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mercredi 5 avril 2017

À propos d'une mauvaise approche de la "laïcité"


Laïcité : voilà un terme que presque tout le monde emploie à mauvais escient. Je m'en vais, donc, remettre quelques idées en place dans l'esprit de certaines personnes peu rigoureuses avec l'emploi des mots.

Est dit laïc quelqu'un n'appartenant pas au clergé. C'est ainsi que la soutane d'un prêtre ou d'une religieuse catholique est nécessairement liée à sa profession et constitue, par là-même, un signe d'appartenance à un ordre ecclésiastique, voire à une congrégation ; en clair, il s'agit d'un uniforme facilement identifiable et à la signification parfaitement connotée.


Il en va tout autrement de la tenue d'une Samira ou Latifa... quelconque, leur appartenance religieuse ne figurant nulle part sur leur habillement, et ce, tant qu'elles n'ont manifesté publiquement aucun comportement susceptible de trahir leur éventuelle affiliation religieuse

Il se trouve tout simplement que l'Islam 1) n'a pas de clergé en ce qui concerne sa branche majoritaire : le sunnisme, et 2) dispose d'un clergé mais uniquement masculin en ce qui concerne sa branche chiite.

Par conséquent, le fameux débat autour de signes d'appartenance à je ne sais quelle religion (mais à peu près tout le monde aura compris qu'il s'agit essentiellement de l'Islam, et uniquement chez des femmes !), s'agissant de personnes n'étant manifestement affiliées  à aucun clergé, relève de la plus pure ineptie.





Par parenthèse, lorsqu'une journaliste, hôtesse de l'air, pilote d'avion, touriste... de sexe féminin, donc, au moment de se poser sur un aéroport saoudien ou iranien..., se couvre la tête d'un foulard, pour se conformer aux usages en cours dans le pays en question, personne ne suppose qu'on exige d'elle une conversion - fût-elle de courte durée - à l'Islam.

De même, lorsqu'un mufti libanais prétend imposer à Marine Le Pen le port d'un foulard en prévision d'une réception de la présidente du Front National, je ne sache pas que notre mufti ait exigé d'elle une conversion préalable à l'Islam !

C'est dire si ce - faux - débat est cousu de fil blanc et ne grandit pas ceux et celles qui prétendent l'ériger en affaire d'État !

Mais j'avais évoqué, récemment, un autre aspect de la pratique de l'Islam, en commentant le premier débat pour la présidentielle intervenu sur la chaîne française TF1 (20 mars 2017). J'y affirmais un certain nombre de choses autour de la banalisation de l'Islam dans un certain nombre de milieux, parfois de la manière la plus inattendue, comme, par exemple, le fait que bien des familles aisées de l'Ouest parisien, notamment juives, mangent plus souvent halal que casher, et ce, pour la simple raison que les femmes de ménage - et cuisinières - juives y sont rarissimes, les familles les plus "chanceuses" étant bien contentes de tomber sur une "Samira" ou "Latifa", quand un fort contingent d'autres en sont réduites à recruter de braves soubrettes chrétiennes car originaires d'Afrique noire ou des Philippines, par exemple, donc catholiques et peu versées dans la pratique du "casherout".

Je discute, un jour, avec une mère de famille - des avocats à la Cour, quartier de l'avenue Kléber, non loin de l'Arc de Triomphe de l'Étoile - dont le fils cadet préparait sa 'bar mitzvah' ; et, pour ce faire, il se rendait, une ou deux fois par semaine, à la synagogue du coin. Le gamin avait une jolie petite collection de kippas. Seulement voilà, la petite dame qui m'ouvrait régulièrement la porte, je veux parler de la soubrette, venait des Îles du Cap-Vert. Je décide de titiller la mère : 

- Au fait, il mange où à midi ?
- Comment ça, il mange où ?
- Ben, je crois savoir qu'Alexandre ne rentre pas à la maison à midi ; il doit, donc, manger quelque part !
- Ben, il mange à la cantine, à Janson. 
(N. B. Janson de Sailly est un fameux lycée du 16ème arrondissement de Paris.)

