Dans notre série : vérité en-deçà, erreur au-delà, ou l'inverse...
Tarnac, ça vous rappelle quelque chose ? Des sabotages sur des installations de la SNCF. L'affaire n'a toujours pas été jugée.
Elle n'en a pas moins suscité des commentaires intéressants de la part du "premier secrétaire du parti socialiste à l'époque" (sic), formule que j'emprunte à l'intéressé lui-même, tel qu'il s'est désigné en marge de l'affaire Tristane Banon/Dominique Strauss-Kahn.
Voilà, donc, qui a inspiré le premier secrétaire... de l'époque à s'épancher au micro de John-Paul Lepers au sujet de l'exploitation par certain pouvoir du concept de terrorisme, aux fins de camoufler ses échecs sur le plan économique et social. Document audio transcrit par mes soins. (Source)
Q.:
John-Paul Lepers
R.:
François Hollande
Q. Est-ce que
aujourd’hui, dans notre pays, vous François Hollande, vous trouvez que les
choses sur les libertés sont en danger ?
R. Je crois qu’au nom
d’une cause qui est juste, nécessaire – lutter contre le terrorisme – on est en
train de faire des amalgames et des confusions, c’est-à-dire que celui qui
n’est plus dans la norme, qui peut avoir un comportement déviant, qui peut
parfois même être au-delà de la loi peut être assimilé à un terroriste, ce qui
là est une atteinte grave aux libertés.
Q. Pourquoi on fait
ça ? Pourquoi le pouvoir politique fait ça selon vous ?
R. Je crois qu’il y a
d’abord une espèce de, de… de mouvement euh… politique, c’est-à-dire de donner
le sentiment que… il y a une menace et que le pouvoir y répond ; donc il
y a une intention politique, qui est…
Q. Ils inventeraient la
menace alors ?
R. Non, je crois qu’ils
ne l’inventent pas ; il y a quand même des actes qui se sont produits,
euh, des caténaires, mais on lui donne un sens qui n’est pas le bon, on lui
donne une portée, on en fait un acte terroriste comme pour justifier
l’intervention sécuritaire du pouvoir et son efficacité. Et puis deuxièmement,
et deuxièmement il y a une forme de, de dérive sécuritaire qui justifie des
lois sans cesse plus répressives au nom d’une menace qui parfois est réelle, et
parfois, on le voit bien, est virtuelle voire même inexistante.
Q. Vous avez quand même
dit que, d’une certaine manière, le pouvoir politique pourrait favoriser la
qualification d’actes répréhensibles en… en
actes terroristes, pourquoi, pour que la population se sente en sécurité
avec ce, avec ce gouvernement ?
R. Je crois qu’on a
suffisamment affaire avec le terrorisme réel pour qu’on n’aille pas en inventer
un qui n’existe pas, qui relève peut-être d’autres procédures. Donc…
Q. Mais pourquoi il
l’invente, le pouvoir alors ?
R. Peut-être pour montrer
une efficacité qui sur d’autres terrains, notamment économiques et sociaux,
n’est pas forcément au rendez-vous.
Q. C’est grave vos
accusations, monsieur Hollande là.
R. Je pense que c’est grave, enfin
mettre en cause des hommes et des femmes, les priver de liberté, les accuser de
terrorisme, c’est grave ! L’erreur à mon avis qui a été commise par la
ministre de l’Intérieur a été de théoriser, à partir de je ne sais quel livre,
de je ne sais quel comportement ou de réseau supposé, de théoriser l’existence
d’une gauche, ultragauche dont il faudrait absolument, euh… mettre hors d’état
de nuire ses prétendus doctrinaires ou exécutants. Je crois qu’avant de porter
une telle accusation, je ne dis pas qu’il n’y a pas à un moment des
surveillances à observer ; y a sûrement des surveillances à observer, et
même des répressions à exercer quand il y a des mises en causes, des matériels
ou des biens qui appartiennent à l’Etat ou qui appartiennent à une entreprise publique. Il faut que les choses se fassent,
mais de là à imaginer un scénario où le terrorisme serait là, présent, euh,
dans le cœur même de nos villages, je
pense que là il y a eu, il y a eu une dérive. Alors, la ministre de
l’Intérieur, si maintenant les procédures démontrent que ces jeunes ne sont
pour rien, y compris pour les actes dont on les a supposés coupables, alors là,
je pense qu’il faudra des excuses de la part du ministre de l’Intérieur. Si
maintenant on lit les livres et on recherche leurs auteurs et on interprète
leurs textes et on va les chercher manu militari, y compris dans ma (?) Corrèze
pour les mettre sous les verrous, c’est vrai que c’est inquiétant. Faites
attention à ce que vous allez imprimer, diffuser, on ne sait jamais, vous
pouvez y passer aussi. C’est ça d’ailleurs qui est troublant dans cette affaire
de Tarnac, c’est qu’on se dit
Q. Vous êtes inquiet
vous, parce que… ?
R. On ne sait jamais
qu’est-ce qui peut se produire, euh, je ne crois pas que mes textes encore
m’exposent, mais quelqu’un qui, la littérature est pleine de quelques fois de
délires d’ailleurs ; on commence à lire ces textes, à supposer que cette
fiction devienne peut-être une incitation au passage à l’acte, enfin, et qu’on
peut se retrouver comme ça, mis aux fers, c’est vrai que c’est assez troublant.
Q. Ben vous avez l’air en
forme, vous êtes souriant, et puis vous êtes clair ce soir ; je vous
remercie monsieur Hollande.
R. Plus que le parti
socialiste, vous voulez dire ?