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mardi 30 novembre 2021

Zemmour-la-baudruche et le bilan de six décennies d'infantilisation. 2/3


Grisé par les "bons" sondages, dont certains n'avaient pas hésité à le voir présent au second tour d'une présidentielle, et propulsé en avant par ses petits amis de la presse dite "mainstream", moyennant une, deux, trois, quatre, cinq... émissions quotidiennes en majeure partie dédiées à sa cause sur les chaînes dites d'info, voilà que celui que j'ai nommé Zemmour-la-baudruche s'est senti pousser des ailes, alignant les meetings à travers la France, sans oublier un passage assez raté à Londres.

Et puis, un jour, en marge d'un déplacement à Marseille, notre baudruche médiatique a été prise en flagrant délit de vulgarité, allant jusqu'à échanger un doigt d'honneur avec une manifestante.

Aux dernières nouvelles, le bonimenteur de foire aurait déclaré sa candidature pour l'élection présidentielle française d'avril 2022. Pour l'heure, nous nous contenterons d'un port-folio à base de captures d'écran. 









 
















 



 

dimanche 31 octobre 2021

Zemmour-la-baudruche et le bilan de six décennies d'infantilisation. 1/3




Au sortir de l'enfer de 1939-45, la grande majorité des pays de l'Europe non communiste renouent avec la démocratie parlementaire, hormis quelques pays qui connaîtront des parenthèses dictatoriales (Espagne, Portugal, Grèce). Presque tous les pays, y compris la France, qui se dote d'une 4ème Constitution républicaine et parlementaire en 1948.

Et voilà que surgit un général de brigade né au XIXème siècle, grand admirateur de Francisco Franco, et qui est tout sauf un démocrate, à ceci près que, gêné aux entournures, il hésitera longtemps avant de franchir le pas. On pense à cette fameuse conférence de presse où on l'entendit clamer son innocence : 

- Pourquoi voulez-vous qu'à soixante-sept ans je commence une carrière de dictateur ? (Source)

Comme preuve qu'il était tout à fait conscient de la méfiance qu'il suscitait ici et là ! La déclaration qui précède date de l'année 1958 qui vit la France entrer en Cinquième République. Quatre années plus tard, De Gaulle commencera par tomber le masque.

Car, comme souvent, les dictateurs avancent masqués, attendant la bonne occase pour abattre leurs cartes. Pensons à Recep Tahip Erdogan, profitant d'une tentative de coup d'État pour initier une refonte de la Constitution à son seul profit. Pensons également à tous ces autocrates africains, n'hésitant pas à rafistoler la Constitution, histoire de proroger indéfiniment leur maintien au pouvoir.

Tous ceux-là peuvent se réclamer de De Gaulle, lequel, profitant d'attentats ourdis contre sa personne en marge de la guerre d'Algérie, sauta sur l'occasion pour transformer la Cinquième République, première manière (1958), avec un président de la République désigné par de grands électeurs, en un régime autocratique (1962) voyant le président désormais élu par le peuple.  

Mais ce n'était visiblement qu'une étape, De Gaulle ayant tenté une nouvelle évolution autocratique en 1969, qui le vit mordre la poussière, le peuple, par referendum, ayant rejeté sa proposition de réforme du Sénat.

Et voilà la France devenue le seul État de l'Union Européenne à traîner comme un boulet ce régime bonapartiste qui voit une ultra-minorité au premier tour de la présidentielle (ex. Macron : 24% des suffrages exprimés en 2017) convertie en une ultra-majorité au second tour (ex. Macron : 2017, 66%). 

Et tout le monde en France de trouver tout à fait normal que le pays soit dirigé par quelqu'un n'ayant pas rassemblé plus d'un quart des électeurs au cours du seul tour de scrutin réellement significatif.

Par parenthèse, en Allemagne, avec un peu plus de 25% aux législatives, le SPD ne peut nullement gouverner seul le pays, se voyant contraint de conclure une alliance avec d'éventuels partenaires (FDP, Grünen) afin de disposer de la majorité absolue au Bundestag.

