

Il y a une décision essentielle à prendre, là, maintenant, pour restaurer un commencement de paix sociale dans ce pays, et elle passe par l'instauration de plus de démocratie, j'allais dire "directe", mais ce serait un pléonasme.

Vous voulez un pronostic ? Les Gilets Jaunes ont déjà gagné sur le plan institutionnel. Le reste n'est plus qu'une question de mois, soit 3 x 12 = trente-six mois tout au plus, tant je suis absolument persuadé que les deux candidats qui s'affronteront pour le second tour de la présidentielle de 2022 auront inscrit le R.I.C. (C pour Citoyenne) ou R.I.P. (P pour Populaire) tout en haut de leur programme.

Observons simplement que c'est parce qu'elle a fini par "piger"... que Marine Le Pen a sérieusement revu sa copie entre 2012 et 2017... Comme par hasard, là voilà qui se qualifie sans trop de mal pour le second tour en 2017. Chats échaudés craignant l'eau froide, gageons qu'à la suite de Le Pen, pas mal d'autres candidats (= bonapartistes patentés) vont tenter de s'engouffrer dans la brèche, voire l'ont déjà fait (Dupont-Aignan, Mélenchon...) en se convertissant à la démocratie directe ! Autant dire qu'à la prochaine présidentielle, l'adhésion à la démocratie 'directe' sera une condition sine qua non de la qualification pour le second tour.

On parie ?

En tout cas, que ceux qui sont prêts à parier le contraire prennent le temps de consulter les archives de ce modeste blog. Le fait est que mes analyses concernant Sarkozy (2007), Juppé (printemps 2011), le non départ de Fillon de Matignon (cf. le président de la République n'a pas le pouvoir de changer de premier ministre si ce dernier ne veut pas démissionner !), les tares de Mélenchon (favorable à l'agression de l'Otan sur la Libye) et Hollande (inactif, par calcul, après avoir été informé de la tentative de viol dont fut victime Tristane Banon)..., la duplicité de Hillary Clinton (automne 2016), le coup de pouce des occidentaux au profit d'Al Qaeda en Afrique du Nord..., voire le jeu plus que flou de Florian Philippot apparaissant comme intrus au sein du Front National (avant la présidentielle de 2017) se sont avérées pas trop fausses. Et, pour ce faire, moi, je n'ai eu besoin d'aucun sondage ! 


Petit supplément illustré

Un tableau de bord affiche régulièrement des liens de messageries ou autres sites via lesquels des visiteurs se sont connectés sur ce blog. J'ai cliqué sur l'un d'eux et ai atterri sur ce qui suit. Ce n'est pas le Pérou, mais apparaître sur la première page d'un moteur de recherche, même à la dernière place, ça ne fait que confirmer ce que je savais déjà. Toutes mes félicitations aux futés et futées qui prennent le temps de consulter régulièrement ma prose... Ce qui vous confirme, en passant, la raison de mon allergie pour les soi-disant réseaux sociaux, où la pensée est réduite à sa plus simple expression, les fautes d'orthographe et de syntaxe en plus !

Épisode 7, un des plus consultés récemment : 'Biscotos versus ciboulots'


Lectures :  01  -  02  -  03 - 04  -  05  -  06  -  07  -  08 (pour le reste, voyez les archives !)

vendredi 19 avril 2019

Gilets jaunes, colère noire et volée de bois vert #21


Épisode §21. Mais au fait, c'est qui le souverain ?

En ces temps de grand dérangement cérébral chez certaines "élites", qui donnent l'impression de ne plus savoir où elles habitent, peut-être serait-il utile de poser quelques jalons, histoire de se remettre les idées bien en place.

