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jeudi 28 mai 2020

Meet an Italian Doctor... Un médecin italien face au coronavirus


Ceci est la traduction, par mes soins, d'un article paru sur le site du Time et rendant compte de l'imagination fertile d'un médecin italien dans la lutte contre le Covid19. Il y est aussi question d'hydroxychloroquine.


 Des héros en première ligne 

Un médecin italien aplanit la courbe (de la pandémie) en traitant les patients du Covid-19 à domicile.

Au cours du dernier mois, Giovanni Sartori a perdu toute notion du temps.

Il ne se souvient pas exactement à quel moment, son jeune frère, un homme robuste et en bonne santé de 53 ans, avec lequel il vivait, a commencé à avoir une forte fièvre et des troubles respiratoires. Mais il sait qu'après environ une semaine dans cet état, après avoir pris le paracétamol prescrit par son médecin généraliste, il a été transporté à l'hôpital. Dix jours plus tard, il était mort.

Sartori, 60 ans, est resté seul avec sa mère de 90 ans à Castana di Pradello, un village d'Émilie-Romagne, en Italie, où il y a plus de vaches et de moutons que d'humains. Leur maison se trouve à plus de 5 km de la pharmacie et de l'épicerie les plus proches et à 30 km de l'hôpital de Codogno, où les premiers cas de COVID-19 en Italie ont été identifiés. Maintenant, la mère de Sartori présente à son tour des symptômes du virus. "Elle est comme ça depuis quelques semaines et elle n'a pas voulu aller à l'hôpital", explique-t-il lors d'un entretien téléphonique. "Heureusement, le Dr Cavanna est venu un jour chez nous. Quand je l'ai vu entrer, je me suis senti renaître."

Luigi Cavanna est le chef du service d'oncologie de l'hôpital voisin de Piacenza. Dès la deuxième semaine de mars, lorsque le confinement a débuté en Italie, il s'est rendu compte qu'un trop grand nombre de patients atteints de COVID-19 et gravement malades arrivaient aux urgences - alors que la plupart d'entre eux auraient pu être traités à domicile bien plus tôt, avant que leurs symptômes ne deviennent trop graves.

C’est la raison pour laquelle il parcourt chaque jour les environs de Piacenza avec plusieurs collègues. Ensemble, ses trois équipes ont rendu visite à plus de 300 personnes présentant des symptômes de COVID-19. Ils apportent aux patients des médicaments et un appareil qui surveille le taux d'oxygène dans le sang, et ils retournent les voir après qu'ils ont récupéré. Dans les cas les plus critiques, Cavanna laisse des bonbonnes d’oxygène et, comme avec la mère de Sartori, des poches de soluté nutritif pour une alimentation non orale. "Ma mère va déjà mieux", explique Sartori. "Être dans son propre lit plutôt que dans un hôpital bondé est ce qui a fait la différence."

"Quand j'ai réalisé que la salle d'urgence était surpeuplée de personnes déjà dans un état grave, j'ai su que quelque chose n'allait pas", explique Cavanna. "Il ne s'agit pas d'accidents vasculaires cérébraux ou de crises cardiaques, mais d'un virus qui peut frapper de différentes manières et qui suit son cours. Nous devons essayer de l'arrêter avant qu'il n'endommage les poumons d'une manière parfois irréversible." Selon les données qu'il a recueillies au cours du premier mois, moins de 10% des patients qu'il a traités à domicile ont empiré au point de devoir être hospitalisés.

Jusqu'à la semaine dernière, Cavanna donnait à la plupart de ses patients de l'hydroxychloroquine (couramment utilisée pour le paludisme et certains troubles inflammatoires comme la polyarthrite rhumatoïde) et un antiviral habituellement prescrit pour le VIH. Ensuite, l'AIFA, l'équivalent italien de la Food and Drug Administration des États-Unis, a publié une note recommandant d'être très prudent dans la prescription de ce tandem. Désormais, sauf dans de rares cas, il utilise l'hydroxychloroquine seule. Bien que le médicament n'ait pas été testé pour le coronavirus, Cavanna estime que c'est le "traitement le plus efficace pour l'instant". 

