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lundi 20 septembre 2021

Fin de partie à Daraa Al Balad (Syrie). Un article de Vanessa Beeley

S'il fallait une preuve supplémentaire de la déconfiture desdits médias mainstream, nous l'avons une nouvelle fois ici, avec un passionnant article rédigé par une "insider" (quelqu'un qui vit la chose de l'intérieur en étant sur le terrain). Depuis l'agression de la mafia baptisée OTAN en Libye, nous sommes quelques-un à savoir que, pour l'essentiel, le soi-disant soulèvement populaire de 2011 contre Bachar El-Assad était parti de Libye, avec des mercenaires stipendiés et armés par la coalition de gangsters qui avait eu raison du régime de Mouamar El-Kadhafi. Fort heureusement, une presse alternative ne cesse de se développer, s'appuyant sur ce formidable outil qu'est l'Internet, ce qui nous vaut de découvrir de formidables analyses comme celle de Vanessa Beeley, que j'ai pris soin de traduire en français, in extenso. (Source)   

 

Le soi-disant "berceau de la révolution" contre Assad a été libéré - la campagne de l'Occident pour renverser le leader syrien est pratiquement terminée.

Après trois années d'un cessez-le-feu fragile ponctué par une campagne d'assassinats de "fidèles" du gouvernement syrien par des groupes supplétifs armés, composés de fondamentalistes, le drapeau syrien a de nouveau été hissé à Daraa Al Balad.

Les médias occidentaux se sont toujours appliqués à présenter l'émergence de groupes armés extrémistes à Daraa, au sud de Damas, comme ayant été le "berceau de la révolution" visant à renverser le gouvernement syrien. La réalité est que Daraa fut une mèche allumée par des mercenaires libyens purs et durs importés dans la ville avant 2011.

À partir de Daraa, les flammes "révolutionnaires" attisées par la coalition dirigée par les États-Unis, le Royaume-Uni et Israël, dont le siège se trouve en Jordanie et qui est financée par l'argent couvert de sang fourni par les États du Golfe, allaient embraser la Syrie pendant dix longues années. À Daraa, les gangs extrémistes des Frères musulmans, soutenus par la CIA et le MI6, ont pris la tête de ce soulèvement orchestré depuis l'étranger, soulèvement dont le pouvoir avait été démultiplié par les armes et les factions terroristes libyennes, tout en bénéficiant d'une présentation laudative de la part du complexe médiatique colonial dirigé par la BBC, CNN et Al Jazeera.

Une tentative d'absorber des militaires extrémistes dans les brigades armées contrôlées par la Russie s'est avérée contre-productive.

En 2018, une trêve précaire fut négociée par les équipes de réconciliation russes, avec pour conséquence que les groupes armés illégaux restés à Daraa Al Balad, plaque tournante de la violente insurrection parrainée par les États-Unis, ont été persuadés de déposer les armes lourdes mais autorisés à conserver leurs armes légères dans le cadre de l'accord de paix. La Russie a effectivement tenté de mettre au pas ces groupes armés brutaux en les absorbant dans des divisions armées fondées et contrôlées par elle. Selon des médias proches de ces milices, un ancien dirigeant de l'Armée syrienne libre, Ahmed Al-Awda, s'est vu confier le commandement de la 8e brigade, "une subdivision du cinquième corps fondé par la Russie".

Il semble néanmoins que ce fut probablement une erreur de calcul de la part de la Russie, qui souhaitait mettre fin rapidement aux combats sur le front sud. Ces groupes armés, qui avaient commis de multiples crimes de guerre et atrocités contre les civils syriens et les forces armées antiterroristes, n'avaient pas l'intention de renoncer à leur campagne de représailles contre toute personne qu'ils considéraient comme loyale au gouvernement et à l'État syriens. Et on a vu ces mêmes bandes extrémistes, autrefois associées aux factions terroristes d'Al-Qaïda et d'ISIS (Daech) dans le Sud du pays, déclencher plus d'une offensive traîtresse.