Ainsi se passent les choses dans une authentique démocratie. Tout le monde aura compris que la France n'en est pas une !

Et voilà qu'à l'approche des élections nationales de 2022, toute une flopée de démagogues se voient déjà "président de la République", moyennant les propositions les plus extravagantes, comme, par exemple, l'arrêt de ce que d'aucuns appellent l'"immigration", entendez par-là le déplacement transfrontalier de populations.

Le problème est qu'il n'y a pas que les humains qui migrent. Il y  a aussi les marchandises et les masses monétaires qui y sont attachées, le tout dans un mouvement inverse.

De fait, les pays ayant une balance commerciale excédentaire peuvent considérer que le dynamisme de leur marché du travail est assuré par les pays étrangers qui leur achètent de la marchandise, ce qui est précisément le cas de la championne toutes catégories des excédents commerciaux : l'Allemagne.

Et la France dans tout ça ? Elle cumule les records en matière de déficit de son commerce extérieur.

En 2020, le déficit du commerce extérieur de la France a atteint 82.5 milliards, selon Eurostat. Un double record : historique pour la France depuis 1982 ; européen aussi, jamais un pays n’a connu un déficit commercial aussi important. La pandémie y est pour beaucoup, mais pas pour l’essentiel. L’aéronautique, qui représente en moyenne 12% des exportations françaises a chuté et les importations de masques ont représenté 5.9 milliards d’euros en 2020. (Source)

L'Afrique, paradis perdu des exportateurs français

La France n'est plus le premier fournisseur européen. Ses parts de marché sur le continent ont été divisées par deux entre 2000 et 2017, note une étude de Coface.

De fait, avec ladite mondialisation, si l'Afrique a longtemps été la chasse gardée de la France et de ses entreprises, ce n'est désormais plus le cas. Année après année, l'Hexagone perd de son influence économique sur le continent. En 2017, la France, dépassée par l'Allemagne, a perdu son statut de premier fournisseur européen du « continent noir ».

« Ce constat symbolise l'érosion continue des parts de marché des entreprises françaises en Afrique », note Coface qui publie une étude sur la « Course aux parts de marché en Afrique ». Un marché estimé à 484 milliards de dollars l'an dernier.

(...)

Qui a profité du recul de la France, sensible à partir de 2015 ? La Chine, tout d'abord, dont la progression a été fulgurante : son poids dans les exportations vers le continent est passé de 3 % en 2001 à 17,6 % l'an passé. Suivent l'Allemagne, qui avec 5,6 % a ravi à la France (5,5 %) le titre de premier fournisseur européen, et les États-Unis (5 %).

(...)

L'Inde et la Turquie ont signé aussi des progressions non négligeables (+ 1 à 3 points), grâce à des gains sur des secteurs comme les machines-outils, l'automobile ou la pharmacie. Un exemple : la part relative de l'Inde dans ce dernier secteur a bondi de 5 % en 2001 à 18 % en 2017 grâce aux médicaments génériques à bas coût, tandis que celle de la France fondait quasiment de moitié (de 33 % à 19 %).  (Source)

"Il faut mettre fin à l'immigration !" clament les démagogues, dont le dernier à avoir pris le train en marche : un certain Eric Zemmour, à vrai dire une de ces baudruches qui ne doivent leur existence qu'à la complaisance de leurs réseaux médiatiques, Zemmour ayant été employé par Bolloré au sein de la chaîne de télévision CNews.

Le problème de Zemmour, c'est qu'il confond une certaine notoriété médiatique avec de la popularité. Et le voilà, avec zéro parti politique pour le soutenir, passant pour pouvoir se qualifier pour le second tour d'une présidentielle. C'est vous dire le degré d'effondrement dans lequel six décennies d'errance autocratique ont mis ce pays.

Je tombe tantôt sur un tweet concernant une interview de Michel Onfray sur Marianne-le-Mag. Ci-dessous, une capture d'écran et ma réponse plus bas.

