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dimanche 13 mars 2022

Une passionnante conversation entre une jeune Ukrainienne et Sir Roger Waters

En visitant le compte Twitter de Roger Waters, je suis tombé sur un courrier à lui adressé par une jeune Ukrainienne. Je l'ai trouvé suffisamment passionnant pour le traduire en français, pour les besoins des non-anglophones. Du coup, il va pouvoir être lu dans le monde entier dans d'autres langues que l'anglais, et ce, grâce au traducteur intégré visible ci-dessus. Je me suis tout de même permis d'ajouter mon grain de sel au courrier de cette jeune fille, sous la forme d'annotations en fin de texte.

(Source)

Je m'appelle A.M. et je vis en Ukraine. Aujourd'hui, mon pays résiste à cette invasion russe et une véritable guerre a été déclenchée par le président russe et menée par son armée. Je suis une grand fan de Pink Floyd et de Roger Waters et il était important pour moi d'entendre l'opinion de Roger sur toute la situation actuelle, laquelle pourrait paraître moins urgente dès lors que cette guerre ne pourrait être considérée que comme "notre seul problème", mais malheureusement elle devient rapidement une catastrophe pour l'Europe et le monde entier.

La guerre a commencé il y a onze jours (1), et chaque jour nous entendons les sirènes qui avertissent des bombes lancées par les occupants russes. L'agression de la Russie détruit MON pays, tue des centaines d'adultes et d'enfants innocents dans MON pays et je ne peux pas expliquer combien d'Ukrainiens sont obligés de quitter leurs maisons et de fuir cette folie. Les villes de l'est de l'Ukraine sont détruites par l'armée russe (2). Des centaines de milliers de personnes évacuent et deviennent des réfugiés et leur nombre augmente chaque minute. Je souffre, comme beaucoup d'autres Ukrainiens, car cela fait très mal de voir comment MON pays devient une cible militaire pour la Russie et son dirigeant fou, lequel est convaincu qu'il y a des "néo-nazis", qui doivent être éliminés. C'est absolument faux, parce que je vis ici, et je peux dire à 200% qu'il n'y a pas de telles personnes chez nous. (3)

Je demande à Roger de s’exprimer publiquement sur cette guerre, car je n'arrive toujours pas à comprendre comment une personne qui a écrit un nombre important de textes anti-guerre n'a pas encore parlé de cette tragédie. En outre, je comprends parfaitement que le point de vue de Roger puisse être différent du mien, mais je lui demande juste de livrer sa propre opinion sur cette guerre. C'est mieux que de se taire, car dans cette situation, le silence est l'un des pires ennemis - il est impossible de construire un mur dans cette situation et de rester isolé face à ce problème.

Je suis sûre à 95% que cette lettre ne sera pas remise directement à Roger, et ce serait un miracle si j'avais une réponse.

Cependant, un homme qui parle des risques de catastrophe nucléaire et de l'absurdité de la guerre ne peut pas rester silencieux dans cette situation. Faites connaître votre position au monde entier !

Salutations cordiales depuis l’Ukraine.

A.M.

 

