4. Benoît Hamon
Le candidat socialiste-frondeur n'a pas livré une mauvaise campagne présidentielle ; loin de là ! Son discours de Paris-Bercy fut même un des plus étonnants par sa densité et l'articulation des propositions, sans qu'à aucun moment on n'ait l'impression que le tribun - car Hamon est un vrai tribun ! - consultait ses notes !
Son problème, à Hamon, remonte à loin : la trahison, par François Mitterrand, des idéaux de la Gauche, et la conversion du même Mitterrand à cette même dogmatique bonapartiste qu'il aura vilipendée si férocement quand elle était incarnée par d'autre(s) [= Un Autre : C. d. G. !].
Le problème de Benoît Hamon est celui de toute la Gauche française, des Trotskystes aux Radicaux de Gauche, à savoir leur incapacité ontologique à rompre avec la Cinquième République en inventant un nouveau logiciel qui ne procède pas du cerveau embrumé d'un général de brigade né au XIXème siècle.
Tout le reste n'est que blablabli-blablabla !
Mais commençons par le commencement : la forme.
Memento : 1981 ! |
Le programme (imprimé) de Benoît Hamon ressemble furieusement à celui d'Emmanuel Macron ; on dirait qu'ils ont été saisis sur la même machine à écrire (Remington portative) et mis en page par des élèves de Troisième au cours d'un stage en entreprise.
Même mise en page "planplan" que chez Macron, avec une grande photo sur une page, et un pâté de propositions sur une autre. Là encore, même absence de numérotation des articles. La même bouillie indigeste ! C'est à se demander si les deux programmes n'ont pas été traités par la même classe de collégiens dans le cadre de la semaine de la presse !
Et que dire, une fois encore, de cette inélégance dans la présentation !!!
Là encore, il m'a suffi d'une petite dizaine de minutes pour donner une idée de ce qu'il aurait été possible de faire faire à un collégien sachant se servir d'un logiciel de traitement de texte.
Original Hamon
Nouvelle mouture, avec justification du texte (réalisée en une dizaine de minutes par mes soins) :
Même note de présentation que pour Macron : 1/10 !
Venons-en au fond :
Entre nous, présenter un pâté de propositions aussi informe suggère fortement que l'on ne souhaite pas être lu, ce qui en dit long sur les motivations des un(e)s et des autres, soit quasiment tous les candidats sauf UN(E) !
Contrairement à Macron, qui s'accroche désespérément à son "nous", Hamon a opté pour le tango : un pas en avant, deux pas en arrière, ou l'inverse !
Ce qui fait qu'il jongle sans arrêt entre le "nous" et le "je"...
Sur le plan institutionnel, Hamon nous refait le coup de l'usine à gaz, chère à Ségolène Royal (cf. article 73 des Cent propositions de la candidate en 2007), mais chère également à Jean-Luc Mélenchon, avec son "assemblée constituante" :
Ce qui fait qu'il jongle sans arrêt entre le "nous" et le "je"...
Sur le plan institutionnel, Hamon nous refait le coup de l'usine à gaz, chère à Ségolène Royal (cf. article 73 des Cent propositions de la candidate en 2007), mais chère également à Jean-Luc Mélenchon, avec son "assemblée constituante" :
Article 29 : mise en place du 49-3 citoyen...
Voilà un candidat bien indécis, qui donne l'impression de marcher à côté de ses pompes, et dont j'avais déjà relevé, lors du premier débat, à cinq, qu'il n'était qu'un frondeur par intermittence (cf. son obsession pour régler son sort à Bachar al-Assad) : cet amour de la guerre coloniale si cher aux socialistes !
Pour le reste, le programme est celui d'un candidat au poste de super-premier-ministre. Rien de nouveau sous le soleil !
Verdict : Un jour viendra, sans doute, où les socialistes français et la Gauche française, en général, comprendront qu' un éventuel "Bad Godesberg" français devrait nécessairement impliquer le renouvellement complet du logiciel politique de l'ensemble des Gauches, en virant l'ancien modèle inventé par et pour De Gaulle et entretenu, depuis, par de bien piètres épigones du Général, lesquels se voient, depuis 60 ans, condamnés à voler d'échec en échec, à l'instar de ce qui arrive, aujourd'hui, à François Hollande.
La fronde, cher Benoît Hamon, ce n'est pas contre François Hollande qu'il faut la mener, mais contre cette culture politique archi-ringarde qui fait de la France le seul pays de l'Union Européenne à avoir un système constitutionnel proche de celui du Zimbabwe ou de l'Ouzbekistan !
Entre nous, Hamon président ? Pour quoi faire ?