À suivre...


Lectures : 01 - 02


mercredi 1 janvier 2020

Gilets jaunes, colère noire et volée de bois vert #27


Épisode §27. Faillite de l'État bonapartiste. Et si les Gilets jaunes avaient raison ?

"Quand le sage désigne la lune, l'imbécile regarde le doigt.". Adage chinois

En ce moment même, tout ce que la France compte d'imbéciles et de crétins, voire de politologues et autres politocrates, pense que le mouvement dit des Gilets Jaunes est passé de mode et est tombé en obsolescence, le tout en raison d'effectifs de plus en plus squelettiques lors de ces déambulations du samedi qui firent la réputation du mouvement.

Ceux et celles qui ont suivi le présent feuilleton depuis le début savent que je n'ai jamais été un adepte desdites déambulations hebdomadaires, compte tenu des traumatismes musculaires et articulaires qu'elles ne peuvent pas manquer de provoquer.  C'est ainsi que je me suis longtemps interrogé sur la pertinence de marches forcées sur un secteur pavé comme les Champs-Elysées, peu indiqué pour des marcheurs âgés, trop jeunes ou handicapés, de même que je me suis interrogé sur l'opportunité d'un défilé allant de la Gare parisienne de l'Est jusqu'au Trocadéro, soit une traversée de plus de la moitié de la largeur de Paris !

Autant dire que je ne mesure pas la réussite ou l'échec des Gilets Jaunes à l'aune des effectifs proclamés par la Préfecture de police !

By the way, par parenthèse, y a-t-il jugement plus objectif sur les G.J. que celui de ce touriste étranger passablement navré de son dernier périple parisien ?
"Je m'exprime en tant que touriste, un touriste dont le train pour Paris a été supprimé, un touriste dans l'impossibilité d'emprunter la plupart des lignes de métro durant les vacances ; et malgré cela, les mérites des Gilets Jaunes sont admirables. Contre M., ...". (Source)

L'avant-dernier épisode de cette série s'intitulait 'L'âge de raison'. Entre temps, les Gilets Jaunes ont manifesté pour la cinquante-neuvième fois à travers les villes de France. Et après plus d'un an de manifestations hebdomadaires, que voyons-nous ? Un pays en panne, comme perclus des rhumatismes de la grève des services publics, une spécialité tellement française au sein de l'Union Européenne.

Et moi de me demander ce qu'il adviendrait de la France, là maintenant, si, d'aventure, le Referendum d'Initiative Citoyenne, le fameux RIC tant vanté par les Gilets Jaunes, avait été adopté par le pays, ce qui aurait permis aux électeurs français de se prononcer, sur leur propre initiative, au sujet de l'adaptation éventuelle des retraites aux évolutions démographiques en cours.

Voilà un État autocratique, sorti tout droit du cerveau embrumé d'un général de brigade né au dix-neuvième siècle, et dont les détenteurs du pouvoir préfèrent braver l'impopularité et les jacqueries d'une partie de la population, plutôt que de rétrocéder la parole au peuple, pour reprendre la formule du sociologue suisse Jean Ziegler.

Rétrocéder la parole au peuple, est-ce si difficile ? Il faut croire que oui !

Offrons-nous un petit survol de la planète sujette à des ébullitions sociales : Algérie, Hong-Kong, Venezuela, Liban, Chili, Bolivie, Nicaragua, Iraq, Soudan, Yémen, Iran, Haïti..., France.

Hé oui, il faut ajouter la France à ce groupe funeste de démocratures !

Le point commun de tous ces régimes ? Aucun d'eux n'est une république parlementaire (1) ; rien que des régimes autocratiques. Autant dire des démocraties de façade, et ce, quels que soient les agendas avoués ou inavoués motivant toutes ces jacqueries et tous ces soulèvements populaires.

