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vendredi 21 avril 2017

France. Présidentielle 2017. Carnet de notes §10/12

Quatre candidats au poste de super-premier-ministre

3. Emmanuel Macron

Petit rappel utile : comme preuve que je ne nourris aucune animosité à son égard, j'ai écrit à Emmanuel Macron, peu avant sa démission du ministère de l'Economie (voir les archives de ce blog), en attirant son attention sur le fait qu'à l'instar de beaucoup de personnalités politiques, il n'avait encore rien dit d'essentiel...

Il faut croire qu'il a tenu à me donner raison, puisque, dès sa grande première apparition publique, au Parc des Expositions de la Porte de Versailles, au sud de Paris, la foule ébahie l'a vu pousser une "gueulante", à se péter les cordes vocales. Et moi de penser : "qu'est-ce que c'est que ce truc ?"

Quelques jours plus tard, voilà notre homme totalement aphone. Entre nous, ça sentait l'amateurisme !

Février 2017. Un grand meeting à Lyon. Je me mets devant la télé et là, au bout de dix minutes, je décroche, tant le discours que j'entends m'écorche les oreilles.

Voilà comment j'en suis venu à penser que ce type n'était qu'une baudruche, doublée d'une marionnette ; car il a bien fallu que quelqu'un lui instille dans la tête l'idée qu'il pourrait être président de la République !

Non mais, sans blague !

Le problème de Macron, c'est qu'en l'absence de Hollande et de Valls, c'est lui qui devra assumer l'héritage du quinquennat finissant, ce qui en fait, sinon de jure, mais de toute évidence, de facto, le candidat sortant

Et il paraît - à en croire les industriels du sondage - que c'est lui que les Français verraient bien à l'Elysée. Si ce n'est pas de la manipulation des foules, ça y ressemble furieusement !

Parce que là où nos politologues et autres politocrates manquent de discernement, c'est lorsqu'ils s'avèrent incapables d'expliquer ce grand écart dans l'opinion, à en croire les usines à sondages, entre d'une part, un violent rejet de François Hollande, et partant, de Manuel Valls, blackboulé lors de la primaire socialiste et, d'autre part, cette frénésie supposée pour l'ex-ministre de Valls et Hollande, et accessoirement coauteur d'une loi imposée via le 49-3 et qui a mis tant de Français dans la rue !

Il y a là quelque chose qui relève du sortilège, mais que nos pseudo-experts en science politique s'avèrent bien incapables d'analyser. Ou alors il y a esbroufe et tromperie sur la marchandise !

Pour sa campagne télévisée, il a cru bon de s'inspirer d'une fameuse affiche électorale de François Mitterrand, avec le clocher du village apparaissant dans le lointain, façon "angélus de Millet" !  


Et comme de bien entendu, lui aussi nous fait le coup du futur super-premier-ministre.


Lors de l'émission télévisée du 20 avril 2017 sur France 2, on a eu droit de nouveau à son souverain poncif : "je veux une alternance profonde". Ils appellent ça comment déjà ? Un 'élément de langage' ? Pour ma part, je ne sais toujours pas ce que cette expression veut dire mais je vois bien ce qu'elle suggère : se faire passer pour un perdreau de l'année, de la part d'un manipulateur, qui est, lui-même, probablement manipulé.

Lors du débat à cinq, on a vu comment Macron a failli partir en courant lorsqu'on l'a interrogé sur ce qu'il ferait en rencontrant Donald Trump lors du prochain sommet du G7. Dans son programme, il enfonce le clou, puisqu'il ne dit jamais "je", mais toujours "nous", ainsi que le ferait n'importe quel candidat à la chancellerie allemande, ou au poste de premier ministre britannique, italien ou belge. À moins qu'il ne s'agisse d'un "nous" de majesté !

Radioscopie d'un programme (qui se voudrait) présidentiel






  






Le programme d'Emmanuel Macron ? Un véritable catalogue à la Prévert !

Mais commençons par le commencement : la forme.

Et là, je me suis dit que le texte a dû avoir été saisi sur une "Remington portative", pour reprendre une fameuse chanson de Gainsbourg... Vous savez ? Les antiques machines à écrire qui vous alignaient le texte complètement à gauche. À moins que l'équipe Macron n'ait fait appel à un(e) jeune élève de Troisième effectuant son stage en entreprise et ayant saisi son texte sur Notepad !

Le fait est que, pour quelqu'un qui se targue de jeunesse et de modernité, j'ai trouvé la présentation de la plaquette publicitaire de notre Kennedy français bien ringarde.

Jugez-en plutôt...

Vous avez compris ?