Voilà que, depuis quasiment le début de leur mouvement, les Gilets Jaunes réclament l'instauration d'un R.I.C., concept dont ils ne sont pas les auteurs, puisqu'il existe en Suisse depuis la nuit des temps sous le vocable de "votation" et apparaît de manière plus ou moins locale dans divers systèmes politiques (Californie...). 
"Dans la plupart des cantons en Suisse, mais aussi aux Etats-Unis [dans les villes, les Etats, etc.], les citoyens peuvent ainsi proposer une loi dès qu'ils ont le nombre suffisant de signatures, détaille le chercheur au Centre d’histoire des idées politiques et des institutions de l’université de Lausanne. En Suisse, ils peuvent aussi, par ce moyen, approuver ou désapprouver un texte voté par le Parlement." (Source)
Cette demande de démocratie directe est-elle nouvelle en France ?, s'interroge-t-on sur le site francetvinfo, cité plus haut.
Non. "Il y a deux conceptions de la citoyenneté, explique l'historien Gérard Noiriel. Une conception dominante, qui est la délégation du pouvoir avec un bulletin dans l'urne tous les cinq ans, et une conception populaire, qui est la participation directe. C'est celle des 'gilets jaunes' qui disent : 'Nous, on ne veut pas déléguer notre pouvoir à des chefs qu'on ne connaît pas.' En 1871, la Commune de Paris a appliqué cette démocratie directe. Les citoyens parisiens se réunissaient physiquement dans des assemblées générales, et ils choisissaient des délégués, qui étaient révocables et devaient rendre compte de ce qu'ils faisaient." 
Depuis des années, des élus plaident en faveur d'une démocratie plus directe. L'ancien député socialiste Arnaud Montebourg défendait dès 2001 une trentaine de propositions pour une VIe République, dont celle-ci : "Chaque collectivité territoriale peut consulter sa population sur les questions qui relèvent de leur compétence. (...) La même disposition de référendum d’initiative populaire est établie pour la proposition ou l’abrogation des lois de la République. Une loi organique en fixe les modalités et conditions." 
Lui aussi fervent partisan d'une VIe république, Jean-Luc Mélenchon, leader de La France insoumise, avait inclus dans son programme présidentiel de 2017 la création d'un "référendum révocatoire d’initiative populaire ". Celui-ci devait pouvoir mettre en cause la responsabilité politique d’un représentant, "même le conseiller général du coin", rappelle Le Monde. 
Comme je l'ai déjà signalé dans de précédents articles, la candidate (à l'élection présidentielle) ayant manifesté le plus de constance en faveur de l'initiative populaire est sans aucun doute Marine Le Pen (2012, 2017). Enfin, quand j'écris "sans aucun doute", il me semble avoir déjà épilogué sur la question, notamment sur le fait que Le Pen ait été d'une discrétion totale sur la question durant la campagne présidentielle de 2012.

Quant à l'acronyme R.I.C., pour Referendum d'Initiative Citoyenne, il apparaît de facto en 2013, à l'occasion du lancement en ligne d'une pétition ayant dépassé, depuis, les 214.000 signatures. (Source)

Or, ne voilà-t-il pas que de belles âmes, notamment des politologues et autres intellocrates (cf. Olivier Duhamel, François de Closets), viennent nous expliquer que trop de démocratie pouvait tuer la démocratie, la référence absolue étant, selon eux, la "sacro-sainte" démocratie représentative.

Et c'est là qu'il semble utile de revenir à la sémantique (décidément !, vont penser certains...), c'est-à-dire au sens strict des mots.

Par parenthèse, où a-t-on vu que gouvernement du peuple par le peuple voulait dire obligation pour ledit peuple de se départir en permanence de ses prérogatives au profit d'une oligarchie, fût-elle élue, ainsi que le sous-entendent les tenants de la "démocratie représentative" ?
Le Souverain est la personne qui exerce seule le pouvoir politique dans un État. Dans les démocraties constitutionnelles, et sous la Ve République, le Souverain est le peuple comme détenteur du pouvoir constituant, et les gouvernants ne sont que des magistrats constitutionnels. (Source)
En démocratie, le souverain c'est le peuple, par transposition verticale de la souveraineté, de la personne du roi, vers le corps social (= le peuple) dans son ensemble. 

Précisément, offrons-nous un petit retour en arrière, au temps dudit "Ancien Régime" : comment les choses se passaient-elles du temps où le souverain se réduisait à la personne d'un monarque ?