Réponse de Roger Waters

Chère Alina, j'ai lu ta lettre, je ressens ta douleur, je suis dégoûté par l'invasion de l'Ukraine par Poutine ; c'est une faute criminelle à mon avis, l'acte d'un gangster ; il doit y avoir un cessez-le-feu immédiat. Je regrette que les gouvernements occidentaux alimentent le brasier qui va détruire votre beau pays en déversant des armes en Ukraine, au lieu d'engager les ressorts diplomatiques nécessaires à l’arrêt des massacres. Sois assurée que si tous nos dirigeants ne baissent pas d’un ton et ne s'engagent pas dans des négociations diplomatiques, il ne restera pas grand-chose de l'Ukraine à la fin des combats. Une insurrection de longue haleine en Ukraine serait une aubaine pour les faucons gangsters de Washington ; c'est ce dont ils rêvent : "jouer le jeu" comme ils le font, avec le sentiment courageux d’être "hors d’atteinte". J'espère désespérément que votre président n'est pas un gangster lui aussi, qu'il fera ce qui est le mieux pour son peuple et qu'il exigera des Américains qu'ils viennent à la table des négociations. Mais, malheureusement, de nombreux dirigeants du monde ne sont que des gangsters et mon dégoût pour les gangsters de la politique n'a pas commencé la semaine dernière avec Poutine. J'ai été dégoûté par les gangsters Bush et Blair lorsqu'ils ont envahi l'Irak en 2003, j'ai été et je suis toujours dégoûté par l'invasion de la Palestine par le gouvernement de gangsters d'Israël en 1967 et par l'instauration subséquente sur  cette terre d’un apartheid qui dure maintenant depuis plus de cinquante ans. J'ai été dégoûté par les gangsters Obama et Clinton, qui ont ordonné les bombardements illégaux de l'OTAN en Libye et en Serbie. Je suis dégoûté par la destruction massive de la Syrie, initiée, comme on le sait depuis, en 2011 par une ingérence extérieure visant à un changement de régime. J'ai été dégoûté par l'invasion du Liban en 1982, lorsque le gangster Shimon Peres, de connivence avec les milices phalangistes chrétiennes, a permis l’assassinat de réfugiés palestiniens dans les camps de Sabra et Chatila, dans le sud du pays.

Je compatis avec toi, Alina, ainsi qu'avec tes parents, tes oncles, tes tantes, tes frères, tes sœurs et tes cousins. J'ai perdu aussi bien mon père, Eric Fletcher Waters que mon grand-père, George Henry Waters dans des guerres contre les Allemands.

Crois-moi quand je te dis que je crois en la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme signée à Paris en 1948. Je me suis battu de toutes mes forces pour promouvoir et soutenir les droits de l'Homme pour tous mes frères et sœurs dans le monde entier, aussi loin que je me souvienne, et je te soutiens, toi et les tiens, de tout mon cœur.

En parlant de gangsters, je dois te contredire sur un point de ta lettre : ta conviction "à 200 %" qu'il n'y a pas de néonazis dans ton pays est presque à coup sûr  erronée. Tant le bataillon Azov de votre armée, que la Milice nationale et le C14, sont des groupes néo-nazis autoproclamés bien connus. Ce sont aussi des gangsters.

Par ailleurs, je n'ai pas été silencieux sur l'Ukraine ; j'ai écrit un article qui a été distribué la semaine dernière par Globetrotter, je vais l'annexer à ce billet.

Quoi d'autre, Alina ? Eh bien, nous, le peuple, chacun d'entre nous dans tous les pays du monde, y compris en Ukraine et en Russie, pouvons combattre les gangsters ; nous pouvons leur dire que nous ne participerons pas à leurs guerres obscènes et mortelles pour s'approprier le pouvoir et les richesses aux dépens des autres humains ; nous pouvons leur dire que nos familles, en fait toutes les familles du monde entier, comptent plus pour nous que tout le pouvoir et l'argent du monde.

Là où je vis, aux États-Unis, nous pouvons nous joindre à Black Lives Matter, Code Pink, BDS, Les Vétérans (de guerre) pour la Paix ou une myriade d'autres organisations anti-guerre, légalistes, pro-liberté et pro-droits de l'Homme.

Je ferai tout mon possible pour aider à mettre fin à cette horrible guerre dans ton pays, toutes choses ne consistant pas (bêtement) à agiter un drapeau pour encourager un massacre. Car c’est cela que veulent les gangsters. Ils veulent que nous ayons des drapeaux. C'est comme ça qu'ils nous divisent et nous contrôlent, en encourageant l'agitation de banderoles pour créer un écran de fumée d'inimitié dans le but de nous aveugler sur notre capacité innée d'empathie les uns envers les autres, pendant qu'eux-mêmes seraient occupés à piller et violer notre fragile planète. Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour contribuer à ramener la paix pour toi, ta famille et ton beau pays. La longue guerre/insurrection lancinante qu'encouragent Hillary Clinton, Condoleeza Rice et le reste des gangsters de Washington n'est pas dans votre intérêt ni dans celui de l'Ukraine. Je te souhaite le meilleur Alina.