Le fait est que l'histoire des soulèvements populaires nous montre que ces derniers se produisent, voire se reproduisent de façon récurrente dans des États infra-démocratiques, la Suisse en étant le plus parfait contre-exemple : dans ce pays, probablement le plus démocratique du monde, avec son recours massif à la votation, à savoir au referendum d'initiative populaire, les grèves et tensions sociales violentes se comptent, chaque année, sur les doigts d'une main.

Tandis qu'en France, pays limitrophe de la Suisse !

Par parenthèse, on nous parle beaucoup des manifestants "pro-démocratie" de Hong-Kong. Et là, on rapproche les statistiques : voyez le nombre de Gilets Jaunes mutilés ou estropiés en France, et le nombre de militants "pro-démocratie" estropiés à Hongkong, et concluez !

Memento : 1958-1962 : instauration de la constitution autocratique de ladite Cinquième République par De Gaulle. Une décennie plus tard, l'autocrate doit faire face aux événements de Mai 68 ; par la  suite, on aura les grandes grèves des transports publics en 1986, 1995, des jacqueries paysannes récurrentes illustrées par les saccages du Marché de Rungis, les déversements de produits agricoles devant des préfectures, des scènes de guérilla urbaine dans les banlieues de Paris, Lyon, Toulouse, en passant par l'incendie du Parlement de Bretagne (Rennes, février 1994), jusqu'aux bonnets rouges, destructeurs de péages sur les routes, avant les Gilets Jaunes. La France façonnée par De Gaulle et ses épigones cumule plus de grèves, de révoltes populaires et de jacqueries que la totalité des autres pays de l'Union Européenne réunis !

Et dire que les Gilets Jaunes avaient sonné l'alarme : en mettant l'accent sur le RIC, ils avaient montré qu'eux au moins avaient perçu le mal profond minant les institutions de ce pays : l'autocratie, qui fait qu'un homme seul décide de tout, tout en faisant peser la responsabilité sur d'autres (le gouvernement), dès lors que lui-même n'est responsable de rien !

Extrait des vœux que le monarque élu a adressés aux Français dans la soirée du 31 décembre 2019 : "Avec les organisations syndicales qui le veulent, j'attends d'Édouard Philippe qu'il trouve la voie d'un compromis rapide".

Vous avez compris que, dans un régime autocratique, il y a quelqu'un (le monarque élu) qui fait des discours et impose ses vues à quelqu'un  (le premier ministre) qui n'a d'autre issue que d'appliquer des réformes dont il n'est pas l'initiateur ? 

Problème : le militaire initiateur de la Cinquième République, en dictateur refoulé, rêvait de faire de la France une démocrature, ce à quoi il a en partie réussi, le tout à l'aide d'un artifice électoral - le scrutin uninominal à deux tours - consistant à transformer une ultra-minorité en ultra-majorité, à l'exemple de Jacques Chirac lors de la présidentielle de 2002, passant d'à peine 20 % des suffrages exprimés au premier tour, à un mirobolant 82 % au second.

Il va sans dire que la seule mesure fiable du niveau de l'adhésion des électeurs au programme du monarque élu est celle des résultats du premier tour.

Le fait est que le monarque élu par les Français en mai 2017 a obtenu moins d'un quart des suffrages exprimés au premier tour, ce qui revient à dire que trois quarts des Français n'ont pas été spontanément séduits par son programme.

Et pourtant, depuis lors, ne voilà-t-il pas que les Français n'ont plus droit qu'à des "mon programme", "mes réformes", "j'irai au bout de ceci", "j'irai au bout de cela"...

Une ultra-minorité convertie en ultra-majorité par un tour de passe-passe électoral, voilà qui incite le monarque élu à se croire amplement majoritaire, face à des détracteurs (les 76 % du premier tour) rendus amplement minoritaires !
Source

Et quid des trois-quarts des citoyens qui n'ont pas plébiscité le programme du monarque élu, et qui se rappellent, depuis, à son bon souvenir ?

"... les protestations sont une partie minoritaire du pays..."