Rappelons tout d'abord que la souveraineté royale reposait sur le principe de l'élection divine via un sacre (Reims à une époque, voire Notre-Dame de Paris pour Napoléon) par l'autorité ecclésiastique.
La monarchie d'Ancien Régime (la monarchie désignant le gouvernement d'un seul) a des limites avant tout religieuses. On a affaire à une monarchie de droit divin, symbolisée par le sacre du roi de France à Reims. Le roi est réputé choisi par Dieu pour exécuter sa volonté et ses sujets doivent à ce titre le respecter et lui obéir. Comme preuve de ce rapport particulier avec Dieu, les rois de France étaient réputés guérir une certaine maladie, les « écrouelles », par imposition des mains. (...) 
Au sortir du Moyen Âge, la monarchie évolue vers le gouvernement absolu, conformément aux théories politiques exprimées par Jean Bodin, un juriste d'Angers, dans Les six Livres de la République (1576). Celui-ci fait valoir que la souveraineté ne se divise pas et conteste la multiplicité des pouvoirs hérités du Moyen Âge. Il en arrive à considérer que le souverain est au-dessus de la loi. 
La monarchie absolue apparaît comme un gouvernement centralisé dans lequel tout le pouvoir réside dans le roi : 
pouvoir législatif : le roi fait la loi, 
pouvoir exécutif : le roi fait exécuter la loi par ses ministres et ses « officiers » ou fonctionnaires, 
pouvoir judiciaire : le roi de France délègue ses pouvoirs à des magistrats indépendants, propriétaires de leur charge, qui siègent dans les parlements et exercent la justice d'appel (ils tranchent en dernier ressort lorsque la décision d'un tribunal ordinaire est contestée) ; le roi se réserve toutefois le droit d'interner toute personne de son choix par une « lettre de cachet ». 
Mais en dépit de Jean Bodin et ses émules, le pouvoir royal demeure jusqu'à la Révolution strictement encadré par les assemblées traditionnelles (parlements, états provinciaux, assemblées paroissiales, assemblée du clergé...) et les us et coutumes locaux. (Source)
Retenons du concept de souveraineté sous l'Ancien Régime que le monarque pouvait déléguer une partie de ses pouvoirs, sans jamais s'en délester complètement : à tout moment d'une procédure, le roi pouvait "retenir" ses prérogatives.
Succédant à une justice exercée par les seigneurs et le clergé dans chaque province sous la féodalité, apparaît sous la monarchie la justice royale. 
Les Rois de France rendent désormais la justice et assoient progressivement leur autorité judiciaire. 
Lors des sacres, l'archevêque de Reims remet la " main de justice ", signe d'équité, et l'épée, glaive de justice. Ainsi, le Roi reçoit de Dieu le pouvoir spirituel et temporel de rendre justice. La justice d'origine divine devient donc l'émanation du roi de France. Le premier devoir du roi à l'égard de ses sujets est de faire à tous bonne et prompte justice à l'image de Saint-Louis, sous un chêne à Vincennes. 
Jusqu'au XIIIème siècle, le Roi expédie lui-même les affaires, entouré de conseillers ; c'est l'époque de la "justice retenue", nécessaire au maintien de son autorité. 
Puis, les rois successifs délèguent progressivement leur pouvoir judiciaire à des juges spécialement nommés, tout en gardant un droit de regard sur les affaires et en conservant le pouvoir de juger eux-mêmes une affaire déjà entamée ou de l'attribuer à une autre juridiction (droit d'évocation). (Source)
Du coup, on est en droit de s'interroger sur les raisons pour lesquelles tant de régimes prétendument démocratiques rechignent à instaurer la démocratie directe, alors même qu'elle est dans l'ordre "naturel" des choses : dès lors que le souverain n'est plus un monarque, mais le peuple, d'un point de vue strictement philosophique, ne serait-il pas normal que le souverain populaire délègue ses pouvoirs quand ça l'arrange, tout en s'arrogeant le droit de "retenir" ces mêmes pouvoirs quand il juge opportun de le faire ?





De fait, les politologues, politiciens et autres politocrates qui s'évertuent à dénigrer la démocratie directe tentent, avant tout, mais sans convaincre grand monde, d'inverser l'ordre logique des choses, faisant passer la règle - le pouvoir par le peuple et pour le peuple - pour une exception, et l'exception - l'exercice du pouvoir par simple délégation - pour la règle, alors même qu'en bonne logique sémantique, la démocratie c'est l'exercice du pouvoir pour le peuple et par le peuple. Point.