Merci pour ta lettre et si tu décides d'envoyer une réponse à mon courrier, je la publierai. Promis.

 

Observations

(1) La guerre qui secoue l'Ukraine en ce moment n'a pas débuté "il y a onze jours", tel que déclaré par cette jeune fille. Enfin, quand même ! Et là, je dois battre ma propre coulpe, n'ayant quasiment été jamais "aware" (conscient) de ce qui se passait dans le Donbass depuis la prétendue "révolution" du Maïdan, pilotée de bout en bout par les États-Unis et leur Deep-State [État profond, une mafia composée de vrais oligarques, ceux-là, détenteurs du vrai pouvoir, qu'ils se contentent de déléguer pour la façade aux occupants de la Maison Blanche, et parfaitement identifiés par le mouvement Occupy Wall Street]. Il a fallu, en ce qui me concerne, que Vladimir Poutine lance l'opération spéciale que l'on sait, pour que, dans la foulée, je découvre le travail effectué par les reporters de RT ainsi que par la Française Anne-Laure Bonnel (voyez mes articles précédents sur ce blog).

Et c'est là qu'on mesure l'exceptionnelle nocivité de ceux que Waters appelle des "gangsters", des gens sans foi ni loi. De fait, les atrocités dans le Donbass, commises par Porochenko, la marionnette installée aux affaires par le Deep State, et ses sbires, ne vont prendre ce tournant que parce que le nouveau pouvoir ukrainien et les milices qui l'assistent ont été adoubés par de puissants parrains... à l'Ouest ! Et comment ne pas citer, ici, cette figure de femme absolument fatale qu'est Victoria Nuland ?

(2) Euh, là je ne suis pas sûr d'avoir tout compris. Par "Est de l'Ukraine" elle veut dire "Donbass" ou considère-t-elle que le Donbass ne fait pas/plus partie de l'Ukraine ? Il me semble, au vu des innombrables destructions, que celles intervenues dans le Donbass - soit bel et bien "à l'Est de l'Ukraine", sauf à entériner la décision des autorités des deux entités séparatistes - seraient difficiles à attribuer à l'armée russe !

(3) Roger Waters y a répondu succinctement : il y a bien des Néo-Nazis en Ukraine, notamment dans les arcanes du pouvoir. Et la meilleure façon de l'illustrer est de s'appuyer sur des archives fiables. Suivez les liens plus bas...

Plus généralement,  Roger Waters pense ce qu'il veut de Vladimir Poutine. Pour ma part, j'estime que le président russe a fait preuve d'une exceptionnelle patience, de même qu'il ne manque pas d'intuition, sans parler de l'efficacité de ses services secrets, dès lors que l'on découvre maintenant que, malgré toutes les promesses faites à Gorbachev et à Eltsine, les Occidentaux regroupés au sein de l'OTAN ont montré qu'ils n'avaient aucune parole, puisqu'il se confirme désormais que l'OTAN avait déjà un pied dans l'Ukraine. C'est dire si l'entrée officielle du pays au sein du gang criminel international était imminente !

Le plus incroyable est que le Deep State qui pilote toute cette mafia internationale ait été prévenu par Poutine via le retour de la Crimée à la Russie. Mais, apparemment, l'avertissement n'a pas suffi !

Tout aussi ahurissant est de voir que, malgré la bonne volonté mise par Russes et Chinois dans le dossier iranien, qui les a vus s'asseoir aux côtés des occidentaux face au régime des mollahs, les Américains et leurs laquais n'en ont pas moins persévéré dans les coups fourrés anti-russes et anti-chinois, comme le montre leur obsession à vouloir encercler militairement la Russie, tout en maintenant leur comportement de pyromanes du côté de Taïwan. 