J'ai vu de mes propres yeux l'horrible bilan des sanctions occidentales sur les populations syrienne et libanaise

Depuis la mi-2019, même l'Observatoire syrien des "droits de l'homme", financé par l'UE, a fait état de plus de 1136 attaques et assassinats qui ont coûté la vie à 774 Syriens, dont 12 femmes et 22 enfants, tous victimes de tirs d'armes à feu, de détonations d'engins explosifs improvisés, ainsi que d'attaques suicides en voitures et en motos. Les gangs se sont également battus entre eux, assassinant des chefs et des membres de gangs rivaux. En juillet 2021, des civils, dont un enfant, ont été tués et blessés lorsque ces gangs armés ont bombardé l'hôpital national de Daraa, après avoir manifestement reconstitué leur arsenal d'armes lourdes.

La présence des forces spéciales britanniques dans la région indique que les groupes armés continuaient d'être formés par les Britanniques à l'utilisation d'engins explosifs improvisés dans le cadre d'opérations antigouvernementales. En mars 2020, des hélicoptères Chinook de la RAF, basés à Chypre, ont été mobilisés pour secourir un soldat SAS blessé par l'explosion d'un engin explosif improvisé "au cœur de la zone de guerre" située dans le sud de la Syrie.

J'ai rencontré Adham Alkarad, commandant de la division du génie et des missiles des FSA (1), en septembre 2018, après une visite agitée à Daraa, alors que l'encre de l'accord négocié par la Russie n'était pas encore sèche. Alkarad m'avait prise en aparté en tant que journaliste britannique, supposant que j'étais sympathique à la cause, et m'avait donc informé qu'ils ne capituleraient jamais et que, même avec des armes légères, ils poursuivraient leur violente croisade soutenue par la coalition américaine pour renverser le gouvernement syrien et anéantir les "loyalistes" s'opposant à la présence du groupe armé à Daraa.

Alkarad m'avait dit à l'époque que les manifestations allaient se poursuivre et qu'il contacterait directement la BBC et CNN pour obtenir leur couverture et leur soutien. Alkarad était le concepteur de la fusée Omar, pesant 500 kg, qui a causé d'horribles dégâts aux infrastructures civiles et aux cibles militaires pendant le règne de la terreur à Daraa. Alkarad a lui-même été assassiné par des inconnus en octobre 2020.

La BBC a admis que ses journalistes n'avaient pas respecté leurs propres normes de précision lorsqu'ils ont insinué que l'informateur de l'attaque de Douma était motivé par l'argent.

Damas a perdu patience avec l'extrémisme armé et repris le contrôle de Daraa Al Balad.

Après des mois de négociations, de siège et d'affrontements militaires entre Damas et les groupes armés de Daraa, un cessez-le-feu définitif a été conclu le 31 août (2021), la Russie jouant un rôle moins important dans le règlement. Une semaine avant la conclusion de cet accord, le roi Abdallah II de Jordanie avait rencontré le président Poutine à Moscou pour accorder la priorité à la résolution des problèmes de sécurité à Daraa.

Le 9 septembre (2021), le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, a commenté l'accord négocié pour résoudre les tensions dans la province de Daraa. Il est intéressant que cette explication ait été donnée lors d'une conférence de presse conjointe avec le ministre israélien des Affaires étrangères, Yair Lapid. L'accord russe initial de 2018 avec les groupes armés avait offert à Israël des garanties que l'Iran et le Hezbollah seraient maintenus à une distance sûre des frontières israéliennes avec la Syrie.

Lavrov a effectivement annoncé que la province serait rendue aux forces légitimes de l'Armée arabe syrienne et que les militants extrémistes devraient à nouveau rendre leurs armes lourdes. Des négociations sont en cours sur la destination de retrait des groupes armés, leur maintien à Daraa étant "improbable".

Il s'agit d'un coup dur pour Israël, dont les violations continues de l'espace aérien libanais et l'agression illégale contre la Syrie n'ont pratiquement pas fait l'objet de représailles armées et ont été à peine rapportées par les médias occidentaux. Cela pourrait changer avec le retour de Damas aux commandes dans le sud du pays et le changement de pouvoir qui ouvrira presque certainement la porte à une présence militaire iranienne et du Hezbollah plus proche des frontières entre Israël et la Syrie, afin de dissuader les offensives israéliennes.