La Maison Blanche a également recommandé avec enthousiasme le médicament comme traitement du coronavirus, le président Donald Trump le décrivant comme un "remède miracle" - une prise de position qui pourrait provoquer des pénuries. Cavanna souligne l'importance d'avoir un médecin pour prescrire et surveiller le traitement avec vigilance. "Chaque jour, je reçois des dizaines d'appels téléphoniques et je réponds à tous. Je préfère répondre au téléphone à 2 heures du matin plutôt que d'apprendre que l'état d'un patient s'aggrave", explique Cavanna.

Maintenant que le taux de cas de coronavirus en Italie a atteint un plateau, les responsables médicaux examinent ce qui a fonctionné et ce qui n'a pas fonctionné - et se tournent de plus en plus vers de nouvelles initiatives telles que celle lancée par Cavanna. Les administrations locales dans d'autres régions et les organisations à but non lucratif comme Médecins sans frontières organisent des groupes de médecins pour fournir des services à domicile et dans les établissements les plus à risque, comme les maisons de santé.

"Nous avons commis une erreur, surtout en Lombardie", explique Ivan Cavicchi, professeur de sociologie de la santé à l'Université de Tor Vergata à Rome. "Nous étions totalement concentrés sur l'augmentation du nombre de lits dans les unités de soins intensifs, sans avoir suffisamment d'anesthésistes", dit-il. "Mais dans des situations comme celle-ci, le renforcement de l'ensemble du système est essentiel. Ce n'est alors que les hôpitaux pourront fonctionner correctement."

Il dit qu'au lieu de cela, les médecins généralistes et autres prestataires de soins primaires ont été "abandonnés" et "laissés sans protection". Jusqu'à présent, près de 100 médecins sont décédés en Italie, dont environ la moitié étaient des médecins généralistes.

Cavanna et son équipe peuvent accéder au domicile des patients car ils disposent de l'équipement de protection nécessaire, fourni à la fois par l'hôpital où ils travaillent et par des donateurs privés. Pendant leurs expéditions, ils portent un vêtement de protection que Cavanna décrit en plaisantant comme similaire à ceux portés par les "aviateurs dans les films d'action", et en plus, à chaque visite, ils portent une sur-blouse jetable. Ils portent également des lunettes, deux masques, deux paires de gants, deux casquettes et des couvre-chaussures.

Les autorités tentent également de préparer des installations pour une éventuelle résurgence du coronavirus. "En plus de réorganiser les hôpitaux, nous devons réorganiser les cabinets de médecins dans toute la région", explique Pier Luigi Bartoletti, secrétaire adjoint de la FIMMG, la fédération italienne des médecins de famille. Bartoletti et ses collaborateurs réfléchissent déjà à l'hiver prochain, si, dans le pire des cas, le virus frappait de nouveau avec force.

"Dès le mois d'octobre, les salles d’attente des cabinets médicaux devront être repensées, avec des itinéraires séparés pour les personnes présentant des symptômes de la grippe", dit-il. "De plus, nous devons offrir aux médecins un équipement de protection et une formation pour l'utiliser correctement, ainsi que les outils de diagnostic appropriés." Bartoletti travaille avec des médecins de l'hôpital Spallanzani à Rome pour tester un appareil qui permettrait un test COVID-19 rapide en utilisant juste une goutte de sang prélevée sur le doigt.