Imaginez, une seconde, la rétorsion qui pourrait venir tant de la Chine que de la Russie dans les négociations sur le nucléaire iranien, ces deux pays décidant de quitter le navire. Le Deep State américain et ses laquais se retrouveraient Gros-jean comme devant ! C'est vraiment à se demander QUI dirige réellement ces pays ! Je sais : la question ne devrait plus se poser maintenant !

Pour mémoire, en 2014, il y avait déjà des atrocités commises dans le Donbass, mais là, zéro préoccupation "humanitaire" de la part de la pourriture internationale à laquelle on donne du "Mister/Mrs President/Prime Minister", zéro intervention de l'ONU, de la Cour Pénale Internationale, de la Croix Rouge, du Pape... Sinon, à votre avis, si ce ne sont pas les séparatistes du Donbass qui ont tiré sur leurs propres concitoyens et détruit leurs propres habitations et infrastructures (2014), alors qui ? (Source)


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mercredi 15 août 2012

Hommage à Roger Garaudy


Roger Garaudy (1913-2012) est l'un des plus grands penseurs français de la période contemporaine. Un authentique penseur ; je veux dire pas un de ces vulgaires "agrégés de philo...logie" qui se font passer pour les philosophes qu'ils ne sont pas ! Et parce qu'il fut un authentique penseur, et pas un vulgaire compilateur de la pensée des autres ni un de ces cuistres de studio de radio ou de plateau de télévision, qui passent le clair de leur temps à s'entendre causer, Garaudy se vit blackboulé - comme on dit chez les françs-maçons - par les médias officiels, interdit d'antenne un peu partout, personne n'ayant les c... pour oser l'affronter en débat contradictoire, à l'instar de ce qui arrive actuellement au meilleur humoriste français, Dieudonné M'bala M'bala.

Et voilà la France se découvrant inquisitoriale, ou stalinienne, à l'instar d'une vulgaire dictature albanaise ou nord-coréenne, au point de ne même pas oser évoquer dans les médias la récente disparition de Garaudy . Mais des médias aux ordres de qui ? De quel chef d'orchestre ? Il faut croire qu'ils sont puissants, les ordonnateurs occultes qui dictent aux médias leur ligne de conduite. Autrefois, c'était l'Église catholique qui avait le pouvoir de vous traîner sur un bûcher pour un mot de travers. À l'époque, on se réclamait du droit divin et tout blasphème était passible de la peine de mort. Aujourd'hui, nous sommes censés baigner dans un univers de félicité et de liberté de penser et de s'exprimer, ce qui explique que nos grands inquisiteurs rasent les murs et agissent en catimini.

Roger Garaudy a disparu le 13 juin 2012 et je m'étais promis de lui consacrer quelques lignes, en attendant une étude plus détaillée sur laquelle je travaille actuellement. Il se trouve simplement que les principales thèses contenues dans son fameux pamphlet sur "Les mythes fondateurs...", qui lui a valu d'être effacé des tablettes officielles par les tenants du stalinisme, ont été - les thèses - largement reprises ailleurs, notamment dans des ouvrages fameux de Norman Finkelstein et Shlomo Sand, lesquels n'ont eu droit - allez savoir pourquoi - à aucun procès ni à aucun autodafé de leurs ouvrages.

Mais qu'importe la couardise de la grande presse et des médias "officiels". Grâce à l'Internet, nous vivons une révolution culturelle aussi décisive que la prise en main de l'imprimerie par les paysans allemands - les premiers paysans lettrés de l'Histoire et inventeurs des tout premiers tracts (en allemand : Flugblatt ; plur. Flugblätter) -, qui allait conduire à la victoire des idées de Luther dans l'espace germanique. Et force est d'admettre que l'Internet est devenu un espace d'expression démocratique à nul autre pareil.