Certes, lorsque je suis entrée dans Daraa Al Balad le 12 septembre dernier, nous avons vu des drapeaux russes et syriens flotter côte à côte, mais sur le site lui-même, c'est le drapeau syrien qui occupait la première place. D'après les conversations que j'ai eues avec des civils, il était clair que la "paix" était encore brute et volatile. Des soldats syriens de la 15e division m'ont parlé des perspectives de résolution durable et se sont montrés optimistes. Une flambée entre des membres de groupes armés et des soldats syriens a été désamorcée de manière courtoise pendant notre séjour. Les enfants à qui j'ai parlé m'ont dit qu'ils étaient heureux de pouvoir enfin retourner à l'école. Il est trop tôt pour prédire l'issue de cet accord, mais il est clair qu'il n'y aura pas de compromis sur le retour de Daraa et de sa campagne environnante sous le contrôle de Damas et de l'armée syrienne tant que la paix n'aura pas été entièrement rétablie et que les relations entre l'État et les citoyens ne seront pas normalisées.

Que signifie ce changement de pouvoir pour Damas et la coalition américaine, y compris pour Israël ?

Il est important d'examiner les événements de Daraa dans le contexte des alliances et concessions géopolitiques émergentes, afin de saisir la signification de ce qui vient de se passer dans le sud de la Syrie.

Le 13 septembre dernier, le Premier ministre israélien, Naftali Bennet, s'est rendu en Égypte pour la première fois en dix ans, apparemment pour discuter des relations entre Israël et la Palestine avec le président Abdel Fatah Al-Sisi. L'Égypte s'oriente vers une normalisation de ses relations avec la Turquie, relations tendues depuis le renversement de l'homme-lige des Frères musulmans au Caire, le président Mohammed Mursi, en 2013. Le consul général égyptien à Damas a laissé entendre que la condition d'un rétablissement complet des relations bilatérales égypto-turques était le retrait de la Turquie du territoire syrien.

La concession la plus importante faite à Damas à la suite de Daraa a peut-être été faite par les États-Unis eux-mêmes. Désespérant d'éviter que le Hezbollah ne soit salué comme le champion du peuple libanais après avoir assuré l'approvisionnement en pétrole iranien via la Syrie, l'ambassadeur américain au Liban est intervenu pour lever partiellement les sanctions contre la Syrie afin de faciliter le transfert de gaz naturel et d'électricité de l'Égypte vers le Liban via des pipelines entre la Jordanie et le sud de la Syrie. Certaines parties des pipelines en Syrie ont besoin d'être réparées car elles traversent Daraa en direction de Homs, puis de Tripoli, au nord du Liban.

Cela nous informe non seulement sur la raison pour laquelle Daraa était un élément central des plans américains de vol d'énergie et de ressources en Syrie, mais cela nous montre également l'intelligence des mesures prises par Damas pour sécuriser Daraa à ce moment crucial de la partie d'échecs régionale. Les États-Unis se sont vus forcer la main par une nation qui résiste depuis dix ans à leur intervention militaire par procuration et par les alliés les plus fidèles de la Syrie au Liban.

La Jordanie tente depuis un certain temps de se libérer de ses chaînes coloniales et de normaliser ses relations commerciales avec la Syrie voisine. La percée a eu lieu en septembre 2021, lorsque la Syrie a été incluse dans une réunion quadripartite organisée par la Jordanie et comprenant le Liban et l'Égypte, afin de se concentrer sur la logistique de la fourniture de gaz et d'électricité égyptiens au Liban dépourvu d'énergie. Il s'agissait de la première visite de responsables syriens en Jordanie depuis 2011, date du début de la sale guerre menée par la CIA et le MI6 contre la Syrie.

Le coup de grâce aux agendas néocolonialistes de la coalition américaine et d'Israël/Turquie en Syrie a été donné par le sommet entre le président Assad et le président Poutine le 16 septembre dernier à Moscou. Au cours d'une session à huis clos de 90 minutes, les deux dirigeants ont discuté des priorités militaires, politiques et économiques, dont le retour de la province de Daraa sous le contrôle de l'État syrien et la potentielle libération totale et définitive d'Idlib, dans le nord-ouest, de l'occupation terroriste turque, que ce soit sous forme directe ou par procuration.

Ce sommet, ainsi que la dénonciation syro-russe de l'occupation et de l'annexion illégales du territoire syrien par la Turquie et les États-Unis, ne sont pas de bon augure pour le projet de changement de régime initié par les États membres de l'OTAN, projet ayant débouché sur un échec coûteux et lamentable depuis son lancement en 2011.