Par la suite, c'est au peuple souverain (pléonasme !), et à lui seul qu'il incombera, par dérogation à la règle, d'organiser l'exercice pratique (et délégué) du pouvoir par les procédures qu'il jugera utiles.

Ce qui veut dire qu'à l'instar du souverain d'ancien régime, le souverain démocratique pourra - devrait pouvoir - à tout moment déléguer... et à tout moment retenir son pouvoir  de décision.

C'est bien la raison pour laquelle le referendum d'initiative populaire ou citoyenne est consubstantiel du concept même de démocratie !

Par voie de conséquence, il faut bien prendre conscience de l'anomalie structurelle manifestée par tant de régimes prétendument démocratiques qui, à aucun moment, n'imaginent que le peuple puisse exercer lui-même le pouvoir, alors même qu'avec les nouveaux moyens offerts par la communication électronique, les citoyens disposent désormais de la faculté de s'exprimer quasiment en temps réel sur les choses relevant de la vie de la cité, voire de la nation.

Par ailleurs, compte tenu de ce qui précède, à savoir l'identification de qui est le souverain en démocratie, ce n'est pas aux représentants du peuple qu'il incombe de dire ce que le peuple doit faire ou ne pas faire, dès lors qu'ils ne détiennent pas plus de souveraineté que les représentants du roi sous l'Ancien Régime !

On résume ?

En plaçant très haut cette revendication autour du RIC, les Gilets Jaunes montrent qu'ils ont compris l'essentiel, voire qu'ils ont tout compris en matière de gestion de la chose publique, et c'est bien ce qu'il y a de remarquable dans ce mouvement, dont on - quelques mauvaises langues représentant la caste oligarchique - nous dit qu'il proposerait à peu près tout et n'importe quoi, voire partirait un peu dans tous les sens, ce qui est absolument faux ! Mais bon, tout le monde ne dispose pas de la capacité intellectuelle d'apprécier à sa juste valeur un mouvement social ! Et puis, mettons-nous à leur place : politiciens, politologues et autres politocrates ne connaissant rien de la vie des vraies gens, ils en sont réduits à se fabriquer un peuple artificiel à coups de sondages et d'échantillons soi-disant représentatifs... Or, ces sondages n'ont pas vu venir le mouvement des G.J. !

Du coup, si j'avais un conseil à donner à certains représentants du peuple, qui se prennent pour des détenteurs du pouvoir, c'est de se rappeler simplement qui ils sont vraiment : des larbins au service du peuple, et rien d'autre !


Lecture : dans la rubrique "Mais pourquoi donc l'oligarchie a-t-elle à ce point peur du peuple ?", une interview dans Marianne.


mardi 29 janvier 2019

Gilets jaunes, colère noire et volée de bois vert #10


Épisode §10. Fake news toi-même !

Je m'étendais, tantôt, sur l'importance prise par les sondages dans la pensée politique et sociale en France, les "experts" étant obnubilés par une chose : l'opinion supposée de panels concoctés in vitro et censés représenter l'ensemble des citoyens.

Et l'un de ces sondages porte régulièrement sur l'opinion des Français à propos des média, et voici par exemple le genre d'enseignements que l'on est censé en retirer, dans la rubrique "qui l'eût cru ?" :
Une confiance dans les médias traditionnels en nette progression
La crédibilité de la radio, presse et télévision rebondit après une forte baisse amorcée depuis 2015 : pour 9 Français sur 10 la mission principale des médias est de fournir une information viable et vérifiée. 56% font confiance à la radio pour remplir cette tâche (+4 points), elle reste ainsi la source d’information la plus crédible aux yeux des Français. Le journal (52%) et la télévision (48%), eux, connaissent un regain important de leur crédibilité avec une augmentation de 7 points pour les deux médias. Ainsi, ces trois médias parviennent enfin à retrouver la confiance des Français après une importante baisse sur une période de 3 ans. 
Ainsi, donc, la confiance dans les média traditionnels serait en hausse, à en croire ce sondage (qui n'est qu'un sondage = en bon français - mais ça vaut pour toutes les langues - 'sonder' un terrain consiste à y enfoncer une 'sonde' de manière à apprécier  l'état du terrain à l'endroit précis où l'on a enfoncé la sonde, et seulement à cet endroit-là ! Sauf que nos prétendus experts ont pris l'habitude d'extrapoler les résultats d'un sondage en y appliquant un coefficient multiplicateur - cf. x % des Français pensent que...-, ce qui relève de la plus pure escroquerie !). 