Et dire que les Gilets Jaunes avaient sonné l'alarme, ce à quoi on leur a répondu par de simples mesures comptables, comme si la démocratie pouvait s'entretenir uniquement  à l'aide de milliards d'euros !

Après moi, il n'y aura plus que des comptables aurait prophétisé François Mitterrand.

Et, pendant ce temps, du côté des politologues et autres politocrates...

Source
Vous avez compris qu'on ne pouvait pas reprocher à un candidat à la monarchie élective de s'asseoir sur les remontrances des trois quarts de la population d'un pays non convaincus par son programme au premier tour d'une élection présidentielle ? À moins que l'on ne tente de nous faire le coup de la multiplication des pains, chose à laquelle nous sommes quelques-uns à ne pas croire du tout !

Pour dire les choses simplement : en un mot comme en cent, s'il y avait eu deux tiers des électeurs pour plébisciter le programme de l'actuel monarque français, ils auraient voté pour lui dès le premier tour de la présidentielle, mais ça n'a pas été le cas et le scrutin uninominal à deux tours reste une escroquerie.

Cela étant, peut-être le monarque élu en mai 2017 va-t-il finir par saisir le peuple par referendum sur la réforme des retraites, ainsi que la Constitution le lui permet. Il a eu l'opportunité de l'annoncer lors des vœux du 31 décembre dernier. Il n'en a rien été.

Il faut croire qu'aux yeux de certains, rétrocéder la parole au peuple constitue un véritable supplice !

Attendez-vous, donc, à voir en 2020 les mêmes soulèvements populaires et autres jacqueries se maintenir en Algérie, Chili, Soudan, Bolivie, Venezuela, Nicaragua, Hong-Kong, Yémen, Haïti..., France !


(1) Extrait du cours de droit constitutionnel de première année de Fac : un régime parlementaire se caractérise par le contrôle strict de l'exécutif par le Parlement. De fait, c'est le parti majoritaire (rare) ou (plus souvent) la coalition détenant la majorité absolue à l'Assemblée Nationale qui verra l'un de ses membres désigné pour former le gouvernement en qualité de premier ministre (un peu partout), chancelier (Allemagne), président du gouvernement (Espagne), etc.



Lectures : 01 - 02 - 03 - 04 - 05 - 06


dimanche 25 août 2019

Paris martyrisée, Paris outragée, mais Paris libérée !


Retour sur un 25 août...

Même si vous ne vivez pas en France, vous avez dû entendre parler de Charles de Gaulle, cet admirateur de Franco et de Perón élu président de la République en 1958 puis en 1965.

Dois-je vous avouer que je n'ai jamais été un admirateur de De Gaulle, ni de celui dudit Appel du 18 juin (1940), et encore moins de celui d'après, simili dictateur, inventeur de la Françafrique, et qui se serait bien vu dans la peau du Général Tapioca d'une célèbre bande dessinée, à moins qu'il n'eût préféré œuvrer en lieu et place du général Alcazar !

Pour mémoire, après la Seconde Guerre Mondiale, une poignée de pays européens non communistes vont être dirigés par des militaires : l'Espagne, le Portugal, la Grèce et la France.

Mais restons en France. Les millions de touristes qui déambulent chaque année sur les Champs-Élysées connaissent forcément cette statue d'un militaire solitaire (celle de Churchill n'est pas loin de là), plantée devant le Grand-Palais, sur un socle de près de quatre mètres de haut.


Pourquoi ne pas le dire ? J'ai toujours un haut-le-cœur à chaque fois que j'aperçois cette statue incongrue sur la place.

Et qu'y aurait-il d'incongru à cette statue ?, allez-vous me demander.

L'incommensurable stupidité des adorateurs du "grand" général, prêts à commettre les pires contresens dans le seul but d'entretenir un mythe bien fade.

J'entends d'ici les hurlements des "gaullo-hystériques" : comment peut-on impunément s'en prendre à cette grande figure de l'histoire récente de la France ! 

Je reconnais que De Gaulle fut de ceux qui récusèrent la capitulation de la France en 1940 et son alignement obséquieux sur les dictats de l'occupant nazi entre 1940 et 1944.