Les conséquences de la résolution de Daraa seront d'une grande portée pour Israël, la Turquie et le projet de la CIA/MI6 visant à contrôler le pôle économique central syrien au Moyen-Orient. Damas, la Russie, l'Iran et le Hezbollah ont volé la vedette à leurs ennemis, malgré la pression que subit la Syrie en raison de la guerre à multiples facettes qui lui est menée depuis dix ans. Il reste à voir comment la coalition américaine tentera de se relever de cette défaite ignominieuse et d'éviter d'admettre qu'elle a été contrainte de faire un premier pas vers la normalisation des relations avec le président Assad.


(1) FSA (Free Syrian Army) : Armée syrienne libre (ASL), faction rebelle syrienne la plus proche de l'État turc depuis le début de l'implication de ce dernier dans la "guerre civile" syrienne.

 

mercredi 19 février 2020

France Ô ou une certaine idée de la (re)colonisation #10


Épisode §10. En me remémorant les "Lieder ohne Worte" de Felix Mendelssohn (1)

Magnifique recueil pour le piano, soit dit entre parenthèses, que ces 'Chansons sans paroles', dont je possède toutes les partitions. Il reste maintenant à les exécuter (oh, le vilain mot !) proprement, et ça, c'est pas gagné, mais j'ai une bonne excuse, étant à 100 % autodidacte (solfège et piano). Le premier titre n'est pas trop difficile : un enchaînement d'arpèges, façon Robert Schumann. Mais comme chez Bach, les choses se compliquent très vite.

Ce qui va suivre est une série d'images capturées à partir de l'écran de mon téléviseur, ou plus exactement à partir de fichiers récupérés sur le téléviseur via la prise USB.

Il faut que je vous dise que la première chose que je fais, tous les matins, après être allé au petit coin, c'est de me peser (2), d'allumer la télé (avant c'était la radio, maintenant, c'est la télé), pour regarder la compilation des journaux de la veille diffusés sur les différentes 1ères (Polynésie la 1ère, Wallis la 1ère, Miquelon la 1ère, Réunion la 1ère, Martinique la 1ère, etc.).

Selon l'heure à laquelle on se réveille, on tombe sur le Pacifique (Polynésie, etc.), ou/puis Saint-Pierre-et-Miquelon, suivi de Mayotte, Réunion, Guyane, Martinique et Guadeloupe pour fermer la boucle.

Ça vous fait pas loin de trois heures d'infos couvrant la zone géographique que vous imaginez, soit un sacré paquet de fuseaux horaires.

Et c'est précisément là tout l'intérêt de France Ô : nous permettre d'avoir, sur une plage horaire assez ramassée, des sessions d'informations séparées (normalement) de pas mal d'heures.

Illustration : au moment où je saisis ces lignes, soit 12h15, heure de la "métropole", il est 8h15 à Saint-Pierre-et-Miquelon, 15h15 à la Réunion, 23h15 à Wallis-et-Futuna.

C'est dire l'utilité d'avoir ce genre de compilation ; et les images qui suivent vont nous révéler un autre intérêt de France Ô : ce n'est pas une chaîne franco-française, puisque c'est généralement grâce à France Ô que j'obtiens, tous les jours, les nouvelles les plus fraîches des pays de l'Océan Indien, de la Caraïbe et du continent sud-américain, par exemple. Le fait est que, la chaîne de télévision (hors CNN, BBC World News, RT and Co, etc.) qui m'informe le mieux, tous les matins, sur le plan international, ce n'est pas France 24 mais bien France Ô. Mais pour ça, il faut se lever tôt.

La preuve en images : il s'agira essentiellement, ici, de la seule Martinique la 1ère ainsi que d'un petit bout de Guyane la 1ère. Rubrique : No comment, façon "Bilder (images) ohne Worte".





