Aujourd'hui, les tests de coronavirus peuvent nécessiter 4 voire 5 jours pour obtenir un résultat. C'est trop long si vous voulez suivre la stratégie préventive. Au lieu d'attendre les tests, Cavanna emporte un appareil de la taille d'un téléphone portable pour effectuer des échographies thoraciques. "Nous savons que dans une région aussi touchée, les personnes présentant des signes de bronchite ou de pneumonie sont presque certainement positives", explique-t-il. "Je garde l'écouvillon en cas de doute ou pour un post-traitement, pour m'assurer qu'ils ne sont plus contagieux une fois guéris."

Les médecins et les experts conviennent que la pandémie a été une révélation - non seulement pour les Italiens mais aussi pour le reste du monde - en ce qui concerne les forces et les faiblesses des différents systèmes de santé. Mais aucun système ne s'est encore avéré équipé pour faire face à une situation extrême telle que la pandémie actuelle. "Nous avons été pris par surprise à un moment où nous nous sentions immortels, mais maintenant, il est clair pour tout le monde que ce n'est pas le cas", explique Pier Luigi Bartoletti. "Si nous répétons les mêmes erreurs, ce sera aussi notre faute."

Source


Pour les anglo/phones/philes : 01 - 02 - 03 - 04


mercredi 6 mai 2020

Charles Darwin, le coronavirus et les lions du Serengeti #3


Épisode §3. Comme un air de fainéantise


Comme je n'ai pas trop de temps en ce moment, je vais, donc, faire comme les étudiants peu inspirés et me contenter de deux citations sous forme de copier-coller.

Le premier numéro de cette série était daté du 23 mars 2020. Il se terminait par un N. B. que je reprends tel quel :
Nota Bene : vous vous doutez bien que ce simple tableau de chiffres est extrêmement riche d'enseignements, sinon, je n'aurais pas pris autant de temps pour le mettre en forme et le présenter ici ! Question : parmi la myriade d'"experts": médecins généralistes, médecins spécialistes, voire professeurs (agrégés des universités !) de médecine se répandant quotidiennement sur les ondes (radio et télévision) de chaînes d'information de France et de Navarre - une spécialité française ! - combien d'entre eux et elles seraient capables d'interpréter à bon escient les chiffres qui précèdent ? Bien évidemment, un simple tableau n'explique pas tout ; il faudrait, par exemple, à l'aide d'un tableur, dresser, pays par pays, l'évolution des courbes de la progression - ou régression - de la pandémie, toutes choses qu'on apprend à faire dès la première année de Fac de... Sociologie (hé oui, je suis aussi passé par-là !). Il n'empêche que ce simple tableau me permet d'affirmer péremptoirement que... cette supposée pandémie ne touchera essentiellement que des... bobos !

Précision utile : les lions du Serengeti..., vous avez compris qu'on était en Afrique ? Quand je parle de bobos, ça concerne les Africains qui voyagent, que d'aucuns appellent des négropolitains, à l'instar de l'ex-premier ministre de la Somalie évoqué dans l'épisode précédent. En tout cas, en Afrique, l'affaire semble entendue depuis quelque temps.
Source

Tiens, à ce propos, une autre citation, tirée du quotidien Le Monde. 
L’afro-alarmisme n’a-t-il pas été excessif ? Les scénarios catastrophes spéculant sur l’effet déstabilisateur du Covid-19 en Afrique n’ont-ils pas été un peu hâtifs ? (...) Plus de onze semaines après son apparition sur le continent (le 14 février en Egypte), le séisme sanitaire tant redouté par de nombreux responsables ne s’est, à ce jour, pas produit. Alors que l’Afrique concentre 17 % de la population mondiale, elle enregistrait lundi 4 mai 44 034 contaminations (soit 1,2 % du total mondial) et 1 788 morts (0,7 %), selon le bulletin quotidien diffusé par le Centre africain de contrôle et de prévention des maladies (Africa CDC), à Addis-Abeba. Le continent fait bien meilleure figure que l’Europe ou les Etats-Unis.
Aurait-on péché par excès de catastrophisme ? D’un simple point de vue statistique, l’Afrique inflige un cinglant démenti à des prédictions comme celle qu’énonçait un rapport de la commission économique de l’Union africaine (UA), mi-avril, anticipant 300 000 morts même si le continent adoptait des mesures maximales de précaution. On en est très loin. (...) « On apprécie le fait qu’à ce jour l’hécatombe ne s’est pas produite », relève Yap Boum, épidémiologiste à Yaoundé et représentant régional d’Epicentre, la branche recherche et épidémiologie de Médecins sans frontières (MSF). « Pour l’instant, nous sommes agréablement surpris et un peu rassurés de voir comment l’épidémie évolue, abonde Elisabeth Carniel, directrice du Centre Pasteur du Cameroun. L’Afrique ne connaît pas, en tout cas pour l’instant, l’explosion qui avait été prédite sur la base de modèles en vigueur en Europe. » (Source)