Maintenant, qu'aurait-il fait, notre grand général, s'il avait été présent sur le sol français, à la place de Pétain, à la tête du gouvernement d'un pays défait et occupé ? Parce qu'une chose est de déclarer, depuis Londres, que la guerre n'est pas finie, une autre est de devoir expédier les affaires courantes dans un pays que vous ne dirigez plus, ni de jure ni de facto !

Rappelons que la libération de la France du nazisme s'est inscrite dans un long processus (on était quand même dans une guerre qualifiée de "mondiale" !) ayant impliqué des dizaines de pays alliés contre les forces de l'Axe, le premier événement décisif de la défaite nazie s'étant déroulé sur le territoire soviétique, avec la libération de Stalingrad.

Et c'est là que la suite mérite qu'on s'y arrête. Mais à vrai dire, un petit retour en arrière préalable va s'imposer.

18 juin 1940, De Gaulle fait une déclaration publique (à l'authenticité discutable et discutée, ledit appel ayant été "réenregistré" plus tard, pour les besoins de la "légende" du "grand" homme !) dans une radio britannique, déclaration passée à la postérité sous la formule "Appel du 18 juin". Le voilà s'autoproclamant chef de la France libre, nourri, logé et blanchi par le gouvernement de Sa Gracieuse majesté (à vrai dire le roi George VI).

Un autre événement va concerner un officier français, événement dont on parlera bien moins que de l'appel de l'autre depuis Londres.

Citation :
Le 2 mars 1941, le colonel Leclerc (38 ans) enlève aux Italiens l'oasis de Koufra, au sud de la Libye. Avec ses hommes, qui ont rejoint comme lui le général de Gaulle après l'invasion de la France par la Wehrmacht, il fait le serment de ne plus déposer les armes avant que le drapeau français ne flotte sur Strasbourg. Ce « serment de Koufra » marque le début d'une longue marche glorieuse qui passera par la Libération de Paris. (Source)

La grande différence entre Londres et Koufra tient au fait qu'à Londres, on a quelqu'un qui pense d'abord à communiquer, l'homme du 18 Juin étant surtout un officier français exilé et impuissant, alors même que l'homme de Koufra est un officier présent sur le terrain même d'une bataille qu'il vient de gagner. Le fait est que le Leclerc de Koufra n'est pas dans la proclamation (entre nous, quel médiocre communiquant ! Même pas un petit micro pour immortaliser la déclaration ?!), mais dans l'action, ce qu'il démontrera amplement par la suite.

Nous voilà en Juin 1944. Les forces alliées débarquent en France pour y mettre fin à l'occupation nazie, après que la Wehrmacht a essuyé sur le front soviétique une série de déroutes dont elle ne se relèvera jamais. De fait, le fameux débarquement allié de Normandie n'est rendu possible que par l'affaiblissement des troupes d'Hitler à l'Est.

Autant dire que c'est bien une armée composée de soldats venus de dizaines de pays, y compris des colonies britanniques et françaises, qui va libérer la France depuis la Normandie, la libération de Paris s'inscrivant dans ce vaste processus. Et c'est là que, comme je l'annonçais plus haut, la suite vaut la peine qu'on s'y arrête.

Mais au fait, savez-vous où est le Grand Général chef de la France Libre en Juin 1944 ?

Euh, c'est-à-dire que, à vrai dire, ben il paraît que les généraux alliés n'ont pas voulu qu'il prenne part aux opérations du débarquement. Enfin, bon, c'est ce qu'on dit !

6 Juin-25 Août, soit près de onze longues semaines. Nous sommes à Paris, jour de la reddition du Général Allemand Von Choltiz, et voilà De Gaulle qui pointe le bout de son nez. Vous connaissez forcément la formule légendaire :

Paris, martyrisée, Paris outragée, mais Paris... libérée !

Entre nous, quel talent de communiquant ! Toujours au bon endroit, devant le bon micro, face à la bonne caméra !