De toute évidence, il y a encore quelques nigauds (en France) qui n'ont pas compris que France Ô n'était pas une chaîne franco-française mais qu'elle s'insérait parfaitement dans son/ses environnement(s) naturel(s) qu'est/que sont le Pacifique, l'Amérique du Nord, du centre et du Sud, ainsi que l'Océan Indien et l'Afrique. Excusez du peu ! Ce qui fait de cette chaîne la seule et unique chaîne de la télévision (généraliste) française parfaitement calibrée pour la mondialisation. (3)

Au fond, qu'est-ce qui manque à cette chaîne ? Le plurilinguisme ! Par exemple, en ce qui concerne la Caraïbe et le continent sud-américain, il me semble que France Ô, pour mieux s'insérer encore dans cet environnement bigarré, devrait laisser tomber le préfixe 'France' parfaitement obsolète par les temps qui courent, et ensuite, diffuser dans au moins cinq langues européennes : français, anglais, espagnol, néerlandais, portugais, de manière à toucher une population de près de 600 millions de téléspectateurs, si l'on y inclut le Mexique, le Sud des États-Unis et la péninsule du Yucatán ! (4) Et si, aux langues coloniales, vous ajoutez les langues indigènes, qui se comptent par dizaines, alors vous avez (auriez)  là un vecteur de communication audiovisuelle et de diffusion culturelle majeur, voire unique en son genre. Mais allez expliquer ça à quelques nigauds incultes et sans vision géopolitique ! (5)

Vous savez quoi ? Ce pays (la France) est en train de (re)devenir un tout petit pays...


(1) Rien ne m'énerve autant que de voir défigurer des patronymes par des quidams incompétents. Voyez M'bappé, 'm' + 'b' (l'apostrophe ne change rien à l'affaire) = 'mb' comme dans 'ambiance' ; donc, on dit 'mbappé'. Voyez aussi tous ces journalistes sportifs idiots qui vous donnent du 'griyèsmann', s'agissant de Griezmann, un Alsacien, le 'ie' germanique se prononçant tout simplement 'ih' (voyelle longue). Quand à Mendelssohn, oubliez le 'mèndelssonne' cher aux présentateurs de France Musique ! Quiconque a fait de l'allemand en LV1, LV2, 3...6... sait que l'allemand 'sohn' ['zôhn'] veut dire 'fils', ce qui fait que 'Mendels/sohn' signifie 'fils de Mendel', et ça se prononce par conséquent : 'mÈndoeuls-zôhn'

(2) La balance à impédancemètre est un ustensile que toutes les familles devraient posséder dans leur salle de bains, et tous les médecins dans leur cabinet. La mienne me sert tous les matins, me renseignant sur la quantité relative présente dans le corps d'eau, de graisse, de muscles, ainsi que sur la densité osseuse, informations bien plus importantes que l'affichage du simple poids. Tout ça pour quoi faire, vous demandez-vous ? Offrez-vous une balance de ce type et vous comprendrez ! Le fait est que prendre ou perdre du poids, ça ne veut absolument rien dire. Selon qu'il s'agit de graisse, de muscle ou simplement d'eau, les effets physiologiques ne seront pas du tout les mêmes. Dites-le à tous ces escrocs qui vous vendent de la perte de poids à la télévision et ailleurs !  

(3) Soit le pendant télévisuel de la radio RFI : la première radio de France. En clair : contrairement à France 24, qui n'est qu'un robinet d'informations, France Ô est une chaîne généraliste qui ne s'adresse pas qu'à des férus d'information ou de culture. Dans une chaîne généraliste, on a de tout, y compris du futile. Et alors ? Prenez RFI : si cette radio ne diffusait que de l'information, sans musique, sans sport..., elle n'aurait pas l'immense succès qu'elle connaît en Afrique, par exemple. Allez simplement vous promener en Afrique, entre Alger et Antananarivo, et présentez à vos interlocuteurs des photos d'animateurs français de radio-télévision. On parie que Claudy Siar écrase tout le monde ?

(4) Et le raisonnement peut s'appliquer à d'autres territoires : prenez la Réunion, coincée entre 1,2 milliard d'Indiens, à l'est, et presque autant d'Africains, à l'ouest, soit une population de plus de deux milliards d'habitants, pour ne parler que de ces deux territoires ! Or il y a (déjà) et de l'Afrique, et de l'Inde sur ce confetti qu'est l'Île Bourbon. Reste à offrir une carte géographique à quelques nigauds incultes et sans vision géopolitique ! 