Entre nous, on parie combien que d'autres sondages sur le même thème, réalisés par d'autres instituts, pourraient nous livrer des résultats en tous points opposés à ce qui figure plus haut ?

Détail amusant, l'idée selon laquelle - nous dit le sondage - l'internet verrait sa crédibilité baisser par rapport aux média traditionnels.
A contrario, Internet recule en confiance et en usage : seuls 25% des Français jugent cette source d’information comme fiable, une crédibilité en baisse qui l’est plus particulièrement chez les internautes. En effet ils ne sont plus que 31% à faire confiance aux informations publiées en ligne contre 35% l’année dernière. En parallèle, si les sites ou applications liées à des journaux restent les sources en ligne préférées des Français, les réseaux sociaux semblent amorcer une légère baisse et ne sont maintenant choisis que par 18% des Français lors de recherche d’informations sur internet. (source)
Quiconque est coutumier de la navigation en ligne peut néanmoins constater que, contrairement aux média dits traditionnels, qui ne vous offrent généralement qu'un son de cloche, sur l'Internet, à partir d'un simple mot-clé, vous avez accès à une multitude de sites vous présentant autant de sons de cloche différents ; autant dire que par la pluralité des opinions qu'il présente, l'Internet est l'arme absolue contre les fake news dès lors qu'il est impossible à 100, 1000, 10000, un million de sites distincts de dire la même chose au même moment et sur le même sujet !

Prenez le fameux 11 septembre 2001 : où avez-vous vu que tout le monde prenait fait et cause pour les thèses de Thierry Meyssan ou pour celles du gouvernement américain ?

Du côté des (grands) média traditionnels, pourtant, il semble que la messe ait été dite dès l'origine, Meyssan passant pour un affabulateur, un complotiste, etc.

Et pourtant, il semble qu'un grand jury doive être convoqué incessamment, aux Etats-Unis, pour examiner quelques points litigieux concernant la doxa officielle portant sur l'effondrement des tours jumelles du World Trade Center. Comme preuve que la messe n'est pas du tout dite en la matière et qu'il reste quelques doutes sérieux (ex. la présence éventuelle d'un type particulier d'explosifs sur le site) sur la crédibilité de la thèse officielle, et que ceux qui (dans la presse traditionnelle) ont un peu trop vite balayé d'un revers de main les affirmations de Meyssan risquent fort de devoir bientôt battre leur coulpe ! 

Observons simplement que les informations les plus fiables sur la question nous viennent exclusivement de l'Internet, car, du côté de la presse dite "mainstream", c'est 'motus et bouche cousue' ! (1)

Mais quel rapport avec les Gilets Jaunes ? vont se demander certains ? 

Justement, ces jours-ci, on entend et lit partout qu'il va y avoir une liste "Gilets Jaunes" lors de la prochaine campagne pour les élections européennes, sous la conduite de Madame Ingrid Levavasseur. On a même eu droit à un ou deux sondage(s) (ben voyons !!!), assorti(s) des commentaires de moult 'experts' sur le fait de savoir quelles listes pourraient pâtir de la présence de Gilets Jaunes lors des élections européennes.
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Source
Bien évidemment, tout cela sent le 'bidonnage', dès lors qu'il semble établi que l'initiative personnelle de cette personne ne concerne en rien l'ensemble du mouvement des GJ : un mouvement éminemment horizontal et ouvertement apolitique.

Du reste, consciente du caractère non conventionnel de sa manœuvre, Levavasseur a pris soin de ne pas apposer la mention Gilet Jaune sur son projet, se contentant (!) de contrefaire le sigle R.I.C. en Ralliement d'Initiative Citoyenne, contrefaçon que n'importe quel tribunal devrait lui interdire !