Et que fait Leclerc pendant ce temps ? Ben, Leclerc, avec sa Deuxième Division Blindée, après avoir activement participé à la libération d'une partie de la France, après Paris, le voilà parti pour concrétiser le serment fait à Koufra.

Un bonimenteur de foire, d'un côté, un homme d'action de l'autre !

Mais comment peut-on traiter De Gaulle de bonimenteur de foire ? s'étranglent ses plus fervents supporters !

Parce que c'en était bien un ! Voyez la descente des Champs-Élysées !
Les FFI n'ont pas fini de libérer Paris que De Gaulle n'est déjà obnubilé que par l'idée d'aller défiler en tête de cortège sur les Champs-Élysées, histoire de faire croire aux gogos qu'il était le maître des horloges ! Toujours placé au bon endroit, face à la bonne caméra, levant les bras pour saluer la foule, tantôt vers la gauche, puis vers la droite, le tout sans qu'à aucun moment n'apparaisse un des principaux acteurs de la libération de Paris, le chef des FFI, j'ai nommé le Colonel Henri Rol-Tanguy.

Il faut dire qu'à l'instar de Leclerc de Hauteclocque, l'homme d'action qu'était Rol-Tanguy avait d'autres chats à fouetter que de se donner le beau rôle au milieu des Champs-Élysées !

Donc, pas de Leclerc sur les Champs, pas de Rol-Tanguy non plus, et pas le moindre G.I. ou troufion américain, canadien, néo-zélandais, britannique, et encore moins le moindre tirailleur malien, sénégalais, vietnamien, algérien, marocain, tunisien, antillais, guyanais... 

Et voilà comment une clique de guignols sans vergogne a eu l'idée saugrenue d'installer cette grotesque statue, seule, en plein Champs-Elysées.

Car, même à reconnaître les mérites de De Gaulle dans le fait de ne pas vouloir se résigner à voir la France indéfiniment occupée, cette statue, qui laisse à penser que l'homme de Colombey-les-Deux-Églises a tout fait tout seul, frise l'indécence.

Par parenthèse, le 25 août 1944, le Général von Choltitz remet sa reddition à un comité composé de représentants des forces de libération. 

Citation
Le 25 août 1944, quand von Choltitz capitule sous les coups conjugués des FFI, de la 2e DB du général Leclerc et de la 4e division américaine du général Barton, il est conduit par le général Billotte à la salle de billard de la préfecture de police libérée, où se trouvent Leclerc et Chaban (Jacques Chaban-Delmas), délégué militaire national du général de Gaulle. Rol (Henri Rol-Tanguy), chef régional FFI, qui a dirigé l'insurrection de Paris, est dans une salle voisine avec Valrimont (Maurice Kriegel-Valrimont), membre du Comité d'action militaire (Comac) du Conseil national de la Résistance, qui a été affecté auprès de Rol pendant l'insurrection et qui demande que lui-même et Rol soient présents lors de l'acte de capitulation. Chaban et Leclerc acceptent volontiers. L'acte a été rédigé sur les instructions de Leclerc par son état-major. Choltitz obtient de légers amendements, après quoi les deux généraux en signent chacun un exemplaire. Valrimont demande alors que Rol le signe également, comme chef des FFI - contrairement à ce qui fut abondamment raconté par la suite, celui-ci n'exigea rien. Leclerc fit remarquer que comme « commandant des Forces françaises de Paris », formule figurant dans l'acte de capitulation, Rol était de fait représenté par sa signature, ce qui n'était pas faux. Leclerc précisa aussi qu'il fallait aller au plus vite à son PC, gare Montparnasse, où toutes dispositions pourraient être prises pour transmettre rapidement les ordres de cessez-le-feu.