(5) Comme preuve que la géopolitique ne se réduit pas à l'envoi de corps expéditionnaires ou de porte-avions dans des zones de conflits, voyez l'influence acquise dans le monde arabe, et au-delà, par le petit Qatar via sa chaîne Al Jazeera (pas Qatar Jazeera !). Et que ceux et celles qui disposent de l'ADSL aillent jeter un oeil sur la version hispanisante de Russia Today : au bas de l'écran, on peut visualiser un menu déroulant qui vous montre que cette chaîne couvre désormais la totalité du monde hispanique - devenant ainsi probablement la première chaîne en langue espagnole dans le monde -, à l'exception d'un pays, je vous laisse deviner lequel !











RT en espagnol : la meilleure chaîne d'info hispanique, voire la meilleure tout court, que je rangerais volontiers au-dessus de sa consoeur en anglais, loin devant la version française, un peu trop "française" à mon goût. Qualité des témoins et des intervieweurs, qualité des infographies, une multitude de reportages, et ce, aux quatre coins du monde. La mondialisation audiovisuelle à son meilleur. C'est simple : sur RT, il ne manque que le sport et la musique !
  


Liens :  01 - 02  - 03 - 04 - 05 - 06 - 07 (Mensch, Walter, warum bloß so langsam!?!? Ou comment un immense pianiste comme l'illustrissime Walter Gieseking peut/pouvait assassiner un chef d’œuvre. Le premier chant est juste indigne d'un élève de première année de conservatoire !).  



samedi 14 septembre 2019

Sémantique de la désinformation #14


Épisode §14. On imagine les supporters de Juán Guaido sautant au plafond !

En tout cas, rien de tel que des sauts de cabri ou de kangourou pour se remuscler les abdos !

Parce que, si la nouvelle se confirme, alors j'en connais un certain nombre, qui doivent sauter au plafond en ce moment-même !

Par parenthèse, Charlie Hebdo est un hebdomadaire satirique français qui, dans une version antérieure, je veux dire du temps où ce journal était encore digne d'être lu, avait une rubrique baptisée "Les couvertures auxquelles vous avez échappé cette semaine" (1).

On aurait pu reprendre la formule ici, avec ce scoop dont je n'ai entendu parler nulle part dans la presse française.

Citation : Juán Guaido may have some explaining to do. Photos have emerged depicting the Venezuelan opposition leader with gang members, confirmed by Colombian police to be leaders in the violent drug trafficking outfit, Los Rastrojos.
The photos first appeared in a tweet on Friday, shared by Wilfredo Canizares of the Fundacion Progresar (Progress Foundation), a Colombian NGO. They depict the US-sponsored “interim president” of Venezuela Juan Guaido posing chummily with two known drug lords, known under the aliases “The Brother,” and “The Minor.” (Source)
Traduction : Juán Guaido va probablement devoir fournir quelques explications. Des photos sont apparues, montrant le chef de l'opposition vénézuélienne en compagnie de membres de gangs, dont la police colombienne a confirmé qu’il s’agissait des leaders d’une violente organisation de trafic de drogue baptisée Los Rastrojos.
Les photos étaient apparues pour la première fois dans un tweet, ce vendredi, partagé par Wilfredo Canizares de la Fundacion Progresar (Fondation Progress), une ONG colombienne. Y figurent le "président par intérim" du Venezuela, parrainé par les États-Unis, Juán Guaido, en train de poser complaisamment avec deux fameux barons de la drogue  connus sous les sobriquets de "Le Frère" et "Le Cadet".


Pour mémoire, Juán Guaido est cette marionnette vénézuélienne insipide, sur laquelle je me suis déjà exprimé un certain nombre de fois ici même, et qui a reçu le soutien franc et massif d'un certain nombre de dirigeants étrangers bien imprudents, dont j'imagine qu'en ce moment-même, ils doivent se sentir bien à l'étroit dans leurs souliers.
Quant à notre bien discrète "grande presse", elle vient simplement nous confirmer ce que nous savions déjà : finalement, la forme la plus commode de la désinformation, c'est l'omerta : le motus et bouche cousue !  