Et, bien évidemment, l'on a vu cette personne multiplier les passages dans les "grands" média, ce qui ne pourrait surprendre que les naïfs. Mais Ingrid Levavasseur est loin d'être naïve, dès lors qu'elle a compris que sa liste politique ne relevant pas du mouvement "GJ", elle devait s'abstenir d'arborer le fameux gilet, chose que ceux et celles qui l'invitent sur les plateaux n'ont visiblement pas encore intégrée !!!






Vous avez compris que la mention "Gilet Jaune" pour caractériser une personne qui, par sa tenue même, avait parfaitement intégré le fait qu'elle n'était pas là en tant que 'GJ', relevait de la fake news ?

Mais il y a autre chose du côté des "professionnels de la fake news". Voyez ce qui suit :



J'avoue avoir été fort surpris par l'insistance mise par cette journaliste (stagiaire ?) à relever le 'flop' subi par un rassemblement de Gilets Jaunes, sans qu'elle ait pris la précaution élémentaire de croiser ses informations, sinon, peut-être aurait-elle constaté que telle ou telle pétition en ligne continuait de collecter des signatures.

En allant sur des sites en ligne, voici le genre d'informations que l'on peut glaner : plus d'une pétition en faveur du RIC, en passe d'atteindre la cible annoncée (300.000 signatures pour la plus ancienne, 75.000 pour la plus récente), tandis que la fameuse pétition sur le prix des carburants se rapproche lentement et sûrement de sa cible de 1.500.000 signatures. Est-ce cela que cette jeune "journaliste" appelle un flop ?
29.01.2019 (15h) - source

29.01.2019 (15h) - source

29.01.2019 (15h) - source
Entre nous, qu'est-ce qui peut expliquer qu'une journaliste novice - donc pleine d'enthousiasme et pas du tout blasée - présente une information visiblement biaisée, en faisant mine d'ignorer ce que n'importe quel quidam disposant d'une connection Internet - notamment parmi les congénères de cette jeune personne - ne manquera pas d'aller vérifier..., en ligne ?

Soit dit entre parenthèses, humainement parlant, je comprends que l'aide-soignante qu'est Ingrid Levavasseur, grisée par la brusque notoriété qui lui fut offerte par les médias, ne touche plus terre, quand on sait que la France est un pays qui se targue de promouvoir une certaine méritocratie républicaine (ce qui permet à des enfants de paysans ou de femmes de ménage de décrocher un Capes ou une agrégation ; voyez François Bayrou et Gérard Collomb), tout en étant, par ailleurs, un pays fortement hiérarchisé : ainsi, vous entrez à l'hôpital comme aide-soignante, après un concours de catégorie C, et vous avez toutes les chances de finir votre vie professionnelle comme aide-soignante. Ailleurs (cf. l'ex-URSS), on a vu un simple technicien (Youri Gagarine) accéder au grade de cosmonaute ; ailleurs encore (Allemagne), on a vu un simple ouvrier accéder au poste de Numéro Deux chez Volkswagen..., toutes choses inimaginables en France.  

Autant dire que, vu à travers le regard d'Ingrid Levavasseur, le mouvement des Gilets Jaunes traduit aussi une certaine spécificité française, dans la mesure où un certain nombre de pays n'affichent pas, comme la France, cette conception aristocratique  de la méritocratie via le concours, une spécialité française qui vous assigne à un grade hiérarchique jusqu'à la fin de vos jours quand, ailleurs, la formation continue permet aux individus de s'élever de manière continue dans l'échelle sociale.   

À elle seule, l'impasse professionnelle dans laquelle doit se sentir Ingrid Levavasseur - les aides-soignants représentant l'avant-dernier grade à l'hôpital, juste au-dessus des brancardiers et des femmes de ménage - pourrait expliquer la griserie qui a dû s'emparer d'elle depuis qu'elle est un visage connu. Et il faut dire qu'on l'a un peu aidée, en lui proposant (quelle outrecuidance de la part de cette chaîne de télévision !) d'intégrer l'équipe d'un médium fortement décrié par les Gilets Jaunes, proposition qu'elle était à deux doigts d'accepter, ce qu'elle aurait fort bien pu faire, au demeurant, mais à titre personnel et sans gilet jaune sur le dos !

