Les évocations de ce Waterloo tonkinois ne manquent pas dans la littérature ou dans la presse.
Citation :
Le lieutenant-colonel Charles Piroth est sûr de son affaire. Aucun doute possible : le Viet-minh ne pourra jamais transporter des canons lourds sur des centaines de kilomètres, à travers la jungle, ces canons qui pourraient inquiéter la défense de Diên Biên Phu. Quand bien même y parviendraient-ils que les pièces de 155 françaises les réduiraient vite au silence.
Piroth est un officier respecté, ancien des combats d’Italie de 1944. Il sert au Vietnam depuis 1945 et commande l’artillerie du camp retranché, établi dans le nord-ouest du Tonkin, près de la frontière laotienne. En 1946, il a été blessé au bras dans une embuscade Viet-minh : on l’a amputé sans anesthésie. Ses faits d’armes lui ont valu le grade de commandeur de la Légion d’honneur. A 47 ans, il a la compétence, l’expérience, l’autorité. Les canons du général Giap ne lui font pas peur.
Mais le 13 mars 1954, tandis que l’armée vietnamienne lance son premier assaut, les obus tirés des collines font des ravages. En trois heures, «Béatrice», le point d’appui le plus au nord, reçoit des centaines de coups au but. Les abris sont pulvérisés, les défenseurs tués, les survivants terrorisés. Piroth donne l’ordre de répliquer. Rien n’y fait : les tirs français ne peuvent atteindre les pièces ennemies installées dans des grottes, à flanc de montagne. L’intensité du bombardement est une surprise catastrophique pour l’état-major français, qui se croyait protégé par les canons de l’artilleur péremptoire. Alors le 15 mars, après deux jours d’enfer, Piroth, en pleine dépression, attache une grenade sur sa poitrine et la fait exploser.
(...)
La reddition de Dien Bien Phu sonne le glas de l’empire colonial français. En Algérie, le FLN lance sa première offensive. Partout au Sud, la victoire de Giap galvanise les partis indépendantistes. Bonaparte avait bâti un empire en Europe. En appliquant les mêmes préceptes, son élève a détruit un autre empire, celui des puissances européennes qui dominaient le monde depuis la Renaissance. L’indépendance du Sud s’est jouée dans une cuvette humide perdue dans la jungle montagneuse du Tonkin : Dien Bien Phu. (source)
Pas mal d'eau a coulé sous les ponts depuis cette bérézina tropicale. Et là, vous vous dites que d'aucuns auront tiré les leçons de ce désastre ! Il se trouve que, dans la foulée des Français, les Etats-Unis vont, à leur tour, s'engouffrer dans ce bourbier, après avoir commis quelques crimes majeurs en Corée, et avant de connaître, à leur tour, une déculottée mémorable face aux "petits hommes jaunes". Pour leur part, les Français vont connaître une nouvelle et cruelle déconvenue en Algérie, quelques années plus tard.
Mais qu'à cela ne tienne, le monde étant ce qu'il est, et la guerre étant un accélérateur de croissance (cf. Claude Cheysson, ministre des Affaires Etrangères de François Mitterrand), nous avons un peu partout ces guerres larvées, entretenues par un lobby militaro-industriel qui a impérativement besoin de fomenter des conflits pour continuer d'exister.
Question : s'agissant de la seule France : combien de soldats tués en terre étrangère depuis Diên Biên Phu ?