(1) J'entends d'ici les hurlements indignés : "Mais monsieur, vous semblez faire fi de l'odieux attentat dont ce journal a été la victime !". J'entends bien, et je m'associe aux clameurs indignées suscitées par cet attentat. Il se trouve que j'ai toujours tenu Cabu pour le plus grand caricaturiste (mondial) depuis Daumier, que, par ailleurs, je me suis longtemps demandé ce que le génial Cabu faisait encore dans ce journal. Il se trouve aussi que j'ai été pétrifié par la nouvelle de cette chose que j'ai du mal à nommer. Toujours est-il que j'ai aussi lu le salutaire réquisitoire - arrivant un peu tard - délivré par  l'historique Delfeil de Ton (L'Obs) contre la dérive entamée depuis un certain temps par la direction de Charlie, dérive expliquant que j'aie cessé de lire ce torchon après les départs de Cavanna, Willem, Delfeil de Ton, Gébé... Croire que le fonds de commerce de l'islamophobie bête et méchante, initié par de mauvaises caricatures danoises, allait suffire pour tirer un mauvais journal de la mouise s'est avéré contre-productif, et ce, de la plus cruelle des manières !

Par parenthèse, voici ce qu'on peut lire sur l'attentat dans Wikipédia : "En novembre 2011, le siège du journal est endommagé par un incendie criminel. Le , un attentat perpétré par les frères Kouachi tue douze personnes, dont huit collaborateurs de l'hebdomadaire." Et là, je défie quiconque d'oser désigner formellement les auteurs de l'attentat contre Charlie Hebdo, les frères Kouachi étant, à l'époque, de simples suspects, suspects liquidés dans le cadre d'une double exécution extrajudiciaire. Suspects, c'est-à-dire présumés innocents, ce qu'ils restent depuis leur exécution, et ce, de manière définitive !


Lectures : 01 - 02 - 03 - 04- 05


mercredi 14 août 2019

Vu à la télé #1


Épisode §1. Ce pourrait être une histoire sans paroles

Nous allons commencer par un exercice que j'affectionne, en ma qualité de prof de formation. Les neuf images qui suivent ont été capturées dans un intervalle d'un quart d'heure, soit en fin d'après-midi du 14 août 2019. L'exercice pour vous va consister à en déceler le fil conducteur.



Welt (Allemagne)

Welt (Allemagne)


Deutsche Welle (Anglais)



Alors ? Vous avez tout compris ? Non ? C'est pourtant simple, non !?

Expliquons. Les deux premières images ci-dessus sont des captures d'écran faites lors de l'émission 'C dans l'air' survenant en fin d'après-midi sur la chaîne publique française France 5. L'émission repose sur le survol d'un sujet d'actualité à partir de trois reportages commentés par quatre invités variant chaque jour, tout en étant assez récurrents (revenant plusieurs fois dans le mois, a fortiori dans l'année). C'est ainsi que certains "experts" (Yves Tréard du Figaro, Christophe Barbier de l'Express, Pascal Boniface, de l'Iris, et quelques autres) sont devenus des piliers de l'émission.

Je dois dire que c'est une émission qu'il m'est arrivé de regarder, mais dont je me désintéresse systématiquement depuis pas mal de temps, et ce, en raison d'un petit détail ; je vous laisse deviner lequel. 

Donc, au bout de trente secondes, j'ai joué de la télécommande et suis allé me promener sur les chaînes (internationales) du câble et ai réalisé les sept captures d'écran suivantes.

Vous n'avez toujours pas compris ? Mais c'est que vous n'êtes pas très perspicaces, dites donc !

Il se trouve simplement que, diffusée du lundi au samedi, soit six fois par semaine, l'expérience montre que, sur 52 semaines, soit 52 x 6 = 312 éditions annuelles, les "experts" à la peau non blanche doivent se compter sur les doigts d'une main, ce qui est quand même assez étonnant, surtout lorsqu'on "zappe" sur les chaînes internationales. 

Sur la dernière image, ci-dessus, vous apercevez Harris Faulkner, une des pièces maîtresses (en anglais on dit "Anchor") de Fox News, habituée à conduire des interviewes en tête à tête (on l'a vue, il y a quelques mois, face à Donald Trump). La voici encore ci-dessous, en pleine interview.



Mais j'en entends d'ici qui s'exclament : "Mais mon bon monsieur,  vous tirez des conclusions hâtives d'une seule émission ! Cela ne prouve rien du tout !"