Autant dire que j'ai quelque compréhension pour le cheminement psychologique de cette personne. Mais cela ne fait que conforter le malaise, dès lors que l'on sait désormais que l'on a affaire à quelqu'un de malléable, car il faut être bien naïf/ve pour se présenter au public comme faisant partie d'un mouvement contestataire et, l'instant d'après, (donner l'impression de vouloir) tourner casaque en s'asseyant sur les règles de déontologie les plus élémentaires.

En effet, imagine-t-on le malaise des téléspectateurs qui auraient dû subir les "analyses" livrées par cet ancien "Gilet Jaune" reconverti chroniqueuse d'une chaîne de télévision régulièrement critiquée par ceux-là même qui auraient été ses anciens comparses sur les ronds-points ?

Concernant cette personne, la question est maintenant d'évaluer le crédit qu'on peut accorder à quelqu'un d'aussi instable intellectuellement !

Il paraît que Bernard Tapie aurait manifesté de la sympathie pour l'opération Levavasseur ; parce que prêter des locaux relève de la simple sympathie ? Et après les locaux, on aura le prêt de rotatives et de papier, histoire d'imprimer des tracts ? L'intéressé nie tout en bloc, et on ne peut que le croire sur parole, n'est-ce pas ?

Et, fort logiquement, alors même que l'entreprise de Levavasseur sent l'embrouille à plein nez, la grande presse persiste à annoncer le lancement d'une liste "Gilets Jaunes", liste au sein de laquelle figurerait en bonne place un ancien de la mouvance LREM. Et là, on se dit : "ben voyons !".


Une taupe estampillée LREM ! Comme preuve que les GJ tiennent le bon bout et ont sérieusement déstabilisé le Landerneau politico-médiatique. Et comme j'imagine que nos G.J. ne sont pas naïfs ni stupides, je suppose qu'ils s'attendent à d'autres coups fourrés ou tordus, histoire de les affaiblir à tout prix et par tous les moyens, voire de discréditer les animateurs les plus fragiles (cf. la provocation, à l'exemple de Matterazzi, qui réussit à faire sortir Zidane de ses gonds dans une finale de coupe du monde !) du mouvement.

Par ailleurs, la contrefaçon du sigle R.I.C. en Ralliement... relève de la plus pure escroquerie et suggère amplement que, dans un avenir proche, d'aucuns vont s'appliquer à désamorcer cette fameuse bombe du Referendum d'Initiative Citoyenne qui commence à donner des boutons à pas mal de monde.

On résume ? Compte tenu de leur apolitisme forcené et du caractère éminemment démocratique de leur organisation sans chefs, on peut être certain d'une chose : il n'y aura pas de liste 'Gilets Jaunes' aux prochaines élections européennesEt si une liste devait exister, animée par d'anciens "gilets jaunes", elle portera forcément un tout autre nom, de même qu'elle se verra interdire (par les tribunaux) l'usage du sigle RIC.

Autant dire que la mention "liste gilets jaunes" propagée par les "grands média" relève de la plus pure désinformation. 

Ce qui tendrait à démontrer que, contrairement à ce que nous révélait tel sondage, la prétendue amélioration de la crédibilité des grands média est un leurre, les principaux pourfendeurs de fake news (les grands média) étant, en réalité, les principaux promoteurs de ces mêmes fake news. L'éternelle histoire de la paille et de la poutre ! 

Mais offrez-vous donc un petit test à partir des mots-clés : 'liste gilets jaunes', juste pour rire !

Où Mme Levavasseur et ses inspirateurs semblent quelque peu marcher à côté de leurs pompes, c'est à travers leur méconnaissance des institutions européennes, et singulièrement, du Parlement.

Il se trouve que j'ai passé quelque temps dans les universités strasbourgeoises, ce qui m'a valu de visiter par deux fois le Parlement européen, une fois avec la Fac d'Allemand, la suivante avec la Fac de Droit. De fait, la Communauté Européenne possède le Parlement le plus  alambiqué de l'histoire contemporaine.

Prenons une république fédérale comme les États-Unis : chacun des Etats qui la composent possède son propre parlement, tandis qu'au niveau fédéral, sénateurs et représentants se réunissent à Washington, capitale de la Fédération. Le même principe prévaut dans d'autres États fédéraux comme le Nigeria, l'Inde, l'Allemagne, et dans un État confédéral : la Suisse.