La liberté ne s'use que si l'on ne s'en sert pas, s'amuse à répéter le Canard Enchaîné ; et entre nous, je ne vois pas très bien qui pourrait venir, là maintenant, décider à ma place de ce que je devrais dire ou ne pas dire, penser ou ne pas penser, écrire ou ne pas écrire !

En guise d'hommage à ce grand homme qu'était Garaudy, j'ai choisi de reproduire un extrait de la préface des "Mythes fondateurs...", ouvrage largement accessible sur l'Internet comme l'essentiel de la production du philosophe.




POURQUOI CE LIVRE ? 

Les intégrismes, générateurs de violences et de guerres, sont une maladie mortelle de notre temps. 

Ce livre fait partie d'une trilogie que j'ai consacrée à les combattre :  Grandeur et décadence de l'Islam, dans lequel je dénonce l'épicentre de l'intégrisme musulman : l'Arabie Saoudite. J'y ai désigné le Roi Fahd, complice de l'invasion américaine au Moyen-Orient, comme "prostituée politique", qui fait de l'islamisme une maladie de l'Islam. 

Deux ouvrages consacrés à l'intégrisme catholique romain qui, tout en prétendant "défendre la vie", disserte sur l'embryon, mais se tait lorsque 13 millions et demi d'enfants meurent chaque année de malnutrition et de faim, victimes du "monothéisme du marché" imposé par la domination américaine. Ces ouvrages s'intitulent : Avons-nous besoin de Dieu ? et Vers une guerre de religion ? (contre le monothéisme du marché). 

Le troisième volet du triptyque: Les Mythes fondateurs de la politique israélienne, dénonce l'hérésie du sionisme politique qui consiste à substituer au Dieu d'Israël l'Etat d'Israël, porte-avions nucléaire et insubmersible des provisoires maîtres du monde : Les Etats-Unis, qui entendent s'approprier les pétroles du Moyen-Orient, nerf de la croissance à l'occidentale. (Modèle de "croissance" qui, par le truchement du F.M.I., coûte au Tiers Monde l'équivalent en morts d'un Hiroshima tous les deux jours). 

Depuis Lord Balfour, déclarant, lorsqu'il livrait aux sionistes un pays qui ne lui appartenait pas : "Peu importe le système mis en œuvre pour que nous conservions le pétrole du Moyen-Orient. Il est essentiel que ce pétrole demeure accessible." (Kimhe John, Palestine et Israël, Ed. Albin Michel, 1973, p. 27), jusqu'au secrétaire d'Etat américain, Cordell Hull : "Il faut bien comprendre que le pétrole d'Arabie Saoudite constitue l'un des plus puissants leviers du monde" (ibidem, p. 240), une même politique assigne la même mission aux dirigeants sionistes israéliens, celle qu'a définie Joseph Luns, ancien secrétaire général de l'O.T.A.N. : "Israël a été le mercenaire le moins coûteux de notre époque moderne." (Nadav Shragaï, Haaretz du 13 mars 1992). 

Un mercenaire pourtant bien payé puisque, par exemple, de 1951 à 1959, deux millions d'Israéliens ont reçu, par tête, cent fois plus que deux milliards d'habitants du Tiers Monde ; et surtout mercenaire bien protégé: de 1972 à 1996, les Etats-Unis ont opposé trente fois leur veto, aux Nations Unies, à toute condamnation d'Israël, alors que ses dirigeants appliquaient leur programme de désintégration de tous les Etats du Moyen-Orient, programme exposé par la revue Kivounim (Orientations) , février 1982, p. 50 à 59, à l'époque de l'invasion du Liban. Cette politique repose, grâce à l'appui inconditionnel des Etats-Unis, sur l'idée que la loi internationale est un "chiffon de papier" (Ben Gourion), et que par exemple, les résolutions 242 et 338 des Nations Unies, qui exigent qu'Israël se retire de la Cisjordanie et du Golan, sont destinées à rester lettre morte, de même que la condamnation unanime de l'annexion de Jérusalem, que même les Etats-Unis votèrent, mais en excluant toute sanction. 