Ah bon ? Du coup, histoire d'enfoncer le clou, je suis allé sur le site de l'émission, et ai capturé d'autres images, prises vraiment au hasard, et qui se ressemblent toutes : pas une peau noire, pas une peau basanée, pas un visage asiatique !

Je rappelle que nous sommes sur une chaîne relevant du service dit "public" ! Par parenthèse, l'émission existe depuis 2001, soit dix-huit années à ne recevoir quasiment que des "experts"... à la peau blanche !










Bien évidemment, on ne résiste pas au "plaisir" de comparer... Et le contraste avec d'autres télévisions est saisissant, n'est-il pas ?






Aljazeera (Anglais)


Deutsche Welle (Anglais)
RT (Russia Today) Anglais

Aljazeera (Anglais)
Mais je vois que vous attendez un commencement d'analyse. Voici, en tout cas, comment je vois les choses : nous reviendrons plus tard sur les circonstances qui ont fait du paysage audiovisuel français un secteur relevant de la deuxième voire troisième division européenne et mondiale (pour utiliser un vocabulaire sportif), soit loin derrière BBC, NHK, ARD, ZDF, CBS... 

Le fait est que ledit P.A.F. vit entièrement replié sur lui-même, comme à Clochemerle, n'ayant visiblement pas compris que, grâce aux nouvelles technologies, l'outil télévisuel était définitivement passé au stade de la mondialisation.

Et, du coup, n'ayant pas su prendre le train de la mondialisation, la télévision française s'accroche désespérément à cette ineptie que les crétins appellent "les audiences" (en anglais : the audience = l'auditoire = nombre de personnes qu'on peut comptabiliser), soit le nombre (invérifiable) de personnes censées (!!!) avoir regardé une émission - et ce, quelle que soit la qualité intrinsèque d'une émission, comme si l'on jugeait de la qualité d'un écrivain sur la seule base des ventes en librairie ! -, préoccupation clochemerlesque et à 100 % franco-française, là où les grands de l'audiovisuel mondial, y compris le dernier arrivé : Russia Today, ont compris que leur public n'était pas (plus !) local mais mondial, car présent sur les cinq continents.

Et c'est bien pour ressembler à ce public "mondial" que les grandes chaînes de télévision s'appliquent à recruter un personnel ressemblant le plus possible aux habitants du monde et à tourner des sujets en phase avec toute la diversité de ce vaste monde !

Pendant ce temps, du côté de France 5, voire de l'ensemble du "P.A.F.", on doit encore penser que des noirs, des arabes,  des asiatiques, des basanés..., à la télévision, ça ne fait pas d'"audience", d'où l'ostracisme systématique dont ces minorités sont frappées. Prenez, par exemple, l'opéra (1) : je suis sûr qu'à France 5 et ailleurs, dans le PAF, ils n'ont jamais entendu parler de... citons Grace Bumbry, Christiane Eda-Pierre, Leontyne Price, Jessye Norman..., ce qui leur fait sûrement penser que Carmen, Mme Butterfly, Desdemona, Violetta, Norma, Isolde... ne peuvent être que blanches ! 

Les pauvres gens !

Mais au fait, vous connaissez la nouvelle ? Il paraît que de grands esprits (français) souhaitent rendre les Outre-mer (et seulement les Outre-mer !?!?) plus visibles à la télévision. Et pour y parvenir, ils n'ont pas eu d'autre idée que de commencer par faire disparaître du paysage audiovisuel français la SEULE et UNIQUE chaîne de télévision affichant une réelle diversité ethnico-géographique de ses animateurs, de ses journalistes, ainsi que des régions visitées.

À croire que certains "grands esprits" sont devenus fous !


À suivre...



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(1) Soyons honnêtes : de l'opéra à la télévision française ? Mais ça ne fait pas d'"audience", mon pauvre ami ! À la place, on met des jeux débiles, des jeux débiles et des jeux débiles, plus ce qu'ils appellent de la "télé réalité", avec cinq bimbos dévêtues et siliconées, six éphèbes bodybuildés et un peu arriérés (vous avez compris le pourquoi du 'cinq contre six' ?), on ajoute de vieilles séries américaines (du temps du téléphone filaire) et ça donne LA télévision française en 2019 ! (Lien)