C'est ainsi que prennent place, dans le scout-car de Leclerc, Chaban, Valrimont, Rol et Choltitz, en route pour le PC de la gare Montparnasse. Alors que Choltitz signe les ordres de reddition pour les secteurs où les combats continuent, Valrimont réitère sa demande : chef FFI, Rol doit signer l'acte. Soutien sans réserve de Chaban, accord immédiat de Leclerc qui fait modifier sous sa dictée par une surcharge manuscrite l'en-tête de son exemplaire afin qu'il reçoive la signature de Rol, faite dans la foulée. (Source)
Bon, entre nous, le nom de De Gaulle figure-t-il parmi les protagonistes de la reddition du généralissime allemand ? Oui ? Non ?

C'est non !

Dans ce cas, qu'on m'explique ce qu'il faisait sur les Champs-Élysées à se faire acclamer par la foule ! Vous avez compris que notre général n'avait déjà en tête que la suite de sa petite carrière politique ?

Et comme, de surcroît, l'homme ne manquait pas de bagout, voilà qu'il se retrouve très vite sur le rebord d'une fenêtre de l'Hôtel de Ville de Paris, devant micros et caméras, forcément (ça, on l'avait compris !), pour nous livrer cette impérissable litanie de participes passés (en linguistique, ça s'appelle une anaphore) : Paris martyrisée, Paris outragée...

Mais vous savez combien j'ai mauvais esprit ! Le fait est que tout le monde se remémore ces participes passés, du moins les premiers, en oubliant l'essentiel : la fin de la déclaration.

Et que déclare De Gaulle tout à la fin de sa litanie ?

Ceci :
Paris ! Paris outragée ! Paris brisée ! Paris martyrisée ! mais Paris libérée ! libérée par elle-même, libérée par son peuple avec le concours des armées de la France, avec l'appui et le concours de la France tout entière, de la France qui se bat, de la seule France, de la vraie France, de la France éternelle.
"Libérée par son peuple..., les armées de la France..., la France tout entière..., la France qui se bat..., la seule France..., la vraie France..., la France éternelle." Rien que ça !

Pour mémoire : 

Source

Au total, selon les estimations, environ 17 877 000 de militaires sont morts sur les champs de bataille européens, dont 10 774 000 du côté des alliés et 7 103 000 du côté des forces de l'Axe. Les tués de l’Armée rouge constituent 53 % du total des pertes militaires connues en Europe, ceux de l'Allemagne 31 %, ceux du Royaume-Uni 1,8 %, ceux de la France 1,4 % et ceux de l’armée américaine 1,3 %. Les pertes militaires de l’Union soviétique représentent 88 % du total des pertes alliées en Europe (Royaume-Uni 3 %, France 2,3 % et États-Unis 2,2 %). Le total des pertes militaires seules de l'Allemagne et de l'Union soviétique réunies représentent 84 % du total de toutes les pertes militaires subies en Europe. Les pertes militaires du conflit germano-soviétique seul sont de 13 876 400 soit 78 % du total des pertes militaires subies en Europe. (Source)
Vous avez compris pourquoi notre démagogue en treillis militaire insiste à ce point pour mettre la France en avant, oubliant avec morgue et grossièreté le sacrifice de tant de soldats des troupes alliées - et je n'oublie pas les résistants, les maquisards, ni les civils ! - ? En fait, c'est très simple : compte tenu de sa faible participation aux événements les plus chauds de la Libération, notre communiquant comprend très vite que, pour faire date, il lui faut discourir ; il sait si bien le faire. Or ne s'était-il pas autoproclamé "chef de la France libre" ?

Conscient de sa faible participation aux événements de la Libération, De Gaulle va, donc, s'appliquer à mettre en avant la France, la France, la France..., de manière à se mettre lui-même en avant et de tirer la couverture à lui, puisque le chef (autoproclamé) de cette FRANCE, c'est lui et personne d'autre !

Du grand art ! 

Charles de Gaulle ou l'art de passer par pertes et profits le sacrifice de dizaines de millions de morts de tous pays, sans lesquels il n'y a pas de libération de Paris en août 1944.

Vous comprenez maintenant pourquoi j'en parle comme d'un bonimenteur de foire ? Pour employer une litote !


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