Une politique aussi inavouable en son fond exige le camouflage que mon livre a pour objet de dévoiler. 

D'abord, une prétendue justification "théologique" des agressions par une lecture intégriste des textes révélés, transformant le mythe en histoire : le grandiose symbole de la soumission inconditionnelle d'Abraham à la volonté de Dieu, et sa bénédiction de "toutes les familles de la terre", transformé en son contraire tribal : la terre conquise devenant "terre promise", comme chez tous les peuples du Moyen-Orient, de la Mésopotamie aux Hittites et à l'Egypte. 

Il en est de même pour l'Exode, cet éternel symbole de la libération des peuples contre l'oppression et la tyrannie, invoqué aussi bien par le Coran (XLIV, 31-32) que par les actuels "théologiens de la libération". Alors qu'il s'adresse à tous les peuples fidèles à la volonté d'un Dieu Universel, il devient un miracle unique, et le privilège qu'aurait accordé un Dieu partiel et partial à un peuple élu, comme dans toutes les religions tribales et tous les nationalismes, qui prétendent être le peuple élu dont la mission serait d'accomplir la volonté de Dieu: Gesta Dei pert Francos, pour les Français, Gott mit uns, pour les Allemands, Faire Christ Roi, pour Franco, In God We Trust, blasphème inscrit sur chaque dollar, dieu tout puissant du monothéisme de l'argent et du marché. 

Et puis une mythologie plus moderne: celle de l'Etat d'Israël qui serait "la réponse de Dieu à l'Holocauste", comme si Israël était le seul refuge des victimes de la barbarie de Hitler, alors qu'Itzhak Shamir lui-même (qui offrait son alliance à Hitler jusqu'à son arrestation par les Anglais, pour collaboration avec l'ennemi et terrorisme) écrit : "Contrairement à l'opinion commune, la plupart des immigrants israéliens n'étaient pas les restes survivants de l'Holocauste, mais des Juifs de pays arabes, indigènes à la région." (Itzhak Shamir, Looking Back,Looking Ahead, 1987, p. 574). 

Il fallait donc gonfler les chiffres des victimes. Par exemple, la plaque commémorative du monument d'Auschwitz disait, en dix-neuf langues, jusqu'en 1994 : quatre millions de victimes. Les nouvelles plaques proclament aujourd'hui : "environ un million et demi". Il fallait faire croire, avec le mythe des six millions, que l'humanité avait assisté là "au plus grand génocide de l'histoire", en oubliant 60 millions d'indiens d'Amérique, cent millions de Noirs (10 tués pour un captif), oubliant même Hiroshima et Nagasaki, et les cinquante millions de morts de cette deuxième guerre mondiale, dont 17 millions de slaves, comme si l'hitlérisme n'avait été qu'un vaste pogrom et non pas un crime contre l'humanité entière. Serait-on antisémite pour dire que les Juifs ont été très durement frappés, mais qu'ils ne furent pas les seuls, sous prétexte que la télévision ne parle que de ces victimes mais pas des autres ? 

En outre, pour compléter le camouflage, il fallait, par un nom théologique : "Holocauste", donner un caractère sacrificiel à ces massacres réels, et les insérer en quelque sorte dans le plan divin, comme par exemple la crucifixion de Jésus. 

Notre livre n'a d'autre objet que de dénoncer ce camouflage idéologique d'une politique, pour empêcher qu'on la confonde avec la grande tradition des prophètes d'Israël. Avec mon ami Bernard Lecache, fondateur de la L.I.C.A. (devenue la L.I.CR.A.) déporté dans le même camp de concentration que moi, nous apprenions, en des cours du soir, à nos compagnons, la grandeur, l'universalisme, et la puissance libératrice de ces prophètes juifs. 