Que ce texte, de même que l'ensemble du programme d'Emmanuel Macron, avait été saisi par une personne ne maîtrisant pas du tout un logiciel de traitement de texte moderne ?

Le texte n'est même pas justifié ! Il ne s'agit pas, ici, de la fameuse "justification" chère à Martin Luther ; rien à voir avec quelque dogme religieux que ce soit. Il s'agit de typographie, et ici, justifier un texte consiste à en aligner parfaitement les caractères des deux côtés.

J'ai, donc, repris le texte ci-dessus, et je l'ai justifié, ainsi qu'on peut le voir plus bas. Le tout m'a pris moins de dix minutes. Reconnaissez que c'est bien plus esthétique, en bas, non ?


Moralité : apprendre dare-dare à Macron et à ses équipes à se servir d'un ordinateur !

Et ça se dit moderne !

Mais il y a autre chose : vous avez vu ce pâté de texte informe et illisible ? Une vraie bouillie ! 


  

Comme vous pouvez le voir, la mise en page est vraiment quelconque. Par ailleurs, tout le monde se souvient des 110 propositions du Parti Socialiste et de François Mitterrand pour l'élection de 1981. Ces propositions étaient numérotées, ce qui permettait au lecteur de les retrouver facilement. Ce principe a été repris, en 2007, par Ségolène Royal.

Du coup, on a du mal à comprendre que quelqu'un se disant moderne ose présenter aux électeurs un pavé de 97 articles non numérotées, à croire qu'il ne tenait pas à être lu !

Parce que, vous l'avez compris, j'y suis allé de ma petite comptabilité personnelle, en apposant des numéros en marge des articles, comme vous pouvez le voir sur les images ci-jointes. Et je vous garantis que l'exercice fut fastidieux !

Vous avez compris qu'Emmanuel Macron est un faux jeune et un faux moderne ?

En résumé, s'il fallait une note pour la présentation et l'ergonomie générale du matériel présenté, ce serait 1/10.

Reste le fond.

Et là, Macron nous fait de nouveau le coup de l'évitement : on sent bien que le bonhomme ne se voit pas du tout en président de la République dans quelques jours !

C'est simple : à la place du "je" présidentiel, Macron préfère le "nous" d'un candidat à la chancellerie (Allemagne) ou au poste de Premier Ministre (Royaume-Uni, Italie, Belgique...).

Il faut dire que, dans les régimes parlementaires stricto sensu, le pouvoir exécutif est détenu par un chef de gouvernement désigné par sa majorité parlementaire, laquelle majorité s'appuie, souvent, sur une coalition de plusieurs partis ; voyez l'Allemagne.

Ce qui justifie l'emploi du "nous" lors des campagnes électorales dans ces systèmes politiques allergiques à tout délire autocratique.

Sauf qu'ici, nous avons affaire à une campagne pour la présidentielle, dans le pays le plus bonapartiste de l'Union Européenne. Par conséquent, le "nous" redondant utilisé par Macron n'a tout bonnement aucun sens !

En un mot comme en cent, Emmanuel Macron n'a toujours pas compris qu'il était candidat à la présidence de la République française !


"Nous donnerons la parole au peuple.", mais, en attendant, il n'y a aucune proposition concernant une réforme des institutions. Encore un gugusse converti au bonapartisme, et qui croit réussir là où tant d'autres, à commencer par De Gaulle, ont échoué ! 

Proposition en forme de gag : l'interdiction par le président de la République de l'usage des téléphones portables dans l'enceinte des écoles primaires et des collèges !


Juste pour rire : la proposition §54 du programme de Macron :


Question : mais où diable Emmanuel Macron a-t-il vu que le voile était interdit quelque part ? En tout cas, je défie quiconque, au sein de l'équipe de Macron, de me citer une seule loi française interdisant expressément le VOILE !

Et si ce n'est pas de l'amateurisme, ça y ressemble terriblement !

Dans la rubrique "rions encore un peu", quelques perles et autres formules creuses entendues récemment (Paris-Bercy, 17 avril 2017) :
Nous avons décidé, ensemble, d’être les acteurs d’une génération en marche, la nôtre.
Je veux prendre le pouvoir pour le partager avec vous.
Je veux un président qui préside et un gouvernement qui gouverne.

Verdict : Jean-Pierre Raffarin avait raison : l'Elysée n'est pas un endroit où l'on s'installe dans le but d'effectuer un stage de formation à la fonction de président de la République ! Pour cela, Macron repassera, enfin, dans l'intérêt de la France.

Mais, apparemment, un certain nombre de tireurs de ficelles ont décidé d'envoyer cette pauvre marionnette au casse-pipe !

Pauvre France !