L'Europe communautaire, quant à elle, n'est ni un État fédéral, ni une confédération, mais une espèce de club d'États dont l'amalgame reste à inventer. C'est, notamment, à la suite de tractations alambiquées qu'elle se retrouve avec un Parlement ne siégeant pas dans une capitale "fédérale" (celle-ci n'existant pas), mais dans un cocktail étrange en forme de duopode car reposant sur deux sièges distincts : Bruxelles et Strasbourg, auquel il faut ajouter Luxembourg pour d'autres activités communautaires.

Les politiciens européens étant passés maîtres dans l'art du "Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ?", les pères fondateurs de l'Union nous ont, donc, concocté cette usine à gaz dont les protagonistes, les parlementaires, doivent jongler avec des sessions se déroulant sur deux sites différents, ce qui doit faire du Parlement européen le plus coûteux du monde rien qu'en termes de déplacements et de logistique, le tout au grand dam des députés.

Voilà le genre d'imbroglio avec lequel Mme Levavasseur et ses éventuels collègues ex-gilets jaunes vont devoir se coltiner, eux dont le parti n'existe pas encore ! C'est qu'il va leur falloir, dare-dare, c'est-à-dire maintenant, trouver un siège, dresser un organigramme (secrétaire général, trésorier, etc.), recruter le personnel d'assistance requis - car, sans assistants parlementaires, autant dire sans une grosse organisation, on ne survit pas entre Bruxelles et Strasbourg - le tout avant d'avoir touché la moindre subvention fédérale !

Le fait est qu'au Parlement européen, on ne retrouve que des politicien(ne)s madré(e)s, affichant pas mal d'heures de vol. Citons, pour la droite française, les Alliot-Marie, Dati, Hortefeux, Morano, tous anciens ministres. D'aucuns ironisent en parlant de battus des dernières législatives, il n'empêche que rares sont les béotiens qui garnissent les travées du Parlement.

Et à cela s'ajoute une donnée importante, voire essentielle : le Parlement européen est constitué de blocs politiques transnationaux, qui tirent leur force de la synergie qu'ils sont capables de mettre en oeuvre indépendamment de leur nationalité, le bloc le plus important étant constitué par les droites européennes fédérées au sein du P.P.E. (Parti Populaire Européen). Et vous avez des euro-socialistes, euro-écologistes, euro-souverainistes, etc.

Autant dire qu'une fois dans le marigot européen, Levavasseur et ses collègues vont devoir, très vite, se fondre dans un collectif déjà existant, sous peine de n'avoir aucune visibilité et de devoir raser les murs.

Entre nous, on parie combien qu'une fois au Parlement Européen, l'apolitisme affiché par l'ex-gilet-jaune Levavasseur va très vite voler en éclats, révélant du coup l'identité de ses manipulateurs ?


À suivre...


(1) Dans notre rubrique "Décidément, tout fout le camp", lu dans la (grande) presse :
Les cinq métiers les plus sûrs pour être chômeur ? Journaliste, documentaliste, employé de banque, imprimeur et artiste, d’après une étude publiée par « l’Etudiant » et « le Figaro ». Olivier Goujon, journaliste et photoreporter, dresse, dans « Ces cons de journalistes » (Editions Max Milo), l’état des lieux d’une presse en grande fragilité, qui se débat dans d’inextricables difficultés financières. A l’aube de 2019, quasiment tous les journaux sont touchés. En ce début d’année, l’un des principaux groupes de presse magazine, Mondadori (« Grazia », « Science & Vie », « Télé Star »...), s’apprête même à passer sous la coupe de Reworld Media, connu pour avoir introduit, dans ce secteur, une nouvelle culture : une presse sans journalistes, qui n’écrit plus des « articles » mais produit des « contenus » dictés par les annonceurs. Contrats précaires, régime généralisé de piges payées au lance-pierre, statut fragile d’auto-entrepreneur imposé par les rédactions : en se penchant sur la précarisation galopante des journalistes, Olivier Goujon raconte aussi avec minutie l’état éditorial de notre presse. Et ce n’est pas brillant. Son livre tombe à pic, au moment où la crédibilité de la profession est gravement questionnée. (source)


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