A ce message prophétique, je n'ai jamais cessé d'être fidèle, même lorsqu'après 35 ans de militantisme au Parti communiste, et membre de son Bureau politique, j'en étais exclu, en 1970, pour avoir dit, dés 1968 : "L'Union soviétique n'est pas un pays socialiste". Comme je dis aujourd'hui : La théologie de la domination de la Curie romaine n'est pas fidèle au Christ, l'Islamisme trahit l'Islam, et le sionisme politique est aux antipodes du grand prophétisme juif. 

Déjà, lorsqu'au temps de la guerre du Liban, en 1982, avec le Père Lelong, le Pasteur Matthiot, et Jacques Fauvet, nous étions traduits en justice par la L.I.CR.A. pour avoir montré, dans Le Monde du 17 juin 1982, avec la bienveillance de son directeur, que l'invasion du Liban était dans la logique du sionisme politique, le tribunal de Paris par jugement du 24 mars 1983, confirmé en appel, puis définitivement par la Cour de Cassation, "considérant qu'il s'agit de la critique licite de la politique d'un Etat et de l'idéologie qui l'inspire, et non de provocation raciale... la déboute [la L.I.CR.A.] de toutes ses demandes, et la condamne aux dépens." 

Le présent livre est strictement fidèle à notre critique politique et idéologique d'alors, même si la loi scélérate du "communiste" Gayssot a voulu renforcer, depuis lors, la répression contre la liberté d'expression en faisant du jugement de Nuremberg le critère de la vérité historique et en instituant un "délit d'opinion". Ce projet de loi fut combattu à l'Assemblée Nationale d'alors par l'actuel ministre de la Justice. 

Nous pensons apporter une contribution à la lutte pour une paix véritable, fondée sur le respect de la vérité et de la loi internationale. 

Courageusement, en Israël même, des Juifs fidèles à leurs prophètes, de "nouveaux historiens" de l'Université hébraïque de Jérusalem, et les partisans israéliens d'une paix juste, après la révélation de leur malfaisance, pour l'Etat d'Israël lui-même, et pour la paix du monde, s'interrogent sur les "mythes" du sionisme politique qui ont conduit aux assassinats commis par Baruch Goldstein à Hébron, et par Ygal Amir contre le Premier ministre Ytzhak Rabin. 
  
La vérité est en marche, et rien ne l'arrêtera. 

Le terrorisme intellectuel d'un "lobby" déjà dénoncé par le Général de Gaulle pour "son influence excessive sur l'information" m'a conduit, en France, à procéder à une pré-publication de ce texte dans un numéro spécial hors commerce, réservé aux abonnés, d'une revue. Ce fait, expression de la situation en France, semble avoir beaucoup plus retenu l'attention des commentateurs que le contenu de mon texte. 

Je le publie donc aujourd'hui moi-même, sous ma seule responsabilité, sous forme de Samizdat, au sens strict de ce terme qui signifie en russe : "édité par soi-même". 

Ce livre est déjà traduit et en cours de publication aux États-Unis, en Italie, au Liban, en Turquie, au Brésil. Il est en cours de traduction en allemand et en russe. 

Le texte français est accessible sur le réseau télématique Internet. 

Contre les mythologies dévoyées, ce sera une nouvelle contribution à l'histoire critique du monde contemporain. 