No comment! 


mercredi 15 avril 2020

Sémantique de la désinformation #28


Épisode §28.  À en croire Mme La Rumeur, il semblerait que...

Vu sur le site d'un "célèbre" animateur français de télévision :

Vous n'avez pas tout compris ?

C'est pourtant clair, non ? "Un article du (journal) (Le) Parisien du 5 mai 2013 annonçait-il la création... du coronavirus ? (...) La rumeur enfle..."

Question : sur quoi porte la rumeur ? Elle ne pourrait porter que sur deux choses optionnelles :
  • soit sur l'existence de l'article en question (voyez l'interrogation "annonçait-il... ?")
  • soit sur le contenu de l'article en question, à savoir la création (en laboratoire) du coronavirus.
Entre nous, vous ne trouvez pas étrange cette façon de présenter les choses ? Une "rumeur" ne saurait concerner un fait avéré. Or, que  découvrons-nous à la suite de l'image affichée plus haut ? Ceci :



Sur un point au moins, le premier évoqué dans notre alternative mentionnée plus haut, les faits sont avérés, à savoir que l'article en question existait bel et bien, se référant même aux réactions assez indignées (à l'époque de sa rédaction) d'un certain nombre de représentants de la communauté scientifique. Car il est permis de supposer que ce sont bien des scientifiques qui ont fourni au journal l'infographie du virus spéculatif.

Dans ces conditions, à qui va-t-on faire croire que, tout d'un coup, l'ensemble de la communauté scientifique aurait tourné casaque sur l'origine nullement impossible d'une manipulation du "New Coronavirus" en laboratoire ? (1)



(1) Ce qui ne démontre en rien une quelconque culpabilité de la Chine en la matière. Osons un scénario parmi d'autres, et supposons que, bien des scientifiques et militaires connaissant (dès 2013) d'éventuels projets chinois portant sur un nouveau coronavirus, un/des laboratoire(s) concurrent(s), disons d'obédience militaire, ai(en)t procédé à la confection d'un "sosie" du prototype chinois et l'ai(en)t balancé dans la nature, dans le but avéré de désigner la Chine du doigt... Impossible ? Voyez la traduction que j'ai réalisée, ici même, d'un papier allemand, révélant que le fameux Novitchok était parfaitement connu des Occidentaux grâce à un transfuge soviétique qui en avait rapporté un échantillon dans ses bagages, alors même que la "rumeur" avait tenu à nous faire croire que le poison ne pouvait être que russe...

Question : pourquoi diable les "Occidentaux" ont-ils si longtemps fait peser les soupçons de l'attaque au Novitchok à Salisbury sur les Russes, alors même qu'ils (les "Occidentaux")  possédaient ce poison depuis des décennies ? (2)

Par ailleurs...


... trop tôt pour affirmer que le Covid-19 soit d'origine chinoise...

(2) Et, comme souvent dans les affaires de désinformation, voilà que l'ex-espion soviétique et sa fille, empoisonnés au Royaume-Uni, sont sortis des écrans-radar, comme preuve que la "manip" anti-russe a lamentablement échoué !


Lecture