Je ne pose pas d'autre question, mais j'ai bien vu que les yeux de la dame lançaient des éclairs, l'air de dire : "L'enfoiré, il m'a eue !". 

Ben oui, quoi, un gosse qui prépare sa Bar Mitzvah, et qui ne mange même pas casher, pas plus que le reste de la famille, ça vous étonne ? Mais je n'ai pas voulu en rajouter une couche, sinon la dame serait devenue hystérique !

À dire vrai, que le gamin ait mangé à la cantine du lycée ou à la maison n'aurait strictement rien changé, dès lors que la cuisinière ne devait pas bien maîtriser le casherout, pas plus que la mère, d'ailleurs, et je parle en parfaite connaissance de cause, mes deux premières "fiancées" ayant été deux juives (ashkénazes), et j'ai fréquenté plein de familles. Sur ce plan, on peut dire, sans trop se tromper, que la tradition est mieux observée chez les "Sépharades". 

J'observe, en passant, que notre couple d'avocats, tout "Juifs progressistes" qu'ils fussent, n'en manifestaient pas moins un soutien sans faille à la politique répressive et annexionniste du Likoud en Palestine - phénomène, du reste, fort répandu ; (j'ai quand même passé une petite vingtaine d'années au sein du Paris haussmannien !), ainsi que j'ai pu moult fois le vérifier avec l'aîné de la famille, que ses parents envisageaient, du reste, d'envoyer en Israël, histoire de s'y "ressourcer".

- Mais c'est la faute des Palestiniens ! répétait-il inlassablement, à chaque fois que nous évoquions telle ou telle opération répressive israélienne (destruction de maisons, tirs de missiles sur véhicules suspects, etc.).
-  Et ils auraient dû faire quoi, à ton avis, les Palestiniens ?
- Ben, ils ont bien une police ! Elle n'avait qu'à arrêter tous ces terroristes !

Je sentais bien que le garçon ne faisait que me répéter tout ce qu'il entendait à table, le soir, et là, je me faisais un plaisir de lui rappeler tout ce que ses avocats de parents savaient pertinemment, à savoir, notamment, que "terroriste" est un concept bien élastique, puisque, dans les années 1940-44, De Gaulle était un terroriste pour le régime de Vichy ; par ailleurs, en cas d'occupation d'un pays (cf. l'occupation nazie en France), c'est à la puissance occupante, et non au pays occupé, qu'il incombe d'assurer la sécurité des populations...

Et je le plantais là, le laissant à ses cogitations ; mais, dès la séance suivante, il revenait à la charge et je sentais bien qu'il y avait eu une vive discussion au sein de la famille...

Des Juifs de "gauche" ! (Autre concept bien élastique !!!)

Mais ceux-là n'avaient pas la chance d'avoir une Samira ou Latifa pour leur faire la cuisine, à moins que, compte tenu de leur fort penchant pro-Likoud, la présence d'une femme "arabe" au sein du ménage ne leur ait été fortement déconseillée (vous imaginez les débats, à table, avec une Samira, potentiellement pro-palestinienne, écoutant aux portes ?!).

En attendant, il y en a plein, des Feujs de l'Ouest parisien, qui mangent bel et bien halal. Ceux qui ne me croient pas n'ont qu'à faire un sondage, tiens !

Le fait est que cet "Islam soft", via le halal, est largement répandu un peu partout, notamment non loin du Paris haussmanien, je veux parler de toute cette banlieue s'étendant autour du quartier d'affaires de La Défense (Courbevoie, Puteaux, Suresnes, Nanterre...). Et là, ce sont des centaines de scooters qui sillonnent le secteur, pour livrer qui des pizzas, qui des sushis, qui du tandoori, voire des nems..., dont beaucoup sont estampillés... halal !

Ci-dessous, je vous ai rassemblé un tout petit échantillon de tracts collectés ces derniers mois, dont un seul (le premier) émane d'un restaurant maghrébin... À vous de rechercher la mention 'halal' (ça se lit de droite à gauche : حلالا).



















Vous avez compris, que même les pizzerias et autres restaurants dits de "sushis" , voire thaïs, s'étaient mis au halal ?

J'en connais qui vont devoir se faire une raison !