Fin de l'extrait de la préface de Roger Garaudy




Citations :

Norman Finkelstein [On the misuse of Anti-Semitism and the Abuse of History, Los Angeles, U. of California Press, 2005, 345 p.]
I examined how the Nazi holocaust has been fashioned into an ideological weapon to immunize Israel from legitimate criticism. In this book I look at a variant of this Holocaust card, namely, the "new anti-Semitism." In fact, the allegation of a new anti-Semitism is neither new nor about anti-Semitism. Whenever Israel comes under renewed international pressure to withdraw from occupied territories, its apologists mount yet another meticulously orchestrated media extravaganza alleging that the world is awash in anti-Semitism.
Je me suis penché sur la manière dont l'holocauste nazi a été instrumentalisé en une arme idéologique pour immuniser Israël de toute critique. Dans ce livre, j'examine une variante de cet instrument de l'Holocauste, à savoir, le « nouvel antisémitisme ». En fait, l'allégation d'un nouvel antisémitisme n'est ni nouvelle ni limitée à l'antisémitisme. Chaque fois qu'Israël est soumis à une pression internationale renouvelée pour qu'il se retire des territoires (palestiniens) occupés, ses propagandistes mettent immédiatement en place une campagne fumeuse et méticuleusement orchestrée à travers les médias, alléguant que le monde serait de nouveau submergé par une vague d'antisémitisme. 

Extrait du Lévitique ou 3ème Livre de Moïse (à l'intention de tous ceux, notamment tous ces pauvres "Juifs" qui, à l'instar de K., ma petite fiancée ashkénase, n'ont jamais lu la Torah !)
1.1    L'Éternel appela Moïse ; de la tente d'assignation, il lui parla et dit :
1.2    Parle aux enfants d'Israël, et dis-leur : Lorsque quelqu'un d'entre vous fera une offrande à l'Éternel, il offrira du bétail, du gros ou du menu bétail.
1.3    Si son offrande est un holocauste de gros bétail, il offrira un mâle sans défaut; il l'offrira à l'entrée de la tente d'assignation, devant l'Éternel, pour obtenir sa faveur.
1.4    Il posera sa main sur la tête de l'holocauste, qui sera agréé de l'Éternel, pour lui servir d'expiation.
1.5    Il égorgera le veau devant l'Éternel; et les sacrificateurs, fils d'Aaron, offriront le sang, et le répandront tout autour sur l'autel qui est à l'entrée de la tente d'assignation.
1.6    Il dépouillera l'holocauste, et le coupera par morceaux.
1.7    Les fils du sacrificateur Aaron mettront du feu sur l'autel, et arrangeront du bois sur le feu.
1.8    Les sacrificateurs, fils d'Aaron, poseront les morceaux, la tête et la graisse, sur le bois mis au feu sur l'autel.
1.9    Il lavera avec de l'eau les entrailles et les jambes; et le sacrificateur brûlera le tout sur l'autel. C'est un holocauste, un sacrifice consumé par le feu, d'une odeur 
agréable à l'Éternel.
1.10  Si son offrande est un holocauste de menu bétail, d'agneaux ou de chèvres, il offrira un mâle sans défaut.
1.11  Il l'égorgera au côté septentrional de l'autel, devant l'Éternel ; et les sacrificateurs, fils d'Aaron, en répandront le sang sur l'autel tout autour.
1.12  Il le coupera par morceaux ; et le sacrificateur les posera, avec la tête et la graisse, sur le bois mis au feu sur l'autel.
1.13  Il lavera avec de l'eau les entrailles et les jambes; et le sacrificateur sacrifiera le tout, et le brûlera sur l'autel. C'est un holocauste, un sacrifice consumé par le feu, d'une odeur agréable à l'Éternel.
1.14  Si son offrande à l'Éternel est un holocauste d'oiseaux, il offrira des tourterelles ou de jeunes pigeons.
1.15  Le sacrificateur sacrifiera l'oiseau sur l'autel ; il lui ouvrira la tête avec l'ongle, et la brûlera sur l'autel, et il exprimera le sang contre un côté de l'autel.
1.16  Il ôtera le jabot avec ses plumes, et le jettera près de l'autel, vers l'orient, dans le lieu où l'on met les cendres.
1.17  Il déchirera les ailes, sans les détacher; et le sacrificateur brûlera l'oiseau sur l'autel, sur le bois mis au feu. C'est un holocauste, un sacrifice consumé par le feu, d'une odeur agréable